samedi 1 septembre 1990

 

L'entraînement des soldats français basés aux Emirats Arabes Unis.
Les 198 hommes de l'escadron de reconnaissance du 1er RHP commencent à s'entraîner aux E.A.U., dans le cadre de l'opération Busiris, avec pour objectif "l'instruction de jeunes soldats émiratis" n'ayant reçu qu'une formation de base. Cette demande fait suite à une "demande de coopération accrue" formulée par les E.A.U. après l'invasion du Koweït par l'Irak. D'après le président français Mitterrand, cette aide militaire s'effectue pour faire face à une éventuelle "agression nouvelle de l'Irak à l'égard d'un des autres pays de la région. La France, qui a dépêché ses unités dans la zone du Golfe, qui dispose d'unités militaires en Arabie Saoudite et dans les Emirats Arabes Unis, serait solidaire et interviendrait". Un message on ne peut plus clair à destination de Bagdad...

Interview de Javier Perez de Cuellar et Jacques Delors sur TF1 : les chances de paix s'amenuisent.
Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU, et Jacques Delors, président du Parlement européen, sont les invités de l'émission 7 sur 7 sur la télévision française TF1. Le secrétaire général indique d’entrée de jeu, à propos de ses entretiens avec Tarek Aziz, ministre des Affaires étrangères irakien : "Je ne dirai pas que ces conversations sont un échec total. Je veux croire que nous sommes au début d’un processus, au début de conversations qui pourront conduire à la paix". L’autorisation de sortie d’Irak donnée aux femmes et enfants étrangers lui paraît être "très bien mais insuffisant". Précisant : "Je ne suis pas allé négocier mais me faire entendre", Javier Perez de Cuellar ajoute : "Je pensais qu’ils (les Irakiens) avaient déjà senti la pression internationale". Selon lui, "le temps joue contre la paix et pour l’Irak". Le secrétaire général de l’ONU demeure persuadé du bien-fondé de sa mission. "Je suis contre l’apaisement mais je suis pour la recherche d’une solution pacifique. Il faut négocier, négocier sans cesse, souligne-t-il. J’ai échoué, mais ce n’est pas pour cela que je désespère. S’ils me demandent de venir, je prends l’avion immédiatement. Le président du Parlement de la CEE se déclare pour sa part en plein accord avec la "logique de guerre" définie par François Mitterrand. Jacques Delors voit 2 issues à la crise du Golfe : "la guerre ou les résultats très durs d’un embargo". Il précise : "Nos grands parents et nos parents ont vécu avec l’angoisse de la guerre. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de guerre en Europe que le risque n’existe plus. Ce sera une épreuve pour les démocraties. Il faut la gagner, avoir les nerfs solides." Cela est précisé au nom de "la défense du droit international".

Viols collectifs au Koweït occupé.
Selon l'ONG Amnesty International, la principale torture infligée aux femmes et à quelques jeunes hommes serait le viol. Ainsi, il y a un mois, une hôtesse de l'air britannique aurait été violée par un soldat irakien dans un autobus, devant l'hôtel Regency Palace de Koweït-City, alors qu'elle allait accompagner des passagers dans un autre hôtel. Le 3 août dernier, 3 hôtesses de l'air égyptiennes ont aussi été violées à l'hôtel Méridien. Une infirmière égyptienne affirme avoir fait hospitaliser plusieurs femmes arabes victimes de viols. Un médecin koweïtien qui travaille pour le Croissant Rouge a eu connaissance de 15 viols à l'hôpital koweïtien Al Jahra, 15 autres à Al Rigga et 3 à la maternité. Selon une gynécologue obstétricienne interrogée par l'ONG, une Jordanienne de 20 ans a été violée par 5 soldats irakiens. Et le nombre de viols recensés ne cesse de croître. Selon divers témoignages, la plupart des victimes sont des femmes asiatiques, employées de maison. Des rumeurs de viols collectifs ont ainsi poussé 20.000 d'entre elles à se réfugier à l'ambassade des Philippines de Koweït-City. "Certains étaient à l'intérieur et les autres dans 3 bâtiments inachevés à proximité (...) Elles avaient toutes peur car elles avaient entendu raconter des histoires de viol. Je ne pense pas qu'elles aient été en sécurité même à l'ambassade, car il n'y avait que 7 fonctionnaires qui y travaillaient" explique une infirmière philippine présente sur place.

En bref :
   

Près de 700 anciens otages français, britanniques, japonais, belges et américains peuvent quitter l'Irak. Il s'agit de femmes et d'enfants. Environ 3.000 autres pourraient partir avant le 22 septembre. Seuls les hommes sont retenus en Irak : 500 d'entre eux ont déjà été installés sur des points stratégiques.

200 personnes manifestent à Albi (France) contre l’escalade militaire dans le Golfe. C'est l’une des premières manifestations en France qui dénonce les dangers d’affrontements dans le Golfe.

Selon Margaret Thatcher, Saddam Hussein devrait être traduit devant la justice internationale, comme les Nazis au procès de Nuremberg, pour avoir pris des otages.

Le président Mitterrand reçoit en son palais de l'Elysée les chefs de tous les partis politiques français représentés au Sénat et à l'Assemblée Nationale. De Giscard à Mauroy, en passant par Chirac ou Marchais, ils lui réaffirment tous leur soutien dans la position de la France dans la crise du Golfe.

La firme américaine Coca-Cola offre 1.440.000 canettes aux GI's stationnés en Arabie Saoudite.

Ils ont dit :
   

Nabil Amr, ambassadeur de l'OLP en URSS : "Ce problème doit être résolu non pas sur la base de l’équilibre des forces mais sur celle de l’équilibre des intérêts de toutes les parties concernées" (Quotidien soviétique Soviestskaia Rossia).
Mikhaïl Gorbatchev, président de l'URSS : "Les Etats-Unis ont répondu à la demande de l’Arabie Saoudite. Ils ont agi conformément aux normes de la charte de l’ONU".
Michel Rocard, Premier ministre français : "J’ai le sentiment que l’opinion ne mesure pas encore pleinement la gravité des enjeux, l’importance des intérêts en cause, non plus que les responsabilités d’un pays comme le nôtre qui a les avantages d’être une puissance mais qui en a aussi les contraintes".

 

 

Chronologie des événements - septembre 1990

Alors que l'ONU tente des médiations à Bagdad, l'Irak libère plusieurs centaines d'otages.
Partout dans le monde, l'opposition à Saddam Hussein grandit. L'URSS soutient les Américains et manoeuvre pour la paix.

USA et URSS s'unissent contre l'Irak. Les pays du Golfe mettent la main à la poche, la France lance l'opération Busiris aux Emirats Arabes Unis et le Sénégal se joint à la coalition internationale.
Pour contrer la coalition, l'Irak se trouve un allié : l'Iran.
A Koweït-City, l'armée irakienne pille les ambassades de France, du Canada, des Pays-Bas et de Belgique.En réponse, la France lance l'opération Daguet et le Canada envoie des avions de guerre en Arabie Saoudite...

Au Koweït, les ambassades ferment les unes après les autres. Les Koweïtiens franchissent par milliers la frontière koweïto-saoudienne réouverte.
Venus d'Egypte, d'Italie ou d'Argentine, les soldats débarquent par centaines en Arabie Saoudite.

Les hommes de Daguet partent pour le Golfe devant des dizaines de journalistes. De son côté, le Clem atteint les eaux saoudiennes.
Devant les Nations Unies, Mitterrand prêche la paix. L'Irak est satisfait, pas les Etats-Unis... Après maintes tergiversations, l'URSS renonce finalement à envoyer des troupes dans le Golfe.
Désormais, le baril de pétrole s'échange à 41 $ à la bourse de Tokyo. Un record !

 

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Libération d'otages occidentaux (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 1 septembre 1990