vendredi 14 septembre 1990

 

L'armée irakienne saccage la résidence de l'ambassadeur de France à Koweït-City.
L'armée irakienne viole la neutralité de la résidence de l'ambassadeur de France à Koweït-City. Les bureaux sont dévastés, la résidence saccagée, et les 4 diplomates qui étaient en poste à l'ambassade sont emmenés de force par les soldats vers une destination inconnue. Au même moment, des soldats irakiens pénètrent dans les enceintes diplomatiques de Belgique (où ils forcent les diplomates qui s'y trouvent à quitter les lieux) et des Pays-Bas de Koweït-City. Dans l'après-midi, l'attaché militaire de l'ambassade de France est libéré. A Paris, l'ambassadeur d'Irak est convoqué par le ministère français des Affaires étrangères qui lui fait part de sa vive protestation. François Mitterrand, en visite officielle à Bratislava (Tchécoslovaquie), affirme aussitôt lors d'une conférence de presse : "La résidence de notre ambassade au Koweït a été envahie par des troupes irakiennes. Ce viol (...) est une agression et nous y répondrons..." Mitterrand annonce par la même occasion la tenue à l'Elysée d'un conseil restreint dès demain matin, d'une réunion exceptionnelle de l'U.E.O. mardi prochain et d'une réunion des 12 ministres des Affaires étrangères de la CEE. Malgré la capture de 4 diplomates, l'ambassade de France de Koweït-City reste ouverte, le personnel continue de travailler. Il reste toujours une centaine de Français au Koweït et près de 300 en Irak.

L'armée irakienne pille l'ambassade du Canada de Koweït-City.
Les consuls et diplomates du Canada, des USA, d'Irlande et d'Australie à Koweït-City se trouvaient dans l'ambassade du Canada au Koweït, quand des soldats irakiens y ont fait irruption. Les diplomates étaient venus préparer le départ d'une cinquantaine de leurs ressortissants. Les militaires irakiens les ont arrêtés avant de les relâcher par la suite, et ont incendié l'ambassade canadienne. Le Premier ministre canadien Brian Mulroney a aussitôt dénoncé cette violation des accords internationaux, et a annoncé en représailles que 12 des 18 chasseurs F-18, stationnés en Allemagne, allaient être déployés dans le Golfe. Ils serviront de couverture aérienne aux 3 navires canadiens déjà dans la zone. Pour les autorités canadiennes, il n'y a pas de conflit entre le monde arabe et l'Occident : "C'est Saddam contre le monde civilisé".

La Grande-Bretagne apporte son soutien militaire aux Etats-Unis.
Les Britanniques répondent à l'appel lancé par James Baker au nom des USA : accroître le potentiel militaire des Alliés. Le ministre britannique de la Défense, Tom King, annonce l'envoi en Arabie Saoudite de la 7ème brigade blindée, actuellement stationnée en RFA. Il s'agit d'une unité forte de 6.000 hommes et 120 chars lourds Challenger. La 7ème brigade s'était illustrée en Afrique du Nord pendant la 2nde Guerre Mondiale. Un escadron supplémentaire de 12 appareils Tornado GR-1 d'attaque au sol et 6 intercepteurs Tornado F-3 est également dépêché dans le Golfe. Bush a aussitôt remercié officiellement Margaret Thatcher, qui affirme que "les autres options restent ouvertes"...

La peur rôde dans les rues du Koweït annexé.
Saccages, viols, pillages, exécutions sommaires : les forces d'occupation ne reculent devant rien pour affermir leur emprise sur l'émirat dévasté. L'opération a été confiée à un cousin de Saddam Hussein, Hassan el-Majid. Les récits de réfugiés devant le Congrès américain rivalisent d'horreur. "J'ai vu un homme soupçonné d'appartenir à la résistance être abattu d'une balle dans la tempe devant ses parents, puis leur maison a été brûlée" raconte un Koweïtien. Une "infirmière" submergée par l'émotion (on saura par la suite qu'il s'agissait de la fille de l'ambassadeur du Koweït aux USA et que les propos étaient inventés) explique qu'elle a vu des soldats irakiens entrer dans une maternité pour voler 200 couveuses, laissant les bébés koweïtiens mourir sur le sol. Au Koweït, toute habitation vide est immédiatement confisquée, les hôtels, les hôpitaux et les bureaux sont dépouillés, les voitures et les camions saisis.

En bref :
   

L'Italie annonce un renforcement de ses forces déjà présentes dans le Golfe : elle ajoute en effet 8 Tornado et un 4ème navire de guerre.

En votant la résolution 666, le Conseil de sécurité demande que l'aide alimentaire éventuellement envoyée à l'Irak et au Koweït soit distribuée par l'ONU, le CICR ou d'autres organisations internationales. Bagdad qualifie d’"humiliante et injuste" cette résolution.

L'Irak annonce que le procès ouvert contre George Bush pour "crimes contre l'Humanité" s'ouvrira le 15 octobre à Bagdad. Un exemplaire de l’acte d’accusation a été adressé à l’ambassade des USA à Bagdad et l’accusé à le droit de se faire défendre par un avocat, a annoncé le bâtonnier de Bagdad.

Les USA envisagent de vendre pour 18 milliards de dollars d’armements à l’Arabie Saoudite.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense : "Les estimations de l'état-major américain vont bien au-delà de nos experts : 20.000 à 30.000 morts de leur côté pour la reconquête du Koweït, contre 10.000 selon nos propres évaluations (et 90.000 dans les rangs irakiens)". (Hebdomadaire français Nouvel observateur).
Margaret Thatcher, Premier ministre de Grande-Bretagne : "Nous croyons que des troupes supplémentaires sont nécessaires".
James Baker, secrétaire d'Etat américain, incite les Américains à la "patience". Et d'ajouter : "Quelle que soit la structure adoptée pour cette alliance, cette organisation devra tenir compte des réalités régionales dans le Golfe". Selon lui, la crise du Golfe durera très longtemps.
Georges Marchais, homme politique français : "Toute provocation est possible dans le Golfe de la part des Etats-Unis qui, incontestablement, veulent s’installer dans la région pour dominer le pétrole, sa distribution et son prix" (Radio française RMC).

 

Quotidien français Le Monde: "C’est parce que (...) le meilleur moyen d’éviter la guerre est encore d’imaginer le genre de paix qui pourrait la rendre inutile qu’il est urgent de donner autant d’importance aux scénarios de paix qu’aux scénarios de guerre".
Quotidien français Libération,à propos de l'embargo contre l'Irak : "Nous entrons donc désormais, sauf imprévisible accident, dans une logique de gel qu’il sera évidemment difficile de distinguer d’un long enlisement".
Quotidien français Le Figaro : "Officiellement, Georges Bush entendait bouter l’Irak hors du Koweït et rien d’autre. (...) Puis il est devenu évident que le président américain avait décidé en fait de casser le complexe militaro-industriel de l’Irak. Pour l’empêcher d’acquérir, un jour, la bombe atomique. Pour mettre Saddam Hussein hors d’état de nuire. Pour « pacifier » une région que le pétrole rend stratégique. Georges Bush s’est ainsi engagé à fond dans une partie dont il ne peut pas sortir vaincu. (...) La stratégie américaine consiste depuis le début de la crise à pousser Saddam Hussein à la faute pour mieux l’écraser".
Quotidien français La Tribune de l’Expansion : "Les opérateurs (les pétroliers) tentent de tirer partie de la flambée des prix dans un marché de plus en plus spéculatif. Ils ont été rejoints sur les marchés à terme pétroliers par une série d’intervenants financiers découragés par l’allure des Bourses mondiales".

Chronologie des événements - septembre 1990

Alors que l'ONU tente des médiations à Bagdad, l'Irak libère plusieurs centaines d'otages.
Partout dans le monde, l'opposition à Saddam Hussein grandit. L'URSS soutient les Américains et manoeuvre pour la paix.

USA et URSS s'unissent contre l'Irak. Les pays du Golfe mettent la main à la poche, la France lance l'opération Busiris aux Emirats Arabes Unis et le Sénégal se joint à la coalition internationale.
Pour contrer la coalition, l'Irak se trouve un allié : l'Iran.
A Koweït-City, l'armée irakienne pille les ambassades de France, du Canada, des Pays-Bas et de Belgique.En réponse, la France lance l'opération Daguet et le Canada envoie des avions de guerre en Arabie Saoudite...

Au Koweït, les ambassades ferment les unes après les autres. Les Koweïtiens franchissent par milliers la frontière koweïto-saoudienne réouverte.
Venus d'Egypte, d'Italie ou d'Argentine, les soldats débarquent par centaines en Arabie Saoudite.

Les hommes de Daguet partent pour le Golfe devant des dizaines de journalistes. De son côté, le Clem atteint les eaux saoudiennes.
Devant les Nations Unies, Mitterrand prêche la paix. L'Irak est satisfait, pas les Etats-Unis... Après maintes tergiversations, l'URSS renonce finalement à envoyer des troupes dans le Golfe.
Désormais, le baril de pétrole s'échange à 41 $ à la bourse de Tokyo. Un record !

 

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En vidéo


Le saccage de l'ambassade de France à Koweït-City (28 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 14 septembre 1990