mercredi 12 septembre 1990

 

La Cicciolina offre son corps à Saddam Hussein.
Plus précisément, l'ex-star du porno, devenue députée au Parlement italien, veut "donner son amour en échange de la liberté des otages". Elle a donc demandé un visa pour Bagdad il y a quelques jours, à un représentant - perplexe - de l'ambassade irakienne à Rome. "Ils n'ont encore jamais reçu une telle demande provenant d'un parlementaire occidental, explique-t-elle. Alors j'attends une réponse. J'ai eu cette idée au cours d'un entretien sur le plateau de la télévision argentine. On parlait de la crise du Golfe, et je confiais au journaliste ma philosophie : je veux la paix sur Terre, que tout le monde soit heureux. L'amour est la seule chose qui permette cela." Elle ne s'est même pas demandé si Saddam Hussein a des problèmes sexuels qui le rendraient belliqueux. "De toute façon, la politique n'est pas belle, affirme la députée italienne. J'ai constaté que les hommes qui en font leur métier se sentent très seuls." Pour elle, la politique et le sexe ne font pas bon ménage. En bon petit soldat, Ilona Staller, le vrai nom de la Cicciolina, ne compte pas le temps qu'elle donnera au président irakien. Elle se déclare même prête à une éventuelle "rencontre" entre "le président George Bush, Margaret Thatcher, Saddam Hussein et moi"... A 4, mais pas plus ! La Cicciolina a-t-elle peur ? Pas du tout. "Pourquoi ? Je viens en messagère de l'amour. Avec moi, c'est la paix qui va en Irak." Une image est restée imprimée dans sa mémoire : Beyrouth, capitale des plaisirs levantins, écrasée par les bombes. Pour contribuer à éviter un nouveau bain de sang, elle attend l'autorisation des Irakiens...

La Jordanie viole l'embargo international contre l'Irak.
Bien que l'Irak soit soumis à un embargo international, la Jordanie importe toujours d’Irak la quasi totalité de ses besoins en pétrole et entend bien continuer à le faire. Elle a une bonne raison pour cela : ce pétrole ne lui coûte rien. Facturé en principe au taux préférentiel de 15 dollars le baril, il est en réalité la contrepartie des dettes irakiennes à l’égard d’Amman. Interrompre cet approvisionnement serait punir non pas l’Irak mais la Jordanie et c’est ce que le roi Hussein a fait valoir auprès de l’ONU : aussi longtemps que la communauté internationale ne trouvera pas le moyen de fournir les mêmes quantités de pétrole aux mêmes conditions, les camions citernes continueront leur noria. La Jordanie est d’autant moins décidée à céder sur ce point qu’elle doit encore supporter l’essentiel de la charge de plus de 100.000 réfugiés venus du Koweït, 300.000 repas par jour à servir, et 10.000 mètres cubes d’eau sans compter les frais d’évacuation estimés à 46 millions de dollars.

En bref :
   

Le Sénat américain vote une résolution demandant que Saddam Hussein soit poursuivi comme "criminel de guerre" si les hostilités étaient déclenchées dans le Golfe, pour avoir "violé les normes de comportement civilisé en mettant volontairement en danger la vie d'étrangers".

L'ayatollah Ali Khamenei, "guide de la révolution" iranienne, lance un appel à la guerre sainte contre la présence militaire américaine dans le Golfe.

Les 12 pays de la CEE décident de coordonner leurs mesures d’économie d’énergie afin de préserver les stocks de pétrole. Toutefois, il est décidé de ne prendre aucune mesure immédiate comme la baisse du chauffage dans les bâtiments publics.

Le président palestinien Yasser Arafat est arrivé inopinément à Amman (Jordanie) pour rencontrer son homologue jordanien. Selon l’Agence France-Presse, cette visite n’était pas prévue initialement.

L’Irak refuse de rembourser à la Banque mondiale un prêt de 2,8 millions de dollars venant à échéance en juin. La somme fait partie d’un remboursement d’une valeur de 47 millions de dollars remontant aux années 1960.

L'URSS suspend son traité d'amitié qui la liait avec l'Irak depuis 1972 et de rappeler tous ses conseillers militaires.

L’ambassadeur des USA en Israël annonce que Washington livrera l’an prochain à Israël 60 chasseurs F-16 C et D de la firme General Dynamics et une dizaine d’hélicoptères de transport de troupes Sikorsky H-53. "J’espère, déclare William Brown, que le gouvernement de Tel-Aviv obtiendra également des missiles Stringer (sol-air), des équipements pour améliorer les performances de ses F-15 et du matériel supplémentaire pour sa marine et son armée de terre".

Giulio Andreotti, président du conseil italien, met en garde, à Strasbourg, contre une intervention militaire contre l’Irak tout en reconnaissant que la crise du Golfe "risquait d’être longue". S’exprimant devant le Parlement européen, il prévient que la communauté internationale devrait consentir de très lourds sacrifices économiques et appelle à la patience et au sang froid.

La Belgique décide l'envoi de 2 C-130 supplémentaires pour le Proche-Orient.

   
Lu dans la presse :
   

Hebdomadaire français Le Canard enchaîné : La Société générale va prêter 9,5 milliards de francs (1,5 milliard d'€) à l'Iran. Désormais, pour cette banque appartenant à l'Etat français, le pays du Golfe montré du doigt n'est plus l'Iran...
Quotidien britannique Financial Times : L’administration américaine a demandé à la France de lui fournir des informations sur un équipement de brouillage sophistiqué, utilisé par les forces irakiennes pour perturber l’activité de surveillance des appareils Awacs américains et saoudiens. Selon le quotidien, "on ne sait pas très bien jusqu’à quel point la France est prête à dévoiler des informations" sur des équipements livrés à Bagdad par la société nationalisée Thomson CSF.
Agence américaine Associated Press : L’Iran aurait accepté de fournir à l’Irak des denrées alimentaires et des médicaments contre 200.000 barils de pétrole raffiné par jour et des devises. Un marché conclu à Téhéran, pendant la visite du chef de la diplomatie irakienne Tarek Aziz.

Chronologie des événements - septembre 1990

Alors que l'ONU tente des médiations à Bagdad, l'Irak libère plusieurs centaines d'otages.
Partout dans le monde, l'opposition à Saddam Hussein grandit. L'URSS soutient les Américains et manoeuvre pour la paix.

USA et URSS s'unissent contre l'Irak. Les pays du Golfe mettent la main à la poche, la France lance l'opération Busiris aux Emirats Arabes Unis et le Sénégal se joint à la coalition internationale.
Pour contrer la coalition, l'Irak se trouve un allié : l'Iran.
A Koweït-City, l'armée irakienne pille les ambassades de France, du Canada, des Pays-Bas et de Belgique.En réponse, la France lance l'opération Daguet et le Canada envoie des avions de guerre en Arabie Saoudite...

Au Koweït, les ambassades ferment les unes après les autres. Les Koweïtiens franchissent par milliers la frontière koweïto-saoudienne réouverte.
Venus d'Egypte, d'Italie ou d'Argentine, les soldats débarquent par centaines en Arabie Saoudite.

Les hommes de Daguet partent pour le Golfe devant des dizaines de journalistes. De son côté, le Clem atteint les eaux saoudiennes.
Devant les Nations Unies, Mitterrand prêche la paix. L'Irak est satisfait, pas les Etats-Unis... Après maintes tergiversations, l'URSS renonce finalement à envoyer des troupes dans le Golfe.
Désormais, le baril de pétrole s'échange à 41 $ à la bourse de Tokyo. Un record !

 

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En vidéo


Discours anti-irakien de George Bush (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 12 septembre 1990