samedi 8 septembre 1990

 

Lecture d'une lettre de Saddam Hussein sur Radio-Bagdad.
Le président Saddam Hussein adresse une lettre ouverte à Mikhaïl Gorbatchev et George Bush, lue ce soir à la télévision irakienne. Il demande à "celui qui représente l’URSS" qu’il "saisisse cette occasion cruciale (...) pour réhabiliter l’Union Soviétique, maintenant que les Etats-Unis sont devenus la seule (puissance) au monde". Le message ajoute : "Que Bush ne dégrade pas davantage (l’image des) Etats-Unis au cas où il voudrait provoquer la guerre et au cas où ses armées maintiendraient leur présence sur le territoire sacré (l’Arabie Saoudite où se trouve La Mecque) et maintiendraient l’embargo, y compris sur les denrées alimentaires et sur les médicaments, contre le peuple irakien". "L’Irak, poursuit la lettre ouverte, est partisan de la paix fondée sur la justice". Saddam Hussein déclare à nouveau : "Le Koweit fait partie intégrante de l’Irak". Il accuse "les anciens dirigeants" de l’émirat d’avoir "comploté contre la nation arabe et contre l’Irak", avant de préciser : "Les tentatives de ceux qui souhaitent revenir à la situation antérieure au 2 août 1990 sont futiles et irréalisables". Le président irakien ajoute : "L’Irak est un pays du tiers-monde et vous êtes les chefs de 2 super-puissances" (...) Cela devrait vous amener à prendre des décisions marquées par le sens de la responsabilité afin d’épargner à la région la guerre et les malheurs (...) En cas de confrontation, sachez que l’Irak, ainsi que toute la nation arabe, qui compte deux cents millions d’habitants, fera bloc contre l’injustice et contre l’invasion". La lettre est signée : "Saddam Hussein, fidèle serviteur de Dieu."

Conférence de presse de George Bush à Helsinki : les bases d'un monde pacifique.
En Finlande, à la descente de son appareil flambant neuf appelé Air Force One, le président des USA explique à la presse mondiale : "Le président soviétique et moi-même nous pencherons sur une vaste série de questions. Nous cherchons à continuer à réaliser des progrès sur la voie d’une nouvelle Europe. Nous cherchons à accélérer le rythme dans le contrôle des armements stratégiques et conventionnels et je veux être informé des progrès des réformes soviétiques et explorer d’autres questions d’intérêt mutuel. Je m’attends évidemment à ce que nous consacrions une grande partie de notre temps ensemble à la situation dans le Golfe Persique. J’ai dit à maintes reprises cette année écoulée que nous sommes entrés dans une nouvelle ère dans les affaires mondiales. Cette réunion intervient à un moment critique, au moment où les actions que nous prenons peuvent façonner ce nouveau monde pour des années à venir. Dans le passé, le droit international et les organisations internationales ont souvent été paralysés, impuissants à prévenir un conflit ou à rétablir la paix. Mais la réponse internationale à l’invasion irakienne prouve combien cela a changé. Ici à Helsinki, le président soviétique et moi-même nous nous rencontrons avec l’espoir de renforcer notre façon commune de considérer cet acte injustifiable d’agression. Beaucoup de choses sont en jeu et le monde a beaucoup à gagner si nous réussissons. Si les nations du monde oeuvrant ensemble continuent comme elles l’ont fait à isoler l’Irak et à priver Saddam Hussein des fruits de l’agression, nous jetterons les bases d’un ordre international plus pacifique, stable et sûr, que tout ce que nous n’avons jamais connu. Je suis convaincu que nous pouvons renverser le cours dangereux des événements initiés par les actions de Saddam Hussein et rétablir la paix, la stabilité et le respect pour le droit."

Conférence de presse de Mikhaïl Gorbatchev à Helsinki : il faut "protéger" la paix.
En Finlande, le président de l'URSS explique : "Le président Bush a exprimé le souhait de nous rencontrer dans ce grave moment de l’histoire où il est très important de comparer nos approches et de coopérer pour protéger les processus positifs énormes qui ont commencé dans le monde et empêcher que tel ou tel événement ne les mettent en péril. Il était important de nous rencontrer même si nous sommes en contact permanent par divers moyens. Je pense que nous discuterons de la crise du Golfe et d’autres problèmes de la politique mondiale."

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Latif Nassif al Djassem, ministre de la Culture et de l’Information irakien : "Nous sommes furieux de la position britannique. Nous pensons que Thatcher pousse le président américain George Bush à prendre des décisions draconiennes." (Quotidien espagnol Diario 16).
Edouard Chevardnadzé, ministre soviétique des Affaires étrangères : "Toutes les opérations effectuées dans le Golfe arabo-persique devraient être légales et s’appuyer sur des résolutions collectives dans le cadre des Nations-Unies.(...). Le sommet (d’Helsinki) servira à s’entendre sur ce point important."

 

Quotidien français Le Parisien : A propos des otages français travaillant pour le groupe français d'armement Thomson-CSF en Irak, le journal explique que "l'Irak pourrait tenter d'utiliser les compétences de certains de ces ingénieurs spécialistes de l'armement". Ce quotidien s'intéresse également à la personnalité de Saddam Hussein. Alors que la presse israélienne a recours à des pyschologues et la presse américaine à des voyants qui étudient chaque discours du Raïs irakien, le quotidien français a recours à... un dentiste de New Delhi : Swami Devageet. "En limant les dents du dictateur irakien, propose-t-il, on réglerait la crise du Golfe. Le passé animal de l'homme et les instincts agressifs sont situés dans la structure de sa denture". La fraiseuse : un moyen d'éviter la guerre ?
Quotidien espagnol Diario 16 : L’Irak demande à la Suède et à d’autres pays européens de recevoir un émissaire porteur d’un message de son gouvernement.
Quotidien français L'Humanité: "L’arsenal de Tarbes dont la division obuserie produit les munitions de gros calibres pour les chars et l’artillerie (...), les cadences de production ont été considérablement augmentées depuis déjà plusieurs jours, tout comme dans l’atelier du Mans qui est spécialisé quant à lui dans la fabrication des munitions de petit calibre (...) et dont le client exclusif est l’armée française."
Quotidien français Le Monde : Avant l’été, Washington a refusé une aide financière à l’URSS, alors qu’"aujourd’hui favorablement impressionnés par le comportement de l’URSS dans la crise du Golfe, comme l’a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Marlin Fitzwater, l’administration américaine se dit prête à injecter quelques milliards de dollars en URSS".

Chronologie des événements - septembre 1990

Alors que l'ONU tente des médiations à Bagdad, l'Irak libère plusieurs centaines d'otages.
Partout dans le monde, l'opposition à Saddam Hussein grandit. L'URSS soutient les Américains et manoeuvre pour la paix.

USA et URSS s'unissent contre l'Irak. Les pays du Golfe mettent la main à la poche, la France lance l'opération Busiris aux Emirats Arabes Unis et le Sénégal se joint à la coalition internationale.
Pour contrer la coalition, l'Irak se trouve un allié : l'Iran.
A Koweït-City, l'armée irakienne pille les ambassades de France, du Canada, des Pays-Bas et de Belgique.En réponse, la France lance l'opération Daguet et le Canada envoie des avions de guerre en Arabie Saoudite...

Au Koweït, les ambassades ferment les unes après les autres. Les Koweïtiens franchissent par milliers la frontière koweïto-saoudienne réouverte.
Venus d'Egypte, d'Italie ou d'Argentine, les soldats débarquent par centaines en Arabie Saoudite.

Les hommes de Daguet partent pour le Golfe devant des dizaines de journalistes. De son côté, le Clem atteint les eaux saoudiennes.
Devant les Nations Unies, Mitterrand prêche la paix. L'Irak est satisfait, pas les Etats-Unis... Après maintes tergiversations, l'URSS renonce finalement à envoyer des troupes dans le Golfe.
Désormais, le baril de pétrole s'échange à 41 $ à la bourse de Tokyo. Un record !

 

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En vidéo


Les enfants koweïtiens bloqués en France (25 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 8 septembre 1990