La Ligue Arabe divisée, son secrétaire général jette l'éponge.
Chedli Klibi a démissionné hier soir de son poste de secrétaire général de la Ligue arabe qu’il occupait depuis 11 ans. Officiellement aucune raison n’a été donnée à ce départ, mais la position de Klibi était devenue très inconfortable, estiment les observateurs. L’agression irakienne contre le Koweït et ses conséquences ont accéléré la division du monde arabe toujours latente. Au dernier sommet arabe réuni au Caire le 10 août, les oppositions ont éclaté au grand jour entre un axe dominé par les pro-américains (Arabie Saoudite, Qatar, Koweït...) et des pays beaucoup plus réservés devant l’arsenal de guerre déployé dans le Golfe (Tunisie, Algérie, OLP...). "Déplorant les divisions au sein du monde arabe", Souleimane Najjab, membre du Comité Exécutif de l’OLP, estime qu’il existe "un danger que la scission soit consacrée", ajoutant : "En poussant la Ligue à la scission, on s’éloigne de toute possibilité de recherche d’une solution arabe au conflit du Golfe étant donné que les pays arabes perdront leur rôle dans la recherche d’une telle solution". Il a rejeté la responsabilité de la division sur "les parties qui ont insisté pour réunir un conseil ministériel extraordinaire afin d’adopter des résolutions à la majorité - et non à l’unanimité comme il est d’usage - tout en sachant qu’une telle position ne ferait qu’envenimer l’atmosphère". Mais pour Souleimane Najjab, "tout espoir n’est pas perdu. Un effort peut encore être entrepris pour stopper cette détérioration et réactiver le rôle de l’organisation..." Assaad el-Assaad, un Libanais de 70 ans, adjoint de Chadli Klibi, assure l’intérim du secrétariat général jusqu’à l’élection d’un nouveau titulaire.
Interview de Jean-Pierre Chevènement sur Europe 1 : éviter l'affrontement nord-sud.
"Il faut toujours avant de déclencher un conflit, poser la question des buts de guerre" rappelle part Jean-Pierre Chevènement au micro de la radio française Europe 1. "Dans les résolutions de l’ONU, c’est l’évacuation du Koweit par l’Irak, c’est la libération des otages. Ce n’est pas comme j’ai pu le lire sous la plume de tel ou tel, (...), de casser l’Irak ou d’aboutir à une situation qui, inévitablement, conduirait à un dérapage nord sud de ce conflit. (...) Le but est d’amener l’Irak à récipiscence, et l’intérêt de la France, auquel on ne se réfère pas souvent, l’intérêt de l’Europe ne sont pas de faire déraper ce conflit (...) en un affrontement Nord-Sud". Et comme on lui demande si la France se joindrait aux USA dans le cas où ils lanceraient une offensive contre l’Irak, Chevènement répond : "Il n’y a pas de base juridique aujourd’hui pour une intervention militaire contre l’Irak, ou même simplement pour libérer le Koweit, dont les spécialistes savent qu’elle serait extrêmement coûteuse en vies humaines, puisque ceux que je consulte habituellement, chiffrent le nombre de morts à pas moins de cent mille."
L'interminable attente des otages français retenus à Bagdad.
La télévision française Antenne 2 est parvenue à interviewer des otages français à Bagdad. Selon ces derniers, l'attente est devenue très difficile à supporter. Loin de leurs proches et de leurs pays, ils font face aux espoirs des annonces de Bagdad suivis de désillusions. "On s'attandait à des négociations plus rapides, maintenant on s'est fait à l'idée que les negociations durent longtemps" explique un otage. "La liberté, on l'a, puisqu'on est libre de circuler dans la ville mais on n'a pas la liberté de pouvoir rentrer chez nous de voir nos femmes et nos enfants. C'est très dur." "Il faut espérer, poursuit un autre Français, mais je n'espère pas Noël à Bagdad, parce que là, ça commencerait à être très très long..."
Incident diplomatique entre Américains et Saoudiens.
Le Washington Post révéle que le général saoudien, Khalid bin Sultan, a osé affirmer que toute décision de Washington d’utiliser les forces américaines déployées en Arabie saoudite pour des opérations offensives devaient être précédées de consultations entre George Bush et le roi Fahd. Mal lui en a pris. Le général Norman Schwarzkopf, commandant des forces américaines en Arabie saoudite, s’est immédiatement plaint auprès de la Maison-Blanche et du Pentagone prétendant que la position saoudienne pourrait empêcher les USA de répondre à des "imprévus militaires". Le même jour, Bush a convoqué à la Maison Blanche l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington pour le rappeler à l’ordre.
Michel Rocard dit tout au Brésil et son contraire au Chili.
Le Premier ministre français s’abstrait de la "logique de guerre", le temps d’une escale au Brésil. Aux autorités venues le saluer sur l’aérodrome de Recife où s'est posé le DC-8 qui doit l'emmener au Chili, Rocard déclare en effet que "la France n’a absolument pas l’intention de recourir à la force contre l’Irak". Il leur précise qu’elle "suivra la résolution de l’ONU maintenant le blocus économique contre l’Irak" et il se dit même certain "que la crise du Golfe sera résolue par la voie diplomatique car les sanctions imposées par les Nations Unies sont très graves, ce qui évitera le déclenchement d’une guerre". Des propos d’autant plus remarquables que ceux qu’il avait tenu le 27 août dernier devant les députés réunis en session extraordinaire étaient d’une tonalité à peu près diamétralement opposée. Effet du décalage horaire ou simple souci de ménager ses interlocuteurs brésiliens dont le grand pays est devenu l’un des partenaires privilégiés de l’Irak au sein des non-alignés ? Toujours est-il que quelques heures plus tard, à peine débarqué à Santiago du Chili, Michel Rocard se presse de faire rectifier ses dires par son "entourage". Cette seconde dépêche AFP prenant le contre-pied de la précédente : "Si la France reste très attachée à une solution diplomatique dans la crise du Golfe, il est clair, aux yeux du Premier ministre que les chances de celle-ci s’amenuisent". Et "l’entourage" d’ajouter : "Il est clair que si les forces françaises déployées dans le Golfe n’ont aucune mission agressive, elles ne resteraient pas inactives si un conflit ouvert se déclarait". Voilà qui cadre mieux en effet avec la vision pessimiste des choses que cultive Michel Rocard depuis son retour de vacances, avec l’intention manifeste de préparer l’opinion à un conflit ouvert avec l’Irak.
Le président du Sénégal Abou Diouf annonce que des troupes de son pays vont se joindre à la force multinationale dans le Golfe.
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Richard Gephardt, président de la majorité démocrate à la Chambre des représentants : "Il nous faut une aide accrue. Nous avons tout particulièrement besoin d’un appoint de troupes terrestres de nos alliés." Après avoir "salué" l’envoi de la flotte française et de navires britanniques au Moyen-Orient, il ajoute : "Nous voudrions que (ces 2 pays) envoient également des troupes terrestres aux côtés des nôtres."
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Quotidien français Le Figaro : "Depuis le début de la crise, les Arabes fortunés du Golfe ont déjà transféré 8 milliards de dollars vers l’Occident."
Quotidien américain New York Times citant un haut fonctionnaire US : Le Pentagone a secrètement déployé des avions de combat dans les pays arabes du Golfe. Des chasseurs bombardiers F-15 et F-16, des appareils d’assaut A-6 et des dispositifs de "guerre électronique" ont été signalés dans les E.A.U. au Quatar et à Oman. Tous ces pays ont mis leurs installations logistiques à la disposition de l’US-Air Force. De nouveaux contingents de troupes ont été envoyés par l’Egypte et le Bangladesh en Arabie Saoudite.
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