samedi 29 septembre 1990

 

Interview de Roland Dumas sur Antenne 2 : un "rapprochement" entre la crise du Golfe et l'attentat de Djibouti.
Depuis New York, le ministre français des Affaires étrangères répond aux questions de la télévision française. Il estime qu’un "rapprochement" peut être fait entre la tension dans le Golfe et l’attentat de Djibouti. Il indique ensuite : "Aucun élément particulier résultant d’une enquête ou d’une revendication ne permet de tirer des déductions aussi formelles". Si l’Irak était lié à l’attentat, poursuit-il, "la réaction de la France existerait. Elle serait à la mesure du caractère odieux de l’attentat" qui a causé la mort d’un enfant de 9 ans et blessé 17 personnes personnes dont 15 Français. Une telle déclaration prouve à quel point tout événement grave ou sérieux, même s’il se produit loin de la zone sensible, peut mettre la région du Golfe à feu et à sang.

Interview de Mark Eyskens sur RTL-TVI : les ambassades européennes du Koweït vont fermer.
Le ministre belge des Affaires étrangères déclare sur la télévision belge que la plupart des pays de la CEE vont "vraisemblablement" fermer leur ambassade au Koweït cette semaine. Le chef de la diplomatie de Bruxelles s’exprime depuis New-York où il assiste à l’Assemblée générale de l'ONU. Il indique que seule la représentation de la Grande-Bretagne restera "peut-être" ouverte, motivant cette prévision par le fait que les britanniques possèdent d’"importants" stocks de nourriture. Londres (dont les diplomates résidant à Koweït-City ont été, comme ceux des autres pays, privés d’eau et d’électricité) a confirmé officiellement qu’elle entend maintenir ouverte son ambassade du Koweït, "tant que ce sera pratiquement et physiquement possible". Le ministre belge précise pour sa part que la fermeture des ambassades européennes a fait l’objet d’une concertation des Douze. Selon Eyskens, cette décision n'est due qu’à "la situation matérielle très difficile", sur place. "Les provisions sont pratiquement épuisées et la pression psychologique est énorme (...), l’ambassade belge est régulièrement encerclée par des soldats irakiens", précise le ministre belge. Eyskens ne précise cependant pas si la décision est définitive, ou si, comme pour l’ambassade soviétique, celles des Douze sont seulement abandonnées en attendant le rétablissement de la souveraineté du Koweït.

L'Inde s'inquiète pour ses ressortissants bloqués dans le Golfe.
New Delhi estime à quelque 200.000 le nombre de ses nationaux encore bloqués en Irak et au Koweit. Chaque jour, 450 d’entre eux empruntent le pont aérien Bassorah-Bombay et 3.500 gagnent la Jordanie par la route. Hier soir, 2 ferries indiens en ont transporté 1.500 d’Umm Qasr à Dubaï, port des E.A.U. Des dizaines d’autres viennent de regagner leur pays en voiture, après un périple de 8.000 km depuis le Koweit. Le déchargement des 11.000 tonnes de nourriture et de médicaments expédiés par l’Inde pour ravitailler ses émigrants en Irak s’est achevé hier. La distribution sera surveillée par 100 membres de la Croix-Rouge indienne.

En bref :
   

Les 120 chars d’assaut Challenger de la 7ème brigade d’infanterie blindée britannique quittent leur base de Fallingbostel, en RFA, en direction de Bremerhaven, d’où ils seront acheminés vers le Golfe. Les navires arriveront dans le Golfe dans 2 à 3 semaines. Ces 6.000 hommes sont les 1ères forces terrestres expédiées par Londres.

Les services de sécurité de l’aéroport du Caire arrêtent un citoyen irakien qui tentait de s’introduire en Egypte avec un passeport dérobé au Koweit. L’homme affirme fuir l’enrôlement et vouloir gagner le Canada.

Le Yemen demande aux dirigeants arabes, américains et soviétiques d’entreprendre une médiation dans la crise qui l’oppose à l'Arabie Saoudite, après l’expulsion de plusieurs de ses ressortissants du territoire saoudien.

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre iranien des Affaires étrangères s’entretient, à New York, avec ses 6 collègues du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahrein, E.A.U., Koweit, Oman, Qatar). C’est la 1ère réunion de ce genre depuis 1978. D’accord pour mettre fin à l’occupation du Koweit, les ministres discutent de la sécurité à long terme dans la région.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Khaireh Allale Hared, ministre de l’Intérieur de Djibouti, promet une importante récompense à ceux qui dénonceront les auteurs de l'attentat anti-fançais ou "feront progresser l’enquête". Il estime que les individus recherchés seraient encore "selon toute vraisemblance" à Djibouti.
Le Conseil suprême de sécurité nationale iranien, la plus haute instance de décision politique en Iran, évoque "les dangers croissants et préoccupants d’un éventuel conflit armé, ses conséquences et sa portée".
Qian Qichen, ministre chinois des Affaires étrangères à l’Assemblée générale de l’ONU, demande à l’Irak de "saisir toutes propositions de médiations émanant du monde arabe ou du Secrétaire général de l’ONU". Il demande que "tous les pays qui ont déployé des forces dans le Golfe et en Arabie Saoudite fassent preuve de retenue".
Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense, exprime son "intense émotion" et sa "compassion sincère".
Roi Fahd d'Arabie, aux soldats volontaires de son armée : "La porte de la paix est la meilleure qui puisse être frappée en ce moment. Il n’est pas difficile pour le président Saddam Hussein de franchir cette barrière, comme il l’a fait pour l’Iran".
Hamadi Essid, représentant de la Ligue Arabe à Paris, "condamne sans réserve" l’attentat "quels qu’en soient les responsables et les motifs".
Ali Mohammad Becharati, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, demande "le retrait rapide de toutes les forces étrangères" du Golfe qui "ne pensent qu’à leurs propres intérêts".

 

Quotidien américain Los Angeles Times : Afin de ne pas s’aliéner le gouvernement de Pékin, les USA déclinent les 100 millions de dollars que Taiwan leur offre comme contribution au déploiement militaire dans le Golfe. Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, lors de sa récente visite à Washington, se serait entendu suggérer de déverser la manne sur l’Egypte, la Jordanie et la Turquie mais aurait écarté cette option.

Chronologie des événements - septembre 1990

Alors que l'ONU tente des médiations à Bagdad, l'Irak libère plusieurs centaines d'otages.
Partout dans le monde, l'opposition à Saddam Hussein grandit. L'URSS soutient les Américains et manoeuvre pour la paix.

USA et URSS s'unissent contre l'Irak. Les pays du Golfe mettent la main à la poche, la France lance l'opération Busiris aux Emirats Arabes Unis et le Sénégal se joint à la coalition internationale.
Pour contrer la coalition, l'Irak se trouve un allié : l'Iran.
A Koweït-City, l'armée irakienne pille les ambassades de France, du Canada, des Pays-Bas et de Belgique.En réponse, la France lance l'opération Daguet et le Canada envoie des avions de guerre en Arabie Saoudite...

Au Koweït, les ambassades ferment les unes après les autres. Les Koweïtiens franchissent par milliers la frontière koweïto-saoudienne réouverte.
Venus d'Egypte, d'Italie ou d'Argentine, les soldats débarquent par centaines en Arabie Saoudite.

Les hommes de Daguet partent pour le Golfe devant des dizaines de journalistes. De son côté, le Clem atteint les eaux saoudiennes.
Devant les Nations Unies, Mitterrand prêche la paix. L'Irak est satisfait, pas les Etats-Unis... Après maintes tergiversations, l'URSS renonce finalement à envoyer des troupes dans le Golfe.
Désormais, le baril de pétrole s'échange à 41 $ à la bourse de Tokyo. Un record !

 

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En vidéo


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 29 septembre 1990