L'ONU décrète un embargo aérien contre l'Irak.
L'ONU condamne "le traitement que les forces irakiennes font subir aux ressortissants koweïtiens, y compris les mesures prises pour les contraindre à quitter le pays, ainsi que les mauvais traitements infligés aux personnes et les dommages causés aux biens au Koweït en violation du droit international". Le Conseil de sécurité vote donc par 14 voix pour et 1 contre (celle de Cuba) la résolution 670, la 9ème depuis l'invasion du Koweït, décrète un embargo aérien contre l'Irak. Tous les pays membres de l'ONU doivent interdire les décollages depuis leur territoire, de tout aéronef qui transporte une cargaison (excepté les transports humanitaires) à destination ou en provenance de l'Irak ou du Koweït. Les Etats ont désormais le droit d'inspecter tous les avions pour s'assurer qu'ils ne transportent rien qui soit contraire à la résolution 661 sur l'embargo commercial. La réunion au sein du Conseil, de 13 ministres des Affaires étrangères, a donné un ton solennel à la réunion. Dans la bande vidéo dont les télévisions américaines ont diffusé des extraits, Saddam Hussein avait par avance qualifié de "barbare, inhumaine et injuste" la résolution.
Interview d'André Giraud sur Europe 1 : il fallait agir plus tôt.
Sur la radio française, l'ancien ministre français de la Défense donne son point de vue sur le "plan en 4 points" proposé hier devant l’ONU par François Mitterrand pour résoudre le conflit du Golfe. "J’approuve, dit-il, qu’on ait enfin pris cette initiative. Je regrette simplement qu’elle soit aussi tardive. J’aurais souhaité que cette position de la France fut exprimée un peu plus tôt dans le courant du mois d’août". "Je crois, ajoute-t-il, qu’il était tout à fait visible depuis le début que la guerre, si elle se déclenchait, serait extrêmement meurtrière et surtout qu’elle ne déboucherait sur aucune issue par elle-même. Un Moyen Orient occupé par des troupes militaires occidentales, ça n’a pas de sens. Donc, il fallait, dès le départ, essayer de passer le plus vite possible, de la logique de guerre à la logique de l’embargo, et se préoccuper du fait que la logique de l’embargo débouche sur la logique de paix. Le mot logique de paix a été prononcé pour la première fois hier. Il était temps". A propos de l’embargo aérien, l’ancien ministre note : "Je pense que c’est plutôt dangereux parce qu’on ne sait pas ce qu’on va faire avec ses avions. Je vous rappelle qu’il y a eu un Boeing qui a été descendu par erreur dans le Golfe arabo persique en 1987". L'ancien ministre de Jacques Chirac estime que la France "a eu tort" d’envoyer 4.000 hommes dans le Golfe. "Je pense que c’est un piège. D’abord, ces forces n’étaient pas nécessaires, la preuve, c’est qu’on ne sait même pas où les mettre et qu’on ne sait pas comment elles seront commandées. En temps de dissuasion, tant qu’ils ne sont pas en opération, ils seront commandés par des Français. Et si les opérations commencent à côté, à l’initiative de quelqu’un d’autre, sans avoir l’air de nous dégonfler, il nous sera bien difficile de ne pas appuyer. Nous serons donc embarquer dans une guerre qui ne sera pas la nôtre".
L'URSS pense à établir une ambassade en Israël.
L’idée que "le rétablissement (des relations diplomatiques entre Moscou et Tel Aviv) favoriserait une amélioration dans les relations soviéto-israéliennes commence à prédominer dans les milieux officiels soviétiques", estime le commentateur diplomatique de l’agence TASS, Kanichtchev. Il affirme voir la possibilité de créer "une base solide" pour des échanges entre les 2 pays, "d’autant plus que les développements au Proche-Orient viennent de démentir l’idée enracinée selon laquelle la politique israélienne serait l’unique source de tension dans cette région". TASS note cependant qu’un échange d’ambassadeurs avec Israël "ne doit pas affaiblir, ni d’autant moins réduire les relations traditionnelles avec les pays arabes."
Jean-Pierre Chevènement en visite dans le Golfe.
Le ministre français de la Défense rend une "visite surprise" aux soldats français stationnés à Yanbu. Profitant de l’occasion, il rappelle que si la France entend préserver "sa liberté d’engagement... en cas d’agression irakienne le réflexe serait celui de la solidarité...". Dimanche, à Abou Dhabi, dans le cadre de sa revue de paquetages de l’armée française dans plusieurs pays du Golfe, le ministre est allé tester, sur le terrain, le moral des engagés prêt à en découdre avec les soldats irakiens. Il a inspecté les groupes français de lancement des missiles sol-air, Crotale et Mistral, ainsi que le 1er RHP (l’un des fleurons des baroudeurs de l’armée françaises) installés sur la base d’Al-Hamra, à mi-chemin entre Abou Dhabi et l’émirat de Dubaï. Il s’est ensuite rendu en hélicoptère à bord de la frégate Dupleix qui participe avec les autres bâtiments de guerre de la flotte tricolore à l’étouffement économique de l’Irak. Dans la matinée du même jour, Chevènement, qui préalablement s’était rendu au Qatar, a examiné avec cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nayane, président des Emirats, la situation dans la région et étudié les moyens de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines. Au cours d’une conférence de presse tenue à Abu Dhabi, Chevènement a affirmé qu’"en cas de besoin (sans préciser lesquels), Paris n’hésitera pas à accorder davantage de soutien et d’appui au Moyen-Orient". Le ministre a également appelé l’URSS à se joindre aux efforts de la communauté internationale pour accentuer la pression sur Saddam Hussein et contraindre l’Irak à retirer ses troupes du Koweït. "Tous les pays sont invités à assumer leurs responsabilités et à soutenir la légitimité internationale" a-t-il déclaré. Sur le lieu des opérations, le déploiement des troupes françaises semblent rencontrer quelques difficultés. Après le porte-avions Clémenceau qui pendant plusieurs jours à fait "des ronds dans l’eau" avant de trouver un port d’attache, un convoi militaire composé de 60 camions et jeeps et de 300 hommes n’a pu prendre la route d’Haffar-al-Batin, lieu désigné pour le déploiement des forces françaises, à 60 km de la frontière irakienne, c’est à dire en 1ère ligne. Selon le colonel Lavadèze, commandant du 5ème RHC installé à Yanbu, le faux départ du convoi est dû à des problèmes d’organisation... "Les Saoudiens cherchant à trouver un moyen d’éviter de faire passer les paras français par la ville sainte de Médina". A l’issue de sa visite, le ministre de la Défense a déclaré que les forces françaises étaient prêtes à coordonner leurs mouvements avec les autres forces déployées dans la région et avec l’Arabie Saoudite. Chevènement assure que la présence militaire française dans le Golfe "vise un embargo efficace qui doit amener l’Irak à se retirer du Koweït et la simple restauration du droit". A l’heure actuelle, 13.000 militaires français sont présents dans le Golfe, 14 navires de guerre et 40 avions les accompagnent. "Une opération qui pourrait coûter plusieurs milliards de dollars par an", a précisé le ministre.
George Bush rejette les propositions de François Mitterrand faites à l'ONU.
Les propositions faites hier à l’ONU par François Mitterrand ne semblent pas avoir trouvé d’écho à Washington. George Bush fait comme s’il n’avait rien entendu : recevant un groupe de 150 hommes d’affaires américains d’origine arabe à la Maison Blanche (pour annoncer la formation d'un groupe international afin de canaliser et coordonner l'aide financière aux pays les plus durement touchés par la crise du Golfe), le président réaffirme qu’il n’y aura "aucune négociation avec l’Irak tant que ce pays ne se sera pas totalement retiré du Koweit et que ses dirigeants légitimes ne seront pas revenus au pouvoir". "Nous ne céderons pas d’un pouce par rapport à ces dispositions", martèle-t-il. Ce qui revient à considérer comme nulles et non avenues les 2 propositions faites par Mitterrand pour tenter d’enclencher une "logique de paix" : engager des négociations dès que l’Irak manifeste l’intention de libérer le Koweit et laisser au peuple de ce pays le "choix démocratique" de ses futurs dirigeants. Bush également exclut catégoriquement de lier le problème du Koweit au règlement de la question palestinienne.
Hamadi Essid, représentant de la Ligue arabe à Paris, réagit favorablement au discours de Mitterrand. Il estime que ce discours "renoue avec la tradition politique de la France au Proche-Orient" et "trouvera un écho favorable dans le monde arabe". Les propositions qu’il contient, ajoute-t-il "correspondent au voeu exprimés par la plupart des Etats arabes". "Je doute cependant, conclut-il, qu’elles rencontrent la même appréciation chez les responsables américains et israéliens".
L'Iran annonce qu'il ne se joindra pas à des opérations militaires contre l'Irak, même sous l'égide de l'ONU. Cependant, il respectera les résolutions du Conseil de sécurité.
8 Tornado de l’armée de l’air italienne partent pour le Golfe. Ils seront basés à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis) avec pour mission la protection des navires italiens.
La Tchécoslovaquie annonce qu’une unité NBC (nucléaire, biologique, chimique) de son armée suit actuellement un entraînement spécial et sera prête à se joindre à la force multinationale en Arabie Saoudite dans un délai de 10 à 15 jours. L’unité est composée de 170 hommes.
Michel Rocard, Premier ministre français, annonce la mise en place d’une cellule "entreprises-Golfe" pour répondre aux difficultés rencontrées par certaines entreprises françaises en raison de la crise du Golfe.
Un appel à la résistance est lancé depuis Taëf (Arabie saoudite) par le ministère koweitien de la Défense. Il demande aux Koweitiens de 21 à 35 ans de se porter volontaires pour libérer leur pays occupé. "La défense du Koweit incombe aux Koweitiens", souligne le texte.
L'Irak salue le ton "non agressif" du discours de François Mitterrand tenu au siège de l'ONU.
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