mardi 16 octobre 1990


Porter la barbe est désormais interdit au Koweït.
Un grand nombre de personnes ont été arrêtées au Koweït pour non respect de l'interdiction faite par l'Irak de porter la barbe, interdiction qui a pris effet dans la 1ère semaine de septembre. Plusieurs hommes, interrogés par Amnesty International, affirment qu'ils ont été arrêtés à des postes de contrôle simplement parce qu'ils portaient la barbe. Aucun d'entre eux n'a cependant pu fournir une explication logique du fait que cela soit considéré comme un délit. Ainsi, un entrepreneur koweïtien âgé de 30 ans et qui a quitté son pays le 16 septembre, fait ce témoignage : "Ceux qui portaient la barbe ont reçu l'ordre de la raser. La sanction pour non respect de cet ordre consiste à se faire arracher la barbe avec des tenailles ou à subir tout autre châtiment non précisé. Plusieurs dipositions arbitraires de cette nature ont été adoptées mais sans prendre la forme de décrets officiels. Le problème pour nous, c'est que nous n'en avions connaissance qu'au moment où nous étions interpellés par les soldats aux postes de contrôle. Ils nous informaient alors du dernier réglement, mais c'était déjà trop tard, car nous avions peut-être déjà commis involontairement le "délit" en question. J'ai appris que certains avaient eu la barbe arrachée, notamment des hommes âgés, pratiquants, qui la portent traditionnellement".

Discours agressif de George Bush sur la crise du Golfe.
George Bush tape du poing sur la table. Au cours d’un meeting électoral tenu à Des Moines (Iowa), le chef de la Maison-Blanche réaffirme sa conception du rôle des USA à l’égard du reste du monde. Interrompu par des manifestants qui scandent "Pas de sang pour le pétrole", Bush déclare : "Si nous ne nous opposions pas à l’agression à travers le monde, lorsqu’elle est flagrante et violente, qui le ferait ? Dénonçant "des actes de brutalités sans précédent", le président américain affirme : "L’agression irakienne ne passera pas. Saddam Hussein en sera tenu responsable." Hier à Dallas, il a même évoqué, parlant du président irakien, d’un "nouveau procès de Nuremberg".

En bref :
   

La première manifestation pacifiste importante a lieu aux USA. Mais le mouvement ne trouve pas de support populaire : la grande majorité des Américains approuve George Bush.

Le président indonésien Suharto exhorte les pays industrialisés à entamer leurs stocks de pétrole pour enrayer la spéculation et les risques de récession inhérents à une hausse des cours. Selon le département américain de l’énergie, la pénurie de pétrole liée à la crise du Golfe est pratiquement éliminée, avec une perte de production "qui sera sans doute inférieure à 500.000 barils par jour à la fin de l’année".

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense : "Le président Bush dispose de plusieurs variantes d’action dont il pourra profiter au cas où il déciderait d’y recourir en réponse à la provocation de l’Irak" (Agence soviétique Tass).
Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères : La France veut s’en tenir au strict respect des résolutions de l’ONU qui, pour le moment "ne prévoient que la défensive" (Agence France-Presse).
Roi Hussein de Jordanie : Saddam Hussein aurait dit, au lendemain de l’invasion du Koweit : "D’ici une semaine nous serons partis (mais) les Irakiens ne répondront pas de façon positive aux menaces et aux intimidations" (Agence britannique Reuters) .
Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, devant la Chambre des communes : Les informations sur les "brutalités et les crimes de Saddam Hussein montrent qu’il faut absolument que nous nous occupions de lui".
Tarek Razzouki, ambassadeur du Koweït en France : Une résolution de l’ONU "prévoyant l’emploi de la force avec l’emploi d’un commandement conjoint soviéto-américain" fait l’objet depuis 2 semaines d’une négociation. Cette discussion pourrait expliquer "la demande soviétique de convoquer la réunion du Comité d’état-major de l’ONU".
Roi Hussein de Jordanie : La solution pacifique à la crise du Golfe passe par une meilleure disposition des USA et de leurs alliés et par "la fin de l’embargo sur le dialogue". "Si la guerre éclate, elle sera due en partie à l’incapacité du président Bush et des Occidentaux à avoir perçu à temps les « signaux » envoyé par Saddam Hussein" (Quotidien américain New York Times).

 

Agence britannique Reuters : Environ 10.000 volontaires de l’Armée populaire irakienne ont défilé hier, en rang par 6, le long de l’avenue de la Palestine à Bagdad. Les hommes des premiers rangs portaient des masques à gaz, "ce qui représente une nouveauté par rapport aux défilés précédents", remarque le correspondant.

Chronologie des événements - octobre 1990

Les porte-avions américains arrivent dans le Golfe tandis que l'aviation française s'installe à Al-Ahsa. Le Japon n'enverra pas de forces en Arabie. Alors que plusieurs ambassades européennes de Koweït-City ferment leurs portes, François Mitterrand se rend en visite officielle dans le Golfe. L'inquiétude s'installe en Israël, les distributions de masques à gaz débutent.

Les otages occidentaux sont libérés au compte-gouttes. Les otages italiens entament une grève de la faim. Pour accélérer les libérations, les personnalités européennes et japonaises se bousculent à Bagdad.
La France lance l'opération Métaye au Qatar.

Coup de théâtre dans la crise des otages : Bagdad annonce la libération de tous les otages français au nom de "l'amitié franco-irakienne". Quant au sort des autres otages, l'inquiétude demeure...

 

 

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En vidéo


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 16 octobre 1990