vendredi 19 octobre 1990


20 avions américains se sont écrasés dans le désert en 2 mois !
Le général Charles Horner, chef du commandement central des forces aériennes américaines en Arabie saoudite, demande aux pilotes de ne pas voler à moins de 300 m d’altitude. Ils descendaient parfois à 45 mètres. Cette décision "n’est pas réaliste pour l’entraînement au combat mais elle fera comprendre le problème, déclare-t-il. Ensuite nous reviendrons à des altitudes d’entraînement réalistes". 20 appareils américains se sont écrasés dans la région du Golfe depuis le 7 août.

"Irakisation" forcée de la société koweïtienne.
Depuis le mois de septembre, le gouvernement irakien a promulgué toute une série de lois en vue d'une "irakisation" complète du Koweït. Ces lois exigent des Koweïtiens qu'ils se munissent de papiers d'identité irakiens en remplacement de leurs documents koweïtiens ; qu'ils remplacent les plaques d'immatriculation de leurs voitures par des plaques irakiennes ; qu'ils alignent l'heure du Koweït sur celle d'Irak (il y avait auparant une heure de décalage horaire) et qu'ils utilisent la monnaie irakienne plutôt que la monnaie koweïtienne. Au départ, le dinar koweïtien, qui valait 20 dinars irakiens avant l'invasion, a été déclaré équivalent, puis l'Irak a décidé que seule sa monnaie avait cours légal. Un certain nombre de quartiers, de rues et de bâtiments publics de Koweït-City ont changé d'appellation, notamment ceux qui portaient le nom de membres de la famille Al-Sabah.

URSS et USA s'entendent sur le refus de marchander avec l'Irak.
A Washington, l’option guerrière semble toujours l’emporter sur la diplomatie. George Bush affirme, avant de recevoir l’émissaire spécial du Kremlin Evgueni Primakov, qu’il n’y a pas de "compromis" possible avec l’Irak dans la crise du Golfe. Celui-ci, qui s’est récemment rendu à Bagdad, indique n’être porteur d’aucune missive de Saddam Hussein. "Il n’y a pas de message, parce que je ne suis pas messager", déclare-t-il avant de s’entretenir avec son hôte. La visite de l’émissaire soviétique à Bagdad, suivie d’une tournée en Europe puis d’une étape à Washington, donne lieu à des spéculations sur une proposition de compromis du président irakien. Prenant la parole devant des responsables de la communauté américano-italienne, Bush déclare : "Je suis déterminé (...) à faire en sorte que l’agression de Saddam Hussein ne soit pas récompensée par quelque compromis. Ce qui est fondamental c’est qu’il ne puisse l’emporter", souligne l’Américain.

La crise des otages s'agrave : les Occidentaux retenus au Koweït doivent se faire recenser.
Nouvel ultimatum de Bagdad pour les étrangers résidents "dans la province de Koweit", selon la formule des forces irakiennes d’occupation. Dans un communiqué rendu public, la direction de l’immigration vient en effet de faire savoir qu’ils devaient se présenter aux autorités avant le 5 novembre prochain. Les réfractaires sont prévenus qu’ils s’exposent à "des sanctions judiciaires ainsi qu’à l’annulation définitive de leur séjour". Aucune explication n’est fournie sur les raisons de cette brutale décision. Si la plupart des résidents étrangers(1,5 million selon des sources diplomatiques) ont quitté le pays au moment de l’invasion de l’émirat par l'Irak, ils sont nombreux encore à se cacher pour ne pas servir de bouclier humain. Le 25 août dernier, le Conseil de commandement de la révolution irakienne, la plus haute instance dirigeante du pays, a adopté une résolution assimilant l’hébergement d’étrangers "dans le but de les soustraire à la justice", à un crime d’espionnage passible de la peine capitale.

Dick Cheney en tournée diplomatique à travers le monde.
Le secrétaire américain à la Défense arrive à Paris pour une visite de 3 jours. Il doit rencontrer François Mitterrand et le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement. De retour d’un voyage de 4 jours à Moscou, il achève une tournée diplomatico-militaire qui l’a déjà mené successivement en Grande-Bretagne et en URSS. A Moscou, le responsable du Pentagone a répété que les USA n’excluaient pas "d’autres options" que les sanctions économiques contre l’Irak. Il a indiqué que Mikhaïl Gorbatchev lui avait "réitéré le soutien résolu du gouvernement soviétique à l’effort international au travers des Nations Unies".

En bref :
   

L'ambassade du Canada à Koweït-City ferme ses portes. Les 5 derniers diplomates canadiens encore présents dans le Golfe arrivent à leur ambassade de Bagdad.

Le gouvernement koweitien en exil va prendre en charge "tous les frais" d’un contingent de 260 militaires du Honduras.

L’Irak a décidé de rationner l’essence et l’huile pour moteur à partir de mardi, annonce à Bagdad le ministère du Pétrole.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Jacques Chirac, maire de Paris : "La capacité de l'armée irakienne permet de dire qu'il y aurait des pertes importantes" en cas de guerre (Hebdomadaire français VSD).
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense, à son homologue britannique Tom King : Les USA sont prêts à rester "le temps qu’il faudra" dans le Golfe.
Moshe Arens, ministre israélien de la Défense : "Pour autant que je sache, l’Irak n’a pas encore procédé à l’assemblage de têtes chimiques sur ses fusées", mais le risque d' "éventualité d’une attaque contre Israël d’une ou plusieurs armées arabes" existe (Quotidien israélien Haaretz).
Le directeur de l'AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) ne perçoit aucun signe de détournement de matériel fissile à des fins militaires par Bagdad. "Il y a normalement 2 inspections par an et la seconde est prévue d’ici à la fin de l’année. Aucun signe de la part de l’Irak ne laisse prévoir qu’il n’en sera pas ainsi".

 

Quotidien français L'Humanité, citant un universitaire opposé à la guerre : "Si le Koweït faisait pousser des carottes au lieu de fournir du pétrole, ce pays n’aurait pas grande importance."
Quotidien américain Washington Post : Le Pentagone envisage de dépêcher dans le Golfe des troupes stationnées en Europe. Une façon comme une autre d’y impliquer l’OTAN.
Quotidien français Les Echos : "Tout le monde s’accorde sur un point : il devient urgent de trouver un moyen de rétorsion face aux nouvelles menaces du Sud, illustrées par l’Irak"... Par exemple, en travaillant à "d’autres solutions dérivées", telles que "l’arme à neutrons".

Chronologie des événements - octobre 1990

Les porte-avions américains arrivent dans le Golfe tandis que l'aviation française s'installe à Al-Ahsa. Le Japon n'enverra pas de forces en Arabie. Alors que plusieurs ambassades européennes de Koweït-City ferment leurs portes, François Mitterrand se rend en visite officielle dans le Golfe. L'inquiétude s'installe en Israël, les distributions de masques à gaz débutent.

Les otages occidentaux sont libérés au compte-gouttes. Les otages italiens entament une grève de la faim. Pour accélérer les libérations, les personnalités européennes et japonaises se bousculent à Bagdad.
La France lance l'opération Métaye au Qatar.

Coup de théâtre dans la crise des otages : Bagdad annonce la libération de tous les otages français au nom de "l'amitié franco-irakienne". Quant au sort des autres otages, l'inquiétude demeure...

 

 

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En vidéo


La crise du Golfe (27 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 19 octobre 1990