Conférence de presse de François Mitterrand : il faut renforcer l'embargo.
Interrogé sur la possibilité de résoudre le problème du Koweït dans le cadre d’une conférence internationale, Mitterrand observe que c’était le point final de son intervention devant l'ONU. Il estime qu’à l’image de l’amélioration des relations entre l’est et l’ouest, ou encore des négociations sur le désarmement en Europe, ce pourrait être "une bonne solution". A propos de l’embargo contre l’Irak, le Président français considére que c’est la bonne solution mais "qu’il faut le pousser plus loin". "C’est une oeuvre de longue haleine et de grande patience, il faut garder son sang froid", dit-il. Il se félicite du travail des navires de guerre français qui ont "procédé à plus de 1.100 contrôles". "Il y a maintenant l’embargo aérien et à ma connaissance il ne passe pratiquement rien par la route". "L’unique source d’approvisionnement en (pétrole) de l’Irak est coupée", souligne le chef de l’Etat considérant que pour le moment, et avant "d’admettre que la guerre soit une nécessité, la stratégie c’est l’embargo". Mitterrand précise que la France agirait en dehors de cet embargo si le président irakien multipliait les agressions. Il montre que cela a été le cas lors de l’occupation momentanée de l’ambassade de France à Koweït. Selon lui, c’est ce qui "a valu l’envoi de troupes". "Je n’en conclue pas qu’il faille passer au stade de l’offensive armée. Je dis simplement que le président irakien expose gravement son pays en agissant comme il le fait", déclare Mitterrand. Abordant la question de la négociation, il affirme : "Je suis tout à fait pour. Mais cela suppose que le préalable fixé par le Conseil de sécurité des Nations-Unies soit rempli. Ils ne le sont pas : Voilà pourquoi l’embargo continue". A propos des otages français retenus par Saddam Hussein, il estime que leur situation ne peut-être traitée, pour l’instant par le moyen de la force. Il s’interroge sur l’efficacité d’un tel recours et précise que le gouvernement cherche la meilleure issue. "En attendant, nous veillons à ce que tous les contacts possibles soient maintenus", ajoute-t-il, saluant au passage "la grande vigilance et le vrai courage de la part de nos agents diplomatiques sur place... A aucun moment je n’oublie que la France et moi-même avons des devoirs", affirme le président. Interrogé sur un éventuel peuplement du Koweït par des citoyens irakiens, il note que "l’exode massif de Koweitiens de leur pays et leur remplacement par des Irakiens ne peut servir de légitimité (à Saddam Hussein) aux yeux des Nations libres". Mitterrand annonce que la France va "renforcer légèrement" son dispositif militaire dans le Golfe. "Pas parce que les Américains viennent de le faire, tient-il à préciser, simplement parce que les chefs militaires français que nous avons rencontrés sur place, nous ont fait valoir un certain nombre de demandes. Plusieurs d’entres elles se verront satisfaites". Il indique que Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense, précisera ces dispositions, "dès qu’elles pourront être rendues publiques". Mitterrand déclare que si la France doit participer à un conflit "c’est parce qu’elle l’aura décidé" et que cela suppose naturellement qu’elle agisse en raison d’un mandat de l'ONU. "Nous avons préservé notre totale autonomie de décision", affirme-t-il. Interrogé sur certaines entreprises qui ont tenté de contourner l’embargo contre l’Irak, Mitterrand répond qu’ "elles ont été vigoureusement saisies du cas qu’elles provoquaient. Elles ont, à ma connaissance, cessé de transporter des marchandises à destination de l’Irak. Bien leur en prit." La France risque-t-elle d’être entraînée dans une guerre dans le Golfe ? "Si la France doit participer à un conflit, répond le chef de l'Etat, elle doit le décider. Cela suppose naturellement que la France agisse dans le cadre d’une décision" de l'ONU.
Douglas Hurd menace Saddam Hussein.
Au Caire, le minbistre britannique des Affaires étrangères affirme que les puissances alliées mobilisées contre l’Irak pourraient perdre patience. "Nous devons donner aux sanctions la chance d’être efficaces, mais nous n’attendrons pas indéfiniment que Bagdad se retire du Koweït. Si Saddam Hussein ne part pas de son plein gré, nous devrons le mettre dehors. Il n’y a pas d’autres solutions", estime le chef de la diplomatie britannique devant un parterre d’ambassadeurs.
L'URSS n'enverra pas de troupes dans le Golfe mais...
Edouard Chevardnadze, ministre soviétique des Affaires étrangères, déclare que Moscou ne prévoit pas de s’associer à des opérations militaires dans le Golfe ajoutant toutefois que le recours à la force est parfois nécessaire pour le maintien de la loi et de l’ordre dans le monde. Dans un discours prononcé devant le Soviet Suprême, il précise qu’en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, "une responsabilisé particulière pour le maintien de la paix et la sécurité internationale" incombe à l’URSS. "Qu’on le veuille ou non, il y a des situations où l’utilisation de la force basée sur la loi peut être requise pour maintenir la loi et l’ordre dans le monde", encore ajoute-t-il.
Roland Dumas en visite dans le Golfe.
Le ministre français des Affaires étrangères fait la tournée des Emirats. Il est arrivé, cette nuit, au Qatar, 1ère étape d’un voyage de 3 jours dans les pays du Golfe. Daniel Bernard, porte-parole du Quai d’Orsay, indique que le ministre entend manifester, à cette occasion, la satisfaction de la France aux dirigeants des émirats "pour leur coopération" et évoquer, avec eux, les moyens de sortir de la crise. Paris doit notamment utiliser le territoire du Qatar pour y faire stationner des avions de combat dans le cadre du déploiement militaire, décidé par François Mitterrand. Dimanche, lors de son escale à Tunis, Dumas s’est entretenu avec le président palestinien Yasser Arafat. A l’issue de cette rencontre, le chef de l’OLP a appelé la France à user de son influence pour favoriser un règlement du conflit du Golfe et de la question palestinienne. Il s’est déclaré optimiste quant aux chances de parvenir à une solution pacifique évoquant "un assouplissement de la position de Saddam Hussein", qu’il avait rencontré le matin.
8 Jaguar français quittent leur base de Toul pour prêter main forte à l'aviation française installée à Al-Ahsa, en Arabie Saoudite.
Une flotte de 8 pays de l’OTAN quitte le port de Bari (Italie du sud) pour participer à des manoeuvres navales qui dureront jusqu’au 31 octobre en Méditerranée orientale. Selon l'agence de presse soviétique Tass, "les exercices ont été entrepris à la demande des Etats-Unis à la suite de la crise du Golfe".
Un otage écossais qui se cachait à Koweït-City a été transféré en urgence dans un hôpital car il souffrait d'un ulcère perforant. Il n'avait pas voulu se montrer malgré son état car il avait peur d'être arrêté par les troupes irakiennes. L'homme est mort aujourd'hui à l'hôpital. Les autorités irakiennes refusent de restituer le corps pour qu'il soit inhumé.
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Edouard Chevardnadze, ministre soviétique des Affaires étrangères : L'URSS ne voit ni n’établit "de lien direct" entre la crise qui a suivi l’agression de l’Irak contre le Koweit et d’autres lieux de conflits dans le Moyen Orient.
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense : Le déploiement américain dans le Golfe continuera tant que le général Schwarzkopf "n’aura pas signalé qu’il a à sa disposition, en Arabie Saoudite, assez de soldats, de canons et de chars pour faire la guerre à l’Irak" (Quotidien américain Washington Times).
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