La crise du Golfe vue d'Egypte.
Le président égyptien Hosni Moubarak propose l'envoi d'une force d'interposition arabe qui se déploierait entre le Koweït et l'Arabie Saoudite. Il se dit également prêt à envoyer des troupes en Arabie si celle-ci le demande, ce qui ne signifie pas la participation à une force multinationale. Moubarak en profite pour souligner toutes les menaces qui pèsent sur l'Irak : "Toutes ces flottes qui se rassemblent ne vont pas rester inertes. En tant qu'ancien militaire, je crains que l'Irak ne soit frappé très fort par une attaque venant de plusieurs directions". La presse du Caire s'alarme du sort des dizaines de milliers d'expatriés égyptiens au Koweït et en Irak, mais elle se réjouit de la position de son chef d'Etat : c'est le seul à être parvenu à organiser une conférence internationale arabe, prévue demain, sur la crise du Golfe.
Conférence de presse de François Mitterrand : départ du Clemenceau pour le Golfe.
"La France a souhaité et continue de souhaiter que le problème soit résolu dans le cadre du monde arabe. Si cela se révélait impossible, elle assumerait ses propres responsabilités. Telle est la phrase-clé de la déclaration lue à l’Elysée par François Mitterrand à l’issue du conseil restreint qu’il avait convoqué pour examiner la situation dans le Golfe. Les mesures que la France compte prendre sont ensuite précisées :
- répondre positivement aux demandes de l’Arabie Saoudite en matériel militaire et en techniciens,
- envoyer "dès maintenant de nouveaux moyens navals et aériens dans la même zone de manière à être en mesure d’intervenir à tout moment, là où cela serait jugé nécessaire." De plus, ordre est donné aux navires présents dans la région "de se tenir prêts à toute opération de rapatriement des résidents français retenus au Koweit et en Irak."
Il donne donc l'ordre au porte-avions Clemenceau d'appareiller dans les 72h. Il emportera dans ses cales, pour cette mission baptisée Salamandre, des hélicoptères de combat armés de missiles anti-chars ainsi que 1.920 hommes d'équipage, dont 112 officiers et 782 officiers mariniers, rattachés au 5ème RHC et à une compagnie du 1er RI. Tout en rappelant "les bonnes relations entretenues depuis longtemps avec l’Irak", le président français a répété que "la France n’accepte ni l’agression contre le Koweit ni son annexion". Pour conclure, interrogé par une journaliste koweitienne sur la participation de la France à une éventuelle reconquête du Koweit, Mitterrand répond : "Nous nous en tenons au texte adopté par l’ONU. Nous souhaitons que les Nations Unies prennent de plus en plus leurs responsabilités dans cette affaire et nous continuerons à nous en tenir à leurs décisions".
Yasser Arafat rencontre Saddam Hussein.
Yasser Arafat se rend à Bagdad pour rencontrer le Président irakien afin de le convaincre de se rendre à la réunion du Caire. Le chef de l'OLP continue ses tentatives de médiation entre les différents partis. Mais Arafat a trouvé en Saddam Hussein un nouvel allié. Il a installé son commandement militaire à Bagdad et c'est dans un avion aux couleurs de l'armée irakienne qu'il se déplace. Mais en prenant le parti de l'Irak contre un bon nombre de pays arabes, l'OLP fait un pari risqué...
La crise du Golfe vue d'Israël.
Israël se prépare à une attaque chimique ou nucléaire des Irakiens. Yitzhak Shamir annonce que "ceux qui ont l'intention de nous attaquer doivent savoir qu'ils prennent la responsabilité d'une lourde catastrophe pour leur pays". L'armée israélienne se prépare elle aussi : un missile anti-missiles Arrow a été testé pour la première fois en vol depuis une plage. Côté irakien, Radio-Bagdad publie un communiqué militaire selon lequel les USA préparent conjointement avec Israël un raid sur l'Irak. Les Israéliens auraient repeint leurs avions aux couleurs américaines au cas où leurs pilotes tomberaient entre les mains des Irakiens...
Au siège de l'ONU, le monde arabe s'oppose à l'Irak.
Un texte préparé par les 6 monarchies du Golfe est adopté par le Conseil de sécurité. La résolution 662 déclare que l'annexion du Koweït par l'Irak, "quels qu'en soient le prétexte ou la forme, est nulle et non avenue". Ce nouveau camouflet infligé à l'Irak par la communauté internationale revête une dimension supplémentaire : il n'est pas directement d'inspiration américaine. C'est la 1ère fois depuis le 2 août qu'un véritable front d'opposition se dégage parmi les pays arabes. Mais dans le monde arabe, certains soutiennent l'Irak. 2 comités de soutien ont ainsi été crées en Tunisie. L'ancien président algérien Ben Bella appelle à des rassemblements pour condamner l'intervention de troupes étrangères dans le Golfe. Abu Abbas, le chef du Front de Libération de la Palestine, a menacé de "frapper des intérêts impérialistes aussitôt qu'un soldat étranger aura posé le pied en territoire arabe". Mais l'Irak semble de plus en plus isolé puisque, pour la 1ère fois, les membres du Conseil de sécurité l'ont condamné à l'unanimité : le Yémen et Cuba sont restés solidaires des Occidentaux.
Résolution 662
La Grande-Bretagne décide l'envoi d'un escadron de chasseurs bombardiers Tornado en Arabie Saoudite et d'un escadron de chasseurs Jaguar dans un autre pays du Golfe.
Les autorités irakiennes ordonnent le transfert à Bagdad, avant le 24 août prochain, de toutes les ambassades étrangères au Koweït et ferme ses frontières aux étrangers.
La RFA estime possible l'envoi en Méditerranée de navires de guerre pour y remplacer les bâtiments de l'OTAN partis pour le Golfe.
L'URSS affirme ne pas exclure l'envoi d'un contingent soviétique dans le Golfe dans le cadre d'une force de l'ONU.
Le procureur général de la Confédération helvétique a ouvert une enquête sur une possible exportation de matériel nucléaire vers l'Irak depuis la Suisse. Le nom de la société mise en cause n'a pas été révélé.
La Turquie reconnaît le renforcement des troupes américaines sur son territoire.
L'exode des Britanniques vivant en Arabie Saoudite s'accélère. Sur les 25.000 résidents britanniques, près de 700, surtout des femmes et des enfants, ont quitté le pays en l'espace de 24h.
Riyad renforce sa frontière avec le Koweït. Des chars saoudiens, canon pointé vers la mer, sont postés tous les 500 mètres sur les 100 km de rivages précédant Khafji.
Le président George Bush téléphone personnellement à plus de 60 chefs d'État et de gouvernement en quelques jours, avec comme but de leur faire prendre une position commune, afin qu'en cas de confrontation, Saddam Hussein, ait en face de lui le monde entier et non pas seulement les USA.
A Genève, des Koweïtiens qui ont pu s'enfuir de l'émirat et rejoindre la Suisse ont déclaré que les forces d'occupation irakiennes se livrent à des viols, des pillages et des arrestations massives.
Les Emirats Arabes Unis demandent l'aide militaire de la France en prévision d'une éventuelle nouvelle invasion irakienne.
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