dimanche 19 août 1990

La crise des otages vue des Etats-Unis.
Bien que l’ambassadeur irakien à Londres a précisé "que les ressortissants étrangers en Irak seraient bien traités", le transfert de ressortissants étrangers sur des sites stratégiques est qualifié de "totalement inacceptable" par la Maison Blanche, tout comme le Foreign Office britannique, qui "proteste très énergiquement contre la menace brandie par le président du parlement irakien et déclare que cela est illégal et inhumain". George Bush, qui a interrompu ses vacances pour présider une réunion du Conseil national de sécurité, se refuse encore à employer le mot "otage" auprès de l'opinion publique américaine, par crainte de rappeler la prise d'otages de l'ambassade des USA à Téhéran qui tint les Américains en haleine pendant plus d'un an, de 1979 à 1981. Pourtant, l'ambassadeur des USA à l'ONU Thomas Pickering n'hésite plus à employer ce terme. Cependant, George Bush n'hésite plus à comparer Saddam Hussein à Adolf Hitler. De son côté, le Pentagone réquisitionne 38 avions commerciaux (Pan Am et TWA essentiellement) pour accélérer le déploiement américain dans le Golfe. La position américaine semble se durcir de jour en jour...

La France condamne les agissements de l'Irak.
"Tous les coups sont permis contre Saddam Hussein", déclare l’ancien chef de la diplomatie giscardienne, Jean François-Poncet. Invité d’une station de radio périphérique, il estime que l’Europe a un intérêt majeur dans ce qui ce passe et que son engagement doit être au moins aussi important que celui des USA. De son côté, François Mitterrand réunira mardi à l’Elysée un Conseil des ministres restreint consacré à la situation dans le Golfe. Michel Rocard, chef du gouvernement, les ministres Bérégovoy, Dumas, Jospin et Durafour ainsi que les ministres de la Défense nationale, de l’Intérieur et de l’Industrie y participeront. Cette réunion fait suite au retour des émissaires du président et à la récente évolution de la situation militaire et politique dans le Golfe. Hier, la France a mis en garde l’Irak contre les graves conséquences d’une éventuelle atteinte à la sécurité de ses ressortissants retenus par Bagdad. Cet avertissement a été signifié à Abdoul Razzak Al Hachimi, ambassadeur d’Irak, convoqué au ministère des Affaires étrangères à la suite des déclarations faites la veille par le président du parlement irakien annonçant que les ressortissants des pays hostiles seraient retenus. Le directeur des affaires nord-africaines et moyen-orientales du Quai d’Orsay lui a fait part "de l’indignation des autorités françaises devant le recours à des méthodes qui non seulement violent les engagements internationaux mais manifestent aussi un mépris délibéré des considérations humanitaires les plus élémentaires". De retour de mission à Tunis où il a rencontré Yasser Arafat, Claude Cheysson, ancien ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa crainte qu’une éventuelle action militaire des USA contre l’Irak ne déclenche une riposte de Saddam Hussein qui "pourrait dégénérer et entraîner à des excès intolérable", estimant que "le danger d’une action armée de la part du président irakien a diminué" mais "qu’il riposterait s’il y a acte de guerre, même limité". Outre Claude Cheysson, le chef de la diplomatie française a reçu plusieurs des émissaires français envoyés par Mitterrand dans 24 pays. Il s’est entretenu avec Pierre Mauroy et Alain Decaux qui s’est rendu au Yemen. Le ministre de la Francophonie a indiqué que le président yéménite avait "un plan visant à une évacuation de tous les territoires dont l’occupation a été condamné par l’ONU" allusion aux territoires occupés par Israël. Selon Alain Decaux, le Yemen serait favorable à "un plan d’évacuation simultané sous le contrôle d’une force internationale" dans laquelle les pays arabes auraient toute leur place sous le commandement de l’ONU. Au même moment, cheikh Sabah al Ahmed al Sabah, vice-premier ministre et ministre koweïtien des Affaires étrangères, déclarait, à l’issue de son entretien avec Michel Rocard à Matignon, avoir "trouvé toute compréhension auprès du gouvernement français".

En bref :
   

La Jordanie proteste auprès des USA après que la marine américaine eut empêché un bateau soudanais, vide, de se rendre au port d'Aqaba.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Michel Charasse, ministre français du Budget : Avant la crise du Golfe, le gouvernement "avait déjà prévu une augmentation du prix du pétrole". La France est "aujourd’hui beaucoup mieux armée qu’autrefois face à une augmentation du prix du pétrole et du cours du dollar."
Geoffrey Palmer, Premier ministre de Nouvelle-Zélande : La décision de Bagdad de retenir les Occidentaux en otages est "immorale et illégale". Il ajoute "que l’Irak semble vouloir utiliser des civils innocents comme des pions dans un jeu militaire hasardeux".
Gianni De Michelis, ministre italien des Affaires étrangères : "Le meilleur moyen pour régler la question des concitoyens retenus en Irak est d’imposer une forte pression et un grand isolement de ce pays".
Le chef du Hezbollah libanais demande aux peuples de l’Islam de mettre de côté leurs divergences pour "faire face à l’immense défi qui nous menace tous, l’intervention américaine à pour objectif de protéger les intérêts pétrolier de l’Amérique".
Bob Hawke, Premier ministre australien : La détention d’étrangers par l’Irak est "totalement abjecte" et "absolument inacceptable". Et d'ajouter : "L'on ne peut pas marchander dans cette situation" et que son gouvernement "discuterait de la riposte appropriée avec d’autres pays affectés."

 

Agence de presse britannique Reuter : La Tunisie, "même si elle milite toujours pour une solution arabe au conflit, elle insiste désormais sur la nécessité d’un retrait irakien du Koweït."

 

Chronologie des événements - août 1990

L'Irak menace l'Arabie Saoudite. La communauté internationale réagit : l'ONU condamne l'invasion et les Américains déclenchent l'opération Bouclier du désert. L'Irak répond en prenant plusieurs milliers d'Occidentaux en otages.

L'ONU décrète un embargo contre l'Irak alors que la coalition anti-irakienne se construit. Alors que les USA renforcent leurs troupes dans le Golfe, la Ligue Arabe s'oppose à l'Irak.

En Irak et au Koweït occupé, les otages deviennent boucliers humains, provoquant l'inquiétude du monde entier. De son côté, l'armée irakienne assiège les ambassades occidentales au Koweït. L'ONU renforce donc l'embargo et autorise le recours à la force pour le faire respecter.

Le Koweït devient une province de l'Irak. Des personnalités occidentales se rendent à Bagdad. L'ONU et l'URSS tentent des médiations. En signe de bienveillance, l'Irak libère quelques otages.

 

septembre 1990

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La crise des otages (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 19 août 1990