La crise des otages vue des Etats-Unis.
Bien que l’ambassadeur irakien à Londres a précisé "que les ressortissants étrangers en Irak seraient bien traités", le transfert de ressortissants étrangers sur des sites stratégiques est qualifié de "totalement inacceptable" par la Maison Blanche, tout comme le Foreign Office britannique, qui "proteste très énergiquement contre la menace brandie par le président du parlement irakien et déclare que cela est illégal et inhumain". George Bush, qui a interrompu ses vacances pour présider une réunion du Conseil national de sécurité, se refuse encore à employer le mot "otage" auprès de l'opinion publique américaine, par crainte de rappeler la prise d'otages de l'ambassade des USA à Téhéran qui tint les Américains en haleine pendant plus d'un an, de 1979 à 1981. Pourtant, l'ambassadeur des USA à l'ONU Thomas Pickering n'hésite plus à employer ce terme. Cependant, George Bush n'hésite plus à comparer Saddam Hussein à Adolf Hitler. De son côté, le Pentagone réquisitionne 38 avions commerciaux (Pan Am et TWA essentiellement) pour accélérer le déploiement américain dans le Golfe. La position américaine semble se durcir de jour en jour...
La France condamne les agissements de l'Irak.
"Tous les coups sont permis contre Saddam Hussein", déclare l’ancien chef de la diplomatie giscardienne, Jean François-Poncet. Invité d’une station de radio périphérique, il estime que l’Europe a un intérêt majeur dans ce qui ce passe et que son engagement doit être au moins aussi important que celui des USA. De son côté, François Mitterrand réunira mardi à l’Elysée un Conseil des ministres restreint consacré à la situation dans le Golfe. Michel Rocard, chef du gouvernement, les ministres Bérégovoy, Dumas, Jospin et Durafour ainsi que les ministres de la Défense nationale, de l’Intérieur et de l’Industrie y participeront. Cette réunion fait suite au retour des émissaires du président et à la récente évolution de la situation militaire et politique dans le Golfe. Hier, la France a mis en garde l’Irak contre les graves conséquences d’une éventuelle atteinte à la sécurité de ses ressortissants retenus par Bagdad. Cet avertissement a été signifié à Abdoul Razzak Al Hachimi, ambassadeur d’Irak, convoqué au ministère des Affaires étrangères à la suite des déclarations faites la veille par le président du parlement irakien annonçant que les ressortissants des pays hostiles seraient retenus. Le directeur des affaires nord-africaines et moyen-orientales du Quai d’Orsay lui a fait part "de l’indignation des autorités françaises devant le recours à des méthodes qui non seulement violent les engagements internationaux mais manifestent aussi un mépris délibéré des considérations humanitaires les plus élémentaires". De retour de mission à Tunis où il a rencontré Yasser Arafat, Claude Cheysson, ancien ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa crainte qu’une éventuelle action militaire des USA contre l’Irak ne déclenche une riposte de Saddam Hussein qui "pourrait dégénérer et entraîner à des excès intolérable", estimant que "le danger d’une action armée de la part du président irakien a diminué" mais "qu’il riposterait s’il y a acte de guerre, même limité". Outre Claude Cheysson, le chef de la diplomatie française a reçu plusieurs des émissaires français envoyés par Mitterrand dans 24 pays. Il s’est entretenu avec Pierre Mauroy et Alain Decaux qui s’est rendu au Yemen. Le ministre de la Francophonie a indiqué que le président yéménite avait "un plan visant à une évacuation de tous les territoires dont l’occupation a été condamné par l’ONU" allusion aux territoires occupés par Israël. Selon Alain Decaux, le Yemen serait favorable à "un plan d’évacuation simultané sous le contrôle d’une force internationale" dans laquelle les pays arabes auraient toute leur place sous le commandement de l’ONU. Au même moment, cheikh Sabah al Ahmed al Sabah, vice-premier ministre et ministre koweïtien des Affaires étrangères, déclarait, à l’issue de son entretien avec Michel Rocard à Matignon, avoir "trouvé toute compréhension auprès du gouvernement français".
La Jordanie proteste auprès des USA après que la marine américaine eut empêché un bateau soudanais, vide, de se rendre au port d'Aqaba.
|