L'ONU condamne le siège des ambassades occidentales au Koweït.
Le temps n'est plus aux mots, mais aux actes. C'est avec une rapidité exceptionnelle que l'ONU a riposté à la dernière menace de Bagdad : moins de 24h après que les soldats irakiens eurent encerclé les ambassades occidentales à Koweït-City, le Conseil de sécurité a voté, ce matin, à 4h10, heure de New York, une résolution historique. La résolution 665 a été adoptée par 13 des 15 membres du Conseil, Cuba et le Yémen s'étant abstenus. Le diplomate cubain commente à l'issue de la réunion : "Les Etats-Unis n’ont pas été mandatés par le Conseil pour diriger cette force". Le délégué du Yémen déclare que son pays ne souhaite "aucune solution autre que pacifique. Cette résolution est allée trop vite. Les mesures prévues dans le texte ne sont pas précises". Le texte autorise l'usage de la force pour faire respecter l'embargo décrété contre l'Irak le 6 août dernier. L'ONU vient ainsi de tourner une page importante de son histoire. En effet, l'URSS, en votant la résolution, s'est engagée à soutenir une sanction dont l'exécution est laissée aux USA. On est bien loin des traditionnelles impasses onusiennes dues au "niet" systématique de Moscou. Marlin Fitzwater, porte-parole de la Maison-Blanche, déclare, après l’adoption de la résolution 665 : "Nous estimons encourageants les progrès effectués à l'ONU et le ferme soutien du président Gorbatchev". En effet, "l’URSS veut mettre l’accent sur la nécessité de poursuivre les efforts politiques et diplomatiques, déclare son représentant, Valentin Lozinski. Mais nous n’excluons pas la possibilité qu’un minimum de force soit utilisé. Ce qui veut dire que des navires peuvent être arrêtés et contrôlés en vue de l’application de la résolution sur les sanctions." Le document autorise le recours à la force contre tout navire qui chercherait à violer le blocus dans le Golfe. En fait, il n'est question que de "mesures en rapport avec les circonstances du moment", la Chine et l'URSS étant réticentes à l'expression "usage de la force". Pour l'ambassadeur de France à l'ONU, Pierre-Louis Blanc, cette notion inclut "l'usage minimum de la force", en dernier recours. ce dernier précise : "Il y a désormais une très large et forte union internationale pour faire appliquer (cet) embargo". Il souligne le "caractère exceptionnel" du vote chinois en faveur de la résolution. Tout bâtiment suspect qui refuserait d'obtempérer aux appels radio d'abord, puis aux tirs de sommation, risque donc d'essuyer des tirs réels. Beaucoup de diplomates dans le monde redoutent les conséquences que pourrait avoir l'application d'une telle résolution... Répondant à la question de savoir si les USA avaient à présent les mains libres pour employer tous les moyens jugés nécessaires par eux, Brent Scowcroft, conseiller du président Bush pour les affaires de sécurité, confirme à la chaîne de télévision CNN : "J’estime que c’est le cas." A Londres, un porte-parole estime : "Nous sommes pleinement satisfaits de cette résolution. La Grande-Bretagne a joué un rôle important dans son élaboration. C’est un résultat considérable de réussir à renforcer le blocus sans une seule voix contre." Les bâtiments britanniques présents dans le Golfe ont déjà reçu l’ordre d’intercepter tout navire soupçonné de rompre l’embargo contre l’Irak. La grande fermeté dont viennent de faire preuve les membres de l'ONU témoigne de la gravité de la situation. La menace que fait peser Saddam Hussein sur les diplomates occidentaux au Koweït a poussé l'ONU à monter en première ligne.
Au Koweït, le Conseil de Commandement révolutionnaire irakien adopte une résolution introduisant la peine de mort pour l'hébergement d'Occidentaux.
La France évacue le personnel non indispensable de son ambassade de Bagdad. Il ne reste plus que 7 diplomates français sur place.
Les organisations Médecins Sans Frontières et la Croix-Rouge Française affrètent un avion avec 12 tonnes de matériel destiné au camp de transit mis en place à la frontière entre l'Irak et la Jordanie, et qui compte déjà 15.000 réfugiés.
Le Maroc annonce que les 4 représentants de son ambassade de Koweït-City ont été conduits de force à Bagdad et "qu’ils y sont devenus des otages comme de nombreux autres étrangers qui ne sont pas autorisés à quitter l’Irak".
Un avion C-130 belge de transport de troupes quitte Melsbroeck pour participer au pont aérien pour évacuer les réfugiés de Jordanie. Un deuxième C-130 doit le rejoindre dès demain.
Au Koweït, 3 employés (2 Libanais et 1 Egyptien) du journal Al Qabas sont arrêtés par des soldats irakiens pour avoir refusé de coopérer avec les autorités irakiennes.
Pour faire face au nouvel afflux de réfugiés s'amoncelant à ses portes, la Jordanie rouvre ses frontières avec l'Irak.
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