dimanche 5 août 1990

Appel à la résistance koweïtienne.
Les télévisions du Golfe diffusent un appel du cheikh Jaber, en exil en Arabie Saoudite, dans lequel il demande à son peuple de "résister à l'occupation irakienne" affirmant que "le Koweit n’est pas seul dans sa lutte". 4 membres de la famille royale koweïtienne sont déjà arrivés en exil à Londres, à bord d'un avion en provenance de Dharhan (Arabie). Le bilan des affrontements au Koweït serait à ce jour de 500 à 800 Koweïtiens tués ou blessés. Des avions militaires koweitiens ont bombardé ce matin le siège du commandement des forces militaires irakiennes à Koweit, situé à Jahra dans la capitale koweitienne. Mais cette information n’a pu être confirmée.

Au Koweït occupé...
A Koweit City, où le calme semble revenu, on vit dans l’inquiétude. On ignore le nombre exact des victimes de l’invasion. Les chiffres cités vont de 500 à 800 morts. La rue commerçante Fahd As-Salam est rouverte à la circulation automobile. Des soldats irakiens gardent les entrées des ministères, des banques et de l’ancien parlement, mais le couvre feu a été partiellement levé dimanche. Les grands magasins gardent leurs rideaux baissés. Quelques épiciers proposent des aliments de base à des prix prohibitifs. Dans la proche banlieue, les forces irakiennes interdisent l’entrée d’un quartier résidentiel. "Ses habitants s’opposent à l’entrée des soldats irakiens. Ils auraient même formé des équipes armées", indique un témoin. A quelques mètres de là, un soldat irakien récupère des pièces dans des voitures accidentées ou endommagées par les combats. "Les soldats syriens font çà au Liban. Et maintenant, on va le faire au Koweit", s’inquiète un passant. En réalité, il semble bien que l’armée irakienne s’apprête à rester longtemps au Koweit, en changeant de nom pour sauver les apparences. Impression est confirmée par l’annonce, dès la formation du "gouvernement provisoire", de la mise sur pied immédiate d’une "armée populaire" forte de 140.000 volontaires. Elle est, selon Bagdad, formée de "tous les koweitiens, Irakiens et nationalistes arabes qui appuient le nouveau régime au Koweit". Les premiers éléments de cette armée sont arrivés hier à bord d’autocars irakiens et ont aussitôt pris position dans la capitale du Koweït, armés de Kalachnikov et souvent chaussés de babouches, portant des uniformes militaires différents de ceux de l’armée irakienne. Dans le même temps, à Bagdad, Saddam Hussein annonçait le rappel de 850.000 réservistes et la création de 11 nouvelles divisions.

Le gouvernement provisoire du Koweit menace l'Occident.
Ce gouvernement pro-irakien menace de sérieuses représailles les Etats qui prendraient des mesures contre le Koweit ou l’Irak. Comme toutes les décisions de ce nouveau gouvernement, la nouvelle a été annoncée de Bagdad par l’agence irakienne INA. Il s’agit d’une menace explicite contre les ressortissants des pays qui ont adopté des sanctions contre l’Irak. Ils viennent de se voir interdire de quitter le pays et pourraient bien devenir des otages, comme les 35 conseillers militaires britanniques arrêtés au Koweit et emmenés à Bagdad où ils sont détenus dans un hôtel en attendant les résultats des négociations entre Saddam Hussein et Margaret Thatcher. Le gouvernement "provisoire" envisage aussi "la rupture des relations diplomatiques avec les Etats qui adopteraient des positions hostiles, dont certains régimes arabes corrompus qui soutiennent le régime déchu". Il a enfin sommé les diplomates koweitiens à l’étranger de collaborer avec lui, faute de quoi, ils "pourraient être révoqués et leurs biens saisis". La majorité des ambassadeurs koweitiens à l’étranger ont qualifié le "gouvernement provisoire du Koweit libre" de "marionnette aux mains de l’Irak" et lui ont dénié toute légalité.

En bref :
   

La Chine annonce qu'elle se joint à l'embargo militaire international. Elle ne livrera plus d'armes à Saddam Hussein. Elle était l'un des principaux fournisseurs en armement de Bagdad après l'URSS et la France.

Tel ordre n'avait pas été donné depuis l'invasion du Tchad par la Libye ! Le Ministère de la Défense envoie un message à la frégate Dupleix, croisant en Méditerranée orientale, lui ordonnant de changer de cap. Destination : le Golfe. L'équipage, en état d'alerte, doit se préparer à sa première mission en temps de crise depuis 1985...

La Grande-Bretagne annonce l'envoi immédiat de 2 frégates dans le Golfe et a déclaré qu'elle participerait à tout blocus contre l'Irak.

En France, le prix du super sans plomb augmente de 10 à 65 centimes (0,01 à 0,1 €) en une seule journée, selon les régions. Dans certaines villes, le litre se vend à 5,65 F (0,86 €). Du jamais vu ! Certaines compagnies pétrolières expliquent qu'il s'agit seulement d'un rattrapage et qu'aucune augmentation n'est prévue dans les jours à venir...

Un émissaire de Saddam Hussein, Taha Yassin Ramadan, se rend à Ankara pour mettre en garde le président turc, Turgut Ozal, contre la fermeture de l'oléoduc irakien qui passe par son pays.

Saddam Hussein ordonne la réactivation de 11 divisions, dont une blindée, une d'élite, et 9 d'infanterie.

Le Japon suspend ses relations commerciales et financières avec l'Irak.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

George Bush, président des Etats-Unis : "L'Irak nous a encore menti. Ce sont des hors-la-loi internationaux et des renégats".
Marlin Fitzwater, porte-parole de la Maison Blanche : Les USA "continuent à chercher à obtenir le retrait immédiat, complet et inconditionnel des forces irakiennes du Koweit et le rétablissement du gouvernement koweitien légitime".

  Quotidien américain Washington Post : Les USA sont prêts à déployer au Proche-Orient des chasseurs invisibles (Stealth) F-117 et des bombardiers B-52 en cas d’attaque massive des troupes irakiennes en Arabie Saoudite. Le Pentagone aurait aussi dépêché des commandos de forces spéciales. Ces forces comprennent des effectifs de la Delta Force.

 

Chronologie des événements - août 1990

L'Irak menace l'Arabie Saoudite. La communauté internationale réagit : l'ONU condamne l'invasion et les Américains déclenchent l'opération Bouclier du désert. L'Irak répond en prenant plusieurs milliers d'Occidentaux en otages.

L'ONU décrète un embargo contre l'Irak alors que la coalition anti-irakienne se construit. Alors que les USA renforcent leurs troupes dans le Golfe, la Ligue Arabe s'oppose à l'Irak.

En Irak et au Koweït occupé, les otages deviennent boucliers humains, provoquant l'inquiétude du monde entier. De son côté, l'armée irakienne assiège les ambassades occidentales au Koweït. L'ONU renforce donc l'embargo et autorise le recours à la force pour le faire respecter.

Le Koweït devient une province de l'Irak. Des personnalités occidentales se rendent à Bagdad. L'ONU et l'URSS tentent des médiations. En signe de bienveillance, l'Irak libère quelques otages.

 

septembre 1990

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En vidéo


20 ans après la guerre du Golfe, un Koweïtien recherche ses amis
d'enfance disparus pendant l'occupation irakienne (48 minutes)
Al Jazeera - Télévision qatarie (extrait en anglais) - 2010


L'Irak se retire du Koweït ? (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 5 août 1990


La crise du Golfe (2 minutes)
CBS - Télévision américaine (extrait en anglais) - 5 août 1990