vendredi 10 août 1990

Saddam Hussein appelle à la guerre sainte.
"Sauvez La Mecque et le tombeau du prophète Mahomet à Medine de l’occupation" demande-t-il aux "masses arabes et aux musulmans où qu’ils se trouvent" dans un discours radiodiffusé. Dénonçant l'arrivée des troupes américaines, il exhorte à défendre les lieux saints d'Arabie Saoudite "encerclés par les armes des Américains et des sionistes". "Les masses arabes doivent se soulever contre les agents de l'étranger" lance-t-il aux Saoudiens. "C’est votre jour pour défendre le prophète", a-t-il ajouté, en exhortant Arabes et musulmans à "se révolter contre l’injustice, la corruption, la trahison et la traîtrise". Il a accusé les dirigeants saoudiens d’avoir "défié Dieu, le jour où ils ont placé La Mecque et le tombeau du prophète sous la protection de l’étranger". "Brûlez la terre sous les pieds des envahisseurs et frappez leurs intérêts où qu’ils se trouvent", a-t-il ordonné. Quant aux Egyptiens, le Raïs irakien leur demande d' "empêcher le passage des flottes étrangères à travers le canal de Suez" et les habitants de la péninsule arabique à "empêcher ces flottes d’emprunter le détroit d’Ormuz". Il s'agit là du discours le plus dur de Saddam Hussein depuis l'invasion du Koweït... Un discours qui devrait faire du bruit en Occident et dans le monde arabe...

Le Canada envoie des navires de guerre dans le Golfe.
Le gouvernement de Brian Mulroney accepte que le Canada envoie 3 navires de guerre dans le golfe Persique afin d'appuyer l'effort international pour contenir l'agression irakienne au Koweït. Les 3 navires, qui arriveront dans le Golfe en septembre, sont 2 destroyers et un navire de ravitaillement. Ils transportent à leur bord un millier de soldats. Le Premier ministre Mulroney déclare à cette occasion : "La communauté internationale doit tout faire pour s'assurer que les pays respectent le droit international. (...) Aucun pays civilisé ne peut se dérober à ses responsabilités à l'égard de la communauté mondiale pour ce qui est du maintien de la paix et de l'ordre international."

La Ligue Arabe se réunit au Caire.
Les 14 chefs d'Etat de la Ligue Arabe (l'Irak, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, les E.A.U., la Syrie, la Libye, le Yémen, l'Oman, le Qatar...) ainsi que Yasser Arafat pour l'O.L.P., les représentants du gouvernement koweïtien en exil à Taëf (Arabie Saoudite) et 5 délégations gouvernementales, se réunissent au Caire. Malgré la présence de Saddam Hussein en personne, ils condamnent l'invasion du Koweït et approuvent les résolutions de l'ONU. De tous les pays arabes, seule la Tunisie est absente. Le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a adressé un message au président Moubarak et aux chefs d’Etats arabes à qui la CEE a également proposé aide et assistance.

L'état des forces irakiennes selon la presse de Bagdad.
Les volontaires désireux de rejoindre les rangs de l’armée populaire irakienne auraient "dépassé le million de conscrits", selon des communiqués officiels publiés dans la presse de Bagdad qui affirme que "des dizaines de milliers d’Irakiens se présentant tous les jours aux sièges du parti Baas pour défendre leur pays contre toute agression étrangère". Les quotidiens irakiens qualifient l’Irak de "forêt de fusils" et font également état de "l’arrivée de milliers de volontaires venus des pays arabes, notamment des Palestiniens, des Jordaniens, des Yéménites, des Tunisiens, des Algériens et des Libyens".

En France, Jean-Marie Le Pen crée une polémique.
Le président du Front National (parti français d'extrême droite) Jean-Marie Le Pen déclare publiquement soutenir l'invasion du Koweït par l'Irak. Il dénonce "l'engagement militaire français dans une aventure inconsidérée" lors d'une interview sur la chaîne de télévision française TF1. Il n'hésite pas à opposer l'Irak qui "puise ses sources historiques dans plusieurs millénaires" au Koweït, un Etat artificiel qui "ne puise son existence que dans les couloirs du Foreign Office"...

Discours d'Hosni Moubarak : l'Egypte menace l'Irak.
Le président égyptien Hosni Moubarak affirme dans son discours d’ouverture de la réunion de la Ligue Arabe la nécessité du retrait des troupes irakiennes du territoire koweïtien pour régler la crise irako-koweïtienne : "On ne peut surmonter la crise actuelle du Golfe, et on ne peut envisager de solution à cette situation, que par le retrait des troupes irakiennes du Koweït", a-t-il souligné sur un ton particulièrement grave en présence du chef de la délégation irakienne, le vice-premier ministre Taha Yassine Ramadan. "Nous sommes devant un problème grave et nous devons rechercher une solution qui assure la protection de la nation arabe contre les dangers auxquels elle est exposée", a-t-il poursuivi. "Nous n’avons de parti pris pour personne et nous ne voulons nullement embarrasser notre frère irakien, mais le principe du recours à la force entre les pays arabes ainsi que l’ingérence dans les affaires intérieures sont à bannir totalement." Qualifiant la situation actuelle dans le Golfe de "déséquilibrée et explosive" et rappelant l’existence de la Charte de défense arabe commune, Moubarak a proposé de constituer une force arabe conjointe qui s’interposerait entre l’Irak et le Koweït après le retrait des troupes irakiennes du territoire de l’émirat, en attendant l’amorce d’un dialogue entre les 2 pays pour le règlement de leurs contentieux. Plaçant les Arabes "devant leurs responsabilités", il s’est demandé si la "nation arabe est devenue impuissante devant les défis".

En bref :
   

Les 16 pays membres de l'OTAN sont d'accord pour stopper Saddam Hussein par tous les moyens mais ils reconnaissent un "droit à la différence" au sein de l'organisation. Chacun pourra donc agir à sa façon.

A Amman (Jordanie), des centaines de manifestants brûlent les drapeaux américain et israélien, tout en insultant le roi Fahd d'Arabie.

A Bruxelles, un groupe de travail est mis en place par la CEE pour déterminer une attitude commune face à l'injonction irakienne de fermer leurs ambassades au Koweït. Les Douze vont également se concerter sur leurs politiques pétrolières.

A Damas (Syrie), un millier de personnes, notamment des Koweïtiens, manifestent contre l'invasion irakienne du Koweït.

Ils ont dit :
 
Sondage :

George Bush, président des Etats-Unis : "L'appel à la guerre sainte de Hussein ne marchera pas. (...) Je ne crois pas à l'imminence d'hostilités. Le déploiement de nos fo rces permettra une solution pacifiques à la crise".
Général Copel, de l'armée française, à propos du Koweït occupé : "Le terrain est occupé par une armée d'un million d'hommes qui n'a pas de problème de logistique, qui dispose de très bons missiles anti-chars, anti-avions, anti-navires" (Quotidien français France-Soir).
Mikhaïl Gorbatchev, président de l'URSS à l'Egyptien Hosni Moubarak : La crise "prend une tournure extrêmement dangereuse". Il demande aussi aux pays arabes de déployer tous leurs efforts pour la régler.
A l'annonce de la guerre sainte lancée par Bagdad, Washington répond : "Ce n'est qu'une tentative incohérente pour se disculper de l'agression flagrante perpétrée contre le monde arabe."
Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères : Il faut "avant tout demander le retrait immédiat des forces américaines. Après quoi, les Arabes auront la liberté de discuter de leurs propres problèmes".
Abou Charif, responsable de l'OLP : "Un changement qui s'opère partout dans le monde en faveur de la démocratie souffle maintenant sur le Moyen-Orient".
Amiral Lacoste, de l'armée française : La reconquête du Koweït "n'est pas envisageable. Par sa position géographique, l'Irak est à pied d'oeuvre. Nous sommes devant un schéma de guerre longue" (Quotidien français Le Figaro).

 

Sondage NBC - Washington Post : 74% des Américains interrogés apportent leur soutien à la décision de George Bush. En revanche 77% d’entre eux se déclarent opposés à une attaque américaine contre l’Irak.
Sondage CBS : 63% des personnes interrogées approuvent l’envoi de troupes am
éricaines en Arabie Saoudite.

 

Lu dans la presse :

Presse égyptienne : 120 officiers irakiens ont été exécutés le lendemain de l'invasion pour avoir refusé de prendre part aux opérations militaires contre le Koweït. Estimant que "rien ne justifiait une attaque contre un pays arabe frère", ils auraient comparu devant un tribunal militaire irakien dont la sentence a été approuvée par Saddam Hussein.

 

 

Chronologie des événements - août 1990

L'Irak menace l'Arabie Saoudite. La communauté internationale réagit : l'ONU condamne l'invasion et les Américains déclenchent l'opération Bouclier du désert. L'Irak répond en prenant plusieurs milliers d'Occidentaux en otages.

L'ONU décrète un embargo contre l'Irak alors que la coalition anti-irakienne se construit. Alors que les USA renforcent leurs troupes dans le Golfe, la Ligue Arabe s'oppose à l'Irak.

En Irak et au Koweït occupé, les otages deviennent boucliers humains, provoquant l'inquiétude du monde entier. De son côté, l'armée irakienne assiège les ambassades occidentales au Koweït. L'ONU renforce donc l'embargo et autorise le recours à la force pour le faire respecter.

Le Koweït devient une province de l'Irak. Des personnalités occidentales se rendent à Bagdad. L'ONU et l'URSS tentent des médiations. En signe de bienveillance, l'Irak libère quelques otages.

 

septembre 1990

Gallerie de photos
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En vidéo


Israël se prépare à la guerre (2 minutes)
TVNZ - Télévisio
n néo-zélandaise (extrait en anglais) - 10 août 1990


Saddam Hussein appelle à la Guerre sainte  (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 10 août 1990


La crise du Golfe (14 minutes)
ARD - Télévision allemande (extrait en allemand) - 10 août 1990