 Rencontre entre Yasser Arafat et Michel Rocard.
Le président de l'OLP rencontre à Paris le Premier ministre français. "Nous essayons de trouver une solution loin des tambours de guerre. Il existe une solution politique au conflit du Golfe. Il faut que les bonnes volontés se rejoignent", déclare Yasser Arafat, auteur d’un plan de paix qui a reçu un appui certain parmi les pays arabes, à l’issue de l’entretien de près de 2h qu’il a eue avec Michel Rocard. Le gouvernement français a ensuite publié un communiqué rappelant les positions françaises et indiquant que le président de l’OLP "a exposé les circonstances qui permettraient à ses yeux de déjouer la crise". Ce texte précise que le Premier ministre a reçu Yasser Arafat "dans un souci de dialogue, d’explication de nos positions et de recherche de solution pacifique à la crise". Les propositions palestiniennes prévoient un retrait simultané de l’armée irakienne du Koweït et des troupes étrangères de la région du Golfe, leur remplacement par des forces internationales sous l’égide de l’ONU et une consultation des Koweïtiens sur le sort de leur pays. Au même moment à Genève, le représentant palestinien à l'ONU présentait le plan de l’OLP et proposait la médiation de son organisation. Yasser Arafat a insisté auprès de Michel Rocard "sur la nécessité d’une action européenne en vue de soutenir une solution politique arabe à la crise et l’application de toutes les résolutions des Nations-Unies relatives à la question palestinienne", a indiqué Bassam Abou Chérif, l'un de ses conseillers. Le communiqué français indique à ce sujet : "La crise du Golfe et l’attitude irakienne dressent un obstacle supplémentaire à la réalisation de cet objectif qui reste pour la France une impérieuse nécessité".
Interview de Saddam Hussein sur TF1 : les Etats-Unis perdront la guerre.
La chaîne française TF1 réalise un scoop : elle est la première chaîne au monde à réaliser une interview de Saddam Hussein depuis l'invasion du Koweït. La chaîne a reconnu que cet entretien réalisé à Bagdad a été censuré. Dans cet entretien accordé à Patrick Poivre d'Arvor, présentateur vedette de la chaîne, Saddam Hussein s’étonne que les USA et la Grande-Bretagne n’aient pas mobilisé autant de forces "lorsqu’Israël n’a pas respecté les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU", condamnant l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gazza. Il s’interroge sur l’attitude de la France qui n’a jusqu’alors, précise-t-il, pas manifesté d’hostilité à l’égard de son régime. Affirmant sa "confiance illimitée" dans la force de l’armée et du peuple irakiens, il souligne son "optimisme" et estime qu’une victoire des USA n’est pas "réaliste". Il faudrait, dit-il, "nous vaincre sur 3 fronts" : militaire, économique et "abattre le régime irakien". Lors de son voyage à Bagdad, Patrick Poivre d'Arvor a refusé d'enregistrer une séquence entre Saddam Hussein et des otages. Lors de l'Assemblée générale de la chaîne, prévue demain, Patrick Le Lay, patron de TF1, dira : "TF1 fait aujourd’hui partie des 4 grandes chaînes mondiales. En obtenant l’interview de Saddam Hussein nous sommes passés devant les chaînes américaines qui cherchaient à l’obtenir. TF1 est devenue dans cette affaire n°1 mondial. Je signale également que 120 demandes émanant de journalistes français s’entassent sur le bureau du ministre de l’Information de l’Irak. Quant aux donneurs de leçons, ils n’ont qu’à balayer devant leur porte..."
L'Irak prêt à libérer les otages contre un pacte de non-agression.
Alors que la RDA, la Turquie et la Chine ont évacué leurs diplomates mais maintenu leurs chancelleries officiellement ouvertes, Pékin précisant que cette initiative n’implique "aucun changement d’attitude de sa part dans la crise du Golfe", Saddam Hussein affirme qu'il a l'intention de libérer les femmes et les enfants otages. Il ajoute que que l’annexion du Koweït est une affaire strictement arabe dans laquelle "les Occidentaux n’ont rien à voir". George Bush refuse de commenter la décision de Saddam Hussein de laisser partir ces otages retenus en Irak. Dans une note adressée à l’ambassadeur d’Irak à Londres, le Foreing Office estime que la décision de Saddam Hussein de laisser partir les femmes et les enfants étrangers retenus en Irak est "un pas, petit mais bienvenu, à côté de l’inhumanité du gouvernement irakien depuis l’invasion du Koweït". Washington et Londres rejettent également la proposition de Saddam Hussein d’un débat télévisé avec George Bush et Margaret Thatcher. Le Raîs se disait en effet prêt à un débat public "pour que le monde sache tout de la situation". Le porte-parole du département d’Etat américain l’a jugée "écoeurante".
La Jordanie tente des médiations.
Le roi Hussein de Jordanie continue son périple diplomatique par une escale à Nouakchott où il s’entretient avec le chef d’Etat mauritanien, Maouya Sid’Hamed Ould Taya. Le roi se déclare convaincu de la possibilité d’une solution pacifique. "Nous n’acceptons pas que les autres s’occupent de nos problèmes, alors que nous sommes capables de les résoudre nous-mêmes", précise-t-il . Le prince héritier, Hassan Bin Talal, frère du roi Hussein, déclare au quotidien espagnol El Pais : "Il faut prendre au sérieux et non pas comme de la propagande l’offre irakienne de négociation".
Hausse du prix de l'essence : la presse française s'indigne.
La presse française s'inquiète de la hausse importante du prix de l'essence. "Chasse au gaspi : non aux nouvelles mesures bidon" titre ainsi Le Parisien, qui ajoute : "A en croire les grands prêtres de l’économie, on serait au bord du gouffre. La grande crise, elle est là, prédisent-ils. La faute au Golfe ! Et si cette vision apocalyptique n’était finalement qu’un scénario catastrophe pour nous faire mieux avaler la pilule de l’austérité ?..." Le Canard enchaîné montre combien les compagnies pétrolières profitent de la crise du Golfe, grâce au gonflement de leurs réserves avant l’invasion du Koweït alors que le barril valait moins de 20 dollars, et la vente des stocks avec des bénéfices de 50%. L’hebdomadaire satirique cite un responsable de la compagnie pétrolière : "La hausse sera très enrichissante", et constate que le ministre de l'Economie connaissait parfaitement les conséquences de ses mesures de plafonnement. Dans France-Soir, Jean Fournier-Périlhou, directeur général de l’Association française des automobiles-clubs qui regroupe 400.000 adhérents, s’indigne : "Durant les 6 premiers mois de l’année, le prix du pétrole brut, selon les indications de l’Institut français du pétrole, a baissé de 21%. A la pompe pendant la même période, les prix hors taxes ont baissé de 2,5% seulement, et toutes taxes comprises, ils ont augmenté de 1%." "On prenait le consommateur pour une andouille parce que l’essence est montée très haut", résume sur Antenne 2 Lionel Stoléru, secrétaire d’Etat au Plan...
La vie quotidienne des Koweïtiens réfugiés en Arabie Saoudite.
Les réfugiés koweitiens sont encore sous le choc de l’invasion, complètement désemparés malgré l’accueil que leur réserve l’Arabie Saoudite. Le gouvernement saoudien leur fournit logement, nourriture et un pécule de 3.000 riam (680 € par famille) à leur arrivée. Certains se sont vu offrir des appartements vides. En effet, toute une cité a été construite pour les employés du ministère de la Défense, mais elle est restée inoccupée parce que ces derniers l’ont refusée. La raison : l’architecte européen avait oublié de prévoir 2 ascenseurs séparés, un pour les hommes, l’autre pour les femmes... Les Koweïtiens moins rigoureux sur la discrimination sociale entre hommes et femmes que leurs voisins saoudiens occupent la cité. Beaucoup d’autres sont dans des hôtels. Femmes et enfants doivent prendre leur mal en patience et passent des journées entières dans les chambres. Les hommes vont et viennent entre les étages et le hall où ils se rassemblent pour discuter, commentant la moindre nouvelle. On lit presque religieusement le journal koweitien Al Anbar, réduit à une double feuille mais qui continue de paraître au Caire. En Terre musulmane, on s’inquiète par contre de la présence de plus en plus visible des Américains et bien des Saoudiens se posent des questions à leur sujet. "Nous nous demandons ce que les Américains et aussi les Européens veulent exactement en venant chez nous. Sont-ils vraiment venus pour nous aider ?N ous aurions préféré que le roi et les princes fassent appel aux Arabes et autres pays musulmans pour nous défendre en empêcher Saddam Hussein de nous attaquer. Mais je ne crois pas que c’était là l’intention de Hussein. Il voulait seulement prendre le Koweït qu’il considère comme une partie de l’Irak. Il a toujours dit et répété qu’il n’attaquerait pas l’Arabie Saoudite et je pense que c’est vrai" explique un Saoudien à la presse occidentale.
La crise du Golfe vue d'URSS.
A des journalistes américains accusant Moscou de violer les résolutions de l’ONU, puisque l’URSS maintient des relations avec l’Irak, Guennadi Guerrassimov répond : "Nous, nous parlons avec tout le monde". "Les sanctions, poursuit le chef de la direction de l’Information du ministère des Affaires étrangères soviétique, ne s’étendent pas aux relations politiques, diplomatiques, consulaires, aux transports automobile et aérien, aux activités des spécialistes qui ne fabriquent pas d’articles destinés à l’exportation, aux rapports dans les domaines de la culture, de l’enseignement, du sport et de l’information. Juridiquement, il n’y a pas de transgression. C’est un problème moral et nous tâcherons de le résoudre". Guerassimov rappelle que l’URSS n’entend pas expulser les diplomates irakiens ni demander une réduction du personnel de leur ambassade à Moscou. Leurs contrats arrivant à terme, nombre de spécialistes militaires soviétiques en Irak vont donc rentrer. Pour les autres, précise le porte-parole, "nous suivrons l’évolution de la situation". De nouveaux contrats ne seraient pas exclus. Les membres des familles de coopérants soviétiques commencent à regagner l’URSS. 240 personnes sont arrivées hier, 333 aujourd'hui, dont 118 enfants. Le rapatriement des coopérants eux-mêmes n’est pas prévu. "Ils ont des contrats qui doivent être honorés. Pour l’instant, aucun plan n’est dressé pour leur retour. Nous verrons comment les choses vont évoluer", indique Guerassimov. L’URSS occupe "une position particulière" dans le Golfe car elle maintient des contacts avec de nombreux pays, avec l’Irak notamment, souligne-t-il. "Nous ne voulons pas assurer de médiation dans le conflit et nous espérons que le secrétaire général de l'ONU, les pays arabes et la communauté internationale joueront leur rôle. Mais le fait que nous parlons à tous peut aider à trouver une solution à la crise". Cette position ne fait pas l’unanimité. Hier encore, un cartel d’organisations (Comité soviétique de défense de la paix, Comité soviétique pour la paix, le désarmement et la sécurité écologique dans les mers, Fonds soviétique de la paix et Association soviétique du droit de la mer) a publié une déclaration proposant "d’examiner un éventuel rappel de tous les spécialistes militaires soviétiques avec l’Irak ainsi qu’une suspension de l’accord d’amitié et de coopération avec l’Irak jusqu’au rétablissement total de la souveraineté du Koweit". L’observateur politique Albert Balebanov insiste sur le fait que "la crise provoquée par l’agression irakienne peut et doit être réglée par l’intensification du facteur arabe". Le correspondant à New York de l’agence Tass écrit : "Sous prétexte de protéger l’Arabie Saoudite, les engins blindés envoyés au Proche Orient renforcent avant tout, d’après les spécialistes, le potentiel offensif du corps expéditionnaire américain". La crise forme "un noeud bien serré" titre La Pravda et la Russie soviétique note : "Golfe de moins en moins d’espoir".
Scolariser les enfants occidentaux dans les écoles irakiennes.
A une semaine de la rentrée des classes en Occident, Saddam Hussein tient à rassurer les familles des otages occidentaux retenus en Irak. Il informe les parents d'élèves : "Si, au moment de la rentrée scolaire, vous êtes toujours ici en Irak, nous entreprendrons alors des efforts exceptionnels pour être sûr que la scolarité de vos enfants ne soit pas interrompue et nous vous enverrons les experts du Ministère de l'Education." Mais les parents d'élèves espèrent tout de même pouvoir passer cette rentrée des classes, libres, en Occident...
26 Irakiens en stage en France, dont 12 militaires en formation à la base aérienne de Rochefort, sont assignés à résidence. Ce même jour, le chef de l'OLP, Yasser Arafat, en visite à Paris, s'entretient avec le Premier ministre Michel Rocard de la crise du Golfe.
12 GI's sont tués dans le crash d’un avion cargo de l’US Air Force qui s’est produit peu après son décollage de la base de Ramstein en RFA. Le Lockeed C-5 Galaxy en provenance des USA effectuait une escale en Allemagne avant d’acheminer du matériel militaire en Arabie Saoudite.
Amnesty International adresse un appel au gouvernement irakien en faveur de 6 Koweïtiens âgés de 18 à 26 ans. Tous chiites, ils ont été arrêtés après une manifestation anti-irakienne dans le quartier de Sulaibikhat, à Koweït-City, le 03 août.
Pour contrer l'augmentation des tarifs du brut, les dirigeants de l'OPEP décident, malgré l'opposition du représentant irakien, une augmentation de la production de brut de certains pays, dont l'Arabie Saoudite et les Emirats. Au total, 3,5 millions de barils seront extraits chaque jour.
Suite au blocus décrété par l'ONU, Bagdad annonce le rationnement de certaines denrées alimentaires, dont le riz, la farine, le sucre, le thé et l'huile.
Selon la presse américaine, un otage américain est mort d’une crise cardiaque dans le port de Bassorah, au sud de l'Irak. Il s'agirait d'un banquier nommé James L. Worthington Jr.
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Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la France, trouve que l'expression "logique de guerre" employée par son successeur est "une expression malheureuse" (Télévision française TF1).
Saddam Hussein, président de l'Irak, aux Américains : "Si vous luttez contre nous, ce sera pour vous une tragédie pire encore que le Viet-Nam".
Max Gallo, historien français et député européen : "Le délire va-t-en-guerre des héros en bureau, moi, je ne peux pas l’accepter, parce que la guerre c’est la barbarie absolue" (Radio française RTL).
François d’Aubert, député français : "Depuis 20 ans" un "lobby pro-arabe" n’a cessé de fonctionner au niveau de la direction de l’Etat, avec, au bout, "un bilan accablant pour la politique étrangère de la France".
George Bush, président des Etats-Unis : "Personne ne doit douter de la détermination" des USA. Il ajoute que Bagdad paierait "un prix important" s’il tentait de se maintenir au Koweït, et "encore plus important s’il élargit le conflit".
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François Mitterrand, président de la France : "Des hommes, des femmes et des enfants qui sont retenus contre leur gré, et dont on promet ou laisse entendre qu'il pourrait y avoir libération en échange d'avantages politiques ou militaires, ce sont des otages. Pas la peine de se cacher derrière la sémantique."
Hebdomadaire français Le Canard enchaîné : La frégate française Dupleix aurait forcé, il y a une semaine, un navire commercial qui se rendait à Koweït-City à se détourner pour cause d'embargo. Un rapport classé secret-défense : le navire de commerce battait pavillon français...
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