vendredi 8 février 1991

L'aviation alliée effectue 2.500 sorties. 13 nouveaux avions irakiens se réfugient en Iran (soit 147 avions depuis le début du conflit), 1 patrouilleur irakien est coulé.

 

Powell et Cheney en visite dans le Golfe.
Envoyés par George Bush sur le terrain, le secrétaire à la Défense Dick Cheney et le chef d'état-major Colin Powell se sont efforcés d'éviter les gestes ou les déclarations spectaculaires. Beaucoup voient dans cette visite le signe de l'imminence de l'offensive terrestre. La prudence de Dick Cheney s'est vérifiée lorsqu'il s'est déclaré une fois de plus "frappé" par "l'importance de l'appareil militaire irakien". Il a dit à ce sujet : "Je ne crois pas que Saddam dispose encore de la quatrième armée du monde, mais peut-être trouvera-t-il un moyen de nous surprendre."

Les multinationales occidentales pensent déjà à la reconstruction du Koweït.
Les hommes d'affaires envoyés par les plus grandes multinationales occidentales se bousculent à Taëf (Arabie Saoudite) où s'est réfugié l'émir du Koweït. Ce dernier a en effet affirmé qu'il était temps de songer à la reconstruction de son pays. Les sociétés américaines sont bien évidemment les mieux placées sur les tables des négociations, mais l'émir souhaite que les affaires se traitent avec les représentants des intérêts koweïtiens à Londres, laissant ainsi une petite chance aux firmes européennes d'obtenir une part du gâteau.

La tension monte entre la Jordanie et les Etats-Unis.
Les USA sont agacés par les dernières déclarations du roi Hussein de Jordanie, qui accuse les USA d'outrepasser "le mandat reçu des Nations Unies". La Jordanie a par ailleurs porté plainte au siège de l'ONU contre les Alliés, qui ont bombardé l'autoroute Amman-Bagdad. 14 chauffeurs de poids-lourds jordaniens, qui transportaient du pétrole irakien, ont été tués. La Jordanie précise qu'elle ne viole pas l'embargo internationale en important du pétrole irakien puisque ce pétrole n'est pas payé : c'est le remboursement de la dette qu'a contracté l'Irak lors de la guerre Iran-Irak. "Nous essayons de comprendre les pressions auxquelles est soumis le roi de Jordanie" explique l'Américain James Baker. Washington menace Amman de suspendre son aide annuelle de 50 millions de dollars si la Jordanie n'exprime pas plus clairement son opposition au régime irakien.

Des soldats afghans dans la coalition internationale.
Plus de 500 Afghans arrivent dans la capitale saoudienne pour se battre aux côtés des Alliés contre l'Irak. Les Alliés accueillent cette nouvelle avec réserve. Même si ces soldats connaissent les points faibles des armes irakiennes de fabrication soviétique, puisqu'ils ont combattu pendant 10 ans les chars de Moscou dans leur pays, ils posent un sérieux problème à l'état-major allié : aucun pays coalisé ne semble prêt à les accueillir au sein de son armée.

Polémique concernant le "Prix saddam Hussein pour les sciences".
Le prix "Saddam Hussein pour les sciences" est retiré des fichiers de l'université de Genève. Créé en 1987 pour récompenser les hommes ayant oeuvré pour le "bien-être de l'Humanité", il était décerné chaque année le 28 avril, date de l'anniversaire du Raïs irakien. Rares sont ceux qui refusaient cette récompense de 1,25 million de francs (160.000 €). "A priori, je n'aurais rien voulu devoir au dictateur qui a gazé les populations kurdes, explique l'astrophysicien Hubert Reeves. Enfin, c'est d'autant plus facile à dire qu'on ne me l'a pas proposé..."

Hélicoptères britanniques contre navires irakiens.
Les hélicoptères Lynx de la Royal Navy, qui se sont particulièrement distingués aux Malouines en 1982, ont coulé un patrouilleur irakien au large de la côte koweïtienne, avec des missiles Sea Skua. Les appareils britanniques n'ont même pas eu besoin de l'appui de l'aviation alliée qui intervient habituellement. Ils ont pu regagner le contre-torpilleur HMS Cardiff sans dommage.

En bref :
   

Pour la première fois en 6 jours, une alerte aux bombardements est déclenchée sur la totalité de l'Etat hébreu.

Dans toute l'Egypte, de nombreux opposants à la guerre sont arrêtés par la police.

L'ambassadeur irakien en France, Abdoul Razzak al-Hachimi, informe officiellement le gouvernement français de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Les premières Françaises arrivent dans le Golfe. L'Etat-major français souhaite en effet féminisé "un peu" Daguet : elles ne seront que 13 (employées dans les services de santé) contre les 14.000 hommes déjà sur place. Le gouvernement français a longtemps hésité à les envoyer au front, pour ne pas froisser les autorités saoudiennes.

14 des 18 journalistes étrangers toujours présents en Irak sont contraints de quitter le pays. Ils rejoignent Amman par la route.

12 Buccaneer S Mk 2B britanniques dotés du système de désignation à laser Pave Spike opèrent au-dessus des lignes irakiennes.

L'ONU demande à l'Irak de ne pas révéler la teneur des entretiens qui ont eu lieu le 13 janvier entre Saddam Hussein et Javier Perez de Cuellar. Ce dernier a d'ailleurs déclaré au quotidien français Le Monde : "Cette guerre n'est pas celle de l'ONU? mais elle est légale".

4 journalistes de la télévision française FR3 (aujourd'hui France 3) sont arrêtés par des soldats américains. Ils circulaient sur la frontière saoudo-koweïtienne sans autorisation.

Sur le port de Marseille, les dockers de la CGT (Confédération Générale des Travailleurs) refusent de charger 29 conteneurs de munitions pour la force Daguet.

L'US Air Force "endommage" 3 rampes de lancement de SCUD à l'ouest de Bagdad et utilisées contre Israël. Une autre rampe visant Riyad a également été détruite.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Alexandre Belonogov, vice-mi-nistre soviétique des Affaires étrangères à Téhéran : L'URSS et l'Iran s'entendent "sur la nécessité de mettre fin rapidement à la guerre dans le Golfe".
Le présentateur du journal télévisé de Radio-Bagdad : Les forces irakiennes "sont intactes et totalement prêtes à affronter les agresseurs."

  Dans une interview accordée à un journal d'Abou Dhabi (capitale des E.A.U.), le général français Maurice Schmitt estime que le nombre des victimes civiles et militaires irakiennes s'élèverait entre 10.000 et 15.000.
Chronologie des événements - février 1991

Les bombardements sur l'Irak s'intensifient et les alertes aux SCUD s'enchaînent en Israël et en Arabie Saoudite. Une enquête est lancée après la mort mystérieuse de GI's à Khafji. L'Iran tente des médiations entre l'Irak et les Alliés et propose une conférence de paix à Téhéran. A la demande de George Bush, Colin Powell et Dick Cheney sont en visite dans le Golfe.

Les artilleries alliées se massent le long de la frontière irakienne pour préparer l'offensive terrestre. Des polémiques éclatent en Occident après le bombardement par les Alliés d'une étrange usine de lait en poudre et d'un abri anti-aérien dans le quartier d'Amriya, à Bagdad. A Tel-Aviv, désertée par sa population, les alertes aux SCUD sont quotidiennes. Alors que tout le monde s'attend au déclenchement de l'offensive terrestre, Saddam Hussein se dit prêt à évacuer le Koweït. Sous certaines conditions...

La Turquie reçoit des renforts de l'OTAN pour faire face à une éventuelle attaque de l'Irak. Les médias français se plaignent de la censure imposée par les autorités françaises. Jamais auparavant un conflit n'avait été aussi médiatisé et censuré... L'URSS tente un plan de paix entre l'Irak et les Alliés.
Pendant que le choléra et les pénuries de nourriture font leur apparition à Bagdad, Washington adresse un ultimatum à Bagdad...

Après l'expiration de l'ultimatum, les Alliés lancent une vaste offensive terrestre. Les Américains attaquent la Garde républicaine irakienne, les Britanniques visent Bassorah et les Français prennent As-Salman. Les Saoudiens et les Koweïtiens libèrent Koweït-City. Après 4 jours de guerre, l'armée irakienne est balayée et le Koweït est libéré.

 

Gallerie de photos
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En vidéo


L'offensive aérienne renforcée (25 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 8 février 1991


Rupture des relations diplomatiques (6 minutes)
Antenne 2 - Flash spécial vers 2h - 8 février 1991


L'USS Missouri à l'action (3 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 8 février 1991


Déclaration du général britannique Peter de la Billière (2 minutes)
BBC - Télévision britannique (extrait en anglais) - 8 février 1991


Stratégie aérienne des Alliés (6 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 8 février 1991


Le commandant en chef Norman Schwarzkopf (2 minutes)
ABC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 8 février 1991