samedi 23 février 1991

17h GMT : L'ultimatum américain expire.

L'aviation alliée effectue 3.000 sorties. Un Tornado britannique est abattu. Plus de 100 soldats irakiens se rendent aux Alliés. D'après les Alliés, 40% du potentiel militaire irakien est détruit.

 

Les Français à l'assaut de l'Irak 14h avant l'expiration de l'ultimatum fixé par les Alliés.
Parties à 3h GMT ce matin, les Gazelle françaises ont reçu pour mission de reconnaître et "nettoyer" le chemin menant à As-Salman. Le but est de préparer le passage des troupes et des blindés lors du début de l'offensive terrestre. Les "coyotes" du 3ème RHC ont tiré plusieurs missiles sur une position irakienne, désormais totalement détruite. Puis les hommes du 2ème REI (Légion étrangère) sont allés contrôlés un escarpement stratégique situé à 2 km environ à l'intérieur du territoire irakien. Les Légionnaires et les hommes du 3ème RIMa doivent occuper les positions Natchez et Montcalm. Dans l'après-midi, les chars du 4ème Dragons franchissent la frontière. Au soir, les marsouins tirent un missile Milan sur un camion irakien qui parvient à s'enfuir. Sur place, les Français n'ont pas rencontré d'opposition, les troupes irakiennes ayant déjà reculé d'une vingtaine de kilomètres. Les hommes de Daguet entament leur première nuit en territoire irakien, alors que la diplomatie poursuit son cours. Le véritable assaut est prévu pour demain matin...

George Bush rejette les propositions de l'Irak.
George Bush rejette la proposition de Saddam Hussein, qui réclamait 21 jours pour retirer ses troupes du Koweït, et juge insuffisante les dernières concessions faites par Bagdad. Ce revirement irakien est donc "sans effet". Il ne reste plus que quelques heures à Saddam Hussein pour retirer son armée du Koweït. Le Pentagone affirme par ailleurs que des batteries de lancement de missiles SCUD seraient cachées dans des quartiers résidentiels de Bagdad.

L'armée saoudienne est prête à envahir l'Irak.
Plus de 67.000 hommes, 500 chars AMX-30 français et M-60 américains, 2.000 blindés divers et des centaines de pièces d'artillerie n'attendent plus que le feu vert du commandement allié pour se lancer à l'assaut des positions irakiennes. Cet impressionnant dispositif est soutenu par 10.000 soldats fournis par le Qatar, le Bahreïn, les E.A.U. et Oman, auxquels viennent s'ajouter 4.000 soldats koweïtiens.

Conséquences de la guerre sur la variété française.
Depuis le début de la guerre, c'est une véritable épuration musicale qui s'est abattue sur les radios françaises. Entre les innombrables éditions spéciales consacrées au conflit, il n'était plus question de diffuser des chansons "sensibles" (comme on dit pudiquement). Ainsi, le tube de Balavoine "Je ne suis pas un héros" repris par Johnny Hallyday n'est plus programmé depuis plusieurs semaines. La liste des chanteurs censurés est très longue. D'Art Mengo qui ne peut plus nous parler de "Caïd Ali" à Michel Sardou et ses "Musulmanes" en passant par le duo Blues-Trottoir qui gardera pour lui ses "24 jours explosifs" sans parler des chanteurs arabes soudain disparus des ondes, la logique de guerre a fait des ravages. "Quand t'es dans le désert" de Capdevielle, "Quand les champs brûlent" de Niagara, "La bombe humaine" de Téléphone, "Mon légionnaire" de Gainsbourg, "Le déserteur"... ont disparu des ondes. Et que dire de Mylène Farmer, pourtant favorite, privée au début du mois de Victoire de la Musique avec son tube "Désenchantée" au profit d'une parodie des Inconnus? C'est aussi l'hécatombe dans le monde du spectacle, causé par la baisse de fréquentation des salles. La trilogie de Maurice Béjart, qui devait durer jusqu'au 7 mars au Palais des Congrès, s'interrompt dès demain, alors que la 3ème partie, "la Pyramyde", n'a même pas été jouée. Le festival de musique iranienne prévu à l'IMA est annulé, tout comme le concert de Nina Hagen pour la lutte contre le sida. Les Folies Bergères ont fermé 3 semaines durant le conflit, on a compté 50% d'annulations au Moulin Rouge... La troupe du ballet Martha Graham et le groupe Neville Brothers, venus d'USA, ont également annulé leur tournée en France. Quant aux salles de cinéma, leur fréquentation a chuté de 30% en janvier...

La débrouillardise des journalistes français.
Ecartés du "pool de combat" américain en Arabie Saoudite (une poignée de journalistes travaillent au nom des médias du monde entier), les reporters des 3 principales agences photographiques françaises (Gamma, Sygma et Sipa) ont dû rivaliser d'astuces pour monter illégalement au front. Pour franchir les contrôles saoudiens sur les axes qui mènent aux combats, les plus malins se sont rasés le crâne à la GI et ont acheté, pour 3.000 F ( 500 € ), un treillis, un casque et l'équipement N.B.C. (Nucléaire, Bactériologique, Chimique) dans un magasin de surplus américain de Montparnasse, à Paris.

En bref :
   

Le département américain de la Justice autorise, à titre exceptionnel, 51.000 Koweïtiens, Libanais et Libériens à rester un an au moins aux USA, en raison des dangers qui subsistent dans leurs pays respectifs.

A la suite de l'explosion prématurée d'une des bombes qu'ils emportaient, les 2 pilotes d'un Tornado britannique sont contraints de s'éjecter en vol au-dessus du territoire irakien. Ils sont faits prisonniers.

L'une des filles de l'émir Jaber, réfugiée à Londres, commande 1.000 tee-shirts avec la mention : "Le Koweït est libre".

La chaîne américaine CBS annonce qu'au moins 179 puits de pétrole koweïtien ont été incendiés par les Irakiens dans le but de ralentir une éventuelle offensive terrestre alliée. La ville saoudienne de Khafji serait plongée dans le noir suite à l'épais nuage de fumée provoqué par ces puits en feu.

L'Irak lance un missile SCUD sur le centre d'Israël sans faire de victime ni de dégât.

"Saddam ! Saddam ! ici les Etats-Unis. Tu es en retard." Ce message est diffusé sur les ondes de la radio des GI's pour annoncer la fin de l'ultimatum.

Les effectifs du dispositif Daguet atteignent 14.708 hommes.

 

Ils ont dit :
 
Ils ont dit :

George Bush, président des USA : Il est regrettable "que Saddam Hussein n'ait pris aucune mesure avant l'heure limite pour se conformer aux résolutions des Nations Unies". Il ajoute : "L'action militaire continue selon le calendrier et les plans prévus" (communiqué de la Maison Blanche).
Mikhaïl Gorbatchev, président de l'URSS, demande par téléphone à George Bush de différer de "un jour ou deux" l'offensive terrestre.
Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU : L'Organisation a aussi "l'impératif moral suprême de prévenir les destruction d'autres vies."
François Mitterrand, président de la France : "Les opérations militaires continuent de se dérouler selon les plans prévus" mais il est dommage que "Saddam Hussein ait refusé la possibilité d'aboutir sans affrontement supplémentaire à la libération du Koweït" (communiqué de l'Elysée).

 

Le gouvernement irakien qualifie de "grand guignol" l'ultimatum imposé par les Etats-Unis.
Général Norman Schwarzkopf, commandant en chef des forces coalisées, a reçu l'autorisation de "faire ce qu'il jugeait utile", autrement dit de déclencher l'offensive terrestre. (Télévision américaine NBC).
Un porte-parole du Kremlin affirme que l'URSS ne s'opposera pas à l'offensive terrestre : "Nous pouvons exprimer nos regrets que le monde ne soit pas capable aujourd'hui de régler ses problèmes par des moyens spécifiques."

Sondage :

Sondage américain, 64% des Américains approuvent l'ultimatum de George Bush pour déclencher l'offensive terrestre.

 

Chronologie des événements - février 1991

Les bombardements sur l'Irak s'intensifient et les alertes aux SCUD s'enchaînent en Israël et en Arabie Saoudite. Une enquête est lancée après la mort mystérieuse de GI's à Khafji. L'Iran tente des médiations entre l'Irak et les Alliés et propose une conférence de paix à Téhéran. A la demande de George Bush, Colin Powell et Dick Cheney sont en visite dans le Golfe.

Les artilleries alliées se massent le long de la frontière irakienne pour préparer l'offensive terrestre. Des polémiques éclatent en Occident après le bombardement par les Alliés d'une étrange usine de lait en poudre et d'un abri anti-aérien dans le quartier d'Amriya, à Bagdad. A Tel-Aviv, désertée par sa population, les alertes aux SCUD sont quotidiennes. Alors que tout le monde s'attend au déclenchement de l'offensive terrestre, Saddam Hussein se dit prêt à évacuer le Koweït. Sous certaines conditions...

La Turquie reçoit des renforts de l'OTAN pour faire face à une éventuelle attaque de l'Irak. Les médias français se plaignent de la censure imposée par les autorités françaises. Jamais auparavant un conflit n'avait été aussi médiatisé et censuré... L'URSS tente un plan de paix entre l'Irak et les Alliés.
Pendant que le choléra et les pénuries de nourriture font leur apparition à Bagdad, Washington adresse un ultimatum à Bagdad...

Après l'expiration de l'ultimatum, les Alliés lancent une vaste offensive terrestre. Les Américains attaquent la Garde républicaine irakienne, les Britanniques visent Bassorah et les Français prennent As-Salman. Les Saoudiens et les Koweïtiens libèrent Koweït-City. Après 4 jours de guerre, l'armée irakienne est balayée et le Koweït est libéré.

 

Gallerie de photos
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En vidéo


Expiration de l'ultimatum américain (31 minutes)
Antenne 2 - Journal de 20h - 23 février 1991


Edition spéciale : expiration de l'ultimatum américain (23 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 23 février 1991


Edition spéciale dans la soirée (58 minutes)
TVE 2 - Télévision espagnole (extrait 1 en espagnol) - 23 février 1991


Edition spéciale dans la soirée (58 minutes)
TVE 2 - Télévision espagnole (extrait 2 en espagnol) - 23 février 1991


Edition spéciale dans la soirée (58 minutes)
TVE 2 - Télévision espagnole (extrait 3 en espagnol) - 23 février 1991


Edition spéciale dans la soirée (5 minutes)
TVE 2 - Télévision espagnole (extrait 4 en espagnol) - 23 février 1991


L'ultimatum américain contre l'Irak (5 minutes)
BBC - Télévision britannique (extrait en anglais) - 23 février 1991


L'armée britannique dans le Golfe (3 minutes)
BBC - Télévision britannique (extrait en anglais) - 23 février 1991


Protestations contre l'envoi de fratries dans les mêmes zones de combat (2 minutes)
BBC - Télévision britannique (extrait en anglais) - 23 février 1991


La Convention de Genève (5 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 23 février 1991