mercredi 6 février 1991

L'aviation alliée effectue 2.500 sorties. 23 soldats irakiens se rendent aux forces alliées. 22 avions irakiens tentent de se réfugier en Iran. Interceptés par l'aviation alliée, 4 sont abattus (2 MIG-21 et 2 SU-25). D'après Israël, 600 chars irakiens ont été détruits.



Et depuis le début des hostilités :
- L'aviation alliée a effectué 50.000 missions
- L'Irak a lancé 29 SCUD sur Israël et 28 SCUD sur l'Arabie Saoudite
- D'après les Alliés, 42 aviateurs ont été tués (24 Américains, 9 Saoudiens, 8 Britanniques, 1 Italien). 135 avions irakiens ont été abattus.
- D'après Bagdad, 90 soldats et 428 civils irakiens ont été tués, et 650 blessés.
- Les Alliés ont capturé 880 soldats irakiens

 

Acharnement américain contre l'Irak ?
Devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, James Baker veut dissiper un certain malaise qui règne dans la nation américaine. La perspective d'une attaque terrestre et le constat d'un certain acharnement contre l'Irak préoccupent de larges secteurs de l'opinion publique. Une impression relayée par les déclarations des officiers américain, comme celle d'un officier de l'US Air Force qui a déclaré dans la journée que le rythme des missions des B-52 est passé à une attaque toutes les 3 heures. Le Secrétaire d'Etat James Baker a tenu à évoquer dès maintenant le temps de l'après-guerre, qu'il faudra aborder "avec modestie et dans le respect de la souveraineté des peuples." Dans l'immédiat, "des temps difficiles" s'annoncent, les USA n'ayant aucune intention de se dérober à leurs responsabilités.

Installation de ravitailleurs américains en France.
Le gouvernement français annonce que des ravitailleurs KC-135 américains prennent position sur les bases militaires françaises de Mont-de-Marsan et d'Avord, dans les Landes. Ces bases permettent de constituer une étape aux B-52 venant de Grande-Bretagne, et de se ravitailler en vol, au-dessus de la Méditerranée, avant de rejoindre le Golfe. Les ravitailleurs français ne sont en effet pas adaptés aux énormes bombardiers américains.

Ils se rendent... à des journalistes.
Khalid, Moussa, Abu Wahed et Mohamed ont quitté leur tranchée de la 367ème division irakienne. Déprimés, mal nourris, ces 4 appelés voulaient se rendre aux forces alliées après avoir passé 2 mois dans une sorte de trou. Ils se sont donc rendu à des journalistes de l'hebdomadaire américain Life Magazine et du quotidien britannique The Independent qu'ils avaient d'abord pris pour des soldats alliés qui passaient par là. L'un d'eux a déclaré aux journalistes :"Saddam est fou, l'Irak est fini".

Lutte contre la marée noire.
Pour bloquer la marée noire, les Emirats Arabes Unis font installer des barrages flottants et des bateaux aspirateurs à l'entrée des chenaux menant aux usines de dessalement de Dubaï. Après avoir constaté qu'il ne serait plus possible de sauver les oiseaux englués dans le pétrole répandu sur les plages, le prince Abdallah al-Fayçal al-Turki demande aux pilotes de l'US Air Force de survoler le littoral à basse altitude en revenant de leurs missions de bombardement. Cela devrait permettre de faire fuir les colonies de cormorans de la zone polluée.

France-Infos au coeur de la guerre.
Depuis le début du conflit, France-Infos, la seule radio française dédiée uniquement à l'information non-stop, monopolise les ondes. Pour les ambassadeurs comme pour les hommes politiques sans oublier les plus hautes instances de l'Etat, cette radio est devenue la référence. Alors qu'habituellement les éditions complètes sont diffusées toutes les demi-heures, la rédaction de cette radio réalise une édition toutes les 15 minutes depuis 1 mois, et ce 24h/24 ! Pour parvenir à ce résultat, il a fallu faire des concessions : pas d'invités ni de commentaires. France-Infos tient en effet à privilégier l'information brute et instantanée pour permettre aux auditeurs d'arriver sur l'antenne à tout moment, de prendre le train de l'info en marche. Pour cela, cette jeune radio (à l'antenne depuis 3 ans seulement) peut compter sur tous les envoyés spéciaux de Radio-France à travers le monde, lui permettant ainsi de diffuser plus de 150 reportages différents par jour. Au sein de la rédaction, la règle du 12/12 est respectée : 12h de travail contre 12h de repos. Des repas de grande qualité sont servis pour les employés, afin de garder le moral et le rythme effréné de l'info à chaud. Pascal Delannoy, directeur de la radio, dort dans les locaux transformés en hôtel de fortune. "On est rôdé depuis longtemps, explique-t-il. On était prêt et le moral reste au beau fixe." Pour expliquer le succès de sa radio dont l'audience a doublé en ces temps de guerre, le directeur explique simplement : "Jusqu'à présent, les télévisions font de la radio, ni plus ni moins, car la plupart des liaisons se font par téléphone". Grâce au manque d'images venant du Golfe, le succès de la radio est fulgurant.

En bref :
   

Le gouvernement du Sri Lanka autorise le ravitaillement d'avions alliés sur son territoire, à condition que les appareils ne transportent pas d'armement.

L'Irak rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis, la France, l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Le communiqué de l'agence de presse irakienne officielle précise que Bagdad coupe les liens avec "les régimes traîtres collaborant avec l'Amérique" et non pas avec "les fières masses arabes".

François Mitterrand s'entretient par téléphone avec son homologue iranien Rafsandjani qui avait lancé une initiative de paix hier.

Bagdad accuse de coalition alliée de ramener l'Irak à plusieurs siècles en arrière en le croulant sous les bombes.

Selon les sources du gouvernement allemand, le nombre des objecteurs de conscience a augmenté de plus de 400% depuis le début de l'année.

Le Pentagone informe le monde entier qu'il n'exclut pas l'utilisation d'armes chimiques, mais précise que les Etats-Unis ne s'en serviront pas les premiers.
Cette information est aussitôt critiquée par Jean-Paul II devant 3.000 pèlerins, qui conjure les adversaires de ne pas utiliser de semblables moyens.

L'aviation française poursuit ses missions avec les fameux Mirage-F1 dont dispose également l'Irak. Mais pour éviter toute méprise, des Jaguar les accompagne. Les attaques ont lieu à moyenne altitude ou en piqué. Les appareils français ont été équipés de missiles Magic pour leur défense individuelle.

Ils ont dit :
 
Attentat :

Le roi Hussein de Jordanie dénonce "la guerre menée contre tous les Arabes" et ajoute : "Le sang irakien nous est cher".
Le roi du Maroc Hassan II juge la période de l'après-guerre "inquiétante" pour le monde arabe.
James Baker, secrétaire d'Etat américain, devant la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants : "La besogne est immense, et personne ne doit sous-estimer les moyens militaires de Saddam" (Hebdomadaire américain Time).
Général Michel Roquejoffre, commandant les forces françaises dans le Golfe : "30% du potentiel de la Garde républicaine irakienne a été neutralisée".
Le gouvernement irakien accuse les Alliés de "ramener l'Irak des siècles en arrière en le noyant sous les bombes".
Javier Perez de Cuellar, Secrétaire général de l'ONU : La crise du Golfe ne doit pas faire oublier la question palestinienne qui reste "au coeur du conflit arabo-israélien".
George Bush, président des Etats-Unis : "Tout se passe franchement bien là-bas. Je suis sûr que les choses vont se résoudre d'elles-mêmes et cela ne va pas prendre trop longtemps" (Hebdomadaire américain Time).

 

Grèce : A Athènes, des attentats à la bombe visent une banque américaine et la voiture d'un diplomate français, sans faire de victimes.

Sondage :

Sondage BVA - Paris Match : 70% des Français craignent que le conflit ne dégénère.

Chronologie des événements - février 1991

Les bombardements sur l'Irak s'intensifient et les alertes aux SCUD s'enchaînent en Israël et en Arabie Saoudite. Une enquête est lancée après la mort mystérieuse de GI's à Khafji. L'Iran tente des médiations entre l'Irak et les Alliés et propose une conférence de paix à Téhéran. A la demande de George Bush, Colin Powell et Dick Cheney sont en visite dans le Golfe.

Les artilleries alliées se massent le long de la frontière irakienne pour préparer l'offensive terrestre. Des polémiques éclatent en Occident après le bombardement par les Alliés d'une étrange usine de lait en poudre et d'un abri anti-aérien dans le quartier d'Amriya, à Bagdad. A Tel-Aviv, désertée par sa population, les alertes aux SCUD sont quotidiennes. Alors que tout le monde s'attend au déclenchement de l'offensive terrestre, Saddam Hussein se dit prêt à évacuer le Koweït. Sous certaines conditions...

La Turquie reçoit des renforts de l'OTAN pour faire face à une éventuelle attaque de l'Irak. Les médias français se plaignent de la censure imposée par les autorités françaises. Jamais auparavant un conflit n'avait été aussi médiatisé et censuré... L'URSS tente un plan de paix entre l'Irak et les Alliés.
Pendant que le choléra et les pénuries de nourriture font leur apparition à Bagdad, Washington adresse un ultimatum à Bagdad...

Après l'expiration de l'ultimatum, les Alliés lancent une vaste offensive terrestre. Les Américains attaquent la Garde républicaine irakienne, les Britanniques visent Bassorah et les Français prennent As-Salman. Les Saoudiens et les Koweïtiens libèrent Koweït-City. Après 4 jours de guerre, l'armée irakienne est balayée et le Koweït est libéré.

 

Gallerie de photos
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En vidéo


Bientôt l'offensive terrestre ? (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 6 février 1991


Rupture des relations diplomatiques avec l'Irak (2 minutes)
FR3 - Journal de 22h30 (extrait) - 6 février 1991


Les Inconnus : Parodie du journal télévisé (3 minutes)
Antenne 2 - La Télé des Inconnus (extrait) - février 1991


L'aviation alliée (4 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 6 février 1991


L'armement américain dans le Golfe (3 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 6 février 1991


Les jeux vidéos sur la guerre du Golfe (4 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 6 février 1991


L'humour à la télévision israélienne en temps de guerre (3 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 6 février 1991


Allocution de James Baker (6 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 6 février 1991