George Bush lance un ultimatum à Saddam Hussein.
Washington, 10h42. Toutes les télévisions retransmettent l'événement. George Bush sort de son Bureau ovale, et s'approche du pupitre installé dans les jardins. Dans un discours de 3 minutes seulement, le Président américain lance un dernier ultimatum à Saddam Hussein. Faute d'une évacuation du Koweït dans les 24h, l'offensive terrestre alliée sera lancée. Bush a convoqué la presse mondiale à la Maison Blanche pour annoncer cet ultimatum, fixé à la suite d'intenses réunions de consultation entre les pays de la coalition. Il a souligné que sa décision est soutenue par tous les pays alliés. Pour les Alliés, cette offensive doit être déclenchée rapidement : la chaleur du désert irakien est insupportable en mars. En outre, si l'Irak accepte le plan de paix de l'URSS, l'embargo international sera levé. Or, d'après certains experts américains, les sanctions sont nécessaires pour dédommager le Koweït et financer sa reconstruction. De plus, bon nombre d'Américains aimeraient voir Saddam Hussein jugé par un tribunal. Sa capture est donc nécessaire. Par conséquent, demain à midi précis, heure de la côte Est des USA, Saddam Hussein devra entamer un retrait immédiat et sans condition du Koweït pour échapper à cette nouvelle phase de la guerre. C'est donc à 17h GMT (18h à Paris) que le délai expirera.
L'Irak répond à l'ultimatum américain.
Réagissant à l'ultimatum lancé par les Américains, le Conseil de commandement de la révolution irakien le qualifie de "honteux". Le communiqué radiodiffusé précise : "Bush fixe à l'Irak un ultimatum choquant pour que l'Irak se retire demain après-midi comme il le souhaite". Il s'agit d'un "lâche plan de destruction contre l'Irak, les biens civils de l'Irak, aussi bien que des lieux saints et des civils innocents". Avant d'ajouter : "Nous ne respectons pas [George Bush] et nous n'avons pas peur de ses forces d'agression."
Krysztof Skubiszewski, ministre polonais des Affaires étrangères : "La Pologne se prononce catégoriquement pour l'application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité" et soutient fermement les Alliés.
John Major, Premier ministre britannique : L'ultimatum n'est pas "négociable", "la guerre continue" tant qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu.
Benjamin Netanyahou, vice-ministre israélien des Affaires étrangères, approuve "la détermination des Etats-Unis" et qualifie George Bush de "dirigeant qui sait ce qu'il veut et est déterminé à aller jusqu'au bout."
Pierre Joxe, ministre français de la Défense : "Le début des opérations terrestres est maintenant programmé. Il appartient à l'Irak de les empêcher".
Nouveaux bombardements sur Bagdad.
Dans la soirée, plusieurs raids aériens ont lieu sur Bagdad : 12 missiles se sont abattus sur divers quartiers. 3 des 6 ponts de la ville, des bâtiments militaires et de nombreuses maisons sont détruits. C'est la première fois en 15 jours que les Alliés bombardent Bagdad. Face à ce renforcement des bombardements de l'artillerie alliée, les Irakiens annoncent le déclenchement de l'offensive terrestre, information aussitôt démentie par les Alliés.
Nouvelle mission de l'aviation française.
L'aviation française effectue 6 raids aujourd'hui : 3 en Irak et 3 au Koweït. Aucune perte française n'est à déplorer. Désormais, les pilotes français seront chargés de bombarder la frontière irakienne à l'Ouest du Koweït. Cette stratégie vise à préparer une coordination aéroterrestre avec les troupes de Daguet. Les hélicoptères Gazelle ont également effectué des reconnaissances en Irak.
L'URSS propose un nouveau plan de paix.
A 3h du matin (0h GMT), Tarek Aziz confirme les bonnes intentions exprimées lors de son arrivée à Moscou. Bagdad accepte le plan de paix en 8 points de Gorbatchev. Mais ce document sera cependant "actualisé" pour tenir compte de la position irakienne, selon Vitali Ignatenko, porte-parole du Kremlin. Koweït-City devra être évacuée dans les 4 premiers jours du "retrait total et inconditionnel" et les prisonniers de guerre devront être libérés dans les 3 jours suivant le cessez-le-feu. Les Soviétiques ont fait en sorte que Saddam Hussein puisse "sauver la face". Le texte prévoit le début du retrait des troupes irakiennes le 2ème jour après la fin du conflit. Après le départ des 2/3 des forces irakiennes, les sanctions économiques imposées par les Nations Unies devront cesser, les résolutions de l'ONU n'ayant plus lieu d'être après l'évacuation. Le retrait des troupes sera effectué sous le contrôle de pays n'ayant pas participé directement au conflit, et sous l'égide de l'ONU (des casques bleus).
Après avoir salué les "efforts intensifs" de Mikhaïl Gorbatchev, le chancelier allemand Helmut Kohl estime que seul "Saddam Hussein peut donner une chance" à la paix.
Selon un porte-parole officiel, l'Algérie accorde "son plein soutien à l'initiative irakienne qui donne à la paix toutes ses chances en ce moment crucial".
Pour George Bush, président des Etats-Unis, le retrait doit se faire rapidement : "c'est samedi 12h (heure de New York) ou rien !"
John Major, Premier ministre de Grande-Bretagne : C'est "certainement une amélioration" mais "pas suffisante".
Brian Mulroney, Premier ministre du Canada, dénonce "l'extraordinaire duplicité" de l'Irak qui "parle de paix" au Kremlin et "pratique la politique de la terre brûlée au Koweït".
Le roi Hussein de Jordanie souligne le prix de l'initiative soviétique qui "constitue un frein à la guerre et un pas vers la paix car il satisfait tous les objectifs des parties concernées" et déclare qu'elle "mérite le soutien de toutes les instances internationales".
Les autorités de Cisjordanie regrettent que l'URSS ne fasse pas "mention de la Palestine" dans son plan de paix en accusant les Américains d'en être à l'origine, et reproche aux USA de ne "pas vouloir de paix" avec l'ultimatum imposé à l'Irak.
Prince Faisal ben Bandar, ambassadeur d'Arabie Saoudite à l'ONU, regrette qu'il y ait "trop de conditions".
Les autorités syriennes déclarent étudier "avec intérêt" le plan de paix soviétique.
Pour les autorités iraniennes, "c'est une percée" vers la paix.
Concert de solidarité en France.
Les artistes français se mobilisent pour apporter leur soutien aux hommes de Daguet. Radio-Nostalgie organise un spectacle à Nice, présidé par Gilbert Bécaud, où se produisent entre autres Dave, Eric Charden, Herbet Léonard, Gilbert Montagné, Jacky Quartz, les Vagabonds, Début de soirée, Fabienne Thibault... La radio prévoit même d'envoyer aux soldats français basés en Arabie 14.000 cassettes reprenant les meilleurs moments du spectacle.
Déminage saoudien en territoire irakien.
Une patrouille saoudienne est parvenue à pénétrer sur le territoire koweïtien, pour procéder à un déminage en vue de l'offensive terrestre. Les soldats saoudiens ont pu désamorcer 75 mines, ouvrant ainsi une large brèche dans ce champ de mines de la frontière koweïto-saoudienne. Au même moment, les Irakiens annoncent avoir repousser une offensive alliée en infligeant de lourdes pertes matérielles et humaines à l'ennemi dans le secteur d'Al-Mansour. D'après les Alliés, il s'agirait d'opérations de routines.
Marlin Fitzwater, porte-parole de la Maison Blanche, fait un bilan : 55.000 tonnes de bombes ont été larguées sur l'Irak et le Koweït en cinq semaines.
Le leader de l'OLP, Yasser Arafat, déclare aux Alliés que "même si l'on gagne une bataille militairement, on peut la perdre politiquement" en faisant référence à la crise de Suez, où les forces françaises et britanniques attaquèrent l'Egypte en 1956 avec la complicité d'Israël peu après la nationalisation du Canal de Suez.
Les Irakiens pratiquent la politique de la terre brûlée. Au cours des dernières 24h, 140 puits de pétrole supplémentaires ont été incendiés pour paralyser l'aviation alliée avec un rideau de fumée noire. De nombreuses installations pétrochimiques ont également été détruites.
Un missile SCUD irakien est lancé vers l'Arabie Saoudite. Intercepté par un Patriot américain, il est détruit en vol. Mais l'alerte chimique a été déclenchée, les autorités craignant une attaque non conventionnelle de l'Irak pour déstabiliser le déclenchement de l'offensive terrestre.
Le lieutenant-colonel Ralph Hayles, originaire de Corpus Christi (Texas), a été relevé de ses fonctions. Pilote d'un hélicoptère Apache, il avait tiré il y a quelques jours un missile Hellfire sur un véhicule blindé américain posté en observation alors que sa mission était de bombarder un convoi irakien. Cette méprise a coûté la vie à 2 GI's.
L'Irak lance un missile SCUD sur Israël sans faire de victime.
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Sondage ABC-NEWS: 73% des Américains ne pensent pas que l'URSS mettra fin à la guerre avec son plan de paix, contre 21% qui pensent le contraire. 47% des Américains se disent prêts à négocier avec l'Irak, contre 50% qui rejettent cette éventualité. Malgré cela, la guerre est toujours populaire : 81% des Américains la soutiennent, contre 17% qui s'y opposent.
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