vendredi 1er mars

Retour en France des soldats tués en Irak.
Arrivée sur une base militaire du Loiret des dépouilles des 2 soldats français tués en Irak, à As-Salman. Ils étaient partis avec leur régiment il y a à peine 15 jours pour déminer les territoires irakien et koweïtien. Lors d'une cérémonie solennelle, le sergent Schmitt et le caporal-chef Cordier sont décorés à titre posthume par le ministre de la Défense, Pierre Joxe, avant de repartir, l'un pour Bayonne, l'autre pour Mogienne, pour y être enterrés en présence des familles.

Saddam Hussein n'était pas un objectif de la Coalition.
Alors que Radio-Bagdad crie victoire, la presse internationale révèle que 2 avions de transport irakiens étaient, durant tout le conflit, toujours prêts à décoller de l'une des bases situées autour de Bagdad pour évacuer Saddam Hussein. Car si les événements avaient mal tourné, ou si les Alliés étaient entrés dans la capitale irakienne, le Raïs et ses proches se seraient alors envolés à destination du Yemen ou de la Libye. L'aviation alliée, qui n'ignorait pas la présence sur ces bases de ces 2 appareils, n'a pas tenté une seule fois de les détruire. La chute de Saddam Hussein n'était pas un objectif de la guerre : pour l'Occident, mieux vallait en effet Saddam Hussein au pouvoir à Bagdad à l'issue du conflit que Saddam Hussein mort ou enfermé en Amérique et un pouvoir islamiste en Irak...

 George Bush s'exprime sur un exil forcé de Saddam Hussein.
Malgré le démenti officiel des autorités algériennes, la rumeur sur un éventuel retrait de Saddam Hussein de la vie politique irakienne persiste. Lors d'une conférence de presse, le président George Bush explique : "Il y a des rumeurs, mais on ne sait pas vraiment ce qui se passe à Bagdad". James Baker, Secrétaire d'Etat, renchérit : "Les conditions de renversement ou d'exil de Saddam Hussein doivent être discutées par les partenaires de la coalition".

La Jordanie veut tourner la page.
Lors d'une conférence de presse axée sur l'après-guerre, le roi Hussein de Jordanie "presse le monde arabe à répondre à l'angoisse des Palestiniens". D'un ton grave, et réaliste, il énumère toutes les difficultés dont son royaume est la proie. Face à de graves difficultés économiques et politiques (son soutien à l'Irak a énormément agacé les Etats-Unis et le monde arabe ; son refus de s'engager militairement a déçu la population jordanienne majoritairement palestinienne), le roi souhaite une rapide réconciliation entre tous les Arabes. La survie de la Jordanie, tiraillée entre l'Irak et les Palestiniens d'un côté, et les coalisés de l'autre, semble en dépendre...

Bilan de la Royal Air Force.
Les Tornado britanniques déployés en Arabie Saoudite n'ont pas eu l'occasion d'affronter le moindre appareil irakien en combat aérien, et ce malgré les 360 missions de guerre qu'ils ont menées pendant l'opération Tempête du désert. De leur côté, les Buccaneer ont effectué 218 sorties opérationnelles. Les 9 avions VC10 de ravitaillement en vol ont accompli 1.350 h de vol en 381 sorties, la plupart à proximité ou au-dessus du territoire irakien. Enfin, les pilotes des 22 Jaguar formant le JagDet ont accompli 922 h de vol en 617 sorties de combat. Au total, les 135 avions britanniques, dont 18 Tornado F.3, 46 Tornado GR.1 et GR.1A, 12 Jaguar GR.1 et 12 Buccaneer S.2, ont effectué 6.100 sorties de combat pendant la guerre du Golfe.

En bref :
Au total, les 27 Jaguar français engagés dans l'opération Tempête du désert ont effectué 615 sorties de combat représentant 1.088 h de vol. La plupart de ces appareils venaient de France, mais certains d'entre eux furent prélevés au Tchad, où ils assuraient la défense de cet Etat contre les rebelles d'obédience libyenne.

Il y a quelques mois, on comptait plus de 500.000 Palestiniens vivant au Koweït. Désormais, ils ne sont plus que 150.000. Suite au soutien de Yasser Arafat pour Saddam Hussein, de nombreux Palestiniens, considérés comme collaborateurs des Irakiens et pris pour cible par la population koweïtienne, ont préféré fuir l'émirat dévasté.

 En Arabie Saoudite, des prisonniers irakiens révèlent que des "gardes spéciaux" étaient chargés d'exécuter les déserteurs.

 Les relations diplomatiques entre la France et l'Irak étant rompues depuis le 6 février, le ministère français des Affaires étrangères informe que ce sera désormais l'URSS qui représentera les intérêts français en Irak, et les intérêts irakiens en France.

 Les Alliés estiment entre 20.000 et 40.000 le nombre de Koweïtiens aux mains des Irakiens. Washington craint que les Irakiens ne se servent de ces prisonniers, pour la plupart civils, comme monnaie d'échange pour la signature des accords de cessez-le-feu.

 Dans le désert irakien, des accrochages ont lieu entre des soldats irakiens, qui ignoraient le cessez-le-feu, et des soldats américains.

 Dans le désert, 2 médecins de l'armée américaine sont tués par l'explosion d'une mine.

samedi 2 mars

Nouvelle violation du cessez-le-feu dans le désert irakien.
De violents accrochages ont lieu dans le Sud-Ouest de l'Irak, dans la région de Bassorah. Plus de 140 chars (essentiellement des T-72) et blindés de toutes sortes de la garde présidentielle irakienne tentent une percée contre les troupes américaines pour éviter l'encerclement par les Alliés de la région de Bassorah. Une colonne de chars irakienne, en tentant de fuir vers le nord, ouvre le feu sur la 24ème division d'infanterie américaine qui riposte aussitôt. La colonne est totalement détruite et de nombreux soldats sont faits prisonniers. L'état-major américain ne fait part d'aucune perte alliée, mais reste muet sur les pertes irakiennes. Il s'agirait du plus grave incident depuis le cessez-le-feu survenu il y a déjà 3 jours. Il semblerait en fait que l'ordre de baisser les armes ait énormément de difficultés à circuler au sein des troupes irakiennes...

Violents affrontements entre Irakiens et Koweïtiens à Koweït-City.
La chaîne espagnole TVE filme les violents affrontements qui opposent des soldats koweïtiens et américains aux poches de résistance irakiennes dans plusieurs quartiers de Koweït-City. Et à chaque coin de rue, les réglements de compte contre les collaborateurs, ou considérés comme tels, qui se produisent choquent la communauté internationale. 3 jours après la fin des combats, le calme n'est toujours pas revenu dans l'émirat et il est toujours très risqué de s'aventurer dans les rues de Koweït-City...

 Un journaliste révèle des exactions commises contre des Irakiens.
Le quotidien français Le Progrès publie aujourd'hui le reportage d'un de ses envoyés spéciaux dans le Golfe qui a fait une étrange découverte à Koweït-City. Ce journaliste a en effet visité, avec d'autres correspondants de la presse mondiale, la morgue de Koweït-City pour voir des cadavres verdâtres, présentant des hématômes, partiellement recouverts d'un linceul et décrits comme des Koweïtiens victimes de la "torture à l'acide" pratiquée par les Irakiens. Le journaliste du Progrès soulève alors un linceul et voit que le corps porte un uniforme irakien, de même que la plupart des cadavres entassés dans cette morgue... Interrogé sur cette découverte, le colonel français Monier-Vinard explique : "Il y a eu désinformation, euh..., je veux dire exagération sur les atrocités commises par les Irakiens". Un lapsus révélateur ?

 Le sort des prisonniers de guerre.
Pour les Alliés, la libération de tous les prisonniers de guerre est la priorité des accords de cessez-le-feu. En effet, une rumeur circulant au sein des état-majors alliés indiquerait que deux soldats britanniques, capturés par les Irakiens, auraient été torturés et exécutés. Du côté allié, et conformément à la Convention de Genève, les prisonniers irakiens (dont le nombre varie entre 50.000 et 80.000 selon les sources) perçoivent une solde de 150 Francs (23 €) par mois, et jusqu'à trois fois plus pour les officiers. D'après l'état-major français, les soldats irakiens affirment préférer être prisonniers chez les Alliés que libres en Irak...

En bref :
Radio-Bagdad évoque pour la première fois la réunion prévue demain à Safwan, pour la signature des accords de cessez-le-feu entre les Alliés et les Irakiens. Et le principal quotidien irakien, Al-Joumhouriya, expose le point de vue du gouvernement irakien : "la présence des forces militaires alliées et agressives sur le territoire irakien contredit le cessez-le-feu".

Dans son journal de 20h, la chaîne française Antenne 2 diffuse un reportage sur l'autocensure des télévisions britanniques qui ont refusé de diffuser des images de pacifistes. Etrangement, rien n'est dit sur l'autocensure des télévisions françaises, dont Antenne 2...

D'après les autorités du Koweït, où l'eau et l'électricité font toujours défaut, plus de 33.000 personnes, civils et militaires, sont portées disparues.

D'après l'Agence France - Presse, plusieurs milliers d'Irakiens manifesteraient dans le sud de l'Irak (à Bassorah, Samawah et Nasiriyah) contre le régime de Saddam Hussein.

Les soldats français ont désormais pour tâche le déminage complet de la plage de Koweït-City. 150 démineurs sont à pied d'oeuvre pour désamorcer les milliers de mines irakiennes de fabrication italienne (les plus redoutées) et soviétique. Ce qui devrait prendre, d'après l'état-major français, au moins trois jours.

L' équipe de 4 journalistes de la chaîne américaine CBS capturée à la frontière koweïto-saoudienne il y a 7 semaines est relâchée à Bagdad par les autorités irakiennes. Leur libération était réclamée depuis quelques jours par le gouvernement soviétique.

dimanche 3 mars

27 journalistes occidentaux enlevés par l'armée irakienne.
L'armée irakienne capture 27 journalistes occidentaux de la presse écrite et télévisée, dont 15 Français. Des équipes de TF1 (Bruce Frankel, François Doré, Patrick Michel, Patrick Bourrat), d'Antenne 2 (Hervé Brusini, Gilles Tremel, Franck Brisset, Joël Gauthier), de La Cinq (Loïc Madeline, Pascal Richard), de RMC (Pierre Thebaut), des quotidiens Libération (François Came) et Le Monde (Françoise Chipaux), de l'hebdomadaire L'Evénement du Jeudi (François Landon), du mensuel Raids (Yves Debay), ainsi qu'un reporter de l'agence Odyssey (Eric Bouvet), de la radio américaine National Public Radio (Neal Conan, Santiago Lyon), des télévisions italienne Canal 5 (Gabriella Simoni), américaines CNN (Greg Lamotte, Tyrone Edwards) et CBS (Tom Dickey), et de la presse écrite italienne Panorama (Giovanni Porzio) et Resto del Carlino (Lorenzo Bianchi), américaine US News (Jacques Langevin, Ron Jacques, John Giordano), Life Magazine (Tony O'Brien, Ed Barnes), New York Times (Chris Edges), Philadelphia Inquirer (Todd Buchanan) et Time (Christopher Morris, Anthony Suan), sont emmenés de force dans un camp militaire irakien.

En bref :
 Intervenant sur les chaînes de télévision françaises, le président François Mitterrand se félicite du rôle de l'armée française dans le conflit.

lundi 4 mars

En Occident, c'est l'heure des critiques contre l'Allemagne.
"L'Allemagne a aidé Saddam à fabriquer ses armes, mais n'a pas aidé les Alliés à se battre" expliquait récemment le quotidien américain Wall Street Journal. Durant l'automne 1990, l'Allemagne a brillé dans le monde par son absence. Mais la chute des SCUD irakiens sur Tel-Aviv a provoqué un électrochoc à Bonn. Le gouvernement allemand a donc remplacé sa politique de l'autruche par une "diplomatie du chéquier" : 15 milliards de Deutchmarks pour les USA, des millions pour Israël et divers pays arabes. L'opinion publique, pro-alliée, est écoeurée par ce que la presse américaine appelle "la quête aux indulgences". On se souvient également des manifestations anti-allemandes à Tel-Aviv durant le conflit. Brigitte Seebacher-Brandt, épouse de l'ancien chancelier Willy Brandt (qui s'est rendu à Bagdad en novembre 1990), s'indigne sur tous les plateaux de télévision. "Pourquoi ne dit-on pas que les troupes américaines sont parties de Ramstein? Que nous contribuons à l'effort au financement des troupes britanniques et que nous versons des milliards aux Américains? Pourquoi se sentir toujours obligé de s'acheter une bonne conscience?" Et comme preuve de repenti, le chancelier Helmut Kohl annonce une modification législative permettant aux troupes allemandes une contribution hors-zone OTAN. Une idée qui n'est pas au goût de tous les Allemands : le président Weizsäcker déculpabilise ses compatriotes : "Je suis sûr que le monde n'a pas envie de voir une nouvelle fois comme les Allemands peuvent être de bons soldats..."

En bref :
 La France rouvre son ambassade de Koweït-City, pillée le 14 septembre et fermée depuis le 29 octobre 1990.

mardi 5 mars

Création d'une force arabe commune.
Ajourd'hui et demain se réunissent, dans un hôtel de Damas, les 8 ministres des Affaires étrangères des pays arabes de la coalition pour débattre de la paix dans le Golfe. L'Egypte, la Syrie et les monarchies du Golfe conviennent de créer une force arabe commune permanente. Ainsi, pour compenser le retrait des troupes occidentales du Golfe, la Syrie devrait doubler son contingent en Arabie Saoudite (où sont déjà stationnés 20.000 soldats) et les effectifs des troupes égyptiennes devraient prochainement passer à 110.000 hommes. Les 8 ministres se sont également entendus sur leur prochain sommet qui aura lieu symboliquement à Koweït-City.

 Fin du travail des démineurs français.
Les sapeurs du 17^ème régiment du génie parachutiste français, unité basée à Montauban, ont finalement mis 5 jours pour déminer la principale plage de la capitale de l'émirat, le palais Bayane, futur siège du gouvernement, les ambassades du Canada et de France, ainsi qu'un hôpital pour enfants. Leur travail a été rapide et soigné : pas un seul blessé. La plupart des engins neutralisés étaient des mines anti-personnel, de fabrication soviétique, et des mines bondissantes, de conception italienne. Celles-ci ont la particularité d'exploser à 1,50 mètre du sol lorsqu'elles ont été activées.

Interview de Yasser Arafat dans le Temps.
Le principal quotidien suisse publie une interview exclusive de Yasser Arafat, dans laquelle le chef de l'OLP se dit inquiet de la situation des Palestiniens dans le Golfe. D'après lui, 30 Palestiniens auraient été tués lors de réglements de compte au Koweït, et 60.000 Palestiniens du Koweït auraient récemment trouvé refuge en Jordanie. Ce qui fait craindre à Yasser Arafat d'importants massacres à l'encontre de son peuple. Amnesty International fait part des mêmes craintes. L'association lance en effet un appel à la protection des Soudanais, des Irakiens et des Palestiniens vivant au Koweït.

Libération des prisonniers de guerre alliés.
Pour la première fois depuis sa capture à Khafji, Melissa Rathbun, l'une des 2 femmes prisonnières de la guerre du Golfe, appelle sa famille par téléphone. Elle vient d'être libérée avec 34 autres prisonniers alliés. Hélas, une tempête s'étant abattue sur Bagdad, l'avion devant les amener en Arabie Saoudite ne peut décoller. Leur libération, qui sera suivie en échange de la libération de 300 prisonniers irakiens, est donc reportée d'une journée. 10 prisonniers alliés ont déja été libérés il y a quelques jours (6 Américains emmenés sur un navire-hôpital à Bahreïn ; 3 Britanniques conduits à Chypre et un Italien ). Leurs déclarations rassurent les états-majors alliés : ils n'auraient subi aucunes maltraitances, et leurs blessures qui avaient choqué l'Occident lors de leurs passages forcés à la télévision irakienne seraient en fait dues aux éjections de leur appareil...

En bref :
Dans un rapport, un universitaire marocain estime à 300.000 le nombre de victimes irakiennes dû aux bombardements alliés sur l'Irak.

La plus haute instance irakienne, le Conseil de commandement de la révolution, considère toutes les lois concernant l'annexion du Koweït comme étant "nulles et non avenues".

 Les premiers soldats français de retour du Golfe se posent sur la base militaire de Toul. Il s'agit de 4 Jaguar et d'un avion-ravitailleur.

mercredi 6 mars

Nouvelles disparitions de journalistes près de Bassorah.
3 Britanniques de la chaîne de télévision ITN (Andrew Simmons, Sam Gracie, Michael Gillens), 2 Brésiliens du quotidien Estrado de Sao Paulo (William Waack, Mello Melio) et 2 Norvégiens n'ont plus donner signe de vie à leurs rédactions depuis quelques jours. Ils sont désormais plus d'une trentaine à être portés manquants. Sous la pression de la France (15 journalistes français sont aux mains des Irakiens), l'URSS, qui représente désormais les intérêts français en Irak, accepte d'intervenir auprès des autorités de Bagdad pour obtenir leur libération.

Soulèvements populaires au Sud de l'Irak.
Des soulévements populaires se produisent dans le sud chiite de l'Irak, dans la région de Bassorah, et dans le nord kurde. Incapable de ramener l'ordre dans ces régions, le vice-ministre irakien de l'Intérieur est remplacé par l'un des cousins de Saddam Hussein, qui avait déjà réprimé une révolte kurde en 1989. Sa première mesure est d'augmenter les primes des soldats de la Garde républicaine, qui est restée fidèle au gouvernement lors de la guerre.

En bref :
Le gouvernement koweïtien, toujours en exil, remercie officiellement la France, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Paris, pour son rôle dans la libération de son pays.

Le Département d'Etat américain demande aux autorités koweïtiennes de protéger les Palestiniens se trouvant encore dans l'émirat.

Alors qu'une réunion a lieu depuis hier au Vatican, regroupant des évèques de tous les pays concernés par la guerre du Golfe, le pape Jean-Paul II annonce son intention de se rendre à Jerusalem "le jour où les circonstances le permettront" pour aporter aux Juifs et aux Musulmans "un message de paix pour l'Humanité".

Au Koweït, les arrestations de Palestiniens se multiplient alors que l'opposition réclame des réformes. Le Premier ministre promet des élections libres, dès que la situation le permettra, sans fixer de date.

Sur l'aéroport de Riyad, 35 anciens prisonniers alliés (britanniques, américains, koweïtiens et saoudiens) descendent de l'avion affrété par le Croissant-Rouge en provenance de Bagdad. Ils sont accueillis sur la piste par le commandant en chef de la coalition : Norman Schwarzkopf. Puis l'avion repart pour l'Irak avec à son bord 295 anciens prisonniers irakiens.

Le gouvernement algérien s'interroge sur la spontanéité des révoltes kurdes et chiites en Irak, et y voit plutôt une manière, pour les services secrets américains, de renverser Saddam Hussein.

L'après-guerre reste difficile au Koweït : l'ancien député koweïtien Hamed al-Jooan, du Mouvement Constitutionnel pour la Démocratie, est blessé par balle à la main par un Koweïtien extrémiste. Al-Jooan est l'un des 6 des 50 anciens députés koweïtiens (le Parlement a été dissout en 1986) à avoir refusé de quitter le Koweït pendant l'occupation irakienne.

jeudi 7 mars

Libération des journalistes occidentaux.
Les 34 journalistes capturés les 3 et 6 mars sont libérés par les autorités irakiennes. Ils étaient détenus dans de petites maisons aménagées en camp militaire au coeur des marais, à une dizaine de kilomètres de Bassorah. Ils étaient 34, entassés dans 2 pièces de 25 m² pour l'une, 8m² pour l'autre. Ils dormaient par terre, dans des couvertures, recevant pour se nourrir de la purée de dattes, de rares morceaux de poulet, de pain et une bouteille d'eau pour 6. Ils ont tous été remis aujourd'hui à la Croix-Rouge.

 L'armée française tire les leçons de la guerre du Golfe.
"French troops have done an absolutely superb job" explique le général Schwarzkopf. Ce commentaire devient le slogan de la nouvelle campagne publicitaire de l'Aerospatiale pour vendre ses hélicoptères "made in France". Et pourtant, la guerre du Golfe à peine terminée, les experts s'interrogent déjà sur l'influence de l'armée française dans le conflit. Et de nombreuses faiblesses leur sont apparues : un porte-avions transformé en porte-camions ou porte-hélicoptères ; un régiment de chars AMX-30 qui étaient les plus vieux chars, et donc les plus vulnérables, du champ de bataille ; des avions Jaguar sans radar, donc sans possibilité d'attaquer de nuit ; des régiments entiers qu'il a fallu professionnaliser en catastrophe pour qu'ils partent pour le Golfe ; un état-major totalement dépendant des satellites, donc des informations, de l'armée américaine... Lors de sa conférence de presse du 3 mars, François Mitterrand expliquait que "tout en constatant la qualité de nos matériels, nous devons les moderniser et les adapter constamment à l'évolution des techniques". Les choix politiques hasardeux, les réductions chroniques du budget de la Défense, l'étalement des programmes militaires ou encore les lobbys industriels (les industries françaises étant prioritaires dans la fourniture d'armements aux troupes françaises) montrent désormais, après la libération du Koweït, que la France n'a plus les moyens de disposer de ses trois armées (la dissuasion nucléaire, qui représente 30% du budget de la Défense ; le contingent et les professionnels)...

vendredi 8 mars

Le retour des premiers déportés koweïtiens.
Le premier autobus scolaire rempli de déportés koweïtiens est arrivé dans la capitale de l'émirat en fin de matinée. En tout, ce sont 1.200 hommes affamés, assoiffés mais heureux, qui ont été amenés de la frontière irakienne, où ils avaient été abandonnés en pleine nuit après avoir passé 15 jours dans les geôles de Bassorah. Ce sont les premiers rentrés des quelque 2.000 civils koweïtiens déportés juste avant le retrait irakien de l'émirat.

En bref :
Premiers arrivés, premiers repartis. C'est grâce à cette règle que les premiers GI's, en poste en Arabie Saoudite depuis août 1990, rentrent aux USA.

samedi 9 mars

Patriotisme sans précédent aux Etats-Unis.
La victoire américaine dans le Golfe a provoqué un patriotisme sans précédent aux USA. On ne compte plus les commerces qui profitent de la victoire. Ainsi, en Arizona, un tatoueur dessine sur la peau de l'avant-bras un drapeau à l'effigie des pilotes de F-15 américains. "Vous gagnerez à coup sûr avec le sandwich 'Tempête Norman' " promet un fast food de Californie. 75 de ces hamburgers ont déjà été vendus en une seule journée. Dans le New Jersey, les véhicules d'un loueur de voitures portent une bannière étoilée à leur antenne. La maison d'édition HBJ, est en rupture de stocks après le succès de sa biographie sur George Bush. L'éditeur a dû réimprimer 50.000 exemplaires en catastrophe. Idem pour le livre d'Alma Powell, l'épouse de Colin Powell, chef d'état-major interarmées. La société Turner Broadcasting, propriétaire de CNN, met en vente à la hâte 200.000 VHS "Desert Storm : la guerre commence" avec un supplément baptisé "Desert Storm : la victoire".

dimanche 10 mars

En bref :
La collection d'art islamique du musée du Koweït a été sauvée in extremis. Sur les 7.000 joyaux, seules 100 pièces ont échappé au pillage des Irakiens : elles étaient exposées à Moscou. Aucun remboursement n'est prévu par les assurances... qui avaient exclu les dommages de guerre.

Il faudra plus d'un an à l'US Army pour écouler les 900 millions de dollars de rations alimentaires sous vide de l'opération Tempête du Désert. La majeure partie du stock sera réservée aux urgences humanitaires. Quant aux chars soviétiques T-72 saisis à l'armée irakienne, ils seront revendus... à des pays étrangers.

lundi 11 mars

Michel Charasse raconte Koweït-City.
La capitale koweïtienne "n'est pas Beyrouth, seuls quelques bâtiments comme l'aéroport, les grands hôtels et le palais de l'émir Jaber sont très abîmés." Ainsi, Michel Charasse décrit la capitale du Koweït qu'il a visitée après avoir rencontré à Taef, en Arabie Saoudite, l'émir Jaber à qui il a remis une lettre de François Mitterrand. "Les rues de Koweït-City sont dans un état normal ; elles ne sont pas défoncées comme je m'y attendais. Je n'ai vu ni détritus, ni cadavres d'animaux, ni destruction massive", poursuit le ministre du Budget. "Les Irakiens ont emporté tous les matériaux et les machines de construction et ils ont démonté les installations technologiques." En revanche, à la résidence de l'ambassade de France, aucun objet ou tableau, aucun meuble n'a bougé : "Un couple de Koweïtiens l'a scrupuleusement entretenue".

Les richesses de l'Irak selon le FMI.
Le Fonds Monétaire International a fait faire une étude (qui ne sera pas publiée) sur les "occasions manquées" par l'Irak. A l'heure actuelle, le revenu irakien par tête est au niveau de celui de la Côte d'Ivoire. Or l'Irak est beacoup plus riche que ce pays d'Afrique. Le pétrole irakien peut être exporté au rythme de 2,5 millions de barils par jour, soit 15 milliards de dollars de rentrées par an (5.000 francs par an et par habitant). L'armée surdimensionnée de Bagdad a coûté 10 ans de rentrées pétrolières.

mardi 12 mars

En bref :
Plus de 2.000 Koweïtiens réclament un visa pour quitter leur pays. Ils accusent les autorités de ne rien faire pour reconstruire l'Emirat.

mercredi 13 mars

En bref :
Le gouvernement koweïtien lance un appel au monde entier pour éteindre les 650 puits de pétrole toujours en feu.

jeudi 14 mars

James Baker revient bredouille du Proche Orient.
James Baker est rentré bredouille de sa première tournée au Proche Orient, qui l'a emmené en Arabie Saoudite, en Egypte, en Israël et en Syrie. Mais il n'a pas perdu tout espoir de réussir dans les mois à venir à débloquer le contentieux israélo-arabe. Le chef de la diplomatie américaine a été chargé par George Bush d'entreprendre une série de missions dans la région en vue d'amener Arabes et Israéliens à accepter enfin de s'asseoir autour d'une même table.

Retour à Koweït-City de l'émir du Koweït.
Le Boeing 727 blanc et bleu, les couleurs de la compagnie nationale Kuwait Airways s'est posé sur le tarmac à 16h40. C'est en homme fatigué, courbé, prématurément vieilli par l'émotion, que le Cheikh koweïtien descend et se prosterne pour embrasser le sol national, qu'il n'avait pas revu depuis son départ en exil, il y a sept mois et demi. Le cheikh Jaber al-Ahmed al-Sabah, venu de Taëf, en Arabie Saoudite, est le dernier membre du gouvernement koweïtien à rentrer au pays, 16 jours exactement après la libération de l'Emirat.

En bref :
 Le président français François Mitterrand reçoit son homologue américain George Bush en Martinique pour préparer l'après-guerre.

vendredi 15 mars

En bref :
 Pierre Joxe, rministre français de la Défense, rend visite aux troupes françaises à Riyad. Il écoute As-Salman Blues, un numéro crée et chanté par le général Gazeau en hommage à la division Daguet. Il annonce par la même occasion un renforcement des missions françaises à Koweït-City pour des actions humanitaires.

samedi 16 mars

Soulèvements populaires sanglants en Irak.
Face au déluge des communiqués contradictoires diffusés par Bagdad et par les rebelles kurdes, la seule certitude est que l'Irak s'enfonce dans l'horreur. Moins de 3 semaines après la fin du conflit dans le Golfe, l'Irak est confronté dans le Nord à un sanglant soulèvement des peshmergas, ces maquisards kurdes qui se battent pour leur indépendance depuis des décennies. Leur révolte et celle des chiites dans le Sud menace l'Irak d'éclatement, mais Saddam Hussein demeure résolu à mater les rebelles. Ainsi, alors que les 3/4 du pays sont en proie aux révoltes, le président irakien vient de faire un discours particulièrement combatif, sa première allocution radiotélévisée depuis la fin de la guerre du Golfe. Il a affirmé que son armée a déjà remporté des "victoires historiques" contre les peshmergas et qu'elle écrasera rapidement les "bandes de traîtres haineux" qui menacent son régime. Au même moment, la résistance kurde affirmait contrôler la quasi-totalité de la région autonome du Kurdistan irakien, et notamment des villes d'Amadiya, près de la frontière turque, et de Chaykhan, près de Mossoul. Les rebelles ont aussi accusés les forces gouvernementales de bombarder des localités kurdes au napalm, et la ville de Nadjaf aurait été attaquée au gaz moutarde. De plus, en quelques jours, les attentats contre Saddam Hussein se seraient multipliés : le dernier en date, à Babylone, l'aurait blessé par balle à la main gauche.

Premier sommet de l'OPEP depuis la guerre du Golfe.
Premier sommet de l'OPEP (Organisation des pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole) à Genève depuis la guerre du Golfe. L'Arabie Saoudite, grands vainqueur du conflit, refuse d'augmenter le prix du baril de pétrole et répond favorablement à la demande du Koweït de produire du pétrole à sa place. Lors de cette réunion très attendue, l'Algérie accuse l'Arabie Saoudite de faire le jeu des USA en produisant plus de quatre millions de barils de pétrole par jour sans vouloir en augmenter le prix. Quant au Koweït, où la situation est catastrophique, on estime que les 500 puits de pétrole encore en feu (sur un millier) font perdre 640 millions de litres de pétrole chaque jour à l'émirat, soit deux fois sa production quotidienne d'avant la guerre. Les experts estiment qu'il faudra encore au moins deux ans au Koweït avant de pouvoir exporter son pétrole.

En bref :
Avec l'accord des USA, la Banque mondiale accorde à l'Iran un prêt de 250 millions de dollars, façon de remercier Téhéran pour sa neutralité dans la guerre du Golfe.

Le Premier ministre britannique John Major reçoit George Bush en visite officielle aux Bermudes pour préparer l'après-guerre.

Un sommet de la CEE au Luxembourg est réclamé par la France pour réfléchir sur l'après-guerre du Golfe.

dimanche 17 mars

En bref :
Réagissant au premier discours de Saddam Hussein depuis la guerre du Golfe, qui affirme avoir écrasé les rébellions chiites et kurdes, et promet une nouvelle constitution et des élections libres en Irak, le président américain George Bush déclare que "la crédibilité du Président irakien est nulle".

 Arrivé hier à Washington, le Premier ministre français Michel Rocard a rencontré le président Bush. Ce dernier en a profité pour faire l'éloge de la complicité franco-américaine dans la crise du Golfe.

Le Secrétaire d'Etat américain James Baker se rend à Ankara pour remercier le gouvernement turc pour son soutien dans la crise du Golfe, ce qui constitue une manière de condamner les nombreux attentats d'extrême gauche contre les intérêts américains qui ont eu lieu en Turquie depuis le 15 janvier dernier.

lundi 18 mars

En bref :

Le lendemain de son retour d'Arabie Saoudite, où il a servi plusieurs mois une batterie de Patriot, Anthony Riggs, un GI de 22 ans, est abattu dans le centre de Chicago. Son décès provoque beaucoup d'émotion aux USA.

mardi 19 mars

Le rapatriement des soldats du Golfe.
Le principe appliqué par l'état-major américain est simple : les premiers GI's envoyés dans le Golfe seront les premiers à rentrer au pays. 9 jours après le début de la phase écho, la plus vaste opération de rapatriment de troupes entreprise par l'armée américaine depuis la fin de la guerre du Viêt-nam, 70.000 hommes et 50.000 tonnes de matériel de guerre ont déjà été rapatriés aux USA par air et par mer. Les premiers des quelque 540.000 GI's envoyés dans le Golfe à être évacués ont été ceux de la 82^ème Airborne. Ils étaient arrivés dans le royaume saoudien dès le mois d'août dernier.

mercredi 20 mars

La chute du gouvernement koweïtien.
Le cabinet dirigé par le Premier ministre et prince héritier saoudien, Saad Abdallah al-Sabah, jette l'éponge 15 jours à peine après sa mise en place, victime du mécontentement de la population. En effet, celle-ci, toujours privée d'eau et d'électricité, réclame en vain des réformes démocratiques. Malgré les promesses faites par l'Emir, le gouvernement n'a fait aucun geste concret, et les Koweïtiens se posent bien des questions sur l'avenir de leur pays, dévasté par l'occupation irakienne.

En bref :
Bonn (capitale de la RFA) décide d'envoyer des experts aux USA pour contrôler les comptes du Pentagone. Les Alliés ont promis 54 milliards de dollars aux Américains, alors que la guerre n'aurait coûté "que" 30 à 45 milliards.

jeudi 21 mars

Crash d'un C-130 transportant des soldats sénégalais : 92 morts.
Dans le désert saoudien, un Hercules C-130 de l'armée de l'air saoudienne s'est écrasé près de la frontière koweïtienne, alors que le pilote tentait d'atterrir à Ras al-Mishab. L'avion transportait 95 soldats sénégalais, dont trois ont miraculeusement survécu à la catastrophe. Le vol venait de la Mecque, où ces 95 Sénégalais avaient effectués un pèlerinage offert par le gouvernement saoudien pour les récompenser d'avoir participé à l'opération Tempête du désert, où ils faisaient partie du contingent sénégalais fort de 495 soldats. Selon le ministère saoudien de la Défense, le drame est dû à la mauvaise visibilité provoquée par la fumée des puits de pétrole incendiés par les troupes irakiennes au Koweït.

vendredi 22 mars

 L'exode des populations kurdes.
Des milliers de femmes, d'enfants et de vieillards kurdes fuient les combats qui font rage dans le nord du pays entre forces gouvernementales et rebelles kurdes. Ces réfugiés tentent désespérément de trouver un abri dans les zones montagneuses près de la frontière turque. Beaucoup d'entre eux sont partis de Kirkouk, la capitale économique et pétrolière du Kurdistan irakien. C'est dans cette ville, aux mains des peshmergas depuis quatre jours, que se déroulent les combats les plus violents. Jour et nuit, l'artillerie lourde irakienne, déployée dans les faubourgs, bombarde les positions rebelles.

"You fly you die" (Tu voles tu meurs).
Pour la seconde fois en 48 heures, Norman Schwarzkopf a mis sa menace à exécution. Aux termes des accords de cessez-le-feu conclus avec Bagdad le 3 mars, aucun avion de combat irakien n'est autorisé à décoller, sous peine d'être immédiatement abattu. C'est le sort qui vient d'être réservé à un chasseur Sukhoï Su-22 Fitter, détruit en vol près de Kirkouk, dans le nord du pays, par un missile Sidewinder tiré par un F-15C Eagle de l'US Air Force. Il y a deux jours, un autre Su-22, de fabrication soviétique, avait été abattu dans les mêmes circonstances au nord de Bagdad.

samedi 23 mars

En bref :
 Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en juillet 1979, Saddam Hussein a abandonné la charge de Premier ministre, poste qu'il vient de confier, à l'occasion d'un remaniement gouvernemental limité, à un de ses plus vieux compagnons de route, Saadoun Hammadi, âgé de 61 ans et unique représentant chiite au sein de la direction du parti Baas.

lundi 25 mars

Massacres au zoo de Koweït-City.
Sur les 442 pensionnaires du zoo de Koweït-City, il ne reste à ce jour qu'une trentaine de bêtes. Lorsque les responsables du parc zoologique installèrent des cages climatisées, ils ignoraient qu'elles serviraient de garde-manger à l'armée d'occupation irakienne. Les animaux rares ont été transférés à Bagdad. Les autres ont été abattus et dévorés par les soldats irakiens, à commencer par l'éléphant, puis les antilopes, le zèbre, les chameaux et même les porcs-épics. Arrivé sur les lieux du carnage en février, un biologiste américain s'efforce de sauver les rescapés, amaigris ou malades.

Bilan de l'embargo maritime contre l'Irak.
Le contrôle de l'embargo par toutes les marines impliquées (USA, UEO [Union de l’Europe Occidentale, organisation chargée d'assurer la paix en Europe], Grèce, Australie, Canada, Danemark, Argentine) représente 28.586 reconnaissances, 1.107 visites, 62 déroutements et 14 tirs de semonce. Les missions de contrôle continuent donc après la fin des combats mais il n'y a plus eu de tirs de semonces depuis la fin des hostilités ouvertes.

mardi 26 mars

 Retour en France des premiers hommes de Daguet.
Certains habitants de Valence ont cru revivre la Libération de 1944. Salués par une foule en liesse, les spahis du 1er régiment, dressés sur leurs Jeep et lançant leurs bérets aux jeunes filles, ont eu droit à un retour triomphal. Ce sont les premiers détachements de la force Daguet à regagner leur garnison après la guerre du Golfe. Ils sont arrivés hier, en début d'après-midi, à Toulon, à bord du car-ferry Chartres, en provenance du port saoudien de Yanbu. Au début de la matinée avaient déjà débarqué de l'Ouragan le 1^er régiment de hussards parachutistes de Tarbes et des commandos de recherche et d'action en profondeur, les fameux CRAP.

En bref :
Les 70.000 habitants de Zakho, une commune irakienne conquise par les peshmergas, accueillent en héros un leader kurde, Jalal Talabani.

L'UNICEF lance un appel pour réunir 23 millions de dollars afin d'aider les Irakiens, qui craignent les épidémies de choléra, de typhus ou de méningite, faute de nourriture et de médicaments en quantité suffisante.

jeudi 28 mars

Polémique aux Etats-Unis  sur la gestion de l'après-guerre.
Aux USA, l'après-guerre du Golfe déclenche des polémiques. Alors qu'on s'interroge sur l'attitude de l'armée irakienne, le général Norman Schwarzkopf, commandant en chef de l'opération Desert Storm, affirme qu'il regrette que le président Bush l'ait empêché d'anéantir l'armée de Saddam Hussein, alors qu'il lui avait "recommandé de poursuivre l'offensive" après la libération du Koweït.

dimanche 31 mars

 Saddam Hussein pousse les Kurdes en révolte à la retraite.
L'armée irakienne a repris le contrôle des villes de Dorouk et d'Irbil, dans le Kurdistan irakien. Kirkouk, le grand centre pétrolier du nord du pays, tenus depuis six jours par les rebelles du Front du Kurdistan, est sur le point de tomber. A Bagdad, l'heure est au triomphalisme : "L'insurrection a rendu son dernier souffle" dit la radio d'Etat. Le Kurdistan tout entier est pratiquement coupé du reste du monde et les derniers peshmergas sont encerclés par la garde républicaine. Les forces d'élite du Président irakien s'apprêtent à donner l'assaut final contre la ville de Souleimanieh, près de la frontière iranienne. Les insurgés n'auront pas résisté longtemps à l'offensive éclair de l'armée. Impossible de connaître le bilan de ces combats. Dans le secteur d'Irbil, restée pendant 15 jours la capitale du "Kurdistan libre", l'euphorie a cédé la place à la panique. Civils et peshmergas, terrorisés par l'éventualité d'une attaque à l'arme chimique, s'enfuient vers la frontière turque. Tous redoutent la vengeance de Saddam Hussein. Sur des kilomètres à la ronde, on voit d'interminables convois de réfugiés. Des femmes, des enfants, des poules et des moutons s'entassent sur des remorques tirées par des tracteurs. Lorsque la route est trop étroite, les convois avancent à travers champs pour gagner la sécurité des montagnes. La nuit, les hommes, épuisés, dorment autour d'un feu de bois pendant que les femmes montent la garde. Voici tout ce qui reste du plus important soulèvement kurde depuis 1975...