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Jacques
Chirac et Jean-Pierre Chevènement sont loin
d'être les seuls hommes politiques à avoir
côtoyé Saddam Hussein et ses amis. Après la
démission de Jacques Chirac de l'hôtel Matignon
(résidence des Premiers ministres français) en
1976, Raymond Barre (Premier ministre de 1976 à
1981) entretient l'amitié franco-irakienne: 3
fois de suite, il se rendra en Irak en mars 1976,
en juin 1977 et en juillet 1979. En 1980, Olivier
Stirn et Jean-François Deniau font tour à tour
le voyage à Bagdad.
La victoire de François Mitterrand en 1981
va-t-elle entraîner une modification des
relations franco-irakiennes? Pas du tout. Claude
Cheysson, ministre des Affaires étrangères du
premier gouvernement socialiste fait, à 2
reprises, une visite à Bagdad en 1982 et 1983.
Idem pour Edith Cresson (futur Premier ministre
en 1991) en 1983 puis 1984. Idem encore pour
Roland Dumas (futur ministre des Affaires
étrangères à partir de 1988 et pendant la
guerre du Golfe) en 1985 et 1988.
La cohabitation ne change pas d'avantage les
relations entre Bagdad et Paris. Ministre du
Commerce extérieur, Michel Noir (futur maire de
Lyon) ira 2 fois en Irak: en 1986 et 1987. Même
déplacement pour son successeur, Jean-Marie
Rausch qui fera le même nombre de voyages à
Bagdad, en 1988 et 1989.
En sens inverse, les responsables politiques
irakiens se bousculent pour venir à Paris: prix
d'excellence pour Tarek Aziz. En octobre 1980, au
printemps et à l'été 1981, en juin 1982, en
janvier et mai 1983 ! A chacun de ses voyages, le
ministre des Affaires étrangères de Saddam
Hussein est reçu par un ou plusieurs membres du
gouvernement socialiste dont Pierre Mauroy
(Premier ministre de 1981 à 1984). Sans oublier
les visites de dignitaires irakiens... Dans le
désordre: Adnan Hussein, qui vient négocier un
accord de fourniture de Mirage en juillet 1977 ;
M. Maarouf, vice-président de la République
d'Irak, en janvier 1979 ; M. Hammadi en juin
1980. Ajoutons également à ces visites celles
de ministre à ministre.
Pour couronner cette Entente cordiale
franco-irakienne, un peu moins d'une trentaine
d'accords de coopération militaire aura été
signée entre l'Irak et la France de septembre
1974 à janvier 1988. A noter que Jean-Pierre
Chevènement (ministre de la Défense de 1988 à
1991), qui n'a jamais signé d'accord avec
l'Irak, reste le dernier ministre français à
s'être rendu à Bagdad, en janvier 1990.
Jacques
Chirac et lamitié franco-irakienne
Jacques
Chirac : Premier ministre de la France de
1974 à 1976 sous la présidence de Valéry
Giscard d'Estaing. Maire de Paris de 1977 à
1995. Premier ministre de 1986 à 1988 sous la
présidence de François Mitterrand lors de la 1ère
cohabitation.
Président de la République française depuis
1995.
Interview
parue dans le magazine Paris Match du 13
septembre 1990
"
J'ai rencontré Saddam Hussein pour la première
fois lorsque j'étais le Premier ministre de M.
Giscard d'Estaing. A cette époque, l'Irak était
largement inclus dans la zone d'influence
politique et économique de l'Union soviétique.
Ce pays avait par ailleurs des relations avec un
certain nombre de puissances occidentales mais la
France en étant pratiquement absente. S'agissant
d'un pays arabe important, cette situation était
anormale d'autant plus que nous étions au
lendemain du premier choc pétrolier et que nous
avions besoin de diversifier nos
approvisionnements en pétrole. C'est pourquoi
nous avons développé nos relations avec l'Irak.
Cette politique, lors de mon départ du
gouvernement en 1976, était considérée comme
tous par conforme à l'intérêt de la France.
Depuis cette date, je n'ai jamais eu l'occasion
de revoir M. Saddam Hussein.
Par la suite, Raymond Barre étant Premier
ministre, puis sous la présidence de M.
François Mitterrand, ces bonnes relations se
sont confirmées et se sont traduites par des
ventes d'importants matériels militaires,
justifiées alors par la guerre entre l'Iran et
l'Irak. Nous ne devons pas oublier que l'issue de
ce conflit a été longtemps incertaine et qu'une
victoire de l'Iran et de l'intégrisme chiite
aurait eu des conséquences extrêmement graves
pour l'ensemble de la région et pour l'Occident.
Mais autre temps, autre politique."
Le
général de Gaulle disait: "Le
monde arabe, c'est notre monde, comme l'Afrique !"
Or le président Mitterrand a décidé
d'intégrer notre dispositif militaire à celui
du président Bush et donc de participer à une
éventuelle intervention militaire contre l'Irak.
N'est-il pas maladroit de donner l'impression
d'être, dans le conflit du Golfe Persique, à la
traîne de la politique américaine?
Il ne faut pas que la France soit "à la
traîne" de quiconque. Nous devons
participer, avec nos moyens, à une action
internationale qui ne peut être, à mon point de
vue, que décidée et coordonnée par l'ONU, afin
d'assurer le respect des décisions qu'elle a
prises. Il se trouve que l'évolution récente de
l'Union soviétique, et dans une certaine mesure
de la Chine, rend à l'ONU sa capacité
d'intervenir pour sauvegarder la paix. L'ONU
devient enfin une arme au service du droit des
peuples et des hommes. C'est donc à l'ONU de
jouer le rôle de gendarme du monde et de prendre
l'initiative et les décisions qui s'imposent.
Vous
dîtes que l'ONU doit être le gendarme du monde.
Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Ce sont les
Etats-Unis qui conduisent le bal contre l'Irak.
En donnant l'impression de s'aligner sur la
politique du président Bush, la France ne
met-elle pas en cause toute sa politique arabe
traditionnelle?
La France, sous l'impulsion du général de
Gaulle, a élaboré une politique arabe qui est
conforme à la nature des choses, à ses
intérêts et à ceux des pays arabes. Le monde
arabe, de vieilles tradition et civilisation, se
trouve à nos portes et il est souhaitable qu'il
puisse entretenir avec l'Europe des relations
amicales excluant toute volonté de pression ou
d'ingérence de part et d'autre. La fermeté
exigée par la situation ne doit en aucun cas
mettre en cause ces relations.
Par
rapport à toutes les solutions préconisées :
intervention militaire, blocus et négociations,
laquelle à votre préférence?
La guerre ne doit être envisagée qu'en dernier
recours, quand tout a été tenté pour trouver
des issues pacifiques et quand tout a échoué.
C'est pourquoi il faut soutenir les efforts du
Secrétaire général de l'ONU, que je connais
bien et pour qui j'ai beaucoup d'estime. Ses
efforts ont été vains jusqu'ici. Mais rien ne
doit nous faire désespérer. Je crois en M.
Pérez de Cuellar.
Compte
tenu de son échec - il n'a rien obtenu de l'Irak
- faut-il maintenir et amplifier le blocus?
Oui, naturellement.
Quel
serait, pour vous, l'objectif prioritaire à
atteindre par la coalition arabo-occidentale qui
veut faire respecter les résolutions du Conseil
de sécurité?
Quelles que soient les raisons qui peuvent
conduire certains à contester les frontières
issues de la guerre et de la décolonisation,
l'équilibre du monde réclame qu'elles ne soient
pas remises en question par la force. La
recherche d'un accord sur ces bases relève, au
premier chef, de la responsabilité des nations
arabes. Mais l'enjeu que représente le pétrole
est tel que cette crise ne peut pas être
considérée comme exclusivement régionale. Ses
répercussions sont considérables pour les pays
industrialisés certes, mais aussi pour les pays
en développement non producteurs de pétrole,
c'est-à-dire les plus pauvres et les plus
nombreux.
Au
fond, vous considérez qu'il faut éviter une
solution qui serait imposée par les nations
occidentales et surtout par le président
américain George Bush?
Une solution imposée seulement par les
nations occidentales, et notamment par les
Etats-Unis, provoquerait une réaction forte de
la part d'un très grand nombre d'Arabes. Toutes
les initiatives qui se traduiraient par une
humiliation des uns ou des autres ne pourraient
avoir qu'un effet négatif.
Pour
la 1ère
fois, un Etat, l'Irak, a ouvertement exhibé à
la télévision des otages et surtout des
enfants. Est-ce que cela vous a pris aux tripes,
comme tout un chacun?
De 1986 à 1988, alors que j'étais Premier
ministre, j'ai eu la préoccupation lancinaire et
constante du sort des otages retenus au Liban et,
tout particulièrement, des otages français.
[NDLR: En 1986, en pleine guerre du Liban, 5
Français furent pris en otages par des milices
libanaises. Arrivée sur place, une équipe de 4
journalistes d'Antenne 2
fut-elle aussi capturée. A cette date, et
jusqu'à la libération de tous ces otages en
1988, le journal de 20h d'Antenne
2 ouvrit avec un décompte
quotidien du nombre de journées
d'emprisonnement, ce qui eut un énorme impact
auprès de la population française.].
Vous pouvez difficilement imaginer les sentiments
très forts d'indignation, d'inquiétude, de
révolte que peut provoquer, chez un responsable,
une telle situation. Plus que d'autres
peut-être, je suis donc sensible aux problèmes
des otages. Rien ne justifie jamais, en aucune
circonstance, ce chantage à la liberté.
Il
n'empêche: le chef de l'Etat irakien a compris
où était le talon d'Achille des nations
occidentales. Il fait pression sur elles en
prenant en otages leurs citoyens pour les obliger
à négocier. Dans des circonstances comparables,
vous avez, vous aussi, négocié lorsque vous
étiez le Premier ministre de François
Mitterrand.
Je n'ai jamais "négocié",
c'est-à-dire jamais accepté l'idée même d'une
contrepartie. Donner une contrepartie à un
preneur d'otages, c'est l'encourager à
recommencer et reconnaître ainsi l'efficacité
de son crime. A l'époque, par exemple, les
autorités iraniennes, mes seuls interlocuteurs,
exigeaient que la France modifiât sa politique
au Moyen-Orient en échange d'interventions en
faveur de nos otages. Je n'ai jamais accepté
d'en discuter. J'ai indiqué aux Iraniens que
seule la libération des otages permettrait à la
France de renouer nos relations diplomatiques et
de reconnaître ainsi la dignité de ce grand
peuple. C'est ainsi que nous avons fini par
gagner. Dans une situation évidemment
différente, je souhaite que l'Irak comprenne
qu'il s'exclut du concert des nations civilisées
en pratiquant ce jeu cruel et dangereux.
De
façon générale, l'opposition a adopté, à
l'occasion de cette crise, une attitude plutôt
consensuelle dont MM. Mitterrand et Rocard tirent
profit. Quelle peut être l'attitude de
l'opposition à l'avenir? A-t-elle bien fait et
cela signifie-t-il, de sa part, qu'elle ne
s'oppose plus au gouvernement socialiste?
J'ai toujours pensé que le
"consensus" était, dans une
démocratie, une fausse bonne solution. Qui dit
"consensus"dit compromis, et qui dit
compromis risque fort de dire confusion et
immobilisme. Je pense qu'une démocratie tire sa
force et son dynamisme de la compétition des
idées. Mais en période de crise et d'épreuve,
la polémique doit être absente du débat pour
que la priorité soit donnée à la solidarité
et à la cohésion nationale. J'ai donc
approuvé, dans son ensemble, la position des
autorités même si j'ai regretté parfois que la
voix de la France se soit un peu trop faite
attendre. Je souhaite dans cette crise, que nos
responsables n'oublient jamais que la France a
une position et des intérêts propres dans le
mode arabe et qu'elle doit conserver son
indépendance de jugement et d'action.
On
avait parlé du déclin américain et de
l'émergence de l'Europe et du Japon. Or, la
seule armada capable de se constituer et de se
transporter à des milliers de kilomètres, c'est
l'armada américaine. Est-ce que ce n'est pas un
échec pour l'Europe, qui marque ainsi qu'elle
n'est pas un géant politique et encore moins un
géant militaire? Quelles conséquences la France
doit-elle en tirer?
Pendant longtemps nous avons vécu dans un
monde bipolaire dominé par les relations
Est-Ouest qui imposaient, en quelque sorte, un
certain ordre à l'ensemble du monde.
L'évolution de l'Union soviétique, si elle se
confirme, permettra une diminution des risques
majeurs pour la paix, mais ne manquera pas de
libérer un certain nombre de forces dangereuses.
En effet, la démographie explosive de beaucoup
de pays du Sud, la misère et l'endettement
croissant de nombre de ces pays et leur
militarisation importante, notamment grâce aux
armes chimiques et aux missiles, créent des
risques considérables de conflits entre le Sud
et le Nord.
L'Europe doit être consciente de ces nouveaux
dangers et élaborer une action commune pour y
faire face. La première exigence concerne
l'ensemble des pays riches qui doivent,
d'urgence, augmenter très sensiblement leurs
efforts d'aide au développement des pays pauvres
et rendent celle-ci plus juste et plus efficace
si l'on veut éviter que ceux-ci deviennent de
plus en plus la proie des intégrismes et des
extrémismes de toute nature. L'Europe doit
convaincre les Etats-Unis et le Japon de cette
nécessité et elle-même donner l'exemple. La
France, par tradition, a la vocation de défendre
cette grande ambition pour tous les pays riches
à affecter comme ils s'y sont engagés depuis
longtemps, sans le faire, au moins 0,7% de leur
produit national brut à l'aide au
développement. Parallèlement, l'Europe doit se
mettre en mesure de faire face aux dangers et aux
risques militaires qu'implique l'évolution
actuelle. Pour se faire, elle doit avancer dans
la mise en oeuvre d'une politique commune de
défense. Cette politique, qui n'est en rien
contradictoire avec les exigences de l'Alliance
atlantique, doit s'exprimer, selon moi, au
travers de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO).
C'est avec des moyens plus importants, mobiles,
efficaces et coordonnés que les pays d'Europe
pourront faire face, le cas échéant, aux
dangers qui pourraient menacer leurs citoyens ou
leurs intérêts.
Enfin, l'expérience prouve que les pays
industrialisés, et notamment l'Europe, doivent,
ensemble et d'urgence, mettre au point un accord
qui mettra un terme aux exportations d'armes et
de technologies, notamment dans les domaines de
l'atome, de la chimie et de l'Espace. La France
devrait en prendre l'initiative.
Depuis
la fin de la guerre, le Moyen-Orient ne cesse de
connaître des crises, en raison des rivalités
entre les pays arabes et musulmans, en raison
aussi de leurs conflits avec l'Etat d'Israël.
Même si le Koweït est évacué, le Moyen-Orient
demeurera une poudrière. Ne faut-il pas tenter
de profiter de la crise pour résoudre les
problèmes?
La priorité, c'est le règlement des
affaires du Koweït et des otages sur la base des
résolutions de l'ONU. Mais c'est vrai qu'il
faudra aussi reprendre les efforts pour assurer
la stabilité et la paix à cette région. Les
principes sont simples : garantie de l'existence
et de la sécurité de l'Etat d'Israël, retour
à l'indépendance et à la souveraineté du
Liban sur l'ensemble de son territoire,
attribution aux Palestiniens d'une terre où ils
pourront se retrouver entre eux et chez eux,
respect des frontières et renforcement, comme
nous le faisons en Europe, de la coopération
politique et économique entre les nations
arabes, afin que les plus démunies soient
aidées par les plus favorisées. L'évolution
récente de l'Union soviétique comme le rôle
nouveau de l'ONU devraient permettre d'avancer.
La
crise du Golfe démontre qu'il ne faut pas
désarmer. Or, depuis l'écroulement du monde
communiste et de l'Europe de l'Est, plusieurs
leaders, comme Laurent Fabius [NDLR:
l'actuel ministre des Finances], ont proposé de
réduire notre budget militaire. Ce sera, à
l'évidence, l'un des gros sujets de la rentrée
[politique]. Quelle est votre position?
Je rappelle, une fois de plus, que la
détente entre l'Est et l'Ouest est très loin de
nous assurer la paix et de justifier le désir,
peu lucide des démocraties de toucher les
"dividendes de la détente" en
réduisant leurs efforts de défense. C'est ce
qu'à fait le gouvernement socialiste en amputant
très sérieusement les crédits qui avaient
été votés, à mon initiative, en 1987 par le
Parlement pratiquement unanime et qui concernait
notre effort de défense pour les 5 ans à venir.
J'ajoute qu'une réflexion doit être rapidement
conduite pour donner à nos forces plus de
flexibilité et plus de mobilité. Dans cet
esprit, je rappelle mon souhait de voir
accélérer la construction du premier
porte-avions nucléaire, le
"Charles-de-Gaulle" [NDLR: qui
sera lancé en 2001, après bien des polémiques
sur son coût, sa fiabilité...] et
lancées les études pour le second porte-avions.
Nous devons également nous doter de moyens de
transport à longue distance. Les conditions
actuelles d'utilisation du "Clemenceau"
démontrent, à l'évidence, qu'il faut renforcer
les moyens de notre marine.
Quelles
sont les conséquences économiques que risque
d'avoir cette crise en France, notamment en
raison de l'augmentation du prix du pétrole?
Pour l'instant, l'augmentation du prix du
pétrole, au niveau actuel, ne remet pas
fondamentalement en cause la situation
économique de notre pays. Aujourd'hui, si le
gouvernement est obligé de changer sa politique,
c'est en réalité moins en raison des erreurs
qu'il a commises depuis 2 ans, erreurs dont on
commençait à voir les conséquences à la fin
de ce printemps (...). La hausse du prix du
pétrole n'arrange pas les choses. Nous voilà
devant les dures réalités : il faut freiner
l'augmentation des dépenses publiques ; il faut
réduire considérablement nos impôts si nous
voulons être vraiment compétitifs, dans 2 ans,
sur le Grand Marché européen [NDLR:
Après acceptation (de justesse) des Français
par référendum, le traité de Maastricht sera
signé en 1992] ; il faut nous préparer
sérieusement à organiser l'avenir de nos
régimes de retraite autrement que par des
mesures au jour le jour ; il faut développer, en
la décentralisant, la formation des jeunes afin
de réduire le chômage ; il faut abaisser nos
impôts pour nous mettre à égalité de
conditions de concurrence avec les Allemands, les
Anglais et les Italiens. (...)
Quelles
leçons l'opposition [NDLR:
l'ensemble des partis politiques de droite]
doit-elle tirer, dans son existence et son
organisation, de la crise actuelle?
Je voudrais être sûr que l'opposition a bien pris conscience
du caractère souvent dérisoire de ses divisions face aux enjeux
qui nous défient. L'opposition doit rejeter tout ce qui est médiocre
: les ambitions personnelles ou partisanes et les divisions qu'elles
suscitent, la démagogie, la crainte de l'avenir. Elle doit donner
un exemple de cohérence, de désintéressement, de hauteur de vues
et se montrer ambitieuse pour la nation. Elle s'est engagée dans
la bonne voie en se rassemblant dans l'Union pour la France et en
adoptant un système de primaires pour désigner son candidat à l'élection
présidentielle. Le RPR [NDLR:
le parti conservateur fondé par Jacques Chirac]
a pris une part déterminante dans ce progrès. Des pans entiers de
notre appareil d'Etat sont sinistrés: (...) les moyens de notre
sécurité et de notre indépendance nationale ne sont pas à la hauteur
; l'identité de la France est menacée... L'opposition doit, dès
aujourd'hui, prouver qu'elle est le "mouvement" en se
mettant en marche. Et j'entends y consacrer toutes mes forces.
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