dimanche 17 février 1991

L'aviation alliée effectue 2.600 sorties. L'Irak aurait perdu un hélicoptère, 3 chars, 2 blindés, un lance roquettes, un navire de débarquement et 3 rampes de SCUD. Le Pentagone évoque l'hypothèse de 50.000 morts parmi les soldats irakiens.

 

Les journalistes français sont verts de rage.
En effet, après avoir envisagé d'immerger des reporters au sein des unités combattantes, le ministre de la Défense décide de leur fournir l'appui d'un cadreur issu de l'Etablissement Cinématographique et Photographique des Armées (ECPA). Ce qui fait bondir les responsables des rédactions parisiennes, qui interprètent cette décision comme une volonté de censurer les images destinées au public. Dans la matinée, toutes les chaînes de télévision françaises, publiques comme privées, annoncent donc qu'elles ne parleront plus de l'opération Daguet durant 24 h., pour protester contre les restrictions d'information du SIRPA (le service de presse des armées françaises).

Affrontements terrestres entre Américains et Irakiens.
Les unités avancées de l'armée américaine multiplient les reconnaissances offensives en territoire irakien. Les postes adverses susceptibles de freiner l'avancée des Alliés au début de l'offensive terrestre sont constamment pilonnés par l'artillerie alliée. Plus de 1.000 obus ont ainsi été tirés en 24 h. La célèbre Big Red One s'est heurtée la nuit dernière à une colonne blindée irakienne au cours d'une patrouille profonde. Lors de cet accrochage, un hélicoptère américain Apache AH-64 a tiré un missile Hellfire par erreur sur un blindé Bradley M-2 américain, tuant 2 soldats et en blessant 6 autres. Lors de ces affrontements, les plus importants depuis la bataille de Khafji, 20 soldats irakiens ont été faits prisonniers.

La Royal Air Force admet une bavure.
L'une des bombes lancées par un Tornado sur le pont de Falloujah a manqué sa cible, avant de tomber sur un quartier commerçant de la ville et d'y faire un grand nombre de victimes. Lors d'un briefing tenu à Riyad, le colonel britannique Niall Irving a présenté à la presse une bande vidéo enregistrée montrant ce bombardement. Sur les 4 bombes lancées par les Tornado britanniques, l'une a détruit le pont en son milieu, 2 sont tombées dans le fleuve et la dernière s'est abattue dans un quartier de la ville. L'état-major britannique insiste : c'est une défaillance technique qui a tué ces 130 civils...

La guerre du Golfe dans la presse soviétique.
La presse soviétique est très sévère à l'encontre de l'offensive alliée contre l'Irak. Vremia, journal télévisé regardé par plus de 100 millions de Soviétiques, minimise la guerre au point d'ouvrir aujourd'hui sur les problèmes d'un kolkhoze de Iaroslav qui veut devenir indépendant. La presse écrite critique l'Amérique et ses "forces impérialistes" et s'en donne à coeur joie. Le journal du Parti communiste, Sovietskaia Rossia, explique que le Conseil de sécurité "a transmis illégalement ses pleins pouvoirs à un groupe d'Etats dirigés par les Etats-Unis". Dans les Izvestia, un commentateur de l'époque brejnevienne condamne longuement le "massacre dans le désert".

Manifestations contre la guerre.
Un pacifiste américain est arrêté pour avoir interrompu l'office religieux auquel assistait George Bush dans l'église de Kennebunkport (Maine). A New York, une nouvelle manifestation regroupant plusieurs milliers de pacifistes réclame l'arrêt des combats, en brandissant des pancartes portant ce slogan : "Ce n'est pas une 'guerre juste' [allusion à une remarque de George Bush sur la guerre du Golfe], c'est juste une guerre". Certes, on est bien loin des grands rassemblements des années 60 contre la guerre du Viêt-Nam, mais l'augmentation du nombre de mouvements pacifistes aux USA risquent bien d'inciter Bush à gagner la guerre rapidement.

L'offensive terrestre semble inéluctable.
Le Quai d'Orsay indique que la date de l'offensive terrestre a déjà été fixée. George Bush affirme, pour sa part, que les forces alliées vont libérer le Koweït "très bientôt". On a le sentiment toutefois que les USA n'entreprendront rien tant que les contacts engagés à Moscou par Tarek Aziz ne seront pas arrivés à leur terme. Cela afin de ne pas gêner Mikhaïl Gorbatchev, qui a bien du mal à contenir la pression des "conservateurs", ulcérés par le "lâchage" de l'allié irakien. Pierre Joxe, le nouveau ministre de la Défense, affirme, quant à lui, que la date de l'offensive terrestre sera fixée par les chefs d'Etat "au moment opportun, en fonction de considérations stratégiques, c'est-à-dire à la fois militaires et politiques". Il estime que les dernières propositions avancées par l'Irak sont assorties de conditions inacceptables.

La marine belge dans le Golfe.
Depuis son arrivée dans la région en septembre dernier, la flottille belge du commandant Georges Saillé s'entraîne dans le sud du Golfe. Elle est appelée à jouer un rôle crucial dans la défense des navires de guerre de la coalition anti-irakienne. Avec, au total, un équipage de 206 hommes, les chasseurs de mines Myosotis et Iris, ainsi que le navire de commandement et de soutien logistique Zinnia, opèrent dans une zone comprenant les abords de Dhahran, sur la côte est de l'Arabie Saoudite. Il n'est pas prévu, dans l'immédiat, que ces bâtiments aient à pénétrer dans la "zone rouge", au large du Koweït. Ces 3 navires ont été rejoints par le Dianthus et par la frégate Wielingen, commandée par Gilbert de Cock.

Interview du général Schwarzkopf sur NBC.
Dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC, le général Norman Schwarzkopf, commandant en chef des forces coalisées dans le Golfe, déclare que "cela n'aurait pas de sens" d'attaquer les Irakiens s'ils entamaient un retrait du Koweït. Donner l'assurance à Saddam Hussein que ses troupes ne seraient pas attaquées en cas de retrait semble "logique" pour Schwarzkopf, tout en précisant que la décision ne dépendrait pas de lui. Un retrait des troupes irakiennes du Koweït provoquerait en effet un véritable renversement de situation, puisqu'il montrerait que Bagdad commence à se soumettre aux résolutions de l'ONU. Mais on en est pas encore là...

En bref :
   

Tarek Aziz, ministre irakien des Allaires étrangères, arrive à Moscou pour rencontrer le numéro un soviétique : Mikhaïl Gorbatchev. Les 2 hommes se rencontrent une nouvelle fois pour débattre d'une issue pacifique à la crise.

Un convoi de 50 tonnes de fournitures médicales d'urgence arrive à Bagdad.

Ils ont dit :
 
Lu dans la presse :

Scowcroft, conseiller de George Bush : "Ce serait aggraver une tragédie que de ne pas aller jusqu'au bout", c'est-à-dire à la chute de Saddam Hussein.

Sondage :

Sondage BVA : 77% des Français approuvent la politique de François Mitterrand dans le Golfe, et 70% celle de George Bush.

 

Quotidien britannique Sunday Times : Saddam Hussein aurait échappé de peu à la mort lors d'un récent raid des Alliés.
Selon la presse américaine, les GI's se plaignent de l'absence de femmes et d'alcools dans leurs lieux de cantonnement. Ils se rabattent donc sur les jeux vidéo.

 

Chronologie des événements - février 1991

Les bombardements sur l'Irak s'intensifient et les alertes aux SCUD s'enchaînent en Israël et en Arabie Saoudite. Une enquête est lancée après la mort mystérieuse de GI's à Khafji. L'Iran tente des médiations entre l'Irak et les Alliés et propose une conférence de paix à Téhéran. A la demande de George Bush, Colin Powell et Dick Cheney sont en visite dans le Golfe.

Les artilleries alliées se massent le long de la frontière irakienne pour préparer l'offensive terrestre. Des polémiques éclatent en Occident après le bombardement par les Alliés d'une étrange usine de lait en poudre et d'un abri anti-aérien dans le quartier d'Amriya, à Bagdad. A Tel-Aviv, désertée par sa population, les alertes aux SCUD sont quotidiennes. Alors que tout le monde s'attend au déclenchement de l'offensive terrestre, Saddam Hussein se dit prêt à évacuer le Koweït. Sous certaines conditions...

La Turquie reçoit des renforts de l'OTAN pour faire face à une éventuelle attaque de l'Irak. Les médias français se plaignent de la censure imposée par les autorités françaises. Jamais auparavant un conflit n'avait été aussi médiatisé et censuré... L'URSS tente un plan de paix entre l'Irak et les Alliés.
Pendant que le choléra et les pénuries de nourriture font leur apparition à Bagdad, Washington adresse un ultimatum à Bagdad...

Après l'expiration de l'ultimatum, les Alliés lancent une vaste offensive terrestre. Les Américains attaquent la Garde républicaine irakienne, les Britanniques visent Bassorah et les Français prennent As-Salman. Les Saoudiens et les Koweïtiens libèrent Koweït-City. Après 4 jours de guerre, l'armée irakienne est balayée et le Koweït est libéré.

 

Gallerie de photos
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En vidéo


L'offensive terrestre programmée (27 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 17 février 1991


La guerre du Golfe (4 minutes)
La Cinq - Flash spécial vers 22h30 - 17 février 1991