jeudi 31 janvier 1991


L'aviation alliée effectue 3.000 sorties. 2 GI's, dont une femme, sont capturés par les Irakiens et 350 Irakiens sont fait prisonniers par les Alliés. 200 soldats irakiens et 18 soldats alliés sont tués.

Offensive irakienne en Arabie Saoudite

L'armée irakienne fonce vers la ville saoudienne d'Al-Wafra.
Au matin, l'état-major allié est inquiet : l'Irak vient de masser plusieurs divisions, soit environ 60.000 hommes au Sud du Koweït. L'Irak cherche de nouveau à reprendre l'initiative en forçant les Alliés à lancer prématurément une offensive terrestre. Et dans la journée, une gigantesque colonne de blindés irakiens, qui s'étend sur 17 km dans le désert, se dirige vers la localité koweïtienne d'Al-Wafra, à 15 km seulement de la frontière saoudienne. Dès qu'ils sont repérés, des dizaines d'hélicoptères Cobra et Apache, et d'avions A-10 Thunderbolt bombardent les blindés dans un déluge de feu. L'objectif allié est clair : aucun char irakien ne doit pénétrer en territoire saoudien.
Dénouement de la bataille de Khafji.
La première offensive terrestre de la guerre du Golfe a été très dure. Le communiqué militaire de Bagdad affirmait que cette offensive était une "grande conquête devant la laquelle le front des mécréants s'est effondré" ayant pour but de "donner une leçon aux troupes étrangères". Il aura donc fallu plus de 36h aux troupes de coalition, principalement américaines et saoudiennes, pour reprendre Khafji, une petite station balnéaire saoudienne située près de la frontière koweïtienne. Ces combats ont été les plus violents depuis le début du conflit. Sur place, le chef de la coalition arabo-islamique, Khaled ben-Sultan, a annoncé que ses soldats ont fait 350 prisonniers irakiens. De son côté, Bagdad affirme avoir tué "un grand nombre d'ennemis et détruit des quantités de leurs munitions et armements". Le correspondant de l'agence AP précise ironiquement dans une de ses dépêches : "On ignore s'il s'agit des mêmes incidents que ceux évoqués par l'Irak."Le général saoudien a précisé que ses forces ont perdu 6 hommes dans cet affrontement, qui aurait fait quelque 200 morts irakiens. Côté américain, 12 marines auraient péri, et 2 soldats, dont une femme, sont faits prisonniers, ce que le Pentagone tardera à confirmer. Lancée hier matin avant l'aube, l'attaque irakienne mettait en jeu 3.000 hommes appuyés par des chars russes T-55. Les chasseurs Harrier et les hélicoptères Apache tueurs de chars et de nombreux véhicules blindés ont eu beaucoup de mal à ralentir la progression de la colonne irakienne. A Bagdad, la radio annonçait dès hier soir que 3 bataillons avaient réussi à "enfoncer le front des mécréants". Les Alliés, Saoudiens en tête, ont dû se livrer à de sanglants combats de rue pour déloger l'ennemi, tandis que les hélicoptères d'évacuation sanitaire, venus chercher les morts et les blessés, sillonnaient le ciel. En ville ce soir, les vestiges de la bataille sont bien visibles, de nombreuses habitations ayant été pillées ou détruites. Le spectacle est désolant : Khafji est devenue une ville fantôme. Les combats n'ont pas cessé pour autant : les bombardements et les tirs d'artillerie se poursuivent dans la soirée, pour éviter un retour des Irakiens...
Incursions irakiennes en Arabie Saoudite.
Profitant de la confusion générale qui règne à Khafji, des soldats irakiens poursuivent leur incursion dans le territoire saoudien. Mais avant d'être capturés par les troupes américaines après quelques heures d'avancée, ces Irakiens téméraires auront eu le temps de voler des véhicules américains et d'envoyer assez d'informations sur les positions alliées à l'artillerie irakienne pour lui permettre d'ajuster ses tirs...

 

Conférence de paix à Téhéran.
Les autorités iraniennes organisent un sommet à Téhéran, devenue pour Radio-Téhéran "un centre pour éteindre la guerre". Les diplomates iraniens y rencontrent leurs homologues algériens et yéménites. Un envoyé spécial du gouvernement français, François Scheer, Secrétaire général du Quai d'Orsay, est également sur place. Le but de cette rencontre est d'inciter l'Algérie et le Yémen à avoir un rôle plus grand en matière diplomatique, et de convaincre l'Irak de demander un cessez-le-feu.

En bref :
   

Les autorités jordaniennes condamnent les bombardements de la route Amman-Bagdad qui ont détruit 9 camions-citernes jordaniens et coûté la vie à 5 de leurs chauffeurs. Un témoin, d'origine tunisienne, affirme même qu'un autobus jordanien a été pris pour cible à la frontière jordanienne par l'aviation américaine, ses 45 occupants seraient morts carbonisés.

Bruce Cheesman, un journaliste britannique indépendant, considéré comme disparu depuis le début des bombardements sur Bagdad, a été retrouvé. Il serait en route pour la Jordanie, a annoncé son associé.

L'Irak lance de nouveau un SCUD sur Israël, le 27ème depuis le début du conflit. Il retombe dans les Territoires occupés en faisant aucune victime et peu de dégâts.

Lassés par 15 jours de bombardements, les diplomates soviétiques encore présents à Bagdad quittent l'Irak pour rejoindre, par la route, la Jordanie, où un avion les attend à Amman pour les ramener à Moscou. Mais en termes de droit international, les relations soviéto-irakiennes ne sont pas rompues.

Les autorités iraniennes démentent avoir autorisé l'un des avions de transport irakiens qui avaient atterri sur son territoire à regagner son pays.

La télévision américaine CBS annonce le crash d'un AC-130 d'observation américain dans le désert irakien et la mort de ses 14 membres d'équipage. C'est la plus grosse perte alliée depuis le début de la guerre.

Pour la première fois depuis le début des hostilités, un convoi de 19 tonnes d'aide médicale d'urgence acheminé par le Comité International de la Croix-Rouge entre en Irak.

Conséquences de la crise au Proche-Orient : le Club Méditerranée accuse une baisse de 70% de ses réservations, et les deux grands groupes automobiles français, Renault et PSA Peugeot-Citroën, annoncent des journées chômées en février.

Les autorités irakiennes autorisent 15 journalistes occidentaux à se rendre, sous escorte irakienne, à Bagdad, pour rédiger leurs articles.

La Grande-Bretagne autorise les Etats-Unis à se servir de leur base militaire de Fairford, à 120 km de Londres. Une vingtaine de B-52 décolleront ainsi d'Angleterre, pour aller bombarder l'Irak et le Koweït. Cette base avait déjà servi à l'US Air Force pour bombarder la Libye en avril 1986.

Le dragueur de mines belge Wandelaar retourne, après sa mission dans le Golfe, au port belge de Zeebruge avec ses 161 marins.

Nouvelle mission de guerre de l'aviation française (des Jaguar et des Mirage F-1 CR) contre des positions de la Garde républicaine irakienne près de la frontière nord du Koweït. Désormais, l'effectif du dispositif Daguet atteint 12.000 hommes.

Dans les rues d'Alger, une manifestation rassemble 60.000 personnes en faveur de Saddam Hussein.

Ils ont dit :
 
Attentats :

Bronislovas Kuzmickas, vice-président de Lituanie, au gouvernement danois : La crise dans les pays baltes "est plus grave et durable que la guerre du Golfe".
Hosni Moubarak, président de l'Egypte, à propos de la durée du conflit : "Je crois que cela prendra de trois à quatre semaines, quelque chose comme ça" (Télévision américaine ABC).
"Touchées par les graves souffrances du peuple frère d'Irak", les autorités libyennes annoncent l'octroi d'une aide humanitare à l'Irak.  
Général Norman Schwarzkopf, commandant en chef des forces coalisées : L'attaque irakienne à Khafji est "une piqûre de moustique".

 

Jordanie : A Amman, le centre culturel français est incendié. L'acte est revendiqué par les Brigades du Jihad, une organisation inconnue à ce jour.
Etats-Unis : Selon Washington, il y aurait eu, depuis le début du conflit, 70 "actions terroristes" menées à travers le monde contre des intérêts alliés.

 

Sondage :

Sondage Le Figaro - SOFRES - TF1, 70% des Français approuvent l'intervention de la France dans le Golfe.

Chronologie des événements - janvier 1991

Les places financières s'effondrent, l'inquiétude des populations et le prix de l'essence augmentent. L'Occident redoute des attaques terroristes en cas de conflit. Le tourisme international est paralysé, les compagnies aériennes en pâtissent. A Genève a lieu la rencontre de la dernière chance entre Tarek Aziz et James Baker. C'est l'échec : l'Irak menace Israël, l'Amérique menace l'Irak...

Les pacifistes du monde entier se mobilisent. A Bagdad, les ambassades ferment les unes après les autres, et en Israël, la population s'équipe en masques à gaz. Sur toutes les télévisions, le compte à rebours est enclenché. Et l'ultimatum de l'ONU expire... Le Parlement français vote pour la guerre. Les journalistes venus du monde entier s'entassent dans les hôtels de Riyad où les exercices d'alerte s'enchaînent.

En direct sur CNN, l'aviation américaine lance l'opération Tempête du désert. L'Irak riposte en lançant des missiles sur l'Arabie Saoudite et Israël. Le monde entier incite l'Etat hébreu à ne pas riposter. Une attaque israélienne contre l'Irak provoquerait la fin de la coalition arabo-occidentale. Capturés par les troupes irakiennes, 7 pilotes alliés sont exhibés sur Radio-Bagdad.

En plein conflit, Saddam Hussein accorde une interview à CNN. Alors que l'Irak est bombardé sans relâche, l'aviation irakienne trouve refuge en Iran.
Les Irakiens provoqueraient une marée noire dans le Golfe pour éviter un débarquement allié au Koweït. Les troupes terrestres irakiennes passent à l'attaque en Arabie Saoudite. La contre-offensive alliée est importante. Après 2 jours de combats acharnés, l'armée irakienne subit un lourd revers.

 

février 1991

Galerie de photos
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En vidéo


La bataille de Khafji (34 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 31 janvier 1991


Conférence de presse de Pierre Joxe (2 minutes)
FR3 - Journal de 22h30 (extrait) - 31 janvier 1991


15ème jour de guerre (31 minutes)
Antenne 2 - Journal de 20h - 31 janvier 1991


Affrontements à la frontière saoudienne (4 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Que pense l'Amérique profonde de cette guerre ? (9 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Les blessés de guerre américains (2 minutes)
NBC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


La bataille de Khafji (3 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Déclaration du général N. Schwarzkopf (6 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait 1 en anglais) - 31 janvier 1991


Déclaration du général N. Schwarzkopf (8 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait 2 en anglais) - 31 janvier 1991


Déclaration du général N. Schwarzkopf (6 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait 3 en anglais) - 31 janvier 1991


Déclaration du général N. Schwarzkopf (6 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait 4 en anglais) - 31 janvier 1991


La bataille de Khafji (5 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Les enfants de soldats (3 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Bataille navale au large du Koweït (2 minutes)
BBC - Télévision britannique (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


Interview du général N. Schwazkopf (10 minutes)
ABC - Télévision américaine (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


La bataille de Khafji (4 minutes)
TVNZ - Télévision néo-zélandaise (extrait en anglais) - 31 janvier 1991


La bataille de Khafji (2 minutes)
ITN - Télévision britannique (extrait en anglais) - 31 janvier 1991