2h36 - L'aviation américaine lance l'opération Tempête du Désert. Les forces aériennes américaines, britanniques, françaises, saoudiennes et koweïtiennes effectuent 1.300 sorties. Un F-18Hornet américain et un Tornado britannique sont abattus. Selon Bagdad, 60 avions alliés sont détruits. Radio-Bagdad annonce la mort aux combats de 23 Irakiens tandis que 66 autres auraient été blessés.
Toutes les heures sont données en GMT. Heure du Québec et de Washington : GMT - 5
Heure de Londres : GMT
Heure de Paris, Berlin et Bruxelles : GMT + 1
Heure de Tel-Aviv et Le Caire : GMT + 2
Heure de Moscou, Bagdad, Riyad et Koweït-City : GMT + 3
La guerre minute par minute : 23h36: Un avion furtif F-117A de l'US Air Force largue la première bombe sur un bâtiment des télécommunications de Bagdad, à 2h36, heure locale.
23h30 :La guerre du Golfe en direct sur CNN. Il est 18h30 sur la côte Est, CNN termine une émission boursière. Le journal du soir s'ouvre sur une certaine agitation dans le ciel du Golfe. John Holliman, correspondant de la chaîne américaine à Bagdad, ne remarque pas de "signe visible" d'un raid depuis sa chambre de l'hôtel Al-Rashid. Tous ces décollages d'avions seraient-ils une fausse alerte ? La chaîne reprend donc le fil de son journal, avec une interview de Caspar Weinberger (ancien secrétaire d'Etat américain à la Défense), quand, à 18h40, Bernard Shaw, correspondant de la chaîne à Bagdad, rappelle sa rédaction : "Je vois des zébrures dans le ciel de Bagdad". Peter Arnett, autre correspondant, entend des bombes exploser. A 18h41, les sirènes retentissent à Bagdad, et la communication est coupée. A Washington, le présentateur reprend son journal. "Nous ne savons pas encore de quoi il s'agit, explique-t-il, peut-être seulement des tirs aériens". A 18h44, Holliman rappelle sa rédaction. Sa photo apparaît aussitôt à l'écran, sur une carte de Bagdad. "Il se passe quelque chose ici à Bagdad, explique Holliman. Le ciel de Bagdad est rempli de zébrures blanches, c'est beau comme un feu d'artifice". De fortes explosions se font entendre. Arnett poursuit : les tirs aériens se produisent "du côté de l'aéroport international Saddam (...). C'est une attaque, c'est vraiment une attaque sur Bagdad." Puis, à Bagdad, Bernard Shaw, Peter Arnett et John Holliman se relaient au micro dans la bonne humeur. Des rires se font entendre. Le présentateur de NBC (USA) prend l'antenne : "Nous ne savons pas ce qui arrive là-bas". Par téléphone, Holliman explique en direct sur CNN : "Ecoutez ! Je vais tendre le micro vers ma fenêtre". Des tirs de mitrailleuses se font entendre. Les correspondants de CBS (USA) annoncent que plusieurs missiles de croisière Tomahawk sont tirés à partir de navires dans le Golfe et en mer Rouge. L'information fait aussitôt le tour du monde. SurTF1 (France), Jean-Claude Narcy explique 15 minutes seulement après CNN que "nous vivons un moment exceptionnel, un moment historique : la guerre avec l'Irak a bien débuté..." D'après ABC (USA), l'Ouest de l'Irak est le théâtre "d'un incroyable feu d'artifice de batteries anti-aériennes" La capitale n'est pas épargnée : "Le ciel de Bagdad s'est soudainement embrasé, des tirs de DCA retentissent et des bombes semblent tomber sur la ville". Le monde entier a alors les yeux rivés sur CNN reprise par toutes les télévisions, alors qu'aucune image ne parvient de Bagdad. La photo du correspondant accolée à une simple carte de Bagdad en guise de reportage... Partout, on meuble pour garder l'antenne : "J'ai connu John Holliman de CNN à Bagdad, explique Patrick Poivre d'Arvor (TF1), le premier à avoir annoncé la guerre. Un très grand journaliste". Par téléphone, le correspondant de CNN explique que "nous essaierons de vous décrire autant que possible (...). Une bombe est tombée près de l'hôtel... L'immeuble a été secoué. Tout autour de nous, nous entendons des explosions, de très fortes explosions. A l'instant on vient de nous dire de rejoindre les abris (...). Les avions défilent au-dessus de nous très rapidement. Il y a eu un éclair. Tout le monde s'est aplati au sol". Puis les communications téléphoniques sautent. Et toujours pas d'images. NBC fait des pronostics hasardeux ("Toutes les cibles ont été détruites, chimiques et nucléaires") et sur la BBC (Grande-Bretagne), John Simpson s'emporte : il vient de voir passer un missile Tomahawk à quelques mètres de hauteur pour suivre sa trajectoire entre les bâtiments. "Le missile a tourné au coin de la rue pour repasser derrière l'hôtel et frapper sa cible ! " explique-t-il avec enthousiasme. Les envoyés spéciaux deCNN poursuivent : Les avions alliés "bombardent d'une altitude assez élevée (...). Ils ne descendent pas en piqué pour lâcher leurs bombes. Des nuages de fumée noire s'élèvent de la ville. Le ciel est illuminé par de grands éclairs". L'attaque semble importante : sur CBS, on annonce que des "vagues" de F-15 décollent "sans arrêt" des bases aériennes de l'est et du centre de l'Arabie Saoudite.
Puis, durant plusieurs heures, CNN fait le tour de ses correspondants. Charles Jaco à Dhahran enlève son masque à gaz pour parler au micro : "On nous demande de gagner les abris, de mettre les masques à gaz. On craint l'arrivée des missiles". Les parasites interrompent son intervention. John Sweeney rend compte par téléphone de la situation à Riyad. A Amman : "Ici, rien ne bouge". Au Pentagone, l'optimisme est de rigueur : "Ce n'est encore qu'un raid aérien. Il a des résultats inespérés, aucune perte enregistrée". A la Maison Blanche, à défaut d'information, on annonce que Bush regarde CNN. Richard Blystone vient de se lever à Jerusalem. Il cligne des yeux : "Il est très tôt ici, le jour n'est pas encore levé. Tout le monde dort. Ils ne savent encore rien, mais les militaires vont bientôt faire un compte-rendu." Se succèdent également les envoyés spéciaux au siège de l'ONU et à San Diego où sont interviewées des épouses de pilotes américains. Puis, la photo de Holliman réapparaît sur un fond de carte. Les bombes tombent, les parasites brouillent les lignes téléphoniques qui sautent à nouveau... La première guerre télévisée débute. Sans aucune image...
Reconstitution :
CNN en direct de Bagdad
Extrait du film "En direct de Bagdad", adapté du livre de Robert Wiener, producteur de CNN à Bagdad pendant la guerre du Golfe - 2002
0h00: Les leaders du Congrès américain sont convoqués à la Maison Blanche. Le président George Bush s'enferme dans le Bureau Ovale avec ses conseillers.
0h05 : La chaîne de télévision française TF1 lance un flash spécial qui durera plus de 36 heures, sans interruption. C'est la première télévision française à annoncer le début de la guerre du Golfe.
0h14 : La guerre du Golfe débute.
"La libération du Koweït a commencé sous le nom de code Tempête du Désert": le porte-parole de la Maison Blanche, Marlin Fitzwater annonce officiellement le début de la guerre du Golfe.
George Bush reste en liaison constante avec Norman Schwarzkopf à Riyad, lui-même en contact permanent avec les principaux chefs alliés sur le terrain : le général britannique Peter de La Billière, et le Français Michel Roquejoffre, chef de la force d'intervention Daguet.
0h15 :Alerte aux missiles en Arabie Saoudite.
Les sirènes retentissent dans la capitale saoudienne. Les habitants de Riyad et les journalistes occidentaux se réfugient avec leurs masques à gaz dans les abris. La panique s'empare de la population, notamment dans les hôtels où loge la presse mondiale. Au Novotel de Riyad par exemple, certains employés qui n'ont pas de masques à gaz se réfugient dans des sacs poubelles. Dans les rues, l'éclairage public n'est pas coupé. Il s'agit d'une fausse alerte.
Au même moment, le calme revient à Bagdad. John Holliman, envoyé spécial de la télévision américaine CNN à Bagdad, explique : "Nous devrions descendre aux abris dans les sous-sols de l'hôtel pour être en sécurité". Il rit et ajoute : "Mais nous aimons la vue ici. D'ailleurs tout est redevenu calme". Mais c'est une accalmie de courte durée. Le reporter reprend : "Nous avons l'impression que nos avions ont commencé à bombarder les bases tout autour de la capitale irakienne".
0h25 :Communiqué officiel lu à la radio israélienne
Dans un appel radio-diffusé, les officiers de TSAHAL demandent à la population israélienne de mettre ses masques à gaz et de ne pas sortir. "Israêl n'est pas mêlé aux combats dans le Golfe, mais comme mesure de prudence, la population est priée de rester à la maison, d'ouvrir son équipement de protection anti-gaz et de le garder à portée de la main. Quiconque doit sortir de chez soi est prié de prendre son masque avec lui. La population est priée d'écouter la radio en cas d'instructions". C'est par ce communiqué décrétant le "régime spécial de défense civile" (état d'alerte général dans la population civile) que la radio israélienne annonce le début de la guerre.
0h27 : Le Premier ministre irakien, Saadoun Hammadi, est informé de l'attaque des forces internationales. "Nous enverrons des missiles sur Israël si la guerre continue" menace-t-il.
0h37 : Les radars américains détectent la présence d'avions non identifiés dans le ciel saoudien. Ordre est immédiatement donné à tous les soldats de mettre les tenues N.B.C. (Nucléaire, Bactériologique, Chimique) et d'aller dans les abris.
0h55 : Le ministère britannique de la Défense informe que des unités de l'armée britannique sont engagées dans la bataille contre l'Irak. Au même instant, une explosion soulève un énorme nuage rouge, à 15 km de Bagdad. Une raffinerie proche du palais de Saddam Hussein est attaquée.
1h15 : D'après les envoyés spéciaux de la télévision américaine CNN à Bagdad, la capitale irakienne est bombardée toutes les 15 minutes environ depuis l'aube par des avions qui visent des cibles "très précises".
1h35 : Les sirènes retentissent au Bahreïn. Il s'agit d'une fausse alerte.
3h00 : L'état-major français annonce que 4 SCUD irakiens ont été tirés sur l'Arabie Saoudite. Un seul est retombé sur la périphérie de Riyad il y a 1 heure, sans faire de victimes.
3h50 : D'après le gouvernement israélien, les bases de missiles installées dans l'Ouest de l'Irak ont été attaquées. Colin Powell déclare d'ailleurs que les attaques aériennes contre l'Irak et les installations irakiennes au Koweït "ne cesseront pas".
4h10 : Les positions de la Garde républicaine irakienne au Koweït et dans le Sud de l'Irak sont bombardées par les B-52 américains.
4h40 : D'après les envoyés spéciaux de la télévision américaine CNN à Bagdad, le calme règne dans la capitale irakienne alors que le jour se lève.
4h50 : D'après les autorités britanniques, les 45 chasseurs-bombardiers Tornado britanniques qui ont participé aux premiers bombardements sur l'Irak, seraient rentrés sans pertes à leurs bases en Arabie Saoudite et au Bahreïn.
5h30 :Premier bilan des Alliés.
Les pilotes américains de la première vague de bombardements rentrent à leurs bases saoudiennes. L'occasion pour l'état-major américain de dresser un premier bilan : 2 avions alliés sont abattus. Le gouvernement koweïtien en exil informe que 2 bases aériennes irakiennes implantées au Koweït sont détruites. De son côté, la chaîne britannique BBC annonce que les chars britanniques, les célèbres Rats du Désert, sont en route pour le front.
6h30 : La télévision saoudienne affirme que des tirs opposant les chars américains aux chars irakiens à la frontière saoudo-koweïtienne ont éclaté, et que 50 chars irakiens se sont rendus aux Américains. L'information ne sera jamais confirmée.
7h00 : Des hélicoptères de l'armée irakienne survole Bagdad.
8h00 :Départ de la 2ème attaque aérienne.
750 sorties sont effectuées. Des missiles Tomahawk sont tirés toute la journée depuis l'USS Wisconsin. D'après la télévision britannique BBC, l'aéroport de Bagdad est détruit, ainsi que les ministères de la Défense et de l'Information, une raffinerie de pétrole, un immeuble de télécommunications, le bureau de poste central et un palais présidentiel. Au Koweït, l'aéroport al-Jaber est détruit. Les Alliés ne mentionnent pas de victimes civiles. L'Irak demande à tous ses réservistes nés entre 1954 et 1956 de rejoindre leurs casernes.
9h35 :Première mission des Jaguar français.
L'aviation française réalise son 1er raid dans le ciel koweïtien. Les 12 Jaguar sont chargés de détruire un aérodrome aux mains des Irakiens. 4 Jaguar seront touchés par la défense anti-aérienne irakienne et un pilote blessé à la tête.
22h00:Première mission des Tornado britanniques.
La première mission de guerre conduite par les Tornado britanniques concerne l'aérodrome de Tallil, dans le sud-est de l'Irak. 4 Tornado GR Mk 1 partis de Dhahran et 8 autres du même type partis de Bahreïn attaquent leur objectif. A cette occasion, les 2 pilotes d'un Tornado dont un des missiles Sidewinder, touché par un obus anti-aérien, a explosé, sont contraints de s'éjecter en territoire irakien. Les 2 hommes sont faits prisonniers.
La guerre vue du Koweït.
Au Koweït, les positions de la garde républicaine irakienne sont bombardées par des B-52 américains, tandis qu'au large des côtes koweïtiennes, une plate-forme pétrolière saoudienne est incendiée par un missile irakien. Appelé par téléphone par la chaîne américaine CNN, un Koweïtien explique que la résistance koweïtienne s'intensifie : des barrages irakiens implantés dans la capitale sont attaqués. La ville est plongée dans le noir, l'aéroport a été bombardé à trois reprises, et l'on ne compte que 30 blessés à l'Hôpital Central de Koweït-City.
L'aviation française dans la guerre.
Les pilotes français de la 11ème escadre de chasse de Toul, sont entrés en guerre à 4h30, lors du briefing à al-Ahsa. Leur mission : bombarder l'aérodrome al-Jaber au Koweït. A 5h30, 12 Jaguar décollent accompagnés de F-16 américains. 4 appareils sont équipés de missiles AS 30 à guidage laser. Les Jaguar attaquent à basse altitude, une tactique très risquée face aux tirs de la DCA irakienne : 4 appareils sont touchés. Le capitaine du 1er Jaguar touché est blessé à la tête ; une balle s'est logée dans le tableau de commandes du 2ème ; un 3ème a reçu dans un réacteur un missile SAM 7, qui n'explosera pas ; et les moteurs du dernier ont été criblés de balles. 2 chasseurs ont dû se poser d'urgence à Jubaïl. "Nous avons eu beaucoup de chance" explique le général Germanos à la télévision française FR3. Désormais, les pilotes français attaqueront en piqué.
Emeutes anti-françaises en Algérie.
En Algérie, le gouvernement organise dans la journée un conseil des ministres extraordinaire. Dans la rue, les manifestations contre la guerre rassemblent plusieurs dizaines de milliers de personnes, avec pour principal reproche la participation de la France dans la guerre du Golfe. A l'image de Constantine, où le consulat de France et les locaux d'Air France sont saccagés, de nombreux débordements ont lieu dans les rues d'Alger. Le drapeau français est brûlé sous les cris de "Mitterrand assassin!" et une équipe de la télévision française Antenne 2 est prise à partie, avant d'être placée sous sécurité policière.
Discours du général Schwarzkopf à ses hommes.
Dans la matinée, le général Norman Schwarzkopf, commandant en chef de la coalition inbternationale, s'adresse aux soldats de la coalition : "Vous êtes membres de la plus puissante force de notre pays, dans la coalition avec nos alliés. Notre pays n'en a jamais rassemblé autant sur un seul théâtre d'opérations pour faire face à tel agresseur. Vous vous êtes entraînés durement pour cette bataille et vous êtes maintenant prêts. Notre cause est juste. Maintenant vous devez être le tonnerre et la foudre de la Tempête du Désert. Que Dieu soit avec vous, avec vos proches et notre pays."
La guerre vue de Tunisie.
En Tunisie, la population s'inquiète des risques d'un embrasement total du Golfe et d'attentats dans la capitale. Pour faire face aux risques de débordements, Tunis est quadrillée jour et nuit par la police, les écoles restent fermées jusqu'à nouvel ordre et des chars prennent position devant les ambassades étrangères, et occidentales en particulier. Quant au gouvernement, il organise dans la journée un conseil des ministres extraordinaire.
La position ambigüe de la France.
Alors que le Premier ministre Michel Rocard prévoyait hier de possibles opérations militaires françaises en Irak, le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement les rejette catégoriquement aujourd'hui, annonçant par la même occasion un accord de principe sur ce point avec les USA. D'où une certaine polémique en Europe : quels sont les réels objectifs de la France ? Envisage-t-elle de conserver ses intérêts en Irak ? Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, le martèle : l'objectif de la France est de libérer le Koweït et non de détruire l'Irak. Un certain flottement règne au sein du gouvernement français, qui réclame pourtant la cohésion de toute la population derrière ses soldats, dont les effectifs atteignent désormais les 11.000 hommes...
La guerre vue par l'OLP.
L'Organisation de Libération de la Palestine appelle dans la matinée les Musulmans et le Tiers-Monde d'associer leurs forces face à ce qu'elle qualifie d' "agression ouverte et déloyale" contre l'Irak. Dans un communiqué envoyé par fax depuis Tunis, le comité exécutif de l'OLP déclare : "L'alliance américano-européo-sioniste a lancé aujourd'hui son attaque contre la capitale irakienne. (...) C'est un jour noir dans l'Histoire. Les Américains, les Sionistes et les Européens sont alliés contre l'Irak, son peuple et la nation arabe. (...) C'est un devoir historique et international pour tous les peuples arabes et islamiques et pour les pays du Tiers-Monde et toutes les nations qui aiment la liberté de se réunir pour s'opposer à cette agression ouverte et déloyale, qui n'est pas dirigée contre l'Irak mais contre toutes les ressources et les capacités de la nation arabe..."
La guerre vue du Japon.
Les Japonais se réveillent avec la guerre. La sécurité est renforcée dans tout le pays et le Premier ministre Toshiki Kaïfu fait une allocution en direct à la télévision en fin de matinée. Son objectif : rassurer ses concitoyens face à la guerre qui a commencé un peu avant 9h, heure d'ouverture de la bourse de Tokyo. L'inquiétude des investisseurs de ces derniers jours a cédé la place à l'attente. La bourse s'ouvre en effet sur une légère hausse, les investisseurs préférant attendre la suite des événements, dans le Golfe et sur toutes les places boursières encore endormies, pour prendre quelque initiative que ce soit.
L'industrie française sur le pied de guerre.
Toutes les entreprises françaises de l'armement (Matra, Thomson-CSF, Peugeot, Dassault, Aerospatiale, Renault...) ont reçu une lettre classée "secret défense" dès août 1990. Ces entreprises doivent se tenir prêtes en cas de pénurie de matériel militaire dans l'armée française. Par exemple, à propos des réacteurs des avions français sujets aux pannes dues au sable, un cadre de chez Dassault explique : "Il se peut que nous devrions fournir des rechanges à un rythme plus soutenu que d'habitude". La direction de Thomson-CSF reste muette, mais on ne cache pas qu'il y a déjà 300 ingénieurs de la société dans le Golfe pour réparer le matériel des militaires. Pour l'heure, les stocks des militaires sont suffisants. Mais si la situation empire dans le Golfe, ou si le conflit s'éternise, les usines françaises devraient tourner à plein régime pour fabriquer missiles, chars, avions et surtout pièces de rechange pour l'armée française.
La guerre vue par les places boursières.
Aussitôt la guerre déclarée, les investisseurs du monde entier prennent peur. Face aux risques de pénurie de brut, le prix du baril de pétrole grimpe de 3 à 4 dollars, atteignant 40 $ à la Bourse de Singapour ! Un plan d'urgence d'économie d'énergie est aussitôt proposé à de nombreux pays pour réduire leur consommation de pétrole. Mais quelques heures plus tard, les premiers succès aériens des Alliés dans la guerre provoquent l'euphorie sur toutes les places boursières asiatiques : Sydney +3%, Hong Kong +3,5%, Séoul et Tokyo +4,5%, Taïwan +6,7%. Puis les marchés financiers européens s'ouvrent, et la hausse est encore plus forte. "Ce que le marché n'aimait pas jusqu'à présent, c'était l'incertitude. Maintenant, on est face à une certitude, celle de la guerre" explique un trader parisien. Paris (où des détecteurs d'armes à feu ont été installés pour éviter tout attentat) clôt sur un bond historique de 7,05%. Les bénéficiaires de cette hausse sont les entreprises d'armement (Thomson-CSF +5,3% et Matra +7%) et du bâtiment (Lafarge-Coppée +5,5% et Bouygues +6%). A Francfort, c'est l'euphorie (+7,56%) à l'image de Bruxelles (+ 5,35% et une hausse de 7,3% pour Petrofina), Zurich (+5,05%), Milan (+4,7%) et Amsterdam (+5,5%). A Londres, la hausse est plus modeste (+2,4%) mais cette bourse est celle qui a le moins chuté depuis l'invasion du Koweït. New York, après avoir ouvert sur un bond de 3,8%, s'achève à +4,57% (plus forte hausse depuis 4 ans). Partout, les valeurs refuges sont en baisse. L'once d'or perd 22 dollars à Paris, 25 à New York et 27 à Londres. A Paris, le dollar ne s'échange plus qu'à 5,13 F (0,78€), le franc suisse est enbaisse, le Napoléon perd 16 dollars et le lingot 8. La plus forte baisse est celle du pétrole, qui perd 13 dollars d'un trait. La cotation du WTI a même dû être suspendue pendant 1 heure. "On assistait à une dégradation continuelle à mesure que les nouvelles témoignaient d'une victoire décisive des troupes alliées, explique un expert, sans que l'armée irakienne soit en mesure d'opposer une riposte sérieuse, susceptible en tout cas d'affecter la production de l'Arabie Saoudite".
Interview de David Lévy sur Antenne 2.
Interrogé par la télévision française Antenne 2, David Lévy, ministre israélien des Affaires étrangères, explique que son pays ne compte pas sur les autres pour faire "sa guerre ou son devoir" à sa place. Les choses paraissent claires en Israël : "Si on est attaqués, on ripostera (...) et ce sera [une attaque] vive et douloureuse". David Lévy en profite pour rappeler la bonne entente américano-israélienne, mais concernant les contacts entre Israël et la France en ces temps de guerre, le ministre aurait "bien voulu qu'ils soient plus francs"...
Une équipe de BBC enlevée par les Irakiens.
Le correspondant de la télévision britannique John Simpson, son caméraman et son chauffeur sont arrêtés ce matin à Bagdad alors qu'ils effectuaient un reportage dans les rues de la capitale irakienne, quelques heures après le début de la guerre. "Nous filmions illégalement dans les rues lorsque nous avons été arrêtés par un policier en civil. Il détient notre caméraman et le chauffeur, et j'ai réussi à m'échapper pour téléphoner" explique-t-il en direct sur la chaîne BBC-One. Pendant qu'il explique cette mésaventure, précise-t-il, des policiers irakiens attendent derrière la porte de sa chambre. "Ce que nous avons vu dans Bagdad est extraordinaire" a-t-il ajouté en guise de conclusion.
Manifestations contre la guerre.
Les manifestations pour la paix perdent d'intensité dans le monde. Mais les manifestants sont tout de même plusieurs milliers à défiler en Australie, aux USA et en Allemagne. A Peshawar (Pakistan), des affrontements entre pacifistes et forces de l'ordre font 20 blessés. Plus de 200 américains, essentiellement des diplomates, ont quitté le pays par peur des représailles. A Paris, à l'appel du PCF, de la CGT et des Verts, ils sont 20.000 à défiler aux cris de "Mitterrand assassin!" malgré l'interdiction de défiler notifiée par la préfecture de police. Certains d'entre eux n'ont pas hésité à interrompre une représentation des Noces de Figaro à l'Opéra-Bastille, sous les huées du public.
Soutien médical belge à la coalition.
L'aide médicale que fait la Belgique à certains pays de la coalition n'est pas négligeable. La capacité du département des grands brûlés à l'hôpital militaire de Neder-over-Hembeek a fortement augmenté ces derniers jours. De plus, à l'aide d'un Boeing 727 et d'un C-130 Hercules, la Belgique assistera la Grande-Bretagne et la France pour les évacuations sanitaires aériennes. Le royaume belge fournira également du personnel médical pour l'hôpital de campagne que les Britanniques envisagent d'installer à Chypre. Des ambulances seront également mises à la disposition de la France, et 3.000 lits de camp à celle de la Grande-Bretagne.
La France redoute les attentats.
Face aux risques d'attentats, d'affrontements inter-communautaires ou à l'afflux de blessés venant du Golfe, les ministères de la Défense et de la Santé (selon des accords signés en 1984) annoncent qu'ils pourraient réquisitionner 55.000 lits d'hôpital sur tout le territoire français, pour prêter main forte aux hôpitaux militaires. Ce qui représente 12% du parc hospitalier français. Selon l'Assitance Publique de Marseille, "moins d'une heure est nécessaire pour ouvrir un hôpital qui n'est pas de garde".
CNN : histoire d'un succès planétaire...
"Cela doit être vrai, je l'ai vu sur CNN"... Telle est la réponse qu'a donné Dick Cheney, secrétaire d'Etat à la Défense, lors de son premier point presse de la journée, à un journaliste qui l'interrogeait sur le succès des premières opérations militaires. La chaîne de télévision de Ted Turner, qui compte pas moins de 52 millions d'abonnés dans le monde, a été retransmise toute la journée sur toutes les télévisions du monde. Lors de cette première nuit des bombardements, l'audience de CNN a explosé : près d’un milliard de téléspectateurs à travers le monde, l’audience la plus large de l’Histoire pour un événement non sportif. Avec 150 personnes en Irak pour un budget quotidien de 5 millions de francs (900.000 €), la chaîne américaine est la reine de la journée. Pourtant, CNN n'est pas la première chaîne à avoir annoncé le début de la guerre. Gary Shepard, envoyé spécial d'ABC à Bagdad a annoncé le début du conflit 2 minutes avant CNN. Mais le contact entre Bagdad et Washington a vite été perdu. En fait, alors que toutes les télévisions et toutes les radios du monde tentaient en vain de contacter leurs correspondants par téléphone satellitaire, saturant le réseau, les correspondants de CNN ont tout simplement utilisé le réseau téléphonique normal... Ce qui explique les nombreuses coupures de ligne que les téléspectateurs ont pu voir. Tous les grands networks ont dû se résigner à diffuser CNN, NBC en a d'ailleurs profité pour interviewer les correspondants de CNN en direct de Bagdad. Bernard Shaw de CNN s'est aussi offert le luxe de rassurer la direction de CBS sur le sort de ses correspondants, logés dans le même hôtel. Ceux-ci, comme tous les correspondants de la presse mondiale, ont été conduits dans les abris anti-aériens par les soldats irakiens. Peter Arnett, commentant les bombardements par téléphone, a refusé de quitter la fenêtre de sa chambre du 9ème étage de l'hôtel Al Rachid, prétextant qu'il "deviendrait fou" s'il descendait à la cave. Shaw et Holliman s'étaient cachés dans une armoire, afin de rester dans leur chambre pour commenter les bombardements derrière leur fenêtre. Bernard Shaw, Peter Arnett et John Holliman, les 3 correspondants de CNN à Bagdad sont devenus des célébrités internationales, alors qu'ils n'en sont pas à leur premier coup d'éclat. Le premier, présentateur politique de la chaîne à Washington, a refusé d'intégrer la prestigieuse famille des conseillers de George Bush nouvellement élu. Le second a couvert la guerre du Viet-Nam de l'arrivée des GI's à la chute de Saïgon. Après avoir intégré CNN dès 1980, il est devenu correspondant à Jérusalem et à Moscou. Comme son collègue Holliman, il a couvert les événements de Tian'anmen avant d'obtenir le Prix Pulitzer. Avant de partir à Bagdad, le dernier était à Washington pour couvrir l'actualité des organismes indépendants du gouvernement (NASA, Administration fédérale de l'aviation...). Hier, Bernard Shaw souhaitait rentrer aux USA. Depuis qu'il est devenu une star planétaire, son retour n'est plus programmé...
En bref :
Moins de 3h après la première opération militaire, l'armée israélienne impose un couvre-feu général sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Le gouvernement place par ailleurs le pays tout entier sous le régime de l'économie de guerre.
"C'est moi Saddam, c'est moi Georgie ! C'est moi le gland ! C'est moi l'abruti ! C'est moi Saddam, c'est moi Georgie ! Et on prépare une belle boucherie ! " C'est ainsi que les marionnettes de Saddam Hussein et de George Bush, déguisés en Laurel et Hardy, annoncent aux téléspectateurs des Guignols de l'Info, sur la chaîne française Canal+, le début de l'opération Tempête du Désert.
Les autorités britanniques lancent un appel au don du sang pour se préparer à un afflux de soldats blessés dans les hôpitaux du pays. Cet appel est entendu : la fréquentation des centres de don du sang est multipliée par 4 !
L'Arabie Saoudite ferme son espace aérien. Tous les vols sont déviés vers l'Egypte. L'aéroport international de Manama, au Bahreïn, est également fermé au trafic civil.
Pour éviter une explosion du prix du litre d'essence en ce premier jour de guerre, le groupe pétrolier Esso demande à ses 1.300 stations françaises de geler leurs prix. "Depuis déjà plusieurs jours, des consignes avaient été données aux pompistes" explique la direction. Même consigne chez le groupe français Total.
Le parlement italien approuve une proposition du gouvernement en faveur de l'engagement militaire du pays dans le Golfe. L'opération est baptisée "Locuste" et est placée sous les ordres du colonel Redditi. L'aviation italienne, composée de 10 Tornado et 600 aviateurs, est installée à al-Dhafra (E.A.U.).
La Jordanie annonce qu'elle ferme son espace aérien aussi bien aux Irakiens qu'aux Alliés. Tous les vols civils en provenance ou à destination de l'étranger sont annulés. Quant au gouvernement, il organise dans la journée un conseil des ministres extraordinaire.
En France, plusieurs membres (dont l'homme d'affaires Pierre Bergé, le philosophe Bernard-Henri Lévy ou encore le chanteur Patrick Bruel) de l'association SOS-Racisme démissionnent, pour protester contre les prises de position pacifistes du mouvement.
A la demande des USA, l'Australie fait entrer des navires de guerre dans le Golfe.
Dans la journée, face au succès planétaire de la chaîne américaine et par crainte de donner une image négative de leurs capacités militaires, les autorités irakiennes interdisent aux journalistes de CNN d'émettre depuis Bagdad.
A Ankara (Turquie), le Parlement donne son accord pour l'utilisation par les Alliés de ses aéroports militaires et le gouvernement autorise l'envoi de troupes turques en dehors du territoire national. Dans la matinée, une cellule de crise s'est constituée au ministère des Affaires étrangères.
A Prague (Tchécoslovaquie), 54 officiers irakiens et leurs familles sont placées en résidence surveillée.
La compagnie aérienne belge Sabena annule aujourd'hui tous ses vols à destination de la Turquie et Israël, mais maintient ses liaisons vers Tunis.
Sur la radio publique française France-Inter, un célèbre journaliste américain déclare : "Si la guerre du Viêt-Nam a cessé, c'est parce qu'on en a montré les horreurs. Justement, les militaires veulent empêcher qu'on voie cela. Ils organisent donc l'encadrement des journalistes".
A la télévision israélienne, Shimon Perez annonce qu'après la guerre, il faudra engager des négociations pour régler le "problème" palestinien. Quant à la population, elle semble rassurée : le Pentagone affirme avoir détruit toutes les bases de lancement de SCUD.
7 des 9 diplomates irakiens en poste à Bruxelles (Belgique) sont expulsés.
En France, certaines rumeurs faisaient état de consignes particulières données à tous les établissements scolaires suite à la guerre du Golfe. Le ministère de l'Education nationale dément catégoriquement en rappelant aux établissements les "principes de la laïcité et de la neutralité". Ce qui vise essentiellement les lycéens : "Il est exclu qu'ils montent des réunions sur cette affaire". Principe de base : "éviter tout débordement".
Succession de déclarations officielles :
1h15 GMT : Conférence de presse deMarlin Fitzwater.
A 1h15 GMT, le porte-parole de la Maison Blanche annonce que les bombardements sur l'Irak ont eu lieu "exactement de la façon dont cela était prévu". Il précise avec fierté : "Nous savions que les premiers coups de feu devaient être tirés à 19h (heure de Washington). Ils étaient juste à l'heure". Cependant, "ce n'est qu'un début, et les Etats-Unis ne pensent pas que cela sera facile".Il achève sa conférence en précisant que George Bush était "calme" cette nuit... 2h00 GMT : Discours de GeorgeBush.
"Nous n'échouerons pas" promet George Bush aux Américains dans un message télévisé. "Il n'y a pas d'autre choix que de chasser Saddam Hussein du Koweït par la force", confie-t-il en insistant sur la nécessité de détruire le potentiel nucléaire et chimique de l'Irak. "Le monde ne pouvait pas attendre plus longtemps" pour restaurer "la paix et la justice" a expliqué le président américain. Cedernier table sur une guerre très courte et peu meurtrière. "Notre but n'est pas la conquête de l'Irak mais la libération du Koweït (...) et la recherche d'un nouvel ordre mondial" a-t-il affirmé. Et de préciser : "Ce ne sera pas un nouveau Vietnam". Des mots auxquels l'opinion publique américaine aura été sensible. Il a également promis de rapatrier les GI's "le plus tôt possible". Et pendant ce discours (qui aurait demandé 3 semaines de préparation), 300 pacifistes manifestent devant la Maison Blanche. 2h30 GMT : Conférence de presse de Dick Cheney.
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense, donne sa première conférence de presse en temps de guerre. Les opérations militaires ont été "menées cette nuit conjointement par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Arabie Saoudite et le Koweït" explique-t-il à la presse mondiale avant d'ajouter qu'il y a "quelques morts américains". Interrogé par un journaliste sur le succès des premières opérations militaires, Cheney répond : "Cela doit être vrai, je l'ai vu sur CNN"... Une publicité inattendue pour la chaîne de télévision de Ted Turner... 4h15 GMT : Discours de Saddam Hussein.
Saddam Hussein apparaît à la télévision irakienne. "Le peuple irakien vaincra les mécréants" affirme-t-il. Il invite tous ses compatriotes à participer à "la mère des batailles qui a commencé contre les forces impérialistes et leurs alliés". "Les forces d'occupation ont commis un crime (...), la grande bataille a été menée pour la justice et Bush, poussé par le diable, sera battu si Dieu le veut". Qualifiant Bush de "criminel hypocrite", il menace : "Les Irakiens, les arabes et le peuple islamique rendront 2 coups pour chaque attaque dirigée contre eux." Et de conclure : "Les criminels n'ont pas honte, eux et leurs amis iront en enfer. Fahd est un traître criminel, Dieu est avec nous, Dieu est patient (...). Pour tous les croyants, la victoire est possible (...). Les rois, les tyrans et même ceux de Tel-Aviv seront renversés avec la chute du Satan de la Maison Blanche". Mais peu d'Irakiens entendront son message : la tour de télévision de Bagdad a été la première cible des Alliés. 8h15 GMT : Conférence de presse de John Major.
Le Premier ministre britannique explique, lors d'une conférence de presse diffusée en direct à la télévision, que "l'attaque a commencé la nuit dernière juste avant minuit". Cette "attaque à très grande échelle", "menée conjointement par les forces américaines, les forces britanniques, les forces saoudiennes et les forces koweïtiennes (...) conformément à la résolution 678", ne viserait que "des cibles militaires en Irak et à Bagdad". Le Premier ministre a affirmé qu'il n'y avait aucunes pertes britanniques et que l'opération de la nuit a été "couronnée de succès". "Nos prières et nos pensées sont avec nos soldats et avec leurs familles" a expliqué Major. Il a également affirmé que "tout était fait" pour que le nombre des victimes civiles soit le plus limité possible. Il a également rejeté toute idée de pause , "cela permettrait à Saddam Hussein de regrouper ses forces et de passer à la contre-attaque". Discours de Brian Mulroney.
Moins de 4h après le début de la guerre, le Premier ministre canadien Brian Mulroney s'adresse à ses compatriotes en direct à la télévision canadienne pour expliquer que son pays "s'était joint à d'autres pays des Nations Unies aux efforts nécessaires pour expulser Saddam Hussein du Koweït par la force". Mulroney, qui a reçu un appel téléphonique de George Bush "juste avant le début des opérations", a précisé que les chasseurs canadiens avaient été chargés d'effectuer "des patrouilles de combat" pour protéger les navires canadiens et alliés dans le Golfe. Toutefois, "les forces canadiennes resteront sous le commandement du Canada". Dans leur majorité, les Canadiens sont opposés à la guerre, et la côte de popularité de Mulroney s'effrite depuis plusieurs mois. Si la situation dans le Golfe devait empirer, si des soldats canadiens revenaient du Golfe dans des cercueils, le Premier ministre canadien devra convaincre ses concitoyens que le Canada aurait "trahi ses propres intérêts, abdiqué devant ses propres responsabilités, et déshonoré ses traditions" s'il n'avait pas envoyé de troupes au combat. Discours de Wilfried Maertens.
Le Premier ministre belge explique à ses compatriotes que son "gouvernement mettra tout en oeuvre pour que la coopération avec la communauté arabe se poursuive, surtout en cette période de tension internationale". Wilfried Maertens a également rappelé qu’il espérait que "la guerre soit courte et que les pertes en vies humaines y soient limitées au minimum". Conférence de presse de Fernandez Ordonez.
Lors d'une conférence de presse, le ministre espagnol des Affaires étrangères explique que "les forces espagnoles présentes dans le Golfe (une frégate et 2 corvettes) ne participeront directement à aucune action militaire, mais prêteront leur appui à la force multinationale" dans son offensive contre l'Irak. Il ajoute également que le souhait principal de l'Espagne est maintenant de "parvenir le plus rapidement possible à la paix". En ce qui concerne l'après-guerre, le chef de la diplomatie espagnole estime qu'il est désormais nécessaire que "la communauté internationale prenne enfin au sérieux l'ensemble des problèmes du Proche-Orient". Discours de Ruud Lubbers.
Dans la matinée, le Premier ministre des Pays-Bas prend la parole en direct à la télévision néerlandaise. "L'incroyable est arrivé : les armes parlent" explique Lubbers. Et de poursuivre : "Si attristant que cela soit, il faut préparer l'avenir. Les Pays-Bas (...) sont derrière le président Bush qui, dans la ligne des résolutions des Nations Unies, commande une opération militaire malheureusement nécessaire (...) pour rétablir le droit. Nous souhaitons que la violence soit de courte durée, que le moins possible d'hommes en seront victimes, le moins possible aussiparmi le pauvre peuple irakien". Déclaration d'Helmut Kohl.
Le chancelier allemand fait part de sa "profonde consternation" à l'annonce des hostilités. Cependant, il précise : "Avec nos partenaires, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à la guerre le plus rapidement possible (...). Chacun en cette heure pense à ceux qui souffriront le plus de ce conflit". Conférence de presse de Mark Eyskens.
Le ministre belge des Affaires étrangères a un regret : tous les Alliés n'étaient pas au courant de l'attaque, "sauf les initiés". "Mais voilà, je pense d'abord aux victimes. A ceux qui sont déjà morts, et ceux qui vont mourir, aux blessés aussi." Selon lui, il faut faire en sorte que "la coalition internationale puisse mettre fin rapidement au conflit, bien entendu par une victoire". Et d'ajouter : "C'est le président irakien qui a en fait déclenché la guerre et maintenant il s'agit d'une réponse par 28 Etats sous mandat des Nations Unies en vertu de sa charte (...). Il ne faut pas considérer ceci comme un conflit entre l'Occident et le monde arabe", en précisant qu'une dizaine de pays arabes s'étaient rangés aux côtés des USA. Eyskens conclut : "Les forces belges feront leur tâche"...
Sondages :
Attentats :
Sondage Gallup - USA Today : 75% des Américains approuvent la décision de George Bush de déclencher les hostilités, contre 18% qui y sont opposés.
Sondage CBS - New York Times : 78% des Américains pensent que la guerre est la meilleure façon d'obtenir la libération du Koweït contre 18% qui souhaitaient voir les sanctions durer plus longtemps. Pour 36% des personnes interrogées, cette guerre devrait durer quelques mois, contre quelques semaines pour 51%. Enfin, 53% des Américains considèrent que les attentats sur le sol américain sont "peu probables".
Sondage Gallup - Radio-Canada : 56% des Canadiens (dont 70% des Québécois) sont opposés à la guerre du Golfe et à la participation de leur pays dans le conflit contre 40% qui y sont faborables.
Sondage Gallup - CNN : 84% des Américains ont regardé ou écouté l'allocution de Bush et 86% d'entre eux s'en disent satisfaits. 79% des Américains approuvent le déclenchement des hostilités contre 15% qui y sont opposés. 81% des personnes interrogées approuvent le rôle de Bush dans la guerre, qui ne devrait durer que quelques jours selon 17% des Américains, quelques semaines selon 39%, voire plusieurs mois selon 23%.
France : 3 cocktails Molotov sont lancés contre la synagogue de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon sans faire de dégâts. Les bouteilles, remplies d'essence, ont été jetées vers 22h30 contre la porte de l'édifice, situé dans le quartier populaire des Minguettes. Israël : Des coups de feu sont tirés contre la façade du consulat américain de Jérusalem. Les soupçons se portent sur des manifestants palestiniens. France : Un pain de 200 g de plastic, sans détonateur, est retrouvé dans une consigne de la gare de Montauban. Allemagne : Par crainte des attentats, le transport des caméras, rasoirs, sèche-cheveux et calculettes est interdit dans tous les avions allemands. France : 1 cocktail Molotov est lancé contre le centre de recrutement de l'armée de l'air de Clermont-Ferrand. Les 5 auteurs de l'acte, arrêtés par la police, ont expliqué avoir voulu "faire quelque chose" contre la guerre du Golfe.
Lu dans la presse :
Quotidien irakien Al-Qadessiya : "C'est la guerre la plus honorable de l'Histoire".
Quotidien américain Wall Street Journal : "Aux nombreuses personnes dans le monde qui copient toujours le modèle des Etats-Unis , il est rassurant d'avoir été témoin ces derniers mois d'un président qui a les qualifications politiques pour atteindre des objectifs sérieux".
Quotidien syrien Tichrin : "Nous avons pris à tort la patience du monde pour une faiblesse (...). Nous avons pris à tort pour soumission la patience du peuple irakien devant les massacres sanglants (de Saddam Hussein)".
Quotidien américain Los Angeles Times : Saddam Hussein "est-il encore raisonnable? Comprend-il ce qui est en jeu? Si oui, il est encore temps de l'arrêter. La nuit de mercredi a vu se réaliser une démonstration massive des aviations américaine et britannique."
Quotidien américain New York Times : "L'utilisation de la force n'a finalement pas pu être évitée, mais l'utilisation de trop de force peut-être. Un respect prudent pour les intérêts à long terme de l'Amérique dans l'ensemble du monde arabe a mesuré les frappes."
Ils ont dit :
Ils ont dit :
Ziad Haidar, ambassadeur d'Irak en Belgique : "L'offensive contre Israêl va venir. La décision a été prise, l'horaire est évidemment secret". Alexandre Bessmertnykh, ministre soviétique des Affaires étrangères : "L'Irak ainsi que tous les peuples de la région payent un prix démesurément élevé pour les actions insensées" de Saddam Hussein. Vasilis Manginas, porte-parole du gouvernement grec, regrette "la procédure dramatique" qu'utilisent les Alliés pour libérer le Koweït, mais Saddam Hussein en est "le seul responsable". Bassam Abou Sharif, l'un des dirigeants de l'OLP, à Tunis : Il est "malheureux que George Bush ait décidé de tuer pour protéger l'occupation israélienne [de la Palestine] par des destructions de vies humaines."
L'OLP dénonce "la croisade de l'Occident contre l'Irak", appelle à la révolte générale en Israël, malgré le couvre-feu imposé dans les Territoires occupés et demande aux "Arabes, Musulmans et forces éprises de paix à s'opposer à l'agression". Nicolas Sarkis, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes : "Il n'est pas du tout exclu de voir le baril [de pétrole] grimper à 50 ou 60 dollars, voire plus" (Quotidien français L'Humanité).. Domingo Cavallo, ministre argentin des Affaires étrangères : "C'est le monde qui est en guerre contre l'Irak". Le gouvernement tchadien : "Le Tchad, qui est lui-même la cible d'une annexion, ne peut cautionner l'annexion d'un pays par un autre". Patricio Aylwin, président du Chili : : "Personne ne peut être content quand des êtres humains se tuent les uns les autres (...). La guerre a commencé et c'est douloureux pour l'Humanité". Roh Taewoo, président de la Corée du Sud assure le "soutien de tout coeur" de son pays "à la décision de la force multinationale menée par les Etats-Unis de punir l'Irak pour ses actes non civilisés continuels". Taïzo Watanabe, porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères : "Notre position est claire. Nous soutenons fermement l'initiative américaine, nous la soutenons à 100%". Chandra Shekhar, Premier ministre de l'Inde : "L'Inde et les autres pays asiatiques devront supporter le poids de la guerre dans une mesure importante" en espérant que "le bon sens l'emporterait et que la guerre prendrait fin immédiatement". Mohammad Salmane, ministre syrien de l'Information : "Notre armée déployée sur le territoire saoudien a une mission claire : défendre les soldats saoudiens en cas d'attaque irakienne (...). Si le territoire saoudien est l'objet d'une attaque de la part de l'armée irakienne, nos forces dans le Golfe auront la mission de combattre". Un soldat irakien à Bagdad : "Les Américains ne nous connaissent pas. Cette guerre ne sera pas un pique-nique pour eux" (Quotidien belge La Lanterne).
Les autorités tunisiennes dénoncent une "lâche agression contre l'Irak et le monde arabe". Javier Perez de Cuellar : "En tant que Secrétaire général des Nations Unies, une organisation de paix, je ne peux qu'être attristé par le déclenchement des hostilités". Jacques Poos, Premier ministre du Luxembourg, va tout faire pour "essayer de terminer la guerre au plus vite" (Radio française RTL).
Dans un communiqué, les autorités jordaniennes dénoncent l'agression américaine contre l'Irak. Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense : "Nous sommes prêts à poursuivre l'intervention aussi longtemps qu'il le faudra pour remplir nos objectifs... Ce pourrait être une période de temps assez longue, ou une période de temps relativement courte" (Hebdomadaire américain Time). Moshe Arens, ministre israélien de la Défense : "Un coup massif et semble-t-il efficace a été porté contre les forces de Bagdad" mais il est "prématuré de conclure que tout danger est écarté en Israël". Général Buis, ancien directeur de l'institut des hautes études militaires : "On tape sur le mufle de la bête et en même temps on lui casse les reins". Fidel Castro, président de Cuba, fait part de son "amertume" et de sa "douleur". "La guerre est un échec pour les Nations Unies, pour les politiciens de cette époque, et elle démontre l'incapacité des organismes internationaux et des hommes politiques à résoudre pacifiquement leurs problèmes". Toshiki Kaïfu, Premier ministre du Japon, apporte son "soutien maximum" aux Alliés.
Devant la Chambre des Communes, le Premier ministre britannique John Major se déclare "satisfait" de la "fermeté" britannique : "Nous poursuivrons notre action militaire jusqu'à ce que Saddam Hussein trouve raison". Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, président de l'Iran : L'attaque de la coalition "constitue un coup dur porté aux vies humaines et aux ressources de la région". Son gouvernement déclare qu'il ripostera à toute attaque contre les intérêts iraniens.
Général Maurice Schmitt, chef d'état-major des armées françaises : La coalition "a causé de l'ordre de 50% de pertes à l'aviation irakienne."
Colonel Mohamar Kadhafi, président de la Libye : "Les bombardements sur Bagdad doivent cesser immédiatement" (Télévision américaine CNN). Général Germanos, chef du service de presse des armées françaises, fait un premier bilan côté français : "La vérité est toujours dite (...) : il n'y a qu'un seul blessé léger" (Télévision française FR3). Mahammad Aboulhassan, ambassadeur du Koweït à l'ONU, accueille l'annonce du début de la guerre avec "satisfaction".
Les places financières s'effondrent, l'inquiétude des populations et le prix de l'essence augmentent. L'Occident redoute des attaques terroristes en cas de conflit. Le tourisme international est paralysé, les compagnies aériennes en pâtissent. A Genève a lieu la rencontre de la dernière chance entre Tarek Aziz et James Baker. C'est l'échec : l'Irak menace Israël, l'Amérique menace l'Irak...
Les pacifistes du monde entier se mobilisent. A Bagdad, les ambassades ferment les unes après les autres, et en Israël, la population s'équipe en masques à gaz. Sur toutes les télévisions, le compte à rebours est enclenché. Et l'ultimatum de l'ONU expire... Le Parlement français vote pour la guerre. Les journalistes venus du monde entier s'entassent dans les hôtels de Riyad où les exercices d'alerte s'enchaînent.
En direct sur CNN, l'aviation américaine lance l'opération Tempête du désert. L'Irak riposte en lançant des missiles sur l'Arabie Saoudite et Israël. Le monde entier incite l'Etat hébreu à ne pas riposter. Une attaque israélienne contre l'Irak provoquerait la fin de la coalition arabo-occidentale. Capturés par les troupes irakiennes, 7 pilotes alliés sont exhibés sur Radio-Bagdad.
En plein conflit, Saddam Hussein accorde une interview à CNN. Alors que l'Irak est bombardé sans relâche, l'aviation irakienne trouve refuge en Iran.
Les Irakiens provoqueraient une marée noire dans le Golfe pour éviter un débarquement allié au Koweït. Les troupes terrestres irakiennes passent à l'attaque en Arabie Saoudite. La contre-offensive alliée est importante. Après 2 jours de combats acharnés, l'armée irakienne subit un lourd revers.