samedi 12 janvier 1991

La guerre devient inévitable

Le Congrès américain vote pour la guerre.
Au terme de 3 jours de débat et pour la première fois depuis 1941, date d'entrée en guerre des USA contre les forces de l'Axe, le Congrès a donné au Président l'autorisation de mener la guerre. Bush a eu beaucoup de mal à trouver une mqajorité favorable à la guerre. Sam Nunn, sénateur démocrate de Géorgie, opposé au conflit, s'interroge : "Quelles garanties avons-nous que la guerre sera brève et les pertes américaines légères ?" Et c'est à une faible majorité (53 pour et 46 contre au Sénat, 250 pour et 183 contre à la Chambre des Représentants) que les 2 Chambres ont voté une résolution qui permet au chef de l'exécutif "d'engager les forces armées des Etats-Unis pour faire appliquer la résolution 678 des Nations Unies." Elle aura force de loi dès que Bush l'aura signée, mais il devra, avant l'attaque, informer qu'il a exploité toutes les voies diplomatiques.

A Bagdad, les ambassades ferment leurs portes.
Joseph Wilson, le chargé d'affaires américain à Bagdad embarque dans un Boeing 727 d'Iraqi Airways affrété par son ambassade. Des diplomates de 8 autres pays profitent de ce vol spécial : Portugais, Brésiliens, Belges, Polonais, Canadiens, Finlandais, Autrichiens et Norvégiens. Ainsi que des journalistes américains qui n'ont pas envie d'attendre l'expiration de l'ultimatum en Irak. Les diplomates suisses, britanniques, danois, turcs, italiens et néerlandais sont également partis. Les autorités irakiennes ont même autorisé l'ambassadeur du Koweït à Bagdad à quitter le pays. En résidence surveillée depuis le 2 août et souffrant de problèmes cardiaques, il a été libéré à la demande de Hussein de Jordanie. Son homologue égyptien a lui aussi fait ses valises : son gouvernement a décidé de réduire le nombre de ses diplomates en Irak. Mais la plupart des pays arabes ont maintenu des représentants. Des ressortissants étrangers continuent à partir vers la Jordanie, profitant de l'unique liaison quotidienne à destination d'Amman. Des 12 pays de la CEE, seule la France n'a pas fermé son ambassade.

Manifestations pour la paix dans le monde.
Dans les rues de Paris, 200.000 personnes manifestent contre la guerre. Des banderoles "NON A LA BUSHERIE" ou "NI SADDAM NI ONCLE SAM" parsèment le cortège. On peut également acheter un badge portant le célèbre vers de Prévert : "Quelle connerie la guerre !" Les manifestants ont également défiler dans toute l'Europe. Ils étaient 200.000 à défiler dans 70 villes allemandes, 20.000 en Grande-Bretagne, et plusieurs milliers en Italie, dont Monseigneur Capucci, évèque palestinien.

James Baker en visite officielle en Syrie.
Lors de la visite officielle du Secrétaire d'Etat américain James Baker en Syrie, le président syrien Hafez El-Assad en profite pour appeler de nouveau Saddam Hussein à retirer ses troupes du Koweït, évitant ainsi "à l'Irak et au monde arabe une guerre destructrice." Le Président syrien promet également au Président irakien de participer au conflit à ses côtés si la guerre éclate après le retrait irakien du Koweït et en cas d'intervention militaire d'Israël.

En bref :
   

La Norvège accroît la protection, pourtant déjà extrêmement stricte, des installations pétrolières en Mer du Nord. Un peu partout dans le monde, la crainte du terrorisme s'amplifie.

Le Secrétaire d'Etat américain, James Baker, se rend en visite officielle en Egypte pour y rencontrer le président Hosni Moubarak.

En France, les associations SOS Racisme, Amnesty International et La Ligue des Droits de l'Homme écrivent au président François Mitterrand pour lui demander de poursuivre ses efforts pour la paix. Ces associations s'opposent officiellement à la guerre, mais n'appellent pas leurs adhérents à défiler dans les manifestations pacifistes.

Les autorités belges annoncent que leur pays est prêt à toute éventualité après le 15 janvier, y compris à une participation militaire aux côtés des Alliés.

Saddam Hussein reçoit en son palais de Bagdad le chef de l'OLP, Yasser Arafat, qui lui réaffirme son soutien.

Arrivé depuis quelques heures à Bagdad, le Secrétaire général des Nations Unies Javier Perez de Cuellar s'entretient avec Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères, en attendant sa rencontre avec Saddam Hussein prévue demain.

Arrivée dans les eaux du Golfe du porte-avions américain USS Midway, escorté de 2 contre-torpilleurs, 2 croiseurs et 3 autres navires de guerre, soit au total plus de 10.000 hommes. L'US Navy informe ses alliés de la présence dans les eaux du Golfe d'un très grand nombre de mines irakiennes. Cette information est confirmée par l'agence de presse iranienne Irna.

Evgueni Primakov, ministre soviétique des Affaires étrangères, se dit pessimiste quant aux chances de paix. Selon lui, Saddam Hussein ne reculera pas et préférera la guerre à un retrait.

Ordre est donné de fermer toutes les écoles françaises en Arabie Saoudite. Tous les Français se trouvant encore dans la région du Golfe sont priés de rentrer en métropole. De ce fait, le dernier vol régulier Riyad-Paris d'Air France ramène d'Arabie Saoudite 147 femmes et enfants. Les hommes restent sur place à la demande de leurs employeurs saoudiens.

Les autorités de Bagdad font part de la fermeture de l'espace aérien irakien.

Face aux risques de guerre, la Grande-Bretagne demande officiellement à tous ses ressortissants de quitter Israël.

Sondage :
   

Sondage SOFRES - Le Figaro : 73% des Français pensent qu'un conflit va éclater dans le Golfe. Ils n'étaient que 43% il y a une semaine. Et seulement 33% d'entre eux (contre 57%) sont favorables à une participation militaire française aux côtés des Alliés.

 

 

 

Chronologie des événements - janvier 1991

Les places financières s'effondrent, l'inquiétude des populations et le prix de l'essence augmentent. L'Occident redoute des attaques terroristes en cas de conflit. Le tourisme international est paralysé, les compagnies aériennes en pâtissent. A Genève a lieu la rencontre de la dernière chance entre Tarek Aziz et James Baker. C'est l'échec : l'Irak menace Israël, l'Amérique menace l'Irak...

Les pacifistes du monde entier se mobilisent. A Bagdad, les ambassades ferment les unes après les autres, et en Israël, la population s'équipe en masques à gaz. Sur toutes les télévisions, le compte à rebours est enclenché. Et l'ultimatum de l'ONU expire... Le Parlement français vote pour la guerre. Les journalistes venus du monde entier s'entassent dans les hôtels de Riyad où les exercices d'alerte s'enchaînent.

En direct sur CNN, l'aviation américaine lance l'opération Tempête du désert. L'Irak riposte en lançant des missiles sur l'Arabie Saoudite et Israël. Le monde entier incite l'Etat hébreu à ne pas riposter. Une attaque israélienne contre l'Irak provoquerait la fin de la coalition arabo-occidentale. Capturés par les troupes irakiennes, 7 pilotes alliés sont exhibés sur Radio-Bagdad.

En plein conflit, Saddam Hussein accorde une interview à CNN. Alors que l'Irak est bombardé sans relâche, l'aviation irakienne trouve refuge en Iran.
Les Irakiens provoqueraient une marée noire dans le Golfe pour éviter un débarquement allié au Koweït. Les troupes terrestres irakiennes passent à l'attaque en Arabie Saoudite. La contre-offensive alliée est importante. Après 2 jours de combats acharnés, l'armée irakienne subit un lourd revers.

 

février 1991

Galerie de photos
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En vidéo


Perez de Cuellar à Bagdad (9 minutes)
Antenne 2 - Journal de 13h (extrait) - 12 janvier 1991


Perez de Cuellar à Bagdad (21 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 12 janvier 1991


Perez de Cuellar à Bagdad (17 minutes)
Antenne 2 - Journal de 20h (extrait) - 12 janvier 1991


Conférence de presse de George Bush (1 minute)
FR3 - Journal de 22h30 (extrait) - 12 janvier 1991


La crise du Golfe (12 minutes)
WPVI - Télévision locale américaine (extrait en anglais) - 12 janvier 1991