LA GUERRE DU GOLFE

 
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LA GUERRE :
Le journal de guerre d'un soldat Irakien
L'armement allié et irakien

LE COUT DE LA GUERRE:
Le bilan de la guerre
Les otages retenus en Irak

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dimanche 9 septembre


Accord USA - URSS sur le Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 9 septembre 1990

Rappel des résolutions de l'ONU (1 minute)
FR3 - Journal de 22h30 (extrait) - 9 septembre 1990

Rencontre Bush - Gorbatchev à Helsinki. La presse soviétique reste sceptique.
Jamais un sommet organisé avec une telle hâte n'aura abouti à des résultats aussi importants pour l'avenir de la paix dans le monde. En 6 h de tête-à-tête à Helsinki, en Finlande, George Bush et Mikhaïl Gorbatchev ont réussi à sceller une unité impensable il y a quelques mois. Le porte-parole de Bush a affirmé à la presse : "Nous sommes unis". Celui de Gorbatchev a assuré que le président soviétique est "très optimiste" et il a ajouté : "La rencontre s’est déroulée dans une atmosphère très optimiste et constructive." Quant au conseiller du président américain sur les affaires de sécurité nationale il a précisé : "Je pense que nous avons mis au point une stratégie qui a une bonne chance de réussir sans un recours à la force militaire." "Nous sommes unis dans la conviction que l'agression de l'Irak ne doit pas être tolérée", souligne le communiqué commun, malgré la "divergence sur le recours à la force". En effet, Gorbatchev s'est opposé à une action militaire "aux conséquences imprévisibles" contre l'Irak. Pourtant, l'enjeu était énorme : l'annexion du Koweït par l'Irak, allié de Moscou, aurait pu déclencher un conflit entre les 2 Grands dans le Golfe. L'Irak devra désormais tenir compte du nouvel axe Washington-Moscou. Cette position commune des 2 Grands dans une crise régionale est historique !
Cependant, le quotidien soviétique Pravda n'en est pas convaincu. Il met en doute d le désintéressement des USA dans le conflit du Golfe et se demande "jusqu’où" l’URSS est prête à suivre Washington. "Sommes nous réellement aujourd’hui du même côté de la barricade ? Les USA sont-ils à ce point désintéressés dans ce conflit, comme nous le répètent certains de nos propres commentateurs internationaux ? Bien sûr que non. Les USA ont leurs intérêts stratégiques", explique la Pravda rappelant le "syndrome de la crise du pétrole qui fait prendre les armes aux USA, bien que ce réflexe soit assez habituel" chez les Américains. Après avoir noté la "permanence des liens entre Washington et Tel-Aviv qui occupe les terres arabes", le journal estime qu’il existe aujourd’hui "des choses plus importantes qui permettent d’être du même côté des barricades. L’agression de l’Irak contre le Koweït est un défi à tout un système de rapports internationaux nés après la fin de la guerre froide (...). Ce système est encore fragile (...) et tout le monde est loin d’être convaincu que l’URSS et les USA sont effectivement capables de coopérer à l’instauration d’un nouvel ordre international où la force de la politique, et non la politique de la force, dicterait ses conditions. C’est pour cela que la rencontre d’Helsinki est si importante. Les bases de ce nouvel ordre international vont être jetées (...). Il s’agira aussi de savoir jusqu’où nous sommes prêts à suivre Washington", conclut Pravda.

Manifestations anti-américaines au Yemen.
Des dizaines de milliers de personnes manifestent à Sanaa, en soutien à l’Irak, avant de remettre aux ambassades des USA et d’URSS des motions appelant notamment leurs dirigeants à "adopter une attitude positive" à l’égard de la crise du Golfe. La manifestation était organisée par le "haut comité populaire yéménite de soutien à l’Irak et à la nation arabe", composé de plusieurs personnalités politiques de tous horizons, qui avait, la veille, exhorté l’URSS à "ne pas laisser la voie libre aux Etats-Unis dans le Golfe" et à "favoriser une solution pacifique" de la crise. Les manifestants brandissaient des banderoles portant des slogans hostiles au déploiement des forces étrangères sur "les territoires sacrés de l’islam".

Visite officielle (et historique) de Tarek Aziz à Téhéran.
Le Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute autorité politique en Iran, s’est réuni hier, sous la présidence du chef de l’Etat Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani, pour examiner "les relations futures entre l’Iran et l’Irak, ainsi que les conséquences d’un conflit militaire dans la région", a annoncé Radio-Téhéran. Il a aussi étudié "les solutions politiques possibles pour prévenir un conflit dans la région" du Golfe.
Le Conseil a souligné "la nécessité de sauvegarder l’indépendance et l’intégrité territoriale des pays du Golfe persique et l’état actuel de la géographie (politique) de la région". Selon la radio, "des décisions appropriées" ont été prises à l’issue de cette réunion. Aujourd'hui, 10 ans après le début d'une guerre qui a fait au moins un million de morts, un ministre irakien a foulé le sol iranien. Tarek Aziz a dû patienter un quart d'heure dans son avion, immobilisé sur le tarmac brûlant de l'aéroport de Téhéran, avant d'être accueilli par son homologue iranien, Ali Akbar Velayati. Cette discrète arrivée n'en est pas moins historique puisqu'elle marque la fin d'un des conflits les plus sanglants du siècle. Bagdad, dont l'invasion du Koweït a suscité un tollé dans le monde entier, avait bien besoin de ce nouvel allié...

Interview de James Baker sur CBS : une solution pacifique est préférable.
"Il existe beaucoup de soutiens" pour l’emploi de la force militaire, déclare le secrétaire d'Etat américain sur la télévision américaine CBS. James Baker répond à une question sur les entretiens qu’il a eus dans plusieurs capitales arabes à la veille du sommet d’Helsinki. Le chef de la diplomatie américaine rappelle qu’au cours de la conférence de presse donnée aujourd'hui à Helsinki, George Bush a répété qu’une solution pacifique restait préférable. "Rien ne peut ou ne doit être écarté", ajoute cependant Baker.

Les premiers effets de l'embargo à Bagdad.
Le pain déjà rationné commence à manquer. On n’en sert plus ou presque plus dans les restaurants. Les queues pour le pain et la farine s’allongent. La viande est retirée peu à peu des menus. "Ordre du gouvernement", explique-t-on dans les restaurants. Le riz, le sucre, le thé et autre nourriture traditionnelles sont rationnés ; on ne trouve plus de lait en poudre pour les bébés. Même durant la guerre avec l’Iran, on n’avait pas eu à subir ici ce début de privations. Toutefois, les rations prévues sont suffisantes pour nourrir les familles. Et dans certains quartiers, on vend même encore sans tickets les produits réglementés. Les prix ont fait un bond dans les magasins du secteur privé, mais les boutiques du secteur nationalisé vendent aux prix garantis par l’Etat. Ceux qui en ont les moyens ont déjà constitué, dit-on, d’énormes réserves.
La rumeur de la rue court que l’eau va être coupée pour 4 jours, faute de produits chimiques importés pour en assurer la purification. On remplit les casseroles, les baignoires en vue d’attendre des jours meilleurs. Ce sont les premiers effets de l’embargo dans un pays où les réserves sont, semble-t-il, envoyées en priorité aux millions de soldats mobilisés depuis que les marines s’installent dans le désert d’Arabie Saoudite. Les hommes ont été rappelés jusqu’à la classe 1953. Les plus âgés ont donc déjà des années de combat sur la frontière avec l’Iran. Seuls les étudiants qui rentrent le 1er octobre sont exemptés. On ne sait rien de ce qui se passe sur le front près de la frontière saoudienne où sont stationnées plusieurs divisions irakiennes. Même lorsque les journalistes demandent à se rendre à Bassorah, près de la frontière du Koweït, on leur répond que c’est impossible...

Le désespoir des Indiens, des Pakistanais et des Egyptiens expulsés du Koweït.
A l’aéroport international d'Amman (Jordanie), sur l’esplanade de béton qui sépare le hall des arrivées de celui des départs, des milliers d’hommes attendent en file, d’énormes ballots plus ou moins bien ficelés rangés autour d’eux. Certains sont couchés à même le sol, d’autres accablés de fatigue. "Cela fait bientôt 24 h que j’attends ici, explique un jeune Indien expulsé du Koweït après son annexion par l'Irak. Nous devons être à peu près 4.000 dans ce cas. Nous n’avons rien eu à boire ni à manger depuis hier". Tous sont Indiens, chassés par l’invasion du Koweit où ils travaillaient, certains depuis une dizaine d’années. "On nous traite comme des chiens. Moins bien que des chiens même", ajoute, fou de colère, un vieil homme. "Notre ambassade ne s’occupe pas de nous. On nous a donné un billet d’avion, un passeport, c’est tout. Impossible de changer le peu de monnaie koweitienne que nous avions. Nous ne pouvons rien acheter. Si notre gouvernement n’a pas les moyens de s’occuper de nous, au moins que les organisations internationales, l'ONU, le fassent. Et les Américains ? Ils ont des avions pour transporter leurs GIs, mais nous, on nous laisse crever." "Les Irakiens nous ont tout pris, indique un autre homme. Eux aussi nous ont traités comme des chiens. Au bout de quelques semaines nous ne trouvions plus rien à manger à Koweit. Nous n’avions plus de travail et nous avions peur." Tous veulent dire leur indignation, appeler au secours. La plupart ont quitté Koweit aux environs du 20 août. Rien n’indique qu’ils pourront partir aujourd’hui. Seule consolation, les femmes et les enfants ont pu s’en aller hier. A l’intérieur de l’aérogare, le spectacle est tout aussi navrant. Encore beaucoup d’Indiens mais aussi des Egyptiens et des Pakistanais. Ceux-là ont eu plus de chance : ils ne sont que 500 et sont arrivés de Bagdad voici seulement 2 jours. Tous espèrent partir dans les deux avions affichés au tableau des départs. "Maintenant il ne reste plus que les Koweitiens qui ne sortent que pour se procurer de la nourriture dans des coopératives, contre des jetons, explique un Pakistanais. Mais nous, les immigrés, n’y avions pas accès." A l'extérieur, d’autres bus arrivent, bondés, le toit surchargé de colis et de valises. D’autres hommes épuisés en descendent, l’air hagard. Quand le service d’ordre les dirige vers les files qui s’étirent sous le soleil, des cris de protestation s’élèvent, des poings se dressent vers le ciel. Il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’une émeute éclate...

Envoi de renforts militaires français en Arabie Saoudite.
La France franchit un nouveau pas dans la "logique de guerre" avec l’arrivée d’un contingent d’une centaine d’hommes en Arabie Saoudite. L’envoi de ce "détachement précurseur a été annoncé par le porte-parole de l’Elysée le 27 août dernier, au moment même où députés et sénateurs étaient réunis pour débattre de la situation dans le Golfe. 4 avions de transport Transall C-160 et 2 Hercules C-130 ont été mobilisés pour l’opération. Hommes et matériels ont été embarqués à leur bord sur la base d’Etain, près de Verdun, où est stationné le 3ème RHC qui a fourni le gros du détachement. Le 4ème RHCM de Phalsbourg (Moselle) a également été mis à contribution. Au total, 55 pilotes et mécaniciens se sont envolés pour l’Arabie Saoudite. 45 hommes appartenant au 1er RI de Sarrebourg (unité de fantassins héliportés appartenant à la Force d’Action Rapide) les accompagnent. 4 hélicoptères de combat Gazelle et 2 hélicoptères de transport Puma ont été démontés pour être embarqués à bord des Transall. Par ailleurs, un Boeing 747 cargo décolle de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle avec une quinzaine de jeeps et de camions ainsi qu’un lot de pièces de rechange.
Ce détachement doit être stationné à Yanbu (Arabie Saoudite). Sa mission va consister à aménager une base susceptible d’accueillir un régiment d’hélicoptères de combat qui pourrait être le 5ème RHC de Pau embarqué à bord du Clemenceau.

Conférence de presse de George Bush et Mikhaïl Gorbatchev.
Certaines réponses aux questions posées par la presse internationale, une phrase contenue dans le document final (les USA et l’URSS se déclarent "prêts le cas échéant à envisager dans le cadre de l'ONU des mesures supplémentaire" contre l’Irak) et la petite phrase du président américain commentant précisément ces "mesures supplémentaires" en ces termes : "je ne compte pas parler de ce que je vais faire", laissent planer l’inquiétude concernant un conflit dans le Golfe. Bush prétend qu’il est partisan "d’une solution pacifique" entraînant l’Irak à "appliquer les résolutions de l’ONU". Gorbatchev estime de son côté : "Nous sommes engagés dans la bonne voie, pacifique". Quand les troupes US vont-elles quitter le Golfe, demande-t-on à Bush. "Elles resteront dans cette zone tant que le besoin s’en fera sentir en matière de sécurité", répond-il, en ajoutant qu’il ne les maintiendra pas "un jour de plus que nécessaire". Gorbatchev prend aussitôt la parole pour indiquer qu’il "confirme" ce que vient de dire son voisin de table et assure que "les USA n’ont pas l’intention de maintenir leurs troupes" dans cette région. Le président de l’URSS indique à propos des conseillers militaires soviétiques actuellement en poste en Irak qu’ils "accomplissent une mission" et quittent ce pays "au fur et à mesure de l’expiration de leur contrat". Les 2 chefs d’Etat affirment qu’ils n’ont pas discuté "d’option militaire" dans le Golfe mais seulement de "solutions pacifiques". On demande alors à "Gorby" s’il envisage une participation militaire de l’URSS aux opérations en cours. Moment de silence puis cette réponse : "Dans la situation actuelle, je ne vois pas l’intérêt de répondre à cette question". Bush enchaîne : "Je ne suis pas déçu d’une telle réponse". Gorbatchev est ensuite interrogé sur les relations de l’URSS avec l’Irak et sur la lettre ouverte de Saddam Hussein. Le Soviétique "ose espérer" que le président irakien "fera preuve de retenue, tiendra compte de la situation et répondra aux appels de l’opinion internationale". Il affirme : "Personne n’a l’intention d’exclure l’Irak de la communauté internationale" et ajoute : "Ce que fait aujourd’hui l’Irak le conduit dans une impasse". Gorbatchev indique que Moscou "tente de discuter avec Saddam Hussein. C’est un dialogue difficile qu’il faut poursuivre". Il souligne une nouvelle fois la nécessité de "régler pacifiquement la situation". La crise du Golfe est-elle liée à l’ensemble des problèmes du Proche-Orient ? Et pourquoi certaines résolutions de l’ONU concernant le sort du peuple palestinien ne sont-elles pas appliquées ? Pour Bush, le lien n’existe pas. Pour Gorbatchev, "tout ce qui touche au Proche-Orient nous préoccupe et il y a un lien entre le conflit dans le Golfe et le reste". Mais il n’évoque pas la perspective d’une conférence internationale sur le Proche-Orient pourtant réactivée il y a quelques jours par son ministre des Affaires Etrangères, Edouard Chévardnadzé. Enfin l'Américain estime que "la remarquable coopération" de l’URSS dans la crise du Golfe le pousse "à recommander une étroite coopération dans le domaine économique". Et il annonce saisir le Congrès à ce sujet "aussitôt que possible". Après avoir passé 6h avec le président américain, Gorbatchev a tenu à dire qu’entre lui et Bush n’existent que de "petites divergences" et qu’on ne peut être d’accord sur tout "à 100 %".

En bref :
Plusieurs soldats irakiens blessés lors d'affrontements sont admis dans un hôpital de koweït-City. L'un d'eux, un officier, décède des suites de ses blessures. 5 employés administratifs koweïtiens de l'hôpital sont alignés et abattus à titre de représailles. Les militaires irakiens accusent en effet l'hôpital de négligence.

Les délégués d’une association d’étudiants se rend à l’ambassade de France pour protester contre les mesures prises à Paris envers des étudiants irakiens, empêchés de poursuivre leurs études.

Ils ont dit :
Jacques Chirac, maire de Paris : "On parle beaucoup de guerre actuellement. Les guerres, il faut pouvoir et savoir les faire, mais il faut savoir que c’est la pire des solutions. Elle est porteuse de mort, de misère, d’incertitude. Nous ne pouvons en aucun cas admettre que cela soit la seule solution."
Charles Pasqua, ancien ministre français de l'Intérieur, juge que Mitterrand ne doit "pas seulement s’abriter derrière l’ONU" mais que la France doit "prendre des initiatives". Et d'ajouter : "Compte-tenu des relations privilégiées de la France dans le monde arabe, je ne comprends pas que le président n’ait pas eu l’idée d’engager lui-même une médiation" (Télévision française TF1).
Pierre Mauroy, chef du Parti socialiste français : "Le dictateur de Bagdad doit rendre gorge en évacuant le Koweit et en libérant les otages". Mais d'ajouter à propos des USA : "On ne va pas accepter d’être dirigés par un shérif" (Radio française Europe 1).

 

lundi 10 septembre


L'Irak se tourne vers l'Iran (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 10 septembre 1990

Rencontre Bush - Gorbatchev (2 minutes)
Seven - Télévision australienne (extrait en anglais) - 10 septembre 1990

Le Premier ministre koweïtien en visite officielle à Paris.
"La France a habitué le Koweït à toujours se tenir aux côtés de la justice et de celui qui est attaqué", a déclaré le Prince héritier et Premier ministre koweïtien à l'Elysée. Selon lui, les discussions avec Mitterrand ont surtout porté sur les mesures à appliquer en cas d'échec du blocus. Il a affirmé que le Koweït n'accepterait jamais rien de moins que les résolutions de l'ONU. L'émirat n'est pas décidé à céder le moindre pouce de son territoire. Interrogé sur une éventuelle démocratisation de la vie politique au Koweït, une fois la souveraineté retrouvée, cheikh Al-Sabah s'est refusé à répondre.

Réactions internationales au lendemain de la rencontre USA-URSS à Helsinki.
En URSS, seule de toute la presse centrale à paraître le lendi, la Pravda consacre sa Une au sommet d’Helsinki. Sous le titre "Nous résolvons les problèmes ensemble", le journal se réjuit de la "nouvelle étape aussi bien dans les relations soviéto-américaines que dans l’histoire mondiale". Et d'ajouter : "La confiance est devenue une forme de diplomatie. On pourra dire que le nom de la ville d’Helsinki sera un symbole dès qu’il sera question des actions soviéto-américaines pour résoudre des problèmes complexes dont, hier, on ne pouvait envisager la solution".
La presse britannique est satisfaite de l'entente cordiale entre Américains et Soviétiques. Le Daily Mail titre : "Ensemble contre Saddam" ; le Daily Mirror : "Nous sommes à tes trousses Saddam" ; The Guardian : "Fermes et unis" ; The Independent : "Les super-puissances s’unissent" ; le Daily Telegraph : "L’entente des superpuissances" ; le Financial Times : "Front commun" ; le Times : "Derniers préliminaires diplomatiques avant la guerre". Et la presse française ? Pour Libération c’est "l’Alliance". Le Figaro voit Bush et Gorbatchev "prêts à durcir le blocus". Le Parisien note "l’Union sacrée". Le Quotidien salue "La raison commune". Les hommes politiques français ne sont pas en reste. L’un d’entre eux, l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean François-Poncet compare le sommet d’Helsinki à un iceberg. Il estime que la confirmation de la solidarité entre l’URSS et les USA en avait été "la partie visible", l’autre étant, selon lui la discussion sur l’option militaire. Pour lui, "les Etats-Unis n’ont pas accumulé un formidable arsenal militaire pour aller à la pêche à la ligne dans le Golfe Persique. On sait donc que tôt ou tard l’option militaire se posera." Et l’ancien ministre de Giscard d’Estaing de déceler "une division des rôles, l’URSS assurant la couverture diplomatique, l’opération militaire étant conduite par les Etats-Unis". Faut-il croire le journal finlandais Iltalehti affirmant que des accords secrets auraient peut-être été conclus entre Bush et Gorbatchev ? Le président américain refusant de "lier" la situation dans le Golfe aux autres drames que connaît la région, le gouvernement israélien a fait part de sa satisfaction. Les Palestiniens ont dit leur déception. Ne s’agit-il pas plutôt de colère ? Plus généralement dans le monde arabe et quoi que l’on pense de Saddam Hussein, les déclarations d’Helsinki sur un "nouvel ordre international" sont accueillies avec, pour le moins, de la circonspection.

L'Irak vend son pétrole à bas prix pour les pays pauvres.
Cette annonce est un "appel à la solidarité anti-impérialiste" explique le communiqué officiel. Un geste envers les victimes du "mépris des Occidentaux" qui "tirent des bénéfices éhontés" de la crise. Saddam Hussein semble être prêt à tout pour se trouver des alliés. Mais cela reste difficile : après la venue de Tarek Aziz à Téhéran, le gouvernement iranien annonce qu'il n'aidera pas l'Irak à contourner l'embargo international. Pour la Maison Blanche, cette annonce montre que Saddam Hussein "est désespéré"...

La vie quotidienne des Français otages à Bagdad.
A midi, les Français résidant en Irak et retenus à Bagdad en otages sont au rendez-vous que leur donne tous les 2 jours le chargé d’affaires André Janier. Leur situation demeure inchangée : ils ne peuvent obtenir de visa de sortie. Dans son bureau, Janier leur lit la déclaration finale du sommet d’Helsinki. Elle ne suscite aucune question. On leur annonce l’arrivée de médicaments, de vivres, d’un peu de courrier. La tenue d’un buffet prévu à l’occasion d’une naissance en France a dû être annulée. Tout manque pour l’approvisionner. Il n’y a donc qu’un pot offert par l’ambassade pour fêter l’heureux événement, qu’un père attend avec impatience de célébrer ailleurs. On s’inquiéte des nouvelles des uns et des autres. Le responsable des loisirs de ces réfugiés déplore la baisse de candidatures au restaurant du Novotel où doit se tenir vendredi la finale du concours de boules. Il annonce un prochain tournoi de volley-ball. Les résidents s’occupent mais pour certains le moral commence à être atteint. Ceux qui ont dû quitter leur chantier pour une chambre à Bagdad voient leur pécule filer de jour en jour. Ils trouvent le temps très long, tournent en rond dans la ville et s’inquiètent pour leur famille. Ils attendent de l’aide, des assurances du gouvernement et certains perdent patience.
On ne sait toujours rien des 17 Français capturés au Koweït et envoyés près des cibles éventuelles des missiles américains. Le cas le plus dramatique connu jusqu’ici est celui d’une vieille dame de 70 ans qui s’est cassé le col du fémur au Koweït, au moment de l’invasion irakienne. Elle y reste seule dans un hôpital où elle a sombré dans une dépression profonde. Tous les contacts pris par l’ambassade près du gouvernement irakien n’ont pas permis de trouver une solution à ce cas humanitaire inquiétant.

James Baker réclame l'aide militaire des Européens.
En visite à Bruxelles, le secrétaire d'Etat américain James Baker demande aux Alliés européens de contribuer au renforcement du dispositif militaire.
Une aide qui peut être concrétisée par l'envoi de soldats, mais aussi par un soutien logistique accru. A ses alliés de l'OTAN, le chef de la diplomatie américaine demande en particulier des moyens de transports pour acheminer des renforts vers le Golfe et transporter les réfugiés. Plusieurs pays ont répondu favorablement à la requête, parmi lesquels la RFA (des navires et des gros porteurs), les Pays-Bas (moyens de protection contre les armes chimiques), la Belgique et la Norvège (aides à l'évacuation des réfugiés), le Danemark (2 navires pour le transport des troupes égyptiennes) et la Grèce (3 navires marchands). James Baker est cependant clair : si ce soutien logistique accru est primordial, l'envoi de forces terrestres supplémentaires par les Alliés est vivement souhaité par les USA, "même si elles ne sont que symboliques"...

Libération d'otages occidentaux.
Les autorités irakiennes libèrent plusieurs centaines d'otages occidentaux. Un appareil des Iraqui Airways en provenance de Bagdad atterrit à Londres avec 438 personnes à bord, dont 186 Britanniques, 165 Américains, 32 Irlandais. Un charter venant d’Amman atterrit à Charleston (Caroline du Sud) transportant plus de 300 Américains qui vivaient au Koweït. Ce sont pour la plupart des femmes et des enfants.

Reprise des relations diplomatiques URSS - Arabie Saoudite.
Le prince Saoud al-Fayçal, ministre saoudien des Affaires étrangères, a déclaré hier que "des contacts sérieux sont établis entre l'Arabie Saoudite et l’URSS en vue d’établir des relations diplomatiques", inexistantes depuis 1939, en dépit de liens économiques anciens. Faisant état d’une "entente sur l’ensemble des questions", il envisage de se rendre cette semaine dans la capitale soviétique.

En bref :
Les flottes européennes, américaines et arabes décident de coordonner leurs actions pour rendre plus efficaces les sanctions imposées à l'Irak.

Selon l’agence de presse irakienne INA, des Soudanais regroupés à Kirkouk, un camp situé à 250 km au nord de Bagdad, s’entraîneraient au combat et devraient être rejoints par des citoyens d’autres pays.

Iris et Myosotis, accompagnés de Zinnia, dragueurs de mines et navire logistique belges, entrent dans le canal de Suez en direction du Golfe.

Craignant pour sa sécurité, manquant de vivres et d’eau, l’ambassadeur Birger Dan Nielsen, seul diplomate du Danemark encore en poste au Koweït, doit gagner Bagdad où tous ses collègues suédois et norvégiens l’ont précédé.

La France met en place à Yanbu (Arabie Saoudite) un détachement de l'Aviation légère de son armée de Terre. Il est composé de 100 hommes et 6 hélicoptères.

Aux cris de "Nous ne combattrons pas pour Texaco" (compagnie pétrolière américaine), et de "De l’argent pour l’éducation, pas pour la guerre", des opposants à l’intervention militaire manifestent à Seattle (USA), où, depuis le 26 août et jusqu’au "règlement pacifique" de la crise, des militants maintiennent une présence permanente.

La CEE affrète un Boeing 747 d'Air France pour rapatrier vers Dacca environ 2.000 Bangladeshis coincés dans les camps de la frontière jordano-irakienne.

La Finlande, la Suède et la Norvège décident d'évacuer leurs ambassades et consulats du Koweït.

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L’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le gouvernement koweïtien en exil annoncent pour la première fois la somme qu'ils s'engagent à verser pour soutenir l'effort militaire américain : 12 milliards de dollars.

A Bagdad, plusieurs milliers d’Irakiens défilent contre la guerre devant l’ambassade des USA.

Ils ont dit :
George Bush, président des Etats-Unis : "Si les Soviétiques décidaient d'envoyer des troupes dans la région du golfe, nous en serions heureux. Mais je n'ai rien demandé".
Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense, à propos de son pacifisme critiqué : "Il vaut mieux que les Français aient un ministre de la Défense qui ait du sang froid. (...) Quand on a la responsabilité d'engager des vies humaines, on y regarde à 2 fois." (Télévision française TF1).
Mikhaïl Gorbatchev, président de l’URSS : Le sommet est un succès et a montré "le haut niveau de responsabilité des 2 gouvernements (américain et soviétique) face au destin de leurs peuples et du monde (...) Ceci ouvre la voie à une nouvelle forme de coopération et à une plus grande confiance, et ce sont des prémisses extrêmement importantes. Nous sommes entrés dans une nouvelle période."
Cheikh Djaber Moubarak al Sabah, ministre koweïtien de l’Information en exil : "La question des otages ne doit pas affecter la libération du Koweït (...) Il ne fait aucun doute qu’une action militaire demeure le seul facteur décisif et efficace pour obliger l’Irak à partir.
James Baker, secrétaire d'Etat américain : "Je crois qu’on pourrait apporter comme conclusion à la conférence de presse que les Soviétiques n’ont pas encore accepté le recours à la force, mais le simple fait que nous ayons une déclaration commune qui n’exclut pas cette option et qui dit que des mesures supplémentaires seront envisagées, fait, je crois, progresser la position des Soviétiques."
Jacques Calvet, P-DG de PSA-Peugeot-Citroën, à propos des conséquences de la crise du Golfe sur le marché automobile européen : "sans être d’un optimisme béat", il retient "la thèse la moins pessimiste".
L'ambassadeur irakien au Japon : Le Japon est devenu "un partenaire à part entière de l’agression" et " en partie liée avec l’intervention des Etats-Unis et du colonisateur britannique" (Quotidien japonais Mainichi).
Abou Abbas, chef du Front de Libération de la Palestine, menace les USA : "Nous utiliserons de nombreux moyens pour atteindre notre but" (Quotidien américain Wall Street Journal).
Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, souligne les "très bons résultats" du sommet qui ont montré "au monde que les 2 superpuissances ne font plus qu’un pour assurer que sera fait ce que l'ONU a dit qu’il fallait faire".
George Bush, président des Etats-Unis : "Je ne pouvais pas être plus satisfait" des résultats du sommet d’Helsinki. "Le plus important est qu’il y ait eu un appel de clairon pour l’exécution des sanctions".
Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la France : "La France doit continuer d’agir, comme elle le fait d’ailleurs, pour tenir énergiquement cette coalition et pour boucher toutes les failles du blocus irakien" (Radio française RTL).

Lu dans la presse :
Hebdomadaire américain US News and World Report : "Avant l’invasion du Koweit par l’Irak, Bush commençait à être critiqué pour la récession dans laquelle entrent les USA. Mais depuis le 2 août, les choses ont changé pour Bush qui est passé de l’appellation de président de la récession à celle du président de la diplomatie mondiale. De plus, c’est à présent Saddam Hussein qui sera tenu pour responsable de la récession par l’opinion américaine".
Quotidien américain Wall Street Journal : Les USA et l’URSS "ont beaucoup d’intérêts et d’alliés différents au Proche-Orient".

mardi 11 septembre


L'embargo contre l'Irak (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 11 septembre 1990

Les hélicoptères français en Arabie Saoudite (3 minutes)
Antenne 2 - Journal de 20h (extrait) - 11 septembre 1990

Interview du ministre algérien de la Défense à APS : pour une défense commune des pays arabes.
"On peut craindre, et les concentrations de forces dans le Golfe le prouvent, que la fin de la guerre froide va réveiller ou raviver l’interventionnisme militaire", déclare
le général Khaled Nezzar, ministre de la Défense algérien, dans une interview à l’agence officielle APS, la première jamais accordée par un titulaire de ce poste depuis l’indépendance du pays en 1962. "Face à ce danger, il revient à des pays comme l’Algérie de consentir davantage d’efforts en matière de préparation à la défense nationale", poursuit le général qui salue l’avènement de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) qui regroupe 5 pays : Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Libye. Selon lui, la création de l’UMA "nous conduit à rechercher une complémentarité pouvant déboucher sur une politique commune de défense, comme parade au prétendu "droit à l’intervention" brandi ces dernières années", ajoute Nezzar.

Conférence de presse du ministre irakien de l'Information : les Américains perdront la guerre.
Après une introduction reprenant les termes de "la grande initiative" d'offrir le pétrole irakien aux pays pauvres, le ministre irakien de l'Information et de la Culture, vêtu d’une impeccable tenue vert olive taillée sur mesure, condamne l’invasion américaine de "la Terre sacrée" des Arabes et des Musulmans.
Si les Américains attaquent l’Irak, affirme Latif Nsayef Djassem, ils seront vaincus. "Nous sommes supérieurs et nous avons le moral. Notre peuple est mobilisé. Nous avons réuni un total de 5 millions de volontaires. Et nous sommes prêts à la confrontation. En tout état de cause, nous ne serons pas les premiers à attaquer".
Il reprend l’argument selon lequel le Koweit "a rejoint l’Irak pour terre", après en avoir été séparé par les colonialistes britanniques. Ayant repris la justification officielle de l’invasion, le ministre ajoute : "La crise peut être résolue si nous recevons de fortes garanties du Conseil de Sécurité" qu’il n’y aura pas d’agression contre l’Irak. Mais pour l’instant Bagdad demeure intransigeant sur la raison qui a fait l’unanimité au Conseil de Sécurité en faveur d’un embargo. Latif Nsayef Djassem répondant brièvement aux questions de la presse internationale commente ensuite les résultats des entretiens Bush-Gorbatchev, estimant qu’il n’y a "rien de nouveau dans ces conclusions (...) Juste la reprise des résolutions du Conseil de Sécurité (....) La seule chose positive est l’affirmation d’une solution politique". "C’est une attitude positive, poursuit-il, et nous sommes également pour une solution politique". Saddam Hussein l’avait proposé le 12 août dernier et, ajoute son ministre, "ce n’était pas un appel à la guerre mais un appel à la paix".

Arrestation de Français à Bagdad.
A
l’hôtel Menial Mansour, les policiers d’un service spécial vient chercher les 2 derniers Français "hôtes du président" pour les emmener sur des sites qui pourraient être bombardés par l’aviation américaine. Ils sont désormais 19, dont 2 femmes qui ont refusé d’être séparées de leur mari, parmi plusieurs centaines d’étrangers raflés au Koweit. Des rafles qui peuvent fournir dans des jours prochains de nouveaux "hôtes" au building moderne du Menial Mansour, gardé militairement et impossible à approcher.

Interview de l'évêque de Poitiers dans La Croix : non à la logique de force.
Dans une interview au quotidien catholique français, Mgr Joseph Rozier, évêque de Poitiers et président de la section française de Pax Christi, déclare : "Une logique de guerre conduit à une logique de mort". Appelant à l’arrêt des ventes d’armes françaises, il ajoute : "On ne peut à la fois contribuer à nourrir la racine des guerres que l’on dénonce par la suite (...) Avec d’autres les chrétiens doivent militer activement pour une reconversion des industries de mort. Je ne conteste pas à un pays comme la France le droit de fabriquer des armes pour sa propre défense. Mais nous devons cesser d’en faire un commerce et une source de profit." Mgr Rozier indique encore : "Le chrétien est celui qui, tout espoir perdu, cherche encore et toujours à ne pas se contenter d’une logique de force."

Polémique aux Etats-Unis sur le coût des opérations militaires.
Le Sénat américain est très mécontent de certains Alliés. Dans une résolution adoptée hier, les membres de la Haute assemblée ont mis en garde les pays (dont l’Allemagne et le Japon) qui ne contribueraient pas suffisamment à l’effort contre l’Irak. Ils ont menacé ces Etats "d’une possible détérioration" de leurs relations avec Washington. S’adressant au Président en personne (à qui ils demandent de présenter, avant le 30 novembre, un rapport "détaillé" sur le partage international du coût de la crise), les sénateurs semblent conseiller à George Bush, plus de fermeté pour faire payer l’addition aux amis de la Maison-Blanche.
Selon l’agence de presse américaine Associated Press, ce texte illustre le "soucis" des élus de répondre à un électorat inquiet des trop fortes dépenses engagées dans l’opération Bouclier du Désert. Une intention louable mais qui peut aussi recouvrir le projet d’impliquer plus encore certains gouvernements jusque là réticent, voir de faire pression sur des Etats économiquement concurrents des USA. De son côté, James Baker indique que les 6 pays de l’OTAN se sont déclarés, juste après le "succès" de la rencontre d’Helsinki, disposés à fournir des navires et des avions civils pour acheminer des renforts vers le Golfe. Il propose également que certaines forces navales et des avions-radars à la disposition de l’OTAN soient redéployés pour resserrer l’étau autour des troupes de Saddam Hussein. Cet organisme militaire créé en 1949 au début de la guerre froide est actuellement dirigé par le général américain Galvin. Le secrétaire d’Etat américain annonce aussi qu’il se rendra prochainement en Syrie pour coordonner les efforts contre l’Irak avec le président Haffez el-Assad. Reconnaissant d’importantes divergences avec le président Syrien (considéré par Washington comme l’un des dirigeants arabes les plus extrémistes), Baker estime que "ces différences" peuvent s’estomper et que les 2 gouvernements partagent, dans la crise du Golfe, "les mêmes objectifs". Après "le succès inestimable d’Helsinki", selon les propres termes de Bush, le président américain s’est entretenu au téléphone avec les chefs d’Etat ou de gouvernement de 5 pays (France, Egypte, Turquie, Arabie Saoudite et Canada). Dans un communiqué, la Maison-Blanche a indiqué que lors de ces conversations, Bush avait souligné "le caractère historique du communiqué conjoint publié à l’issue de sa rencontre avec Mikhaïl Gorbatchev". Probablement pour préciser à ses interlocuteurs alliés le chemin à suivre. Une chose est certaine, la cohésion affichée des 2 super-puissances lors de leur sommet n’a pas laissé indifférents les marchés financiers internationaux. Selon l’agence britannique Reuter, les opérateurs boursiers ont, dès lundi matin, retrouvés le sourire...
Déclaration de George Bush devant le Congrès américain
en direct sur les télévisions américaines
(extrait en anglais - 9 minutes) - 11 septembre 1990

 

 

En bref :
Les événements se précipitent chaque jour davantage dans le Golfe. Désormais, 8 divisions irakiennes sont massées à la frontière turque. Quant à la Syrie, elle décide d'envoyer des forces supplémentaires dans le Golfe. De son côté, Chedli Klibi démissionne de ses fonctions de secrétaire général de la ligue Arabe.

Après son discours sur le "nouveau monde" devant le Congrès à majorité démocrate, le président républicain George Bush est ovationné par les représentants du peuple américain, debout, 35 fois en 35 minutes. Les observateurs politiques soulignent que cela ne s'était plus vu depuis le 8 décembre 1941, lors de la déclaration de guerre au Japon de Franklin Roosevelt après l'attaque de Pearl Harbor.

La Suisse, l'Autriche, le Bangladesh, le Danemark et la Grèce décident d'évacuer leurs ambassades et consulats du Koweït. Ces 2 derniers pays sont les seuls à avoir rompu l'engagement de la CEE de rester sur place.

Entrée dans les eaux du Golfe des porte-hélicoptères américains Guam, Iwo Jima et Nassau qui transporte à lui seul 2.700 hommes, des hélicoptères et des chasseurs à décollage vertical Harrier.

Une manifestation contre la guerre a lieu à Montreuil (Seine-Saint-Denis), en France.

Ils ont dit :
George Bush, président des Etats-Unis : "Nos objectifs dans le Golfe Persique sont clairs, définitifs et familiers : l'Irak doit se retirer du Koweït intégralement, immédiatement et sans condition".
Bruno Etienne, professeur à l’Université d’Aix-Marseille et spécialiste du Proche-Orient : Au début du XXème siècle, "les Français ont fermé les yeux sur le partage [du Koweït] avec les Anglais en obtenant 15 à 20% des actions de l’Irak British Petroleum Cie" (Radio française France-Inter).

Sondage :
Sondage Washington Post - ABC : 81% des Américains approuvent la décision de George Bush d'avoir envoyé des troupes en Arabie Saoudite, contre 74% il y a un mois.

Lu dans la presse :
Quotidien français La Lettre de l’Expansion : Des Palestiniens manipulés par les Américains pourraient s’en prendre à des pipelines saoudiens, donnant aux USA une raison de déclencher l’offensive. Un scénario à l’étude parmi d’autres à Washington.

mercredi 12 septembre


Discours anti-irakien de George Bush (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 12 septembre 1990

La Cicciolina offre son corps à Saddam Hussein.
Plus précisément, l'ex-star du porno, devenue députée au Parlement italien, veut "donner son amour en échange de la liberté des otages". Elle a donc demandé un visa pour Bagdad il y a quelques jours, à un représentant - perplexe - de l'ambassade irakienne à Rome. "Ils n'ont encore jamais reçu une telle demande provenant d'un parlementaire occidental, explique-t-elle. Alors j'attends une réponse. J'ai eu cette idée au cours d'un entretien sur le plateau de la télévision argentine. On parlait de la crise du Golfe, et je confiais au journaliste ma philosophie : je veux la paix sur Terre, que tout le monde soit heureux. L'amour est la seule chose qui permette cela." Elle ne s'est même pas demandé si Saddam Hussein a des problèmes sexuels qui le rendraient belliqueux. "De toute façon, la politique n'est pas belle, affirme la députée italienne. J'ai constaté que les hommes qui en font leur métier se sentent très seuls." Pour elle, la politique et le sexe ne font pas bon ménage. En bon petit soldat, Ilona Staller, le vrai nom de la Cicciolina, ne compte pas le temps qu'elle donnera au président irakien. Elle se déclare même prête à une éventuelle "rencontre" entre "le président George Bush, Margaret Thatcher, Saddam Hussein et moi"... A 4, mais pas plus ! La Cicciolina a-t-elle peur ? Pas du tout. "Pourquoi ? Je viens en messagère de l'amour. Avec moi, c'est la paix qui va en Irak." Une image est restée imprimée dans sa mémoire : Beyrouth, capitale des plaisirs levantins, écrasée par les bombes. Pour contribuer à éviter un nouveau bain de sang, elle attend l'autorisation des Irakiens...

La Jordanie viole l'embargo international contre l'Irak.
Bien que l'Irak soit soumis à un embargo international,
la Jordanie importe toujours d’Irak la quasi totalité de ses besoins en pétrole et entend bien continuer à le faire. Elle a une bonne raison pour cela : ce pétrole ne lui coûte rien. Facturé en principe au taux préférentiel de 15 dollars le baril, il est en réalité la contrepartie des dettes irakiennes à l’égard d’Amman. Interrompre cet approvisionnement serait punir non pas l’Irak mais la Jordanie et c’est ce que le roi Hussein a fait valoir auprès de l’ONU : aussi longtemps que la communauté internationale ne trouvera pas le moyen de fournir les mêmes quantités de pétrole aux mêmes conditions, les camions citernes continueront leur noria. La Jordanie est d’autant moins décidée à céder sur ce point qu’elle doit encore supporter l’essentiel de la charge de plus de 100.000 réfugiés venus du Koweït, 300.000 repas par jour à servir, et 10.000 mètres cubes d’eau sans compter les frais d’évacuation estimés à 46 millions de dollars.

En bref :
Le Sénat américain vote une résolution demandant que Saddam Hussein soit poursuivi comme "criminel de guerre" si les hostilités étaient déclenchées dans le Golfe, pour avoir "violé les normes de comportement civilisé en mettant volontairement en danger la vie d'étrangers".

L'ayatollah Ali Khamenei, "guide de la révolution" iranienne, lance un appel à la guerre sainte contre la présence militaire américaine dans le Golfe.

Les 12 pays de la CEE décident de coordonner leurs mesures d’économie d’énergie afin de préserver les stocks de pétrole. Toutefois, il est décidé de ne prendre aucune mesure immédiate comme la baisse du chauffage dans les bâtiments publics.

Le président palestinien Yasser Arafat est arrivé inopinément à Amman (Jordanie) pour rencontrer son homologue jordanien. Selon l’Agence France-Presse, cette visite n’était pas prévue initialement.

L’Irak refuse de rembourser à la Banque mondiale un prêt de 2,8 millions de dollars venant à échéance en juin. La somme fait partie d’un remboursement d’une valeur de 47 millions de dollars remontant aux années 1960.

L'URSS suspend son traité d'amitié qui la liait avec l'Irak depuis 1972 et de rappeler tous ses conseillers militaires.

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L’ambassadeur des USA en Israël annonce que Washington livrera l’an prochain à Israël 60 chasseurs F-16 C et D de la firme General Dynamics et une dizaine d’hélicoptères de transport de troupes Sikorsky H-53. "J’espère, déclare William Brown, que le gouvernement de Tel-Aviv obtiendra également des missiles Stringer (sol-air), des équipements pour améliorer les performances de ses F-15 et du matériel supplémentaire pour sa marine et son armée de terre".

Giulio Andreotti, président du conseil italien, met en garde, à Strasbourg, contre une intervention militaire contre l’Irak tout en reconnaissant que la crise du Golfe "risquait d’être longue". S’exprimant devant le Parlement européen, il prévient que la communauté internationale devrait consentir de très lourds sacrifices économiques et appelle à la patience et au sang froid.

La Belgique décide l'envoi de 2 C-130 supplémentaires pour le Proche-Orient.

Ils ont dit :
George Bush, président des Etats-Unis : "Le rôle des Etats-Unis dans le Golfe n’est pas transitoire".
Bruno Etienne, professeur à l’Université d’Aix-Marseille et spécialiste du Proche-Orient : "Au Moyen-Orient, tout passe par la solution du problème palestinien, parce que depuis la défaite de 1967 et la mort de Nasser, les Arabes ont compris que l’Occident ne serait jamais contre Israël. (...) Mais ceux qui (...) ont pris les masses arabes en otage, comme les gouvernements de Syrie et d’Arabie Saoudite, n’ont pas du tout intérêt à la solution de ce problème" (Quotidien français L'Humanité).

Lu dans la presse :
Hebdomadaire français Le Canard enchaîné : La Société générale va prêter 9,5 milliards de francs (1,5 milliard d'€) à l'Iran. Désormais, pour cette banque appartenant à l'Etat français, le pays du Golfe montré du doigt n'est plus l'Iran...
Quotidien britannique Financial Times :
L’administration américaine a demandé à la France de lui fournir des informations sur un équipement de brouillage sophistiqué, utilisé par les forces irakiennes pour perturber l’activité de surveillance des appareils Awacs américains et saoudiens. Selon le quotidien, "on ne sait pas très bien jusqu’à quel point la France est prête à dévoiler des informations" sur des équipements livrés à Bagdad par la société nationalisée Thomson CSF.
Agence américaine Associated Press : L’Iran aurait accepté de fournir à l’Irak des denrées alimentaires et des médicaments contre 200.000 barils de pétrole raffiné par jour et des devises. Un marché conclu à Téhéran, pendant la visite du chef de la diplomatie irakienne Tarek Aziz.

jeudi 13 septembre


Le siège des ambassades occidentales au Koweït (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 13 septembre 1990

La crise du Golfe (5 minutes)
La 5 - Journal de 19h45 (extrait) - 13 septembre 1990

James Baker en visite officielle en Syrie.
Cela faisait plus de 2 ans qu'un secrétaire d'Etat américain ne s'était pas rendu en visite officielle à Damas. La visite de James Baker montre bien l'importance que les USA accordent à l'engagement syrien
aux côtés de l'Arabie Saoudite. Le secrétaire d'Etat américain a affirmé qu'il avait longuement évoqué avec le président syrien Hafez al-Assad la question du terrorisme "qui constitue un réel problème entre les deux pays". La Syrie figure officiellement sur la liste officielle américaine des Etats soutenant le terrorisme international. Mais cette ombre semble s'estomper devant l'alliance de circonstance qui se dessine.

Le Japon quadruple sa contribution financière dans le Golfe.
Au milliard de dollars déjà promis fin août vont s'ajouter un milliard destiné à payer le déploiement des forces américaines et multinationales, et 2 autres milliards de prêt aux pays directement touchés par la crise, comme l'Egypte ou la Jordanie.

Margaret Thatcher soutient les Etats-Unis.
Margaret Thatcher réaffirme son soutien à la politique de George Bush dans le Golfe et estime, sans les nommer, que certains pays "devraient faire preuve d’un peu plus de courage". Le Premier ministre britannique se déclare favorable à un accord régional de sécurité garantissant le respect des Droits de l’homme. Elle affirme que le maintien de troupes étrangères pourrait difficilement être évité si des pays de la région le réclamaient. Une manière de préparer le terrain à une installation à long terme des Américains dans le Golfe.

L'Iran soutient l'Irak ? 
"Quiconque combat l’agression de l’Amérique, sa cupidité et son projet d’empiéter sur la région du Golfe livre le Djihad au service d’Allah et quiconque est tué pour cette cause est un martyr". Cette déclaration de l’ayatollah Ali Khamenei, successeur de Khomeiny, faites à Téheran et relayée par les responsables politiques irakiens annonce-t-elle un engagement prochain de l’Iran au côté de son ennemi d’hier, dans la partie de bras de fer engager au Moyen-Orient entre Washington et Bagdad ? Cette déclaration intervient après la visite de Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères, à Téhéran dimanche dernier. Le déploiement de la force US soulève dans certains pays arabes colère et indignation. Ils y voient une volonté de domination de la Maison Blanche dans une région du monde qu’elle avait jusqu’alors du mal à contrôler. Enfin, l’occupation US de territoires considérés par les religieux comme des lieux saints pourrait servir de ciment pour lancer les masses arabes dans la lutte contre les infidèles. Autant d’éléments qui viennent s’ajouter à une situation déjà explosive du fait même de la démonstration de force des USA en territoire arabe. Certes, Ali Akbar Velayati, chef de la diplomatie iranienne, a réaffirmé la participation de son pays aux sanctions décrétée contre l’Irak par l’ONU, mais le Tehran Times, quotidien proche du gouvernement iranien, indiquait mardi que l’Iran envisageait de fournir vivres et médicaments à son voisin, agresseur du Koweït. Selon des sources diplomatiques sur place, lors de sa visite dans la capitale iranienne, Tarek Aziz aurait également demandé de faire transiter le pétrole irakien par l’Iran. Toutes ces informations n’ont pas été démenties. La radio de Téhéran estime aujourd'hui que les déclarations faites hier par le Guide de la République islamique, assimilant à une "guerre sainte" la lutte contre les GI's, étaient "les plus importantes" depuis la crise du Golfe. Radio Téhéran dénonce "un complot des USA visant à contrôler les ressources des musulmans et à faire face à l’Islam et aux soulèvements islamiques dans la région". Un discours dont l’objectif consisterait peut-être à une meilleure mise en condition des masses arabes en cas de ralliement de l’Iran à Saddam Hussein.
A Washington, Bush a fait enregistré la cassette de son message au peuple irakien. Il a demandé à Bagdad de le diffuser par le canal de la télévision dans les 5 jours.

Réactions irakiennes après le dernier discours de George Bush.
Après le discours de Bush devant le Congrès américain, Bagdad réagit vivement par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Tarek Aziz déclare que l’Irak ne cédera jamais aux "menaces" et au "chantage" qu’exercent les USA à travers le Conseil de sécurité de l’ONU. L’ambassadeur irakien à l'ONU a, au même moment, refusé tout contrôle de la distribution de la nourriture sur le territoire de l’Irak par des organisations internationales, estimant que ces mesures étaient "humiliantes et démoralisantes" pour la population de son pays. Comme pour réaffirmer l’annexion du Koweït, le ministre irakien des Finances annonce que tous les biens de la famille régnante et des membres du gouvernement koweitien sont devenus propriété du gouvernement de Bagdad.

La vie quotidienne des otages français en Irak et au Koweït.
C'est le 40ème jour d’attente. Pour les otages français, énième réunion hier à midi à l’ambassade. "Rien de nouveau, comme vous pouvez le penser", annonce le chargé d’affaires. Tous se tiennent debout dans le grand bureau, sans illusions, sans fébrilité. André Janier rend compte de son entretien avec le secrétaire général adjoint de l’ONU venu pour tenter de faire évacuer les 516.000 réfugiés de l’Inde, du Sri-Lanka, du Pakistan, du Bangladesh et des Philippines qui ont tout perdu dans ce conflit. Leur emploi au Koweït pour cause d’invasion ou leur emploi en Irak pour cause de cessation d’activités. Ils ont des visas pour sortir mais pas un sou pour le voyage de retour. L’envoyé spécial de Perez de Cuellar est intervenu également en faveur des otages retenus ici, mais il n’a reçu aucune réponse. Il reviendra. Côté français, rien de changé. C’est presque la routine après 40 jours. Les médicaments sont arrivés. Un médecin, retenu lui aussi en Irak, va les mettre à la disposition de tout le monde. Le courrier égaré en route va arriver dans la soirée. On en sourit. On attendra bien encore un jour. On vérifie la liste de ceux qui sont dans les hôtels. Au cas où. Car toute l’ambassade est sur pied 24h/24. Enfin, le responsable improvisé se plaint du retard à former des équipes de volley-ball. La réunion s’achève. En redescendant dans le hall sous les 2 grands ventilateurs du plafond, on jette un oeil sur les programmes de cinéma du centre culturel. On repart alors vers son hôtel ou chez soi.
La situation est différente, en effet, selon que l’on est résident en Irak, parfois depuis plusieurs années, ou simplement de passage. Un jeune représentant d’une grande entreprise métallurgique était arrivé le 1er août pour 3 jours, laissant sa femme et son fils de 18 mois en Turquie explique : "Maintenant il a le double, et je ne l’ai pas vu grandir." Un jeune technicien, lui aussi de passage, n’était parti qu’avec 3 chemises, 3 caleçons, 3 paires de chaussettes. Il a dû aller s’acheter des tee-shirts locaux et un short du Bangladesh pour ce séjour sans fin. Ennuyés plutôt qu’excédés, ils disent souriants : "Nous tiendrons, pas de problème." Ils se sont joints à d’autres jeunes "retenus" pour un "jooging britannique", une sorte de jeu de piste dans les rues de leur quartier sur 3 ou 8 km selon les semaines, "un truc convivial où on reste ensemble. Sans foncer. Et jamais nous n’avons rencontré d’hostilité chez les Irakiens qui nous regardent passer." Il y a ceux qui travaillent encore sur tel chantier du bâtiment et qui voient le ciment ou le plâtre arriver en fin de stock. Ceux dont l’usine a fermé ou dont l’entreprise ne peut plus continuer à assurer ses services faute de participer au déploiement militaire irakien. Ils sont là pour Matra, Thomson, Aérospatiale... de gros contrats de fournitures d’armements sophistiqués et de maintenance. Tout a été stoppé, brutalement, au lendemain du 2 août avec l’embargo. Certains chantiers sont fermés par les Irakiens eux-mêmes, parce que la main-d’oeuvre a disparu, comme c’est le cas pour ce groupe de techniciens chefs de chantier et ingénieurs de Technip qui réanimaient une raffinerie à Bassorah après avoir rétabli le "strategic pipe-line" au sud de la ville. De vieux routiers comme Jean-Pierre Laplace, avec l’accent d’Arcachon, qui se promène "depuis 25 ans, dans les chantiers de la région", ou Daniel Essartine, de Normandie, qui énumère : "81,82,83, 89, 90", ses années de service en Irak. Ou encore Michel Drenou, du Finistère, jeune ingénieur de l’équipe Technip, qui relit les livres d’histoire qu’il a pu trouver, fait du footing, de la natation et laisse tomber : "Ça va un moment mais on va vers une situation pourrie. Et rien ne change. Tout le monde espère ou plutôt on a des moments d’espoir car on n’a que cela à penser : rentrer". Essartine plus tendu, ajoute : "Nous sommes dans une jolie prison à l’hôtel Rachid, mais c’est une prison". A l’autre bout de Bagdad, l’hôtel offre ses larges couloirs de marbre et de granit, sa piscine, ses bars somptueux, ses restaurants à toutes sortes de réfugiés. On y croise des Koweïtiens en robe blanche errant autour du guichet de la banque et des Indiens en partance vers des cortèges de bus. Pour le groupe de Technip, l’impatience monte. "La vie ici est très chère. Les chambres, les taxis, les téléphones. Il faut au moins 80 dinars (230 €) par jour. Certains sautent maintenant un repas pour pouvoir téléphoner chez eux". Ils voudraient obtenir des garanties pour leur salaires, pour les traites à payer et attendent un signe du gouvernement. L’inquiétude monte aussi chez les salariés des sous-traitants de petites entreprises qui parfois ont tout joué sur un seul marché ou qui accompagnent les énormes chantiers avec une main- d’oeuvre meilleur marché. Une de celles-ci vient d’indiquer froidement et généreusement aux femmes de ses ouvriers qu’elle ne leur verserait plus que 4.800 F (750 €) par mois. Des rêves s’effondrent. Les familles sont touchées. L’attente devient insupportable. La majorité des "retenus" gardent le moral. Mais, c’est un signe, tout le monde ne participe pas aux bouillonnantes activités du responsable des loisirs. Certains s’enferment après avoir fait 10 fois, 20 fois, le tour des souks et des avenues du centre pour revenir "tourner en rond" dans leur prison dorée. Bien sûr, on s’encourage, on se tape dans le dos à grands coups de "On tiendra". Mais sous la peau, la tension monte. On s’énerve pour rien. Bien sûr, on pense à ceux qui sont restés au Koweït et n’ont pour point d’attache que l’ambassade où les diplomates achèvent de boire l’eau de la piscine et de manger leurs dernières conserves. Au point qu’ils ont tous attrapé des maladies de peau. "C’est la guerre des boutons", ironisent-ils au téléphone. Mais qu’en est -il des Français qui se cachent pour échapper aux rafles irakiennes, qui n’allument jamais une bougie la nuit de peur d’être repérés pour être envoyés sans ménagement au centre de tri de l’hôtel Menial Mansour à Bagdad avant d’être expédiés sur les cibles de l’US Air Force ? Pour eux, depuis 40 jours, c’est l’enfer. Et tous se demandent, au Koweït comme en Irak, si, à Paris, on fait bien tout ce qu’il faut pour les tirer de ce gouffre...

Les USA ont du mal à affréter les navires civils.
Pour accélérer le déploiement de leurs troupes dans le Golfe, les USA doivent recourir à la réquisition de navires de commerce civils. Mais malgré les appels d'offre alléchantes (les tarifs ont augmenté de 50 à 100%) et les primes proposées (couverture risques de guerre, bonus à l'équipage, risques de blocage dans le canal de Suez à la charge de l'affréteur...), le Pentagone a beaucoup de mal à trouver des armateurs volontaires, qui préfèrent préserver à long terme leurs lignes régulières que de faire de gros bénéfices à très courts termes...

En bref :
Selon le département d'Etat américain, l'armée irakienne a commencé une fouille à Koweït-City, maison par maison, afin d'en débusquer les ressortissants américains qui s'y cachent encore et étouffer toute résistance.

Le ministère de la Défense nationale canadien étudie la possibilité de mettre en oeuvre des moyens supplémentaires pour renforcer son engagement dans le Golfe. Il répond ainsi a l’appel lancé il y a quelques jours par le secrétaire d’Etat américain aux forces de l’OTAN, pour qu’ils accroissent leur aide à la Maison Blanche.

Sous la pression des Irakiens, la Roumanie et l'Egypte décident d'évacuer leur ambassade de Koweït-City.

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La Croix-Rouge annonce "un accord de principe" avec Bagdad pour l'envoi de médicaments "aux groupes civils les plus menacés".

Dans une note adressée au chargé d'affaires américain à Bagdad, l'Irak menace les USA d'attaques terroristes en représailles à l'occupation américaine des Lieux Saints.

Ils ont dit :
Général Norman Schwarzkopf, commandant en chef des troupes américaine en Arabie Saoudite : Il faut encore 2 mois pour peaufiner le déploiement de ses forces et pour être en mesure de "prévenir toute attaque irakienne contre l’Arabie Saoudite" (Quotidien américain Washington Post).
René Piquet, député français au Parlement européen : "Si nous ne devons pas laisser le dictateur de Bagdad fouler aux pieds le droit international en toute impunité, nul ne peut non plus se prévaloir de ce droit pour légitimer sa présence pour une longue période dans cette région"

Lu dans la presse :
Hebdomadaire français Nous Deux : La DGA (Délégation Générale pour l'Armement) lance une publicité originale à la gloire du dernier-né des chars français : le Leclerc. Dans un roman-photo, une espionne ressemblant à la soeur de Saddam Hussein est chargée de séduire l'employé de la DGA pour obtenir, au nom d'une puissance étrangère (l'Irak ?), les secrets du char Leclerc.


 
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