samedi 1er septembre
Libération d'otages occidentaux (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 1 septembre 1990 |
Réactions de la classe politique française
Antenne 2 - Journal de 20h (extrait) - 1 septembre 1990 |
L'entraînement
des soldats français basés aux Emirats Arabes
Unis.
Les 198 hommes de l'escadron de reconnaissance du 1er
RHP commencent à s'entraîner aux E.A.U., dans le
cadre de l'opération Busiris, avec
pour objectif "l'instruction de jeunes soldats
émiratis" n'ayant reçu qu'une
formation de base. Cette demande fait suite à une "demande
de coopération accrue" formulée par les
E.A.U. après l'invasion du Koweït par l'Irak.
D'après le président français
Mitterrand, cette aide militaire s'effectue pour faire face
à une éventuelle "agression nouvelle de
l'Irak à l'égard d'un des autres pays de la
région. La France, qui a
dépêché ses unités dans la
zone du Golfe, qui dispose d'unités militaires en Arabie
Saoudite et dans les Emirats Arabes Unis, serait solidaire et
interviendrait". Un message on ne peut plus clair
à destination de Bagdad...
Interview
de Javier Perez de Cuellar et Jacques Delors sur TF1
: les chances de paix s'amenuisent.
Javier Perez de Cuellar, secrétaire
général de l'ONU, et Jacques Delors,
président du Parlement européen, sont les
invités de l'émission 7 sur 7
sur la télévision française TF1.
Le secrétaire général indique
d’entrée de jeu, à propos de ses
entretiens avec Tarek Aziz, ministre des Affaires
étrangères irakien : "Je ne dirai pas
que ces conversations sont un échec total. Je veux croire
que nous sommes au début d’un processus, au
début de conversations qui pourront conduire à la
paix". L’autorisation de sortie d’Irak
donnée aux femmes et enfants étrangers lui
paraît être "très bien mais
insuffisant". Précisant : "Je ne suis
pas allé négocier mais me faire entendre",
Javier Perez de Cuellar ajoute : "Je pensais qu’ils
(les Irakiens) avaient déjà senti la
pression internationale". Selon lui, "le temps
joue contre la paix et pour l’Irak". Le secrétaire
général de l’ONU demeure
persuadé du bien-fondé de sa mission. "Je
suis contre l’apaisement mais je suis pour la recherche
d’une solution pacifique. Il faut négocier,
négocier sans cesse, souligne-t-il. J’ai
échoué, mais ce n’est pas pour cela que
je désespère. S’ils me demandent de
venir, je prends l’avion immédiatement.
Le
président du Parlement de la CEE se déclare pour
sa part en plein accord avec la "logique de guerre"
définie par François Mitterrand. Jacques Delors
voit 2 issues à la crise du Golfe : "la guerre ou
les résultats très durs d’un embargo".
Il précise : "Nos grands parents et nos parents
ont vécu avec l’angoisse de la guerre. Ce
n’est pas parce qu’il n’y a plus de
guerre en Europe que le risque n’existe plus. Ce sera une
épreuve pour les démocraties. Il faut la gagner,
avoir les nerfs solides." Cela est
précisé au nom de "la
défense du droit international".
Viols
collectifs au Koweït occupé.
Selon l'ONG Amnesty International, la principale
torture infligée aux femmes et à quelques jeunes
hommes serait le viol. Ainsi, il y a un mois, une hôtesse de
l'air britannique aurait été violée
par un soldat irakien dans un autobus, devant l'hôtel Regency
Palace de Koweït-City, alors qu'elle allait
accompagner des passagers dans un autre hôtel. Le 3
août dernier, 3 hôtesses de l'air
égyptiennes ont aussi été
violées à l'hôtel Méridien.
Une infirmière égyptienne affirme avoir fait
hospitaliser plusieurs femmes arabes victimes de viols. Un
médecin koweïtien qui travaille pour le
Croissant Rouge a eu connaissance de 15 viols à
l'hôpital koweïtien Al Jahra, 15 autres à
Al Rigga et 3 à la maternité. Selon une
gynécologue obstétricienne interrogée
par l'ONG, une Jordanienne de 20 ans a été
violée par 5 soldats irakiens. Et le nombre de viols
recensés ne cesse de croître. Selon divers
témoignages, la plupart des victimes sont des femmes
asiatiques, employées de maison. Des rumeurs de viols
collectifs ont ainsi poussé 20.000 d'entre elles
à se réfugier à l'ambassade des
Philippines de Koweït-City. "Certains
étaient à l'intérieur et les autres
dans 3 bâtiments inachevés à
proximité (...) Elles avaient toutes
peur car elles avaient entendu raconter des histoires de viol. Je ne
pense pas qu'elles aient été en
sécurité même à l'ambassade,
car il n'y avait que 7 fonctionnaires qui y travaillaient"
explique une infirmière philippine présente sur
place.
En bref :
Près
de 700 anciens otages français, britanniques, japonais,
belges et américains peuvent quitter l'Irak. Il s'agit de
femmes et d'enfants. Environ 3.000 autres pourraient partir avant le 22
septembre. Seuls les hommes sont retenus en Irak : 500 d'entre eux ont
déjà été
installés sur des points stratégiques.
200 personnes manifestent à Albi (France)
contre l’escalade militaire dans le Golfe. C'est
l’une des premières manifestations en France qui
dénonce les dangers d’affrontements dans le Golfe.
Selon
Margaret Thatcher, Saddam Hussein devrait être traduit devant
la justice internationale,
comme les Nazis au procès de Nuremberg, pour avoir pris des
otages.
Le président
Mitterrand reçoit en son palais de l'Elysée les
chefs de tous les partis politiques français
représentés au Sénat et à
l'Assemblée Nationale. De Giscard à Mauroy, en
passant par Chirac ou Marchais, ils lui réaffirment tous
leur soutien dans la position de la France dans la crise du Golfe.
La
firme américaine Coca-Cola
offre 1.440.000 canettes
aux GI's stationnés en
Arabie Saoudite.
dimanche 2 septembre
Conséquences de la crise du Golfe en France (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 2 septembre 1990 |
|
Echec
de la rencontre Aziz - de Cuellar à Amman.
"J’aurais
aimé informer le Conseil (de
sécurité) que de réels
progrès avaient été faits. En toute
honnêteté, je ne suis pas en mesure de le faire,
pas plus que je ne peux anticiper les réactions du Conseil"
explique ce matin de Cuellar.
Les traits tirés et le regard amer du Secrétaire
général de l'ONU, Javier Perez de Cuellar, en
disent long sur la difficulté de la tâche que lui
avait confié le Conseil de sécurité.
La mission du Péruvien, qui consistait à trouver
un moyen d'entente avec l'Irak, pour éviter une guerre
dans le Golfe, était une gageure. A l'issue des 2 jours
d'entretien qui se sont déroulés à
Amman, la capitale de la Jordanie, Cuellar est sorti de sa
réserve habituelle pour déclarer : "Je
ne vais pas jouer au diplomate. Je le déclare franchement,
je suis déçu !" Le
représentant de l'ONU n'a pu arracher le moindre espoir de
concession à Tarek Aziz, le chef de la diplomatie irakienne.
"Je
n’ai jamais dit être venu ici pour
régler le problème. Je
n’étais pas venu ici avec un objectif
très précis mais pour échanger des vues",
a précisé Javier Perez de Cuellar, tout en se
refusant de qualifier sa mission d’"échec".
Les
2 hommes se sont réunis au palais Ragadan, pour tenter de
trouver une issue négociée au conflit
déclenché par l'invasion irakienne du
Koweït. "La situation est trop explosive pour pouvoir
rester en l'état", a souligné le
Secrétaire général. Il a
indiqué que le ministre irakien avait "particulièrement
souligné les vues de son gouvernement et notamment la
nécessité d’une solution arabe"
à la crise. "Je lui ai répondu,
a affirmé de Cuellar, que la dimension
internationale du conflit devait être reconnue. La dimension
des intérêts impliqués,
l’importante concentration de forces dans la
région et la présence en Irak et au
Koweït de ressortissants de pays tiers montrent clairement que
l'ONU, tout autant que les gouvernements arabes, doivent être
associés dans la résolution des
différentes questions", a-t-il fait remarquer. "Dans
l’intérêt de tous ceux qui sont
concernés, a encore dit Javier Perez de Cuellar, j’espère
que les efforts pour explorer les moyens d’avancer dans la
recherche d’une solution pacifique à la crise
continueront." Estimant qu’il "ne
fallait pas se faire d’illusions sur la gravité et
les dangers" de cette crise, il a souligné : "Nous
devons tous oeuvrer avec détermination et de
manière urgente" à une solution
pacifique. Le secrétaire général a
rappelé que "le problème principal
était celui de l’occupation et de
l’annexion du Koweït par l’Irak".
"La situation est très explosive et non seulement
pour le Koweït et l’Irak" a-t-il dit, en
ajoutant qu’il "était disposé
à continuer ses efforts pour trouver une solution pacifique
et durable". Ce dernier s'est heurté à
l'intransigeance d'un des plus fidèles conseillers de Saddam
Hussein. Tarek Aziz est pourtant un homme que Cuellar connaît
bien, pour avoir négocié avec lui 5 ans durant,
au moment où l'Irak était en guerre avec l'Iran.
Pour le ministre irakien, en revanche, "ces entretiens ont
été très fructueux". "Cette
situation est compliquée et dramatique. (...) Elle
suppose de la patience. Elle a besoin de temps pour que les gens
comprennent exactement les positions en présence",
a-t-il ajouté. Vendredi soir, à l’issue
de son premier entretien avec le secrétaire
général de l’ONU, Aziz avait
affirmé que l’Irak ne sera pas le premier
à déclencher des hostilités
généralisées dans la région
et que tous les étrangers pourraient quitter son pays si
l’Occident s’engageait à ne pas lancer
une attaque militaire contre l’Irak. A Amman, on faisait
état samedi, de l’existence d’un plan
jordanien qui aurait été longuement
évoqué au cours des entretiens. Ce projet qui
aurait l’aval de Bagdad, permettrait notamment la
libération de tous les otages et la définition
d’un "statut" pour le Koweït.
Des forces arabes de maintien de la paix pourraient
s’interposer entre les troupes occidentales et irakiennes.
L’URSS pourrait servir de médiateur dans le
retrait simultané des soldats irakiens du Koweït et
des forces qui leur font face en Arabie Saoudite. Cuellar est
arrivé à Paris en milieu
d’après-midi. Il a rencontré Roland
Dumas dans la soirée et pourrait s’entretenir
demain avec le roi Hussein de Jordanie également
présent dans la capitale française.
Interview de
Boutros Boutros-Ghali dans le Journal du Dimanche
: tout dépend de l'Irak.
Une solution arabe de la crise du Golfe demeure possible, affirme le
ministre égyptien des Affaires
étrangères, Boutros Boutros-Ghali, dans une
interview à l'hebdomadaire français Journal
du dimanche. "Tout dépend de
l’Irak", souligne-t-il, en exprimant
l’espoir que Bagdad tiendra compte des dangers de la crise
actuelle pour l’avenir de l’Irak. "Si
oui, il y a des chances pour que nous puissions commencer une
négociation. Nous sommes prêts. Ce qui compte
c’est d’éviter la confrontation militaire",
ajoute-t-il.
Libération
des premiers
otages occidentaux.
Les premiers otages français libérés
arrivent sur l'aéroport d'Orly à bord d'un vol
spécial d'Iraqi Airways. Il s'agit de
27 personnes, parmi lesquelles 17 femmes, dont des hôtesses d'Air
France, et 5 enfants. Excepté Jacques Attali, PDG
de la compagnie française, les officiels ont
préféré ne pas les accueillir, et
empêcher les journalistes d'approcher du Terminal, pour
laisser seules les familles enfin réunies. Le premier
ministre Michel Rocard précise que "rien n'est
changé" tant que les quelque 530
Français retenus en Irak et au Koweït ne seront pas
libérés. Ce vol spécial fait ensuite
escale à Londres où il ramène de
Bagdad 232 Britanniques ainsi que le pasteur et ancien candidat
à la Maison Blanche Jesse Jackson qui affirme : "Il
s'agit d'un tout petit pas". Jackson est
accompagné de 44 otages américains et de 2
députés allemands. A Amman
(Jordanie), un autre appareil ramène d'Irak les derniers des
700 otages libérés, parmi lesquels 4
Français, une quinzaine d'Italiennes et leurs enfants, des
Britanniques et des Américains. En Belgique aussi c'est le
soulagement. Les premiers otages belges libérés
arrivent dans la journée sur l'aéroport de
Melsbroeck. Il s'agit de 4 femmes et de 3 enfants. Mais pour l'Irak, la
libération de 700 otages est largement suffisante : Bagdad
annule en effet les vols de Virgin Atlantic en
provenance de Londres et d'Air France en
provenance de Paris. Ces vols devaient rappatrier de nouveaux otages...
Nouvelle
agression contre des otages occidentaux.
Au Koweït, un otage britannique et son épouse
philippine ont été battus avant leur arrestation
par des soldats irakiens. C'est ce que raconte une Britannique
à Amnesty International, et qui a
assisté à la scène : "Les
Irakiens ont pénétré dans leur
appartement alors qu'ils se cachaient dans une pièce de
derrière (...). La femme a
reçu des coups de pied à la poitrine et le mari a
reçu des coups violents sur la tête".
En bref :
Pour
faire face à la chute de la
fréquentation de leurs vols, les 57
principales compagnies aériennes mondiales ont
décidé d'augmenter de 5 à 8% leurs
tarifs passagers. Pour le fret, la hausse sera de 7%.
lundi 3 septembre
La crise des otages (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 3 septembre 1990 |
Interview de Roland Dumas (8 minutes)
Antenne 2 - L'Heure de
vérité (extrait) - 3
septembre 1990 |
George Bush
souhaiterait renverser Saddam Hussein.
La presse occidentale, notamment l'hebdomadaire américain Newsweek,
révèle que le
président américain George Bush a
donné son feu vert à une opération
secrète visant à renverser Saddam Hussein. L’un des volets de
l’entreprise mise sur pied par la CIA, consisterait
à fournir argent et matériel à la
rébellion kurde combattant depuis des années
contre la dictature de Bagdad. Le tout serait acheminé par
la Turquie. Ce qui ne va pas sans chagriner Ankara. Le gouvernement
turc, comme celui de Bagdad, recourt sans état
d’âme à la répression contre
les populations kurdes. L’ "aide"
américaine pourrait se révéler
à double tranchant, laisse-t-on entendre du
côté du Bosphore. Selon le journal britannique The Guardian,
citant des officiels américains, la CIA est en train
d’organiser et d’entraîner dans des bases
saoudiennes, des groupes de Koweïtiens, à des
actions de guérilla contre les troupes irakiennes
stationnées au Koweït. La coopération
américano-saoudienne dans le domaine des
opérations de déstabilisation a une longue
histoire, rappelle Newsweek. Riyad a
versé quelque 32 millions de dollars à
l’administration Reagan dans le cadre de l’aide
à la Contra nicaraguayenne. Dans les années 60,
la dynastie des Seoud participait à "une
étrange coalition", aux
côtés de la Jordanie et
d’Israël, qui finançait et aidait en
matériel une tentative de subversion au Yémen,
organisée par les Forces spéciales britanniques.
Les Saoudiens espéraient alors écarter
l’influence de l’Egypte nassérienne
à leurs frontières.
Discours de
Yasser Arafat : la duplicité des Américains.
Yasser Arafat lance dans un discours prononcé à
l’occasion du millième jour de
l’Intifada, un avertissement solennel à
l’opinion internationale. "Nous vivons un moment
historique crucial car le devenir de la nation arabe est en danger.
(...) A aucun moment de l’histoire ancienne ou
contemporaine, on n’a vu une telle croisade sur le sol arabe
et on n’a autant entendu de cliquetis d’armes
étrangères", déclare-t-il
en mettant en garde contre les conséquences de "ce
déploiement considérable de forces
étrangères, de flottes et d’armement de
destruction". "Ceci augure d’un grand
danger et peut engendrer des catastrophes dans le monde arabe et
islamique et dans les pays du tiers-monde car il risque de
dégénérer en guerre totale dont les
conséquences n’épargneront personne",
dit-il. La crise du Golfe, ajoute-t-il, a
démontré "la duplicité et la
tromperie" de l’attitude des USA et des pays
occidentaux. "Alors que Washington a recours à
l’étendard de la légalité
internationale pour imposer l’embargo à
l’Irak afin de servir ses intérêts et
ceux d’Israël, il n’était pas
si enthousiaste à appliquer cette
légalité internationale quand il
s’agissait de la question palestinienne. Bien au contraire,
il usait de son droit de veto pour empêcher
l’adoption de toute résolution condamnant
d’une manière ou d’une autre
Israël". "A ceux qui
s’interrogent sur la position palestinienne, nous demandons
où se place Israël dans cette guerre
(...). Nous ne pouvons être que dans le camp
hostile à Israël et à ses
alliés impérialistes, qui a mobilisé
toute sa machine de guerre sophistiquée non pour venir au
secours de telle ou telle autre partie, mais pour protéger
ses intérêts", ajoute-t-il.
Interview de
Roland Dumas sur Antenne 2 : le risque de guerre.
Interrogé dans l'émission L'Heure de
vérité sur la
télévision française, le ministre
français des Affaires étrangères
déclare que "la crise du Golfe va entrer dans une
3ème phase. La 1ère phase a
été celle de la réaction. La
2ème a été celle de la diplomatie
(...), je n’ai pas vu d’écho
en revenir. Je pense que les conditions ne sont pas réunies
aujourd’hui pour que des négociations puissent
être menées utilement jusqu’à
leur terme". Une analyse lourde de menaces qu’est
venue pondérer (mais à peine)
l’affirmation "qu’il faut laisser toutes
les chances à la paix" et l’assurance
que de nouvelles mesures militaires n’interviendraient que "si
le Conseil de sécurité le veut".
Dans cette longue interview, Dumas se félicite du "grand
déploiement diplomatique" qui se
déroule depuis quelques jours dans le Golfe ainsi que de "l'attitude
commune" et de "la solidarité"
des pays de la CEE. Même s'il reconnaît que Perez
de Cuellar a quitté Amman avec un constat d'échec
(le secrétaire général de l'ONU se
serait "trouvé devant un mur"), Dumas
estime que "toutes les chances de paix doivent être
sauvegardées et explorées". Et pour
éviter la guerre, Dumas "espère"
que l'embargo fera fléchir Saddam Hussein. Pour cela, il
mise sur l'efficacité du blocus international : "Si
l'embargo est de plus en plus étanche,
explique-t-il, on a toutes les raisons de penser que son
efficacité jouera". Etendre le blocus maritime au
transport aérien peut être une solution, selon le
ministre, qui précise toutefois que "l'embargo ne
jouera pas sur le transport des médicaments et sur l'aide
humanitaire d'urgence".Le ministre précise que,
depuis la mise en place de l'embargo, la France a
procédé à 170 contrôles de
navires et à un arraisonnement. Par conséquent,
il ne faut pas "sous-estimer le rôle de la France"
dans la coalition anti-irakienne. Dumas insiste également
sur un point : la France n'a "pas demandé une
participation [financière] aux autres
[pays], les Etats-Unis le font, ça les regarde".
Questionné sur le ballet diplomatique qui a lieu
à Bagdad en vue de libérer les otages, Dumas
regrette que les "tentatives" de Jesse Jackson et
de Kurt Waldheim "visent à créer des
failles" dans la solidarité internationale. Il
s'agirait pour l'Irak de diviser les Occidentaux et de "gagner
du temps". Réagissant aux propos de Margaret
Thatcher tenus hier, Dumas rappelle que le 21 août dernier,
tous les ministres des Affaires étrangères de la
CEE ont accepté l'idée que "les
dirigeants irakiens, à quelque niveau que ce soit",
et pas seulement Saddam Hussein, doivent répondre "devant
une juridiction internationale de leurs comportements personnels qui
ont porté atteinte" aux otages. Pour l'heure,
tout est fait pour apaiser les souffrances des ressortissants
français retenus dans le Golfe. "Notre cellule de
crise fonctionne 24h/24. (...) Nous avons mis en
place tout un système de communications difficile",
comme l'envoi de "télégrames
chiffrés" ou encore l'utilisation de valises
diplomatiques, "ce qui est à la limite des
règles habituelles". Pour ce qui concerne les
ressortissants irakiens vivant en France, aucune mesure de
représailles n'est envisagée. Bien que certains
soient soumis à "une attention
particulière", aucun ne sera renvoyé "par
charter" dans son pays d'origine.
Avouant ensuite que "le déclenchement
[de la crise] a été soudain et
[que] tout le monde a été surpris"
par l'invasion, le ministre est interrogé sur
différentes évolutions de la crise du Golfe dans
la mesure où "toutes les hypothèses ont
été examinées". Ainsi, si
l'Irak attaque l'Arabie Saoudite, la France ripostera "sous
sa propre responsabilité". "Ca fait
partie de ses missions, (...) la France est
là pour ça". Si les USA attaquent
l'Irak, le gouvernement français ne serait pas surpris. Si
les USA attaquent le Koweït, la France interviendrait "si
on est dans le cadre" de l'ONU. Si l'Irak attaque
Israël, "la France serait solidaire de la
communauté internationale" car "l'embrasement
serait tel (...) qu'il serait difficile de rester
à l'écart". Enfin, si l'Irak
évacue le Koweït et libère les otages,
ce serait "une défaite" pour Saddam
Hussein, dont le régime ne résisterait plus
longtemps. En effet, "la population irakienne serait
solidaire de Saddam Hussein, mais dans le fond des choses, il y a du
mécontentement et beaucoup d'inquiétudes".
Rappelant que la France a toujours souhaité la tenue d'une
conférence internationale sur les Territoires
occupés, Dumas justifie le fait qu'il y ait 2 poids et 2
mesures. Mais "ce n'est pas parce qu'un crime est commis par
l'un qu'il doit être commis par un autre"
tente-t-il d'expliquer tout en confiant que "la France a une
politique arabe" traditionnelle "mais aujourd'hui,
la difficulté ne vient pas du côté
français mais du côté du monde arabe
qui est divisé".
Roland Dumas a clos cette longue discussion en excusant la forte
amitié franco-irakienne et "le commerce d'armes"
qui est "mondial, tout le monde en vend, tout le monde en
achète".
Les derniers espoirs de la diplomatie française reposent
désormais sur la rencontre USA-URSS prévue
à Helsinki, lors de laquelle les 2 Grands pourraient "s'entendre
sur une solution (...) de paix (...), ou
de fermeté (...), le renforcement de
l'embargo (...) ou des actions de force"...
En bref :
L'ordre
des
avocats irakiens veut intenter un procès à George
Bush pour "crimes contre les peuples qui aspirent à
la liberté".
Les conditions de vie sont de
plus en plus difficiles dans les ambassades occidentales
assiégées à Koweït-City.
Ainsi, à l'ambassade des USA, les diplomates sont contraints
de brûler les meubles de la chancellerie pour se chauffer et
de faire bouillir l'eau de la piscine pour la boire...
Ils ont dit :
Bettino Craxi,
secrétaire général du Parti socialiste
italien : Il n’y a pas de risque immédiat de
conflit armé dans le Golfe et il reste "beaucoup
de choses à faire" dans le domaine diplomatique.
Edward Luttwak,
historien et ancien conseiller du président Reagan : "Les
Irakiens ont trop l'expérience de la bataille pour s'enfuir
sous le feu et ils sont trop lourdement armés pour ne pas
infliger avant leur éventuelle défaite de lourdes
pertes à leurs adversaires, même dans des combats
isolés que leur commandement ne parviendrait plus
à coordonner" (Quotidien français Libération).
Georges
Sarre,
secrétaire d’Etat français aux
Transports : Les baisses des limitations de vitesse des automobilistes
sont "au stade des études", au sein
d’un plan général
d’économies d’énergie pour contrer la hausse des prix des
carburants (Radio
française Europe 1).
Guennadi
Guerassimov, porte-parole du ministère
soviétique des Affaires étrangères :
La présence militaire US dans le Golfe "est en
train d’aider Saddam Hussein à former un bloc
anti-américain de tous les Arabes, et certains tendent
à oublier que tout a commencé par la prise du
Koweït et la violation de tous les principes du droit
international". Une "intervention chirurgicale"
en Irak n’est pas une bonne solution parce que "le
scalpel risque de se transformer en massue et d’avoir un
effet boomerang".
Roland
Dumas,
ministre français des Affaires
étrangères : "A plusieurs reprises,
nous avons fait comprendre à nos alliés
américains qu'ils allaient un peu vite en besogne"
(Télévision française Antenne
2).
|
Lu dans la presse :
Hebdomadaire américain
US News
and World Report : Ce conflit ferait au
moins 30.000 victimes dans les rangs américains.
Quotidien
français Libération
: Saddam Hussein, "bien
qu’il ait payé de sa personne, n’est
toujours pas parvenu à hystériser les opinions
occidentales".
|
mardi 4 septembre
Libération d'otages occidentaux (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 4 septembre 1990 |
Les otages français au Koweït (3 minutes)
Antenne 2 - Journal de 20h (extrait) - 4 septembre 1990 |
La Ligue Arabe
divisée, son secrétaire
général jette l'éponge.
Chedli
Klibi a démissionné hier soir de son poste de
secrétaire général de la Ligue arabe
qu’il occupait depuis 11 ans. Officiellement aucune raison
n’a été donnée à
ce départ, mais la position de Klibi était
devenue très inconfortable, estiment les observateurs.
L’agression irakienne contre le Koweït et ses
conséquences ont accéléré
la division du monde arabe toujours latente. Au dernier sommet arabe
réuni au Caire le 10 août, les oppositions ont
éclaté au grand jour entre un axe
dominé par les pro-américains (Arabie Saoudite,
Qatar, Koweït...) et des pays beaucoup plus
réservés devant l’arsenal de guerre
déployé dans le Golfe (Tunisie,
Algérie, OLP...). "Déplorant les
divisions au sein du monde arabe", Souleimane Najjab, membre
du Comité Exécutif de l’OLP, estime
qu’il existe "un danger que la scission soit
consacrée", ajoutant : "En poussant la
Ligue à la scission, on s’éloigne de
toute possibilité de recherche d’une solution
arabe au conflit du Golfe étant donné que les
pays arabes perdront leur rôle dans la recherche
d’une telle solution". Il a rejeté la
responsabilité de la division sur "les parties qui
ont insisté pour réunir un conseil
ministériel extraordinaire afin d’adopter des
résolutions à la majorité - et non
à l’unanimité comme il est
d’usage - tout en sachant qu’une telle position ne
ferait qu’envenimer l’atmosphère".
Mais pour Souleimane Najjab, "tout espoir n’est pas
perdu. Un effort peut encore être entrepris pour stopper
cette détérioration et réactiver le
rôle de l’organisation..." Assaad el-Assaad, un Libanais de 70 ans, adjoint de
Chadli Klibi, assure l’intérim du
secrétariat général
jusqu’à l’élection
d’un nouveau titulaire.
Interview de Jean-Pierre
Chevènement sur Europe 1 :
éviter l'affrontement nord-sud.
"Il faut toujours avant de déclencher un conflit,
poser la question des buts de guerre" rappelle part
Jean-Pierre Chevènement au micro de la radio
française Europe 1. "Dans les
résolutions de l’ONU, c’est
l’évacuation du Koweit par l’Irak,
c’est la libération des otages. Ce n’est
pas comme j’ai pu le lire sous la plume de tel ou tel,
(...), de casser l’Irak ou d’aboutir
à une situation qui, inévitablement, conduirait
à un dérapage nord sud de ce conflit.
(...) Le but est d’amener l’Irak
à récipiscence, et
l’intérêt de la France, auquel on ne se
réfère pas souvent,
l’intérêt de l’Europe ne sont
pas de faire déraper ce conflit (...) en
un affrontement Nord-Sud". Et comme on lui demande si la
France se joindrait aux USA dans le cas où ils lanceraient
une offensive contre l’Irak, Chevènement
répond : "Il n’y a pas de base juridique
aujourd’hui pour une intervention militaire contre
l’Irak, ou même simplement pour libérer
le Koweit, dont les spécialistes savent qu’elle
serait extrêmement coûteuse en vies humaines,
puisque ceux que je consulte habituellement, chiffrent le nombre de
morts à pas moins de cent mille."
L'interminable attente des
otages français retenus à Bagdad.
La télévision française Antenne
2 est parvenue à interviewer des otages
français à Bagdad. Selon ces derniers, l'attente
est devenue très difficile à supporter. Loin de
leurs proches et de leurs pays, ils font face aux espoirs des annonces
de Bagdad suivis de désillusions. "On s'attandait
à des négociations plus rapides, maintenant on
s'est fait à l'idée que les negociations durent
longtemps" explique un otage. "La
liberté, on l'a, puisqu'on est libre de circuler dans la
ville mais
on n'a pas la liberté de pouvoir rentrer chez nous de voir
nos femmes et nos enfants. C'est très dur." "Il faut espérer, poursuit un autre Français,
mais je n'espère pas Noël à Bagdad,
parce que là, ça commencerait à
être très très long..."
Incident
diplomatique entre Américains et Saoudiens.
Le Washington Post révéle
que le général saoudien, Khalid bin Sultan, a
osé affirmer que toute décision de Washington
d’utiliser les forces américaines
déployées en Arabie saoudite pour des
opérations offensives devaient être
précédées de consultations entre
George Bush et le roi Fahd. Mal lui en a pris. Le
général Norman Schwarzkopf, commandant des forces
américaines en Arabie saoudite, s’est
immédiatement plaint auprès de la Maison-Blanche
et du Pentagone prétendant que la position saoudienne
pourrait empêcher les USA de répondre à
des "imprévus militaires". Le
même jour, Bush a convoqué à la Maison
Blanche l’ambassadeur d’Arabie saoudite
à Washington pour le rappeler à l’ordre.
Michel Rocard dit tout au
Brésil et son contraire au Chili.
Le Premier ministre français s’abstrait de la "logique
de guerre", le temps d’une escale au
Brésil. Aux autorités venues le saluer sur
l’aérodrome de Recife où s'est
posé le DC-8 qui doit l'emmener au
Chili, Rocard déclare en effet que "la France
n’a absolument pas l’intention de recourir
à la force contre l’Irak". Il leur
précise qu’elle "suivra la
résolution de l’ONU maintenant le blocus
économique contre l’Irak" et il se dit
même certain "que la crise du Golfe sera
résolue par la voie diplomatique car les sanctions
imposées par les Nations Unies sont très graves,
ce qui évitera le déclenchement d’une
guerre". Des propos d’autant plus remarquables que
ceux qu’il avait tenu le 27 août dernier devant les
députés réunis en session
extraordinaire étaient d’une tonalité
à peu près diamétralement
opposée. Effet
du décalage horaire ou simple souci de ménager
ses interlocuteurs brésiliens dont le grand pays est devenu
l’un des partenaires privilégiés de
l’Irak au sein des non-alignés ? Toujours est-il
que quelques heures plus tard, à peine
débarqué à Santiago du Chili, Michel
Rocard se presse de faire rectifier ses dires par son "entourage".
Cette seconde dépêche AFP
prenant le contre-pied de la précédente : "Si
la France reste très attachée à une
solution diplomatique dans la crise du Golfe, il est clair, aux yeux du
Premier ministre que les chances de celle-ci s’amenuisent".
Et "l’entourage" d’ajouter : "Il est
clair que si les forces françaises
déployées dans le Golfe n’ont aucune
mission agressive, elles ne resteraient pas inactives si un conflit
ouvert se déclarait". Voilà qui cadre
mieux en effet avec la vision pessimiste des choses que cultive Michel
Rocard depuis son retour de vacances, avec l’intention
manifeste de préparer l’opinion à un
conflit ouvert avec l’Irak.
En bref :
Le président du
Sénégal Abou Diouf annonce que des troupes de son
pays vont se joindre à la force multinationale dans le Golfe.
mercredi 5 septembre
Libération de 100 otages français (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 5 septembre 1990 |
|
James Baker
souhaite créer une OTAN arabe.
Les USA envisagent de former une alliance politico-militaire permanente
dans le Golfe, sur le modèle de l’OTAN, pour
contenir l’expansionnisme de l’Irak, même
si Bagdad se retirait du Koweit. C'est ce qu'annonce en substance le
secrétaire d’Etat américain James Baker
qui précise devant la Commision des Affaires
étrangères de la Chambre des
représentants : "Je crois que nous devons examiner
comment créer, avec d’autres, une nouvelle
stucture de sécurité dans la région".
"Nous
devrions certainement jouer un rôle, poursuit le
chef de la diplomatie américaine, et il y aurait
donc une précence continue là-bas (...)
avec une importante
participation arabe". Baker s’est
référé à la
stratégie de Washington au plus fort de la guerre froide,
poursuivant : "Ca a marché en Europe.
L’URSS a des armes nucléaires depuis longtemps, en
remontant à Staline, et nous avons
développé une structure de
sécurité régionale qui a
marché. Je ne doute pas une minute que nous puissions faire
la même chose dans ces cas-ci". L’agence irakienne INA,
qui ne partage pas cet avis, appelle "les Arabes, les
musulmans et les hommes intègres du monde entier
à faire échec à ce complot",
accusant de complicité "ceux qui
l’appuient, notamment le roi Fahd d’Arabie et le
président égyptien Hosni Moubarak". Il
s’agit, poursuit INA, d’ "occuper
les Lieux Saints des Arabes et des musulmans et (de)
contrôler totalement le pétrole arabe pour une
longue durée". La semaine dernière, Margaret Thatcher
estimait que l’OTAN devait se préparer
à assumer un rôle plus étendu, et "assurer
une défense hors de sa zone". Le Premier ministre
britannique, qui semble vouloir sa part du gâteau pas le
biais de l’OTAN, a posé la candidature de Londres
comme 2ème "gendarme du monde". Lui
emboîtant le pas, le président du Conseil de
l’Atlantique nord, Patrick Duffy, a
prôné une révision de la charte de
l’Alliance atlantique, datant de 1949, qui interdit
à l’organisation d’intervenir hors du
territoire des pays membres. Cependant, les jusqu’auboutistes
rappellent complaisamment que la Turquie, membre de l’OTAN, a
une frontière commune avec l’Irak.
Discours de
Saddam Hussein sur Radio-Bagdad : il faut
libérer les Lieux Saints.
Saddam Hussein s’adresse une nouvelle fois, par
présentateur de télé
interposé, à la "nation arabe".
Se déclarant acculé à la guerre pour "libérer"
les Lieux Saints de l’Islam, le président irakien
exhorte les musulmans et les Arabes hors d’Irak à
l’aider dans son combat "pour sauver
l’humanité des puissances injustes". "Plus de 5 millions d’Irakiens
sont prêts au combat et les Etats-Unis et leurs
alliés devront déployer 12 millions de
combattants pour leur faire face", déclare-t-il
précisant que la puissance aérienne
américaine à elle seule "ne sera pas
déterminante pour décider du sort des armes".
Saddam Hussein accuse le président égyptien Hosni
Moubarak d’être corrompu et qualifie de "traîtres"
les dirigeants saoudiens qui, affirme-t-il, ont autorisé la
présence d’infidèles dans les Lieux
Saints de l’Islam. Il souligne que le cliquetis des armes
où leur utilisation ne feraient que renforcer sa
détermination car "nous ne saurions être
tranquilles avant que le dernier soldat étranger ne quitte
de gré ou de force la région".
Libération
d'otages occidentaux.
La nuit dernière, un avion de la Luftwaffe
se posait à Francfort avec, à son bord, une
centaine d'anciens otages de 14 nationalités
différentes, mais une majorité d'Ouest-Allemands.
Quelques heures plus tard, c'est à Londres que se posait un
avion de Virgin Atlantic, avec 92 anciens otages.
Ce soir, un Airbus affrété
par Air France se pose sur
l’aéroport d’Amman, en Jordanie. A son
bord, 105 étrangers, des femmes et des enfants, parmi
lesquels 63 Français, 23 Britanniques, 10
Américains et 9 Grecs. Peu après, le
ministère français des Affaires
étrangères indique qu’un vol
spécial à destination de Paris a
quitté la capitale jordanienne, ramenant une centaine
d'anciens otages français. Le Premier ministre
français Michel Roccard, en visite en Amérique du
Sud, déclare qu’il ne faut pas céder au
chantage de Saddam Hussein. A Paris, le ministère des
Affaires étrangères annonce que Georgina Dufoix,
présidente de la Croix Rouge française
et ancien ministre, a été chargée par
le gouvernement de mettre en place en Jordanie un dispositif de
rapatriement. Edith Cresson, ministre des Affaires
européennes demande de son côté que les
familles retenues en territoire irakien et au Koweit puissent
bénéficier du fonds de garantie prévu
pour l’aide aux victimes d’attentats. Comme pour ne
pas être en reste, un député
réclame auprès du Quai d’Orsay des
mesures pécuniaires en faveur des otages retenus en Irak.
Le Japon augmente sa
participation à la coalition anti-irakienne.
Sollicité la semaine dernière par Washington "pour
une intervention plus efficace", le gouvernement japonais
fait "un premier geste concret", dans son
programme d’aide à l’embargo de
l’Irak. Tokyo annonce en effet l’envoi imminent de
800 véhicules tout terrain, à la force
multinationale dans le Golfe. Ils seront acheminés par
bateaux sous pavillon panaméen, mais qui appartiennent, en
fait, à la compagnie nipponne Kawasaki Kisen
Kaisha. Ce programme a reçu un accueil
mitigé, particulièrement aux USA où,
selon l’AFP, "on
s’attendait à ce que le Japon fasse plus,
notamment en matière de transport de personnel et de
matériel militaire". D’après
le porte-parole du gouvernement japonais, Misoji Sakamato, Tokyo
étudierait le moyen de modifier la Constitution du pays,
afin de pouvoir envoyer des troupes dans le Golfe.
Le sort des Koweïtiens
en exil et au Koweït occupé.
Les réfugiés Koweïtiens en Arabie
Saoudite sont au moins 160.000 dont près de la
moitié le long du Golfe, dans l’est du pays. Dans
la grande agglomération qui constitue les villes de Darhan,
Damman et El Khorba, face à l’île de
Bahrein, ils tentent de s’organiser pour vivre le moins mal
possible leur exil. Selon Zaim Al Rifaï, l’un des
responsables locaux du "Comité pour le Koweït
libre" fondé voici une dizaine de jours à
l’instigation du gouvernement du Koweït, le gouvernement koweïtien en exil
à Taëf envisage de donner à chaque
famille une indemnité. Actuellement, les comités
pourvoient aux besoins grâce aux fonds qu’ils
reçoivent du gouvernement et aux dons privés. Les
familles dressent des listes de ce qui leur manque,
(vêtements, livres, médicaments...), et les
donnent aux comités. Al Rifaï explique que les
fonds Koweïtiens à l’étranger
jusqu’ici bloqués à la demande de la
famille royale, sont peu à peu
débloqués selon les besoins du gouvernement. Ils
s’élèvent à près
de 120 milliards de dollars judicieusement placés qui
fournissent un revenu tout à fait appréciable. La
Koweït Investissement
Compagny, organisme d’Etat chargé du
placement des fonds Koweïtiens vient d’installer ses
bureaux en Suisse où elle poursuit ses activités.
De plus, les contrats de fournitures de pétrole
passés par la compagnie nationale Koweïtienne avec
des sociétés européennes sont en
partie honorés par l’Arabie Saoudite qui avance
ainsi du pétrole à son voisin. Le gouvernement
Koweïtien a annoncé que, grâce
à tout cela, il allait pouvoir indemniser les
résidents étrangers qui ont perdu leurs biens au
Koweït. Déjà, au Koweït
occupé, une résistance s’organise. La
nuit, des Koweïtiens changeaient les noms des rues, les
numéros des maisons, pour égarer les Irakiens.
D’autres ont attaqué les stations de police, les
patrouilles. Les résistants ont différentes
manières de se procurer des armes. Certains en avaient chez
eux, d’autres en ont pris dans les commissariats
désertés les premiers jours.
Rencontre
Mikhaïl Gorbatchev - Tarek Aziz.
A Moscou, Mikhaïl Gorbatchev reçoit Tarek Aziz. Annonçant la visite inopinée
du chef de la diplomatie irakienne, l’agence Tass indique
que le Kremlin tenait à "une utilisation maximale
des moyens politiques" pour trouver un règlement
à la crise du Golfe et maintient, dans ce but, ses contacts
avec Bagdad. Tass rappelle également
la visite d’un vice-premier ministre irakien, le mois
dernier, pour déplorer que ces contacts n’ont pas
encore donné les résultats escomptés,
puisque l’Irak maintient ses troupes au Koweit et se refuse
à rétablir la pleine souveraineté de
ce pays. Il est évident que les entretiens Gorbatchev - Aziz
se situent dans le cadre de la préparation du sommet USA -
URSS d’Helsinki. On annonce également à
Moscou la prochaine visite du roi Hussein de Jordanie sans
qu’il soit indiqué si elle aura lieu avant ou
après la rencontre Bush - Gorbatchev prévue dans
4 jours. Le Kremlin avait affirmé, dès le mois
d’août, sa volonté d’utiliser
ses relations avec Bagdad et d’autres capitales arabes pour
essayer de trouver une issue politique à la crise.
Approuvant les mesures de rétorsions prises par
l’ONU et solidaire, de ce fait, du blocus international,
Moscou n’en tente pas moins une difficile
médiation. On espère, dans la capitale
soviétique, que les entretiens avec le ministre des Affaires
étrangères de Saddam Hussein et les contacts
diplomatiques qui se poursuivront permettront à Gorbatchev
et Bush d’adopter, en fin de semaine, une position commune
écartant tout danger de guerre. Mais Tass,
qui informe largement de la situation au Proche-Orient et notamment des
exactions commises par les Irakiens au Koweit, rappelle - se faisant
l’écho de la direction soviétique - que
le droit international ne saurait être bafoué et
que Bagdad doit retirer ses troupes de l’émirat.
Si la crise du Golfe doit occuper l’essentiel du temps des
présidents des USA et de l’URSS, lors de leur
rencontre, selon le porte-parole du Kremlin, les 2 hommes se pencheront
également sur d’autres dossiers. La
négociations sur la réduction des armements
nucléaires stratégiques et
l’achèvement des pourparlers sur la
réunification allemande, seront également
à l’ordre du jour.
En bref :
Le
ministre français de la Défense, Jean-Pierre
Chevènement, effectue aujourd'hui et demain une
tournée au Proche-Orient. Après l'Egypte et le
Qatar, c'est au tour des Emirats Arabes Unis de recevoir le chef des
armées françaises.
Miles Hoffman, un otage
américain, est blessé par balles au bras alors
qu'il tentait d'échapper aux soldats irakiens venus
l'arrêter à son domicile.
L’Iran annonce
qu’il n’augmentera pas sa production
pétrolière malgré l’appel
lancé par l’Arabie Saoudite "pour
stabiliser le marché".
Ils ont dit :
Richard Gephardt, président de la
majorité démocrate à la Chambre des
représentants
: "Il nous faut une aide accrue. Nous avons tout
particulièrement besoin d’un appoint de troupes
terrestres de nos alliés." Après avoir
"salué" l’envoi de la flotte
française et de navires britanniques au Moyen-Orient, il
ajoute : "Nous voudrions que (ces 2 pays) envoient
également des troupes terrestres aux
côtés des nôtres."
Gérard
Trésanini, directeur
général de Total Raffinage Distribution
: "Nous avons peut être été
trop loin dans notre programme de réduction des
capacités de raffinage" (Quotidien
français Les Echos).
Thomas
Foley,
président américain de la Chambre des
représentants : "Il n’est pas possible
qu’une seule industrie puisse influencer la politique
internationale des Etats-Unis. D’ailleurs, les commissions du
Congrès vont surveiller de près les compagnies
pétrolières et s’assurer
qu’elles ne se servent pas du marché
pétrolier actuel pour augmenter le prix des carburants".
Binyiamin
Nethaniyahou, vice-ministre israélien des
Affaires étrangères : "Toute tentative
de lier la crise du Golfe au conflit israélo-arabe
déforme la réalité et fait le jeu de
Saddam Hussein".
James
Baker, secrétaire d’Etat
américain, au Congrès américain : "Dans
un pays comme le nôtre où nous avons un PNB de
5.000 milliards de dollars, 6 milliards de dollars (coût de la
présence américaine dans le Golfe),
ce n’est pas grand chose."
Colonel
Washbi Abdou,
de l'armée égyptienne : "Nous sommes
ici pour défendre les Lieux Saints de l’Islam" (Quotidien
français L'Humanité).
Marlin
Fitzwater,
porte-parole de la Maison Blanche : "Un nouvel ordre
international est en construction à Helsinki, le travail de
fondation va commencer dimanche", soulignant que
l'entretien Bush - Gorby sera "le moment pour les 2 Grands
d’évaluer les intérêts des
super-puissances et de porter un jugement sur la période de
l’après guerre froide".
|
Lu dans la presse :
Quotidien français Quotidien
de Paris : "La crise du Golfe prive
l’Europe d’importantes quantités de
produits raffinés".
Quotidien soviétique
La Pravda
: Les positions des 2 parties "peuvent diverger à
certains égards". L'URSS ne soutient pas
l’agression de l’Irak contre le Koweït. "Nous
sommes en faveur d’un règlement politique du
conflit. Notre position est sincère et repose sur des
principes".
|
jeudi 6 septembre
La fermeté de la France face à l'Irak (25 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 6 septembre 1990 |
|
Renforcement de
la flotte occidentale dans le Golfe.
La marine occidentale se renforce dans le Golfe pour faire respecter
l'embargo contre l'Irak. Le commandement de la marine
américaine a autorisé hier le cuirassé
Wiconsin, fleuron de
l’US Navy, à utiliser ses énormes
canons de 16 pouces (400 mm). Ils ont une portée de 37 km et
tirent des obus pesant 1.215 kg. Le cuirassé Missouri
devrait recevoir sous peu une
autorisation similaire. Ses
ordres parviennent alors que parallèlement, le renforcement
de l’armada se poursuit. Les autorités
égyptiennes du canal de Suez indiquent que 3
bâtiments de guerre espagnols (2 corvettes, 1
frégate), ayant à leur bord 500 hommes, se
dirigent vers la Mer Rouge et le Golfe. Ils sont suivis par le Nassau,
navire américain amphibie qui peut transporter des avions
à décollage vertical, des
hélicoptères et des véhicules.
L’accompagnent également le Pensacola
et le Saginaw, spécialisés
dans le transbordement de troupes et de chars. De plus, le porte-parole
du ministère français des Affaires
étrangères indique que la France n’a
pas "d’objection de principe"
à la requête des USA, qui ont demandé
à leurs alliés de mettre à leur
disposition des navires civils pour transporter troupes et
matériels vers le Golfe.
Les USA veulent
partager la facture du Golfe.
Après Nicholas Brady, secrétaire
américain au Trésor, qui effectue une
tournée des pays engagés au
côté de George Bush pour mettre au pas Saddam
Hussein, c’est maintenant au tour du secrétaire
d'Etat James Baker d’ "aller chercher un soutien
accru à la campagne contre le maître de Bagdad".
Il s’est envolé hier pour plusieurs capitales
arabes et européennes. "Un des buts de ce voyage
est de parler à un nombre de pays de ce qu’ils
pourraient faire en plus de ce qu’ils ont
déjà accepté..." a-t-il
déclaré, avant de décoller pour Riyad.
La Chine s'oppose
à la coalition.
Taha Yassin Ramadan, vice-Premier ministre irakien, arrive à
Pékin pour évoquer la crise du Golfe avec les
dirigeants chinois. "Cette visite résulte
d’une requête faite par la partie irakienne et
à laquelle la partie chinoise a accédé",
déclare Li Jinhu, porte-parole de la diplomatie de
Pékin. Li réaffirme que la Chine était
"contre l’implication militaire des grandes
puissances dans la région" (du Golfe), ajoutant
: "Nous avons toujours été
opposés à la présence de troupes de
tout pays dans un autre".
 Bilan
de la rencontre Aziz - Gorbatchev : une entente de façade.
Le ministre irakien, qui tient une conférence de presse
avant de quitter Moscou où il a rencontré
Gorbatchev, affirme que les Soviétiques travaillant en Irak
sont "libres de leur mouvement" et qu’il
appartient à l'URSS de décider de retirer ou non
ses spécialistes. Il confirme que les militaires
soviétiques n’ont pris part ni à la
préparation de l’expédition au
Koweït ni à son déroulement. Ils sont "dans
l’ombre", dit-il. Tarek Aziz rappelle qu’il s’est
rendu à Moscou à la demande de Saddam Hussein "qui
a tenu à informer le président
soviétique de la position de l’Irak"
avant le sommet USA-URSS d’Helsinki. Le ministre irakien des
Affaires étrangères reconnaît
qu’il existe des divergences entre Bagdad et Moscou portant
sur l’appréciation de la situation dans le Golfe,
mais il estime que les entretiens ont été "constructifs"
et "sincères". Il se déclare
prêt à les poursuivre après la
rencontre Bush-Gorbatchev. Interrogé sur
l’éventualité d’une
médiation soviétique, Aziz déclare que
"si l’URSS était disposée
à jouer un rôle plus actif, l’Irak
s’en féliciterait". Il rappelle
cependant que son gouvernement ne ferait un pas vers
l’élaboration d’un règlement
qu’à condition que les occidentaux acceptent le
principe d’un règlement global au Moyen-Orient, y
compris celui du problème palestinien. En fin
d’après midi, le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères de
l’URSS, Guennadi Guerassimov, sans entrer dans le
détail des conversations affirme qu’elles ne
sauraient être caractérisées comme "un
pas en arrière", les contacts diplomatiques
étant toujours utiles, mais qu’il faut attendre
avant de parler de "pas en avant". Guerassimov
indique que la partie irakienne a exposé son point de vue et
Moscou le sien. Moscou, affirme-t-il, n’est pas
disposé à adopter un ultimatum conjoint
à l’Irak lors de la rencontre Bush-Gorbatchev de
dimanche. C’est la 1ère fois que
l’hypothèse d’un ultimatum commun est
évoqué à propos d’une
rencontre, dont la Maison-Blanche souhaiterait qu’elle donne
le feu vert à une intervention américaine, ce qui
ouvrirait la voie à de redoutables aventures. Tout en
excluant donc l’idée d’un ultimatum, le
porte-parole soviétique indique que les USA et
l’URSS ont cependant "des
responsabilités particulières" et il
avance l’idée de la constitution d’un
état-major auprès de l’ONU comme la
charte de l’organisation internationale le prévoit.
Interview de
Jacques Chirac dans Paris Match : le gendarme du
monde, c'est l'ONU.
Dans une interview accordée à l'hebdomadaire
français Paris-Match, le maire de
Paris se prononce pour une issue pacifique à la crise du
Golfe : "Il faut soutenir les efforts du
secrétaire général de l’ONU.
(...) Ses efforts ont été vains
jusqu’ici. Mais rien ne doit nous faire
désespérer". Jacques Chirac insiste
par ailleurs sur la nécessité pour la France de
ne pas emboîter le pas des USA dans la voie d’une
escalade militaire : "Il ne faut pas que la France soit
"à la traîne" de quiconque. Nous devons
participer, avec nos moyens, à une action internationale qui
ne peut être que décidée et
coordonnée par l’ONU (...). C’est
à l’ONU de jouer le rôle de gendarme du
monde et de prendre les initiatives et les décisions qui
s’imposent. (...) La France, sous
l’impulsion du général de Gaulle, a
élaboré une politique arabe qui est conforme
à ses intérêts et à ceux des
pays arabes. (...) La fermeté
exigée par la situation ne doit en aucun cas mettre en cause
ces relations." "Je
souhaite dans cette crise, ajoute Chirac, que
nos responsables n’oublient jamais que la France a une
position et des intérêts propres dans le monde
arabe et qu’elle doit conserver son indépendance
de jugement et d’action".
Conférence
de presse du représentant de l'OLP en France : l'ONU doit
agir contre Israël.
L’OLP souhaite que l'ONU témoigne "envers
le respect des droits du peuple palestinien et de la
légalité internationale" de "la
même vitalité exceptionnelle exprimée
par les Nations Unies à propos de la crise du Golfe",
déclare à Paris le
délégué général
de Palestine en France, Ibrahim Souss. Dans sa conférence de
presse, ill invite "la communauté internationale,
qui a réaffirmé au cours des dernières
semaines son refus de l’acquisition de territoires par la
force", à "exprimer de
manière plus ferme et plus urgente sa
détermination à faire respecter ce principe et
à exiger d’Israël l’application
des résolutions de l’ONU relatives à la
question palestinienne".
Conférence
de presse de François Mitterrand : il faut un embargo sans
faille.
François Mitterrand réaffirme que la France
s’en tient aux résolutions de l’ONU. "Je
crois à l’efficacité de
l’embargo", déclare-t-il. Et
d’ajouter immédiatement que "la sagesse
(en la matière) c’est
d’être implacable dans son exécution".
Le
Président n’écarte pas la
possibilité d’une action militaire de la France
dans le Golfe. Il fait valoir la capacité
d’intervention des forces françaises "qui
se situent au 2ème rang aujourd’hui, dans le
dispositif, après les Etats-Unis, et nettement devant tout
autre". Dans le même temps, il
réemploie sa regrettable expression de "logique de
guerre". Ce ne serait "pas servir le droit
(international) que de prétendre aller vers la
paix par le mauvais chemin". Le chef de l’Etat avoue enregistrer les
démarches, qualifiées d’"irréelles",
de Yasser Arafat, du roi Hussein de Jordanie, "d’un
certain nombre de pays, de chancelleries, et même du
secrétaire général des Nations- Unies".
Il s’empresse d’ajouter que rien
n’indique plus aujourd’hui "qu’on
puisse appliquer les résolutions des Nations-Unies sans
aggravation du conflit". Cette position ne va pas dans le
sens de l’intérêt - actuel et
à venir - de la France. Notre pays a des
intérêts économiques, politiques,
spécifiques dans cette région du globe. Des
devoirs moraux aussi. Paris peut et doit prendre des initiatives en
faveur de la détente. Le président se
félicite de la rencontre qui doit se tenir à la
fin de cette semaine entre Bush et Gorbatchev à Helsinki.
L’objectif de ce sommet serait, selon Mitterrand, de faire la
démonstration que "ces 2 grands pays"
sont bien "en harmonie". Il fait état
d’une conversation téléphonique avec
Gorby, où celui-ci se serait montré
"très déterminé"
à faire tout ce qui peut être fait pour que la
cohésion de ceux qui ont adopté les
résolutions de l’ONU "soit
préservée et si possible renforcée".
Pour finir, le président français confirme
qu’il prend la pleine paternité des mesures
d’austérité
décidées par le gouvernement : "Ce sont
des mesures de rectification, d’adaptation, que
j’ai déclarées moi-même
nécessaires".
|
Conférence de presse de François Mitterrand (1h02)
Antenne 2 - Edition spéciale dans l'après-midi - 6 septembre 1990 |
Hussein
de Jordanie en visite à Bagdad.
Le roi Hussein de Jordanie est arrivé hier à
Bagdad. Il poursuit aujourd'hui ses entretiens avec Saddam Hussein.
Selon des sources diplomatiques, ces discussions commencées
aussitôt après l’arrivée du
souverain jordanien à Bagdad, portent essentiellement sur
les efforts déployés en vue "de trouver
une solution à la crise au sein de la famille arabe en
dehors de toute ingérence étrangère".
Le roi Hussein a informé Bagdad des résultats de
sa tournée au Maghreb et dans plusieurs capitales
européennes.
La
Libye s'engage dans le ballet diplomatique.
A Tripoli, le président Kadhafi décide
d’envoyer des émissaires dans plusieurs capitales,
parmi lesquelles Paris, Rome et Moscou, pour les informer de son projet
de règlement de la crise du Golfe. Le dirigeant libyen a lancé le 1er
septembre un plan de solution de la crise du Golfe,
prévoyant le retrait des forces irakiennes du
Koweït et leur remplacement par des forces de l’ONU,
l’évacuation de l’Arabie Saoudite par
les forces multinationales au profit de forces musulmanes et arabes. Le
projet prévoit également la levée de
l’embargo imposé à l’Irak, la
mise à disposition de Bagdad de l’île
koweitienne de Bubiyan (nord-ouest du Golfe) et du champ
pétrolifère de Rumaylah (à la
frontière des 2pays) et la liberté pour le peuple
koweitien de choisir son régime politique et ses dirigeants.
En bref :
Les
autorités de Bagdad reconnaissent avoir "accidentellement"
blessé par balles l'otage américain au Koweït, alors qu'il
tentait d'éviter une capture.
La presse d’Ankara et
l’opposition turque expriment leur vive inquiétude
suite au vote du Parlement turc autorisant le gouvernement à
envoyer des troupes à l’étranger.
L’ancien Premier ministre Souleiman Demirel
déclare : "Je ne peux rien imaginer de pire que de
voir nos fils tués dans le désert et
d’en tirer de l’argent."
Le
ministère irakien de la
Défense fait savoir aux sous-officiers
démobilisés âgés de 37 ans
(ils sont plusieurs milliers) qu’ils ont 3 jours pour
rejoindre leurs unités.
vendredi 7 septembre
Renforcement de l'embargo contre l'Irak (24 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 7 septembre 1990 |
|
George Bush
prépare une cassette à diffuser sur Radio-Bagdad.
Après avoir refusé l’invitation
d’Hussein à participer à un
débat télévisé, Bush
accepte d’envoyer un message sur bande vidéo, qui
sera diffusé à la
télévision irakienne. Le président
américain exige cependant certaines conditions : que le
gouvernement américain ait toutes les assurances
qu’aucune coupure ni qu’aucun montage ne soit
effectué et que le discours soit obligatoirement
programmé.
Interview du chef
d'état-major français sur Europe 1 :
une guerre ferait 100.000 morts.
François Mitterrand dépèche sur une
radio française son chef d’etat-major des
armées pour expliquer la position de la France. "Tous
les scénarios ont été
envisagés, y compris la guerre" confirme le
général Schmitt au micro d’Europe
1. Au point d’avoir travaillé sur des
estimations des pertes probables. Le chiffre de 100.000 morts
avancé l’autre jour par Jean-Pierre
Chevènement est "convenable", juge le
général avant de préciser
qu’il se répartirait "grosso modo entre
10.000 morts du coté des forces du droit et à peu
près 90.000 du coté irakien". Quant
aux otages, Schmitt ne craint pas d’estimer que "si
c’était nécessaire, il faudrait faire
la part du feu et frapper les sites" sur lesquels ils ont
été répartis. C’est ce qui
s’appelle faire bon marché de la peau des autres
et c’est d’autant plus choquant que la plupart de
ces otages sont des ingénieurs et techniciens
envoyés là-bas dans le cadre de la politique de
vente d’armes à l’Irak conduite jusque
récemment par leurs gouvernements respectifs.
Conférence
de presse d'Edouard Chevardnadze : il faut réactiver le "facteur
arabe".
L’agence de presse soviétique TASS
rapporte les propos que le ministre des Affaires
étrangères de l’URSS a tenu ce soir
devant des journalistes soviétiques, dans l’avion
qui le ramenait du Japon. Enumérant les
différentes propositions avancées pour
résoudre la crise dans le Golfe, Edouard Chevardnadze a
insisté sur la "réactivation"
du "facteur arabe", notamment dans le cadre de la
convocation d’une conférence internationale sur le
Proche-Orient. "Si besoin est, a-t-il
déclaré, je suis disposé
à me rendre en Irak. Il est possible que je sois
amené aussi à collaborer un peu avec
Israël au niveau ministériel."
Chevardnadze a précisé : "Si nous
réussissons à convoquer une telle
conférence, avec la participation des parties au conflit,
des pays membres du Conseil de Sécurité et peut
être quelques autres, alors on pourrait dans un premier temps
examiner la question du Golfe, dans un second temps se consacrer
à la question des territoires arabes occupés,
c’est-à-dire au problème complexe du
conflit israélo-arabe. Dans un troisième temps,
la conférence s’occuperait du problème
libanais".
James Baker
rencontre les émirs saoudiens.
Ce n’est pas de solution pacifique que le
secrétaire d’Etat américain James Baker
est venu parler en Arabie Saoudite, mais d’argent. En
l’occurrence des millions de dollars qu’il va
falloir trouver pour continuer à financer le coût
de l’intervention américaine. C’est
l’essentiel des discussions qu’a eu James Baker
avec son homologue saoudien et avec le roi Fahd hier soir à
Djeddah. C’était également le plat de
résistance de son entretien avec l’émir
du Koweït Cheik Jader al-Ahmed al-Sabah qu’il a
rencontré à Taëf, où il
s’est replié dans les montagnes à
l’hôtel Sheraton avec la
plupart des membres de son gouvernement. "En tant qu’agressés, a déclaré
l’émir à l’issue des
entretiens, nous souhaitons que la solution arrive le plus
rapidement possible et quel qu’en soit le moyen".
L’un de ses ministres, Yayia el Sumait a
été plus direct encore : "Je ne crois
pas à la possibilité d’une solution
politique avec un homme comme Saddam Hussein. Si cela
dépendait de moi, je lancerais l’attaque contre
lui dès demain". Interrogé sur le fait de savoir si des
conditions ont été posées à
Washington pour le déblocage de la contribution
koweïtienne à l’effort de guerre, Cheik
Sabah, ministre des Affaires étrangères, a
répondu non. Mais il a aussi précisé
ce que le Koweït attend de la force multinationale : "La
défense de l’Arabie Saoudite et la
libération du Koweït". Il n’a
pas voulu préciser quelle somme serait consentie par son
pays, mais on sait que les USA en espèrent 400 millions de
dollars par mois. James
Baker a confirmé le soutien total des USA au
Koweït, à la libération de son
territoire et à la restauration de la famille royale. Mais
il a également affirmé que les USA s’en
tenaient à l’application complète des
résolutions de l’ONU pour contraindre Saddam
Hussein au retrait en organisant l’asphyxie
économique de l’Irak. "Nous avons besoin
pour cela, a-t-il dit, de renforcer le consensus
international en amenant davantage de pays à assumer des
responsabilités financières et militaires".
Le
secrétaire d’Etat s’envolait ensuite
pour les Emirats Arabes unis à qui il compte demander une
contribution de cent millions de dollars par mois. Il se rendait
ensuite en Egypte et en Syrie. A ces 2 pays, il ne s’agit pas
de demander de l’argent mais au contraire de leur donner une
récompense pour leur participation militaire à la
force arabe. Avant de quitter Taëf, James Baker a
inspecté les éléments de la force
aérienne américaine stationnée sur
l’aéroport. Le 2ème volet du voyage de
Baker dans le Golfe est de poser les jalons d’une future "structure
de sécurité commune" pour la
région. Mais il nie avoir envisagé une "OTAN
du Moyen-Orient". Mais quel qu’en soit le nom que
l’on donne à l’organisme qu’il
est en train de tenter de mettre en place, il sera dominé
par les USA et pour l’instant aucun Etat du Golfe ne semble
en mesure de s’y opposer efficacement.
L'Irak dit non
à l'aide de la Croix-Rouge.
Cornelio Sommaruga, président du CICR s'est rendu
à Bagdad durant la semaine pour rencontrer 3 fois Tarek
Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères.
Le but de ces rencontres était de discuter sur le mode
d'intervention de la Croix-Rouge, conformément à
la Convention de Genève de 1949. Mais à l'issue
de ces entretiens, le Comité International de la Croix-Rouge
n'est pas parvenu à avoir l'autorisation d'intervenir en
Irak et au Koweït pour aider les civils. Le gouvernement
irakien n'a fourni aucune raison à ce refus.
En bref :
Des
manifestations anti-américaines rassemblent plusieurs
milliers de personnes à Amman (Jordanie).
Le
roi Fahd d'Arabie et l'émir du Koweït en exil
s'engagent à couvrir, à hauteur de plusieurs
milliards de dollars, le coût de
l'opération Bouclier du Désert.
La
Norvège et la Suède décident
d'évacuer leurs ambassades et consulats du Koweït.
Ils ont dit :
Jean-Pierre
Chevènement, ministre français de
la Défense : "Les estimations de
l'état-major américain vont bien
au-delà de nos experts : 20.000 à 30.000 morts de
leur côté pour la reconquête du
Koweït, contre 10.000 selon nos propres évaluations
(et 90.000 dans les rangs irakiens)". (Hebdomadaire
français Nouvel observateur).
Margaret Thatcher,
Premier ministre de Grande-Bretagne :
"Nous
croyons que des troupes supplémentaires sont
nécessaires".
James
Baker, secrétaire d'Etat
américain, incite les Américains à la "patience".
Et d'ajouter : "Quelle que soit la structure
adoptée pour cette alliance, cette organisation devra tenir
compte des réalités régionales dans le
Golfe". Selon lui, la crise du Golfe durera très
longtemps.
Georges Marchais,
homme politique français : "Toute provocation est
possible dans le Golfe de la part des Etats-Unis qui,
incontestablement, veulent s’installer dans la
région pour dominer le pétrole, sa distribution
et son prix" (Radio française RMC)
|
Lu dans la presse :
Quotidien français
Le Monde :
"C’est
parce que (...) le meilleur moyen
d’éviter la guerre est encore d’imaginer
le genre de paix qui pourrait la rendre inutile qu’il est
urgent de donner autant d’importance aux scénarios
de paix qu’aux scénarios de guerre".
Quotidien français
Libération,
à
propos de l'embargo contre l'Irak : "Nous entrons donc
désormais, sauf imprévisible accident, dans une
logique de gel qu’il sera évidemment difficile de
distinguer d’un long enlisement".
Quotidien français
Le Figaro
: "Officiellement, Georges Bush
entendait bouter l’Irak hors du Koweït et rien
d’autre. (...) Puis il est devenu
évident que le président américain
avait décidé en fait de casser le complexe
militaro-industriel de l’Irak. Pour
l’empêcher d’acquérir, un
jour, la bombe atomique. Pour mettre Saddam Hussein hors
d’état de nuire. Pour « pacifier
» une région que le pétrole rend
stratégique. Georges Bush s’est ainsi
engagé à fond dans une partie dont il ne peut pas
sortir vaincu. (...) La stratégie
américaine consiste depuis le début de la crise
à pousser Saddam Hussein à la faute pour mieux
l’écraser".
Quotidien français
La
Tribune de
l’Expansion : "Les
opérateurs (les pétroliers) tentent
de tirer partie de la flambée des prix dans un
marché de plus en plus spéculatif. Ils ont
été rejoints sur les marchés
à terme pétroliers par une série
d’intervenants financiers découragés
par l’allure des Bourses mondiales".
|
Les enfants koweïtiens bloqués en France (25
minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 8 septembre 1990 |
|
Lecture
d'une lettre de Saddam Hussein sur Radio-Bagdad.
Le
président Saddam Hussein adresse une lettre ouverte
à Mikhaïl Gorbatchev et George Bush, lue ce soir
à la télévision irakienne. Il demande
à "celui qui représente
l’URSS" qu’il "saisisse cette
occasion cruciale (...) pour
réhabiliter l’Union Soviétique,
maintenant que les Etats-Unis sont devenus la seule
(puissance) au monde". Le message ajoute : "Que
Bush ne dégrade pas davantage (l’image
des) Etats-Unis au cas où il voudrait provoquer
la guerre et au cas où ses armées maintiendraient
leur présence sur le territoire sacré
(l’Arabie Saoudite où se trouve La Mecque) et
maintiendraient l’embargo, y compris sur les
denrées alimentaires et sur les médicaments,
contre le peuple irakien". "L’Irak, poursuit
la lettre ouverte, est partisan de la paix fondée
sur la justice". Saddam Hussein déclare
à nouveau : "Le Koweit fait partie
intégrante de l’Irak". Il accuse "les
anciens dirigeants" de l’émirat
d’avoir "comploté contre la nation
arabe et contre l’Irak", avant de
préciser : "Les tentatives de ceux qui souhaitent
revenir à la situation antérieure au 2
août 1990 sont futiles et irréalisables".
Le
président irakien ajoute : "L’Irak est
un pays du tiers-monde et vous êtes les chefs de 2
super-puissances" (...) Cela devrait vous amener
à prendre des décisions marquées par
le sens de la responsabilité afin
d’épargner à la région la
guerre et les malheurs (...) En cas de
confrontation, sachez que l’Irak, ainsi que toute la nation
arabe, qui compte deux cents millions d’habitants, fera bloc
contre l’injustice et contre l’invasion".
La lettre est signée : "Saddam Hussein,
fidèle serviteur de Dieu."
Conférence
de presse de George Bush à Helsinki : les bases d'un monde
pacifique.
En Finlande, à la descente de son appareil flambant neuf
appelé Air Force One, le
président des USA explique à la presse mondiale :
"Le président soviétique et
moi-même nous pencherons sur une vaste série de
questions. Nous cherchons à continuer à
réaliser des progrès sur la voie d’une
nouvelle Europe. Nous cherchons à
accélérer le rythme dans le contrôle
des armements stratégiques et conventionnels et je veux
être informé des progrès des
réformes soviétiques et explorer
d’autres questions d’intérêt
mutuel. Je m’attends évidemment à ce
que nous consacrions une grande partie de notre temps ensemble
à la situation dans le Golfe Persique. J’ai dit
à maintes reprises cette année
écoulée que nous sommes entrés dans
une nouvelle ère dans les affaires mondiales. Cette
réunion intervient à un moment critique, au
moment où les actions que nous prenons peuvent
façonner ce nouveau monde pour des années
à venir. Dans le passé, le droit international et
les organisations internationales ont souvent été
paralysés, impuissants à prévenir un
conflit ou à rétablir la paix. Mais la
réponse internationale à l’invasion
irakienne prouve combien cela a changé. Ici à
Helsinki, le président soviétique et
moi-même nous nous rencontrons avec l’espoir de
renforcer notre façon commune de considérer cet
acte injustifiable d’agression. Beaucoup de choses sont en
jeu et le monde a beaucoup à gagner si nous
réussissons. Si les nations du monde oeuvrant ensemble
continuent comme elles l’ont fait à isoler
l’Irak et à priver Saddam Hussein des fruits de
l’agression, nous jetterons les bases d’un ordre
international plus pacifique, stable et sûr, que tout ce que
nous n’avons jamais connu. Je suis convaincu que nous pouvons
renverser le cours dangereux des événements
initiés par les actions de Saddam Hussein et
rétablir la paix, la stabilité et le respect pour
le droit."
Conférence
de presse de Mikhaïl Gorbatchev à Helsinki : il
faut "protéger" la paix.
En Finlande, le président de l'URSS explique : "Le
président Bush a exprimé le souhait de nous
rencontrer dans ce grave moment de l’histoire où
il est très important de comparer nos approches et de
coopérer pour protéger les processus positifs
énormes qui ont commencé dans le monde et
empêcher que tel ou tel événement ne
les mettent en péril. Il était important de nous
rencontrer même si nous sommes en contact permanent par
divers moyens. Je pense que nous discuterons de la crise du Golfe et
d’autres problèmes de la politique mondiale."
Ils ont dit :
Latif Nassif al Djassem, ministre de la Culture et de
l’Information irakien : "Nous sommes furieux de la
position britannique. Nous pensons que Thatcher pousse le
président américain George Bush à
prendre des décisions draconiennes." (Quotidien espagnol Diario
16).
Edouard
Chevardnadzé,
ministre soviétique des Affaires
étrangères : "Toutes les
opérations effectuées dans le Golfe
arabo-persique devraient être légales et
s’appuyer sur des résolutions collectives dans le
cadre des Nations-Unies.(...). Le sommet
(d’Helsinki) servira à
s’entendre sur ce point important."
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Lu dans la presse :
Quotidien
français Le Parisien
: A propos des otages français travaillant pour le groupe
français d'armement Thomson-CSF en
Irak, le journal explique que "l'Irak pourrait tenter
d'utiliser les compétences de certains de ces
ingénieurs spécialistes de l'armement".
Ce quotidien s'intéresse également à
la personnalité de Saddam Hussein. Alors que la presse
israélienne a recours à des pyschologues et la
presse américaine à des voyants qui
étudient chaque discours du Raïs irakien, le
quotidien français a recours à... un dentiste de
New Delhi : Swami Devageet. "En limant les dents du dictateur
irakien, propose-t-il, on réglerait la
crise du Golfe. Le passé animal de l'homme et les instincts
agressifs sont situés dans la structure de sa denture".
La fraiseuse : un moyen d'éviter la guerre ?
Quotidien
espagnol Diario 16 :
L’Irak demande à la Suède et
à d’autres pays européens de recevoir
un émissaire porteur d’un message de son
gouvernement.
Quotidien français
L'Humanité
: "L’arsenal de Tarbes dont la
division obuserie produit les munitions de gros calibres pour les chars
et l’artillerie (...), les cadences de
production ont été considérablement
augmentées depuis déjà plusieurs
jours, tout comme dans l’atelier du Mans qui est
spécialisé quant à lui dans la
fabrication des munitions de petit calibre (...) et
dont le client exclusif est l’armée
française."
Quotidien français
Le Monde :
Avant
l’été, Washington a refusé
une aide financière à l’URSS, alors
qu’"aujourd’hui favorablement
impressionnés par le comportement de l’URSS dans
la crise du Golfe, comme l’a indiqué le
porte-parole de la Maison-Blanche Marlin Fitzwater,
l’administration américaine se dit prête
à injecter quelques milliards de dollars en URSS".
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