LA GUERRE DU GOLFE

 
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A lire aussi :

LA GUERRE:
Le journal de guerre d'un soldat Irakien
L'armement allié et irakien

LE COUT DE LA GUERRE:
Le bilan de la guerre
Les otages retenus en Irak

LA GUERRE EN OCCIDENT:
La médiatisation du conflit
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jeudi 11 octobre


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 11 octobre 1990

Conseil de Défense autour de François Mitterrand.
Un mini-Conseil de défense se tient à l’Elysée. Il réunit le Premier ministre Michel Rocard, le ministre de la Défense Jean Pierre Chevènement et le général Maurice Schmitt, chef d’état major des armées, autour du président Mitterrand. A sa sortie, le ministre de la Défense est interrogé sur le thème de la réunion. "Vous le saurez le moment venu" répond-il.
Tandis qu'Antenne 2 l’attribue à la crise du Golfe, Bernard Pons, président du groupe RPR à l’Assemblée, affirmera plus tard que Rocard a déclaré devant les représentants des groupes parlementaires réunis à Matignon que la réunion portait "sur la loi de programmation militaire".

En bref :
A Londres, près de 400 ex-otages (dont 250 Américains, des Canadiens et des Britanniques) débarquent d'un Boeing d'Iraqi Airways en provenance de Bagdad.

Des familles de soldats américains ont signifié, hier à George Bush, leur opposition au déclenchement d’une offensive militaire. Le texte de la lettre adressée au président américain exige que les forces US fassent partie d’"une force réellement multinationale et purement défensive pour le maintien de la paix".

L’armée américaine ordonne le rappel de près de 5.000 réservistes afin de soutenir le contingent US déjà présent au Moyen-Orient. Au total, plus de 33.000 personnes ont été rappelées sous la "bannière étoilée" depuis le début de la crise du Golfe.

Ils ont dit :
Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense : "La France n'a pas de moyens militaires infinis".
Douglas Hurd, ministre britannique des Affaires étrangères : Les forces alliées dans le Golfe devront bientôt faire le choix entre "les sanctions ou la guerre" pour contraindre l'Irak à se retirer du Koweït.
Qian Qichen, ministre chinois des Affaires étrangères, à Omar Al-Zawawi, son homologue d'Oman : Une guerre dans le Golfe aurait "des conséquences désastreuses". Il lance un appel en faveur d’un règlement pacifique de la crise.
Ovadia Soffer, ambassadeur d'Israël en France, à propos des Arabes : "Nous appelons à l’aide les nations civilisées afin qu’elles nous rejoignent dans la lutte sans merci qui nous oppose depuis trop longtemps à ces adolescents moqueurs, à ces gamines ricanantes, à ces bambins sadiques et à ces nourrissons haineux qui déstabilisent nos soldats. En un mot comme en cent : pitié pour Tsahal !" (Quotidien français L'Humanité).

Sondage :
Sondage américain Times Mirror Center For People and the Presse : La cote de popularité de George Bush baisse de 7 points au mois d’octobre. Avec 55% d'opinions favorables, c'est le taux de soutien le plus bas depuis son élection en novembre 1988.

vendredi 12 octobre

Désormais, il y a plus de 150 bâtiments de guerre des USA, de France, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, d’Espagne, d’Argentine et d’autres pays qui croisent actuellement dans le Golfe avec pour mission d’assurer le soutien des forces aériennes et terrestres stationnées en Arabie Saoudite et dans les Emirats.


La crise du Golfe (27 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 12 octobre 1990

En bref :
Le roi Hassan II s'adresse au Parlement marocain pour affirmer la neutralité de son pays dans le conflit irako-koweïtien.

.

L'émissaire de Mikhaïl Gorbatchev, Evgueni Primakov, ramène d'Irak 258 anciens otages soviétiques.

Ils ont dit :
Un porte-parole militaire irakien : Bagdad serait dans l’obligation de suspendre le rapatriement de "certains ressortissants soviétiques au courant de secrets militaires", si l’URSS fournissait aux USA ces renseignements.
Maurice Courve de Murville, ancien ministre français des Affaires étrangères : "Lorsqu’on dit : nous n’acceptons de discussions avec Saddam Hussein que s'il libère les otages et s'il évacue le Koweit, on ne laisse plus rien à discuter" (Quotidien français Le Figaro).
Vladimir Petrovski, vice-ministre soviétique des Affaires étrangères : "Nous attachons une importance particulièrement grande au Conseil de sécurité" (Agence de presse soviétique Tass).
Michel Jobert, ancien ministre français des Affaires étrangères : "En nous mêlant de [la crise du Golfe], nous pourrions perdre des plumes. Nous devenons les supplétifs politiques, maintenant militaires, des Américains" (Hebdomadaire français Le Figaro-Magazine).

Attentat :
Egypte : Au Caire, Rifaat al-Mahgoub, président du Parlement, est assassiné. Les autorités égyptiennes soupçonnent un commando pro-irakien d'être à l'origine de cet attentat non-revendiqué.

samedi 13 octobre


La crise du Golfe (30 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 13 octobre 1990

Les effectifs dans le Golfe selon l'Agence France-Presse.
Une dépêche de l'AFP révèle : "Les USA et leurs alliés disposent désormais dans le Golfe de 270.000 hommes, d’une véritable armada de porte-avions, cuirassés, croiseurs, frégates et bâtiments de soutien logistique et de plusieurs centaines d’avions de combat face aux troupes irakiennes, évaluées à quelque 430.000, massées au Koweït et dans le sud de l’Irak. Les USA, qui alignent à eux seuls 170.000 hommes dotés d’un matériel considérable, ont notamment déployé des batteries de missiles anti-aériens Patriot."

dimanche 14 octobre


La crise du Golfe (27 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 14 octobre 1990

Saddam Hussein serait prêt à négocier.
La presse soviétique révéle qu'Evgueni Primakov, ministre soviétique des Affaires étrangères, a eu des entretiens à Bagdad et Amman et que Saddam Hussein pourrait retirer ses troupes en échange de concessions territoriales (le champ pétrolifère de Rumaylah et les îles de Warbah et Bubiyan). Alors que le Raïs en personne dément cette rumeur le soir même, le Premier ministre du gouvernement koweïtien en exil explique au Congrès poopulaire, à Djeddah (Arabie Saoudite), que son gouvernement n'acceptera jamais rien de moins que la totale application des résolutions de l'ONU. "Il n’y a pas de place pour quelque compromis que ce soit à propos du Koweït", déclare à la presse Latif Nassif al-Djassem, ministre irakien de la Culture et de l’Information. "C’est la 19 éme province d’Irak et cela ne changera pas, même si nous devons mener une longue guerre pour cela", conclut-il. De son côté, l’agence de presse irakienne INA réaffirme : "Le Koweït est et restera irakien pour toujours".

En bref :
Téhéran et Bagdad reprennent leurs relations diplomatiques, interrompues depuis octobre 1987. Les Alliés doivent se rendre à l'évidence : Saddam Hussein s'est bien trouvé un allié...

Un hélicoptère américain doit larguer des soldats sur un navire faisant route dans le Golfe pour en contrôler la cargaison.

Ils ont dit :
Edouard Balladur, ancien ministre français des Finances : La France doit veiller à ne pas "se trouver engagée dans une guerre déclenchée unilatéralement par les Etats-Unis." Se prononçant en faveur d’une défense européenne, il estime que l’Europe "doit se doter d’un système de surveillance par voie de satellite" (Télévision française TF1).
Yasser Arafat, chef de l'OLP, à Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères : "Je continuerai, avec la coopération de tous les pays amis, dont la France, mes efforts pour la recherche d’une solution pacifique à la crise du Golfe dans un cadre arabe et avec une caution internationale".
Sultan Qabous d’Oman : "Les Arabes commencent à perdre l’espoir" d’une solution pacifique à la crise du Golfe et "à croire à la possibilité d’une action militaire. Si l’Irak ne se retire pas du Koweït, il sera difficile de trouver une solution pacifique au conflit" (Hebdomadaire espagnol ABC).

Sondage :
Sondage IFOP - VSD : 57% des Français pensent que la guerre du Golfe n'aura pas lieu. Mais 33% des plus de 65 ans se disent "très inquiets".

lundi 15 octobre


François Mitterrand s'oppose à Saddam Hussein (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 15 octobre 1990

Conférence de presse de François Mitterrand  (54 minutes)
Antenne 2 - après-midi du 15 octobre 1990

Conférence de presse de François Mitterrand : il faut renforcer l'embargo.
Interrogé sur la possibilité de résoudre le problème du Koweït dans le cadre d’une conférence internationale, Mitterrand observe que c’était le point final de son intervention devant l'ONU. Il estime qu’à l’image de l’amélioration des relations entre l’est et l’ouest, ou encore des négociations sur le désarmement en Europe, ce pourrait être "une bonne solution".
A propos de l’embargo contre l’Irak, le Président français considére que c’est la bonne solution mais "qu’il faut le pousser plus loin". "C’est une oeuvre de longue haleine et de grande patience, il faut garder son sang froid", dit-il. Il se félicite du travail des navires de guerre français qui ont "procédé à plus de 1.100 contrôles". "Il y a maintenant l’embargo aérien et à ma connaissance il ne passe pratiquement rien par la route". "L’unique source d’approvisionnement en (pétrole) de l’Irak est coupée", souligne le chef de l’Etat considérant que pour le moment, et avant "d’admettre que la guerre soit une nécessité, la stratégie c’est l’embargo". Mitterrand précise que la France agirait en dehors de cet embargo si le président irakien multipliait les agressions. Il montre que cela a été le cas lors de l’occupation momentanée de l’ambassade de France à Koweït. Selon lui, c’est ce qui "a valu l’envoi de troupes". "Je n’en conclue pas qu’il faille passer au stade de l’offensive armée. Je dis simplement que le président irakien expose gravement son pays en agissant comme il le fait", déclare Mitterrand. Abordant la question de la négociation, il affirme : "Je suis tout à fait pour. Mais cela suppose que le préalable fixé par le Conseil de sécurité des Nations-Unies soit rempli. Ils ne le sont pas : Voilà pourquoi l’embargo continue". A propos des otages français retenus par Saddam Hussein, il estime que leur situation ne peut-être traitée, pour l’instant par le moyen de la force. Il s’interroge sur l’efficacité d’un tel recours et précise que le gouvernement cherche la meilleure issue. "En attendant, nous veillons à ce que tous les contacts possibles soient maintenus", ajoute-t-il, saluant au passage "la grande vigilance et le vrai courage de la part de nos agents diplomatiques sur place... A aucun moment je n’oublie que la France et moi-même avons des devoirs", affirme le président. Interrogé sur un éventuel peuplement du Koweït par des citoyens irakiens, il note que "l’exode massif de Koweitiens de leur pays et leur remplacement par des Irakiens ne peut servir de légitimité (à Saddam Hussein) aux yeux des Nations libres". Mitterrand annonce que la France va "renforcer légèrement" son dispositif militaire dans le Golfe. "Pas parce que les Américains viennent de le faire, tient-il à préciser, simplement parce que les chefs militaires français que nous avons rencontrés sur place, nous ont fait valoir un certain nombre de demandes. Plusieurs d’entres elles se verront satisfaites". Il indique que Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la Défense, précisera ces dispositions, "dès qu’elles pourront être rendues publiques". Mitterrand déclare que si la France doit participer à un conflit "c’est parce qu’elle l’aura décidé" et que cela suppose naturellement qu’elle agisse en raison d’un mandat de l'ONU. "Nous avons préservé notre totale autonomie de décision", affirme-t-il. Interrogé sur certaines entreprises qui ont tenté de contourner l’embargo contre l’Irak, Mitterrand répond qu’ "elles ont été vigoureusement saisies du cas qu’elles provoquaient. Elles ont, à ma connaissance, cessé de transporter des marchandises à destination de l’Irak. Bien leur en prit." La France risque-t-elle d’être entraînée dans une guerre dans le Golfe ? "Si la France doit participer à un conflit, répond le chef de l'Etat, elle doit le décider. Cela suppose naturellement que la France agisse dans le cadre d’une décision" de l'ONU.

Douglas Hurd menace Saddam Hussein.
Au Caire, le minbistre britannique des Affaires étrangères affirme que les puissances alliées mobilisées contre l’Irak pourraient perdre patience. "Nous devons donner aux sanctions la chance d’être efficaces, mais nous n’attendrons pas indéfiniment que Bagdad se retire du Koweït. Si Saddam Hussein ne part pas de son plein gré, nous devrons le mettre dehors. Il n’y a pas d’autres solutions", estime le chef de la diplomatie britannique devant un parterre d’ambassadeurs.

L'URSS n'enverra pas de troupes dans le Golfe mais...
Edouard Chevardnadze, ministre soviétique des Affaires étrangères, déclare que Moscou ne prévoit pas de s’associer à des opérations militaires dans le Golfe ajoutant toutefois que le recours à la force est parfois nécessaire pour le maintien de la loi et de l’ordre dans le monde. Dans un discours prononcé devant le Soviet Suprême, il précise qu’en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, "une responsabilisé particulière pour le maintien de la paix et la sécurité internationale" incombe à l’URSS. "
Qu’on le veuille ou non, il y a des situations où l’utilisation de la force basée sur la loi peut être requise pour maintenir la loi et l’ordre dans le monde", encore ajoute-t-il.

Roland Dumas en visite dans le Golfe.
Le ministre français des Affaires étrangères fait la tournée des Emirats. Il est arrivé, cette nuit, au Qatar, 1ère étape d’un voyage de 3 jours dans les pays du Golfe. Daniel Bernard, porte-parole du Quai d’Orsay, indique que le ministre entend manifester, à cette occasion, la satisfaction de la France aux dirigeants des émirats "pour leur coopération" et évoquer, avec eux, les moyens de sortir de la crise. Paris doit notamment utiliser le territoire du Qatar pour y faire stationner des avions de combat dans le cadre du déploiement militaire, décidé par François Mitterrand. Dimanche, lors de son escale à Tunis, Dumas s’est entretenu avec le président palestinien Yasser Arafat. A l’issue de cette rencontre, le chef de l’OLP a appelé la France à user de son influence pour favoriser un règlement du conflit du Golfe et de la question palestinienne. Il s’est déclaré optimiste quant aux chances de parvenir à une solution pacifique évoquant "un assouplissement de la position de Saddam Hussein", qu’il avait rencontré le matin.

En bref :
8 Jaguar français quittent leur base de Toul pour prêter main forte à l'aviation française installée à Al-Ahsa, en Arabie Saoudite.

Une flotte de 8 pays de l’OTAN quitte le port de Bari (Italie du sud) pour participer à des manoeuvres navales qui dureront jusqu’au 31 octobre en Méditerranée orientale. Selon l'agence de presse soviétique Tass, "les exercices ont été entrepris à la demande des Etats-Unis à la suite de la crise du Golfe".

Un otage écossais qui se cachait à Koweït-City a été transféré en urgence dans un hôpital car il souffrait d'un ulcère perforant. Il n'avait pas voulu se montrer malgré son état car il avait peur d'être arrêté par les troupes irakiennes. L'homme est mort aujourd'hui à l'hôpital. Les autorités irakiennes refusent de restituer le corps pour qu'il soit inhumé.

Ils ont dit :
Edouard Chevardnadze, ministre soviétique des Affaires étrangères : L'URSS ne voit ni n’établit "de lien direct" entre la crise qui a suivi l’agression de l’Irak contre le Koweit et d’autres lieux de conflits dans le Moyen Orient.
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense : Le déploiement américain dans le Golfe continuera tant que le général Schwarzkopf "n’aura pas signalé qu’il a à sa disposition, en Arabie Saoudite, assez de soldats, de canons et de chars pour faire la guerre à l’Irak" (Quotidien américain Washington Times).

mardi 16 octobre


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 16 octobre 1990

Porter la barbe est désormais interdit au Koweït.
Un grand nombre de personnes ont été arrêtées au Koweït pour non respect de l'interdiction faite par l'Irak de porter la barbe, interdiction qui a pris effet dans la 1ère semaine de septembre. Plusieurs hommes, interrogés par Amnesty International, affirment qu'ils ont été arrêtés à des postes de contrôle simplement parce qu'ils portaient la barbe. Aucun d'entre eux n'a cependant pu fournir une explication logique du fait que cela soit considéré comme un délit. Ainsi, un entrepreneur koweïtien âgé de 30 ans et qui a quitté son pays le 16 septembre, fait ce témoignage : "Ceux qui portaient la barbe ont reçu l'ordre de la raser. La sanction pour non respect de cet ordre consiste à se faire arracher la barbe avec des tenailles ou à subir tout autre châtiment non précisé. Plusieurs dipositions arbitraires de cette nature ont été adoptées mais sans prendre la forme de décrets officiels. Le problème pour nous, c'est que nous n'en avions connaissance qu'au moment où nous étions interpellés par les soldats aux postes de contrôle. Ils nous informaient alors du dernier réglement, mais c'était déjà trop tard, car nous avions peut-être déjà commis involontairement le "délit" en question. J'ai appris que certains avaient eu la barbe arrachée, notamment des hommes âgés, pratiquants, qui la portent traditionnellement".

Discours agressif de George Bush sur la crise du Golfe.
George Bush tape du poing sur la table. Au cours d’un meeting électoral tenu à Des Moines (Iowa), le chef de la Maison-Blanche réaffirme sa conception du rôle des USA à l’égard du reste du monde. Interrompu par des manifestants qui scandent "Pas de sang pour le pétrole", Bush déclare : "Si nous ne nous opposions pas à l’agression à travers le monde, lorsqu’elle est flagrante et violente, qui le ferait ?
Dénonçant "des actes de brutalités sans précédent", le président américain affirme : "L’agression irakienne ne passera pas. Saddam Hussein en sera tenu responsable." Hier à Dallas, il a même évoqué, parlant du président irakien, d’un "nouveau procès de Nuremberg".

En bref :
La première manifestation pacifiste importante a lieu aux USA. Mais le mouvement ne trouve pas de support populaire : la grande majorité des Américains approuve George Bush.

Le président indonésien Suharto exhorte les pays industrialisés à entamer leurs stocks de pétrole pour enrayer la spéculation et les risques de récession inhérents à une hausse des cours. Selon le département américain de l’énergie, la pénurie de pétrole liée à la crise du Golfe est pratiquement éliminée, avec une perte de production "qui sera sans doute inférieure à 500.000 barils par jour à la fin de l’année".

Ils ont dit :
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense : "Le président Bush dispose de plusieurs variantes d’action dont il pourra profiter au cas où il déciderait d’y recourir en réponse à la provocation de l’Irak" (Agence soviétique Tass).
Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères : La France veut s’en tenir au strict respect des résolutions de l’ONU qui, pour le moment "ne prévoient que la défensive" (Agence France-Presse).
Roi Hussein de Jordanie : Saddam Hussein aurait dit, au lendemain de l’invasion du Koweit : "D’ici une semaine nous serons partis (mais) les Irakiens ne répondront pas de façon positive aux menaces et aux intimidations" (Agence britannique Reuters) .
Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, devant la Chambre des communes : Les informations sur les "brutalités et les crimes de Saddam Hussein montrent qu’il faut absolument que nous nous occupions de lui".
Tarek Razzouki, ambassadeur du Koweït en France : Une résolution de l’ONU "prévoyant l’emploi de la force avec l’emploi d’un commandement conjoint soviéto-américain" fait l’objet depuis 2 semaines d’une négociation. Cette discussion pourrait expliquer "la demande soviétique de convoquer la réunion du Comité d’état-major de l’ONU".
Roi Hussein de Jordanie : La solution pacifique à la crise du Golfe passe par une meilleure disposition des USA et de leurs alliés et par "la fin de l’embargo sur le dialogue". "Si la guerre éclate, elle sera due en partie à l’incapacité du président Bush et des Occidentaux à avoir perçu à temps les « signaux » envoyé par Saddam Hussein" (Quotidien américain New York Times).

Lu dans la presse :
Agence britannique Reuters : Environ 10.000 volontaires de l’Armée populaire irakienne ont défilé hier, en rang par 6, le long de l’avenue de la Palestine à Bagdad. Les hommes des premiers rangs portaient des masques à gaz, "ce qui représente une nouveauté par rapport aux défilés précédents", remarque le correspondant.

mercredi 17 octobre


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 17 octobre 1990

L'ONU veut faire payer à l'Irak des indemnités de guerre.
A New York, siège de l’ONU, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité renoncent à inclure dans un texte (demandant des dommages de guerre au président irakien) une proposition envisageant la constitution d’un tribunal de guerre chargé de juger les crimes de Saddam Hussein. Selon l’agence américaine de presse Associated Press, Washington en particulier ne veut pas de ce document sur les crimes de guerre qui "inciterait les pays arabes à exiger de semblables résolutions s’adressant, à titre individuelle aux dirigeants israéliens rendus responsables de la mort de Palestiniens dans les territoires occupés". Ce texte, actuellement à l’étude devrait encore être amendé et ne sera pas soumis au vote du Conseil de sécurité avant la semaine prochaine, estiment les diplomates aux Nations unies. La Jordanie, le Sri Lanka, le Bangladesh et d’autres pays dont l’économie a subi d’importantes pertes, pourraient se porter candidats pour l’attribution de compensations prélevées sur les actifs irakiens gelés à l’étranger, ou sur ses futurs revenus pétroliers.

En bref :
Des affiches sont placardées sur les murs de l'ambassade d'Italie à Bagdad : "Pour une solution politique à la crise". Les otages italiens veulent forcer leur gouvernement à négocier. Leurs armes : un sit-in doublé d'une grève de la faim. Une pétition de 63 signataires a été envoyée au gouvernement et au Pape.

A la demande du Qatar, la France lance l'opération Métaye. 8 Mirage F1-C quittent leur base de Cambrai pour Doha. Au total, ce sont 60 hommes, dont 12 pilotes, qui seront chargés d'assurer la protection du Qatar et de ses plate-formes pétrolières.

Ils ont dit :
Bassam Abou Charif, conseiller de Yasser Arafat : L'OLP reste attachée à un règlement pacifique et appelle les cinq grands à "oeuvrer pour la tenue d’une Conférence internationale de paix".
James Baker, estime "qu’il faudrait aller de l’avant" même si "d’autres membres de l’ONU s’opposent à l’emploi de la force".
Gianni De Michalis, ministre italien des Affaires étrangères : "Saddam Hussein doit savoir qu’il n’y a de notre part aucune recherche de compromis". L’exigence de retrait de l’Irak et la libération des otages ne "peuvent être mis en discussion".
Ariel Sharon, ministre israélien du Logement : "Si Washington et ses alliés, qui ont crée les termes de la confrontation actuelle, acceptait de quitter la région en laissant, d’une façon où d’une autre, le Koweït aux mains de Saddam Hussein... Le danger pour le monde et pour Israël serait encore plus grand. Dans ce cas-là, il aurait mieux valu qu’ils (les USA) ne soient pas du tout venus dans le Golfe. Puisqu’ils y sont ils doivent attaquer pour supprimer ce danger" (Quotidien français Le Figaro).

jeudi 18 octobre


La crise du Golfe (26 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 18 octobre 1990

Des parlementaites européens préconisent la paix à Tunis.
Une délégation de 7 parlementaires européens, conduite par le Français Claude Cheysson, se rend pendant 3 jours dans la capitale tunisienne. Avec le Conseil consultatif de l’UMA (Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye), elle convient d’oeuvrer de concert pour favoriser "une solution pacifique" de la crise du Golfe et éviter "le spectre de la guerre". Au cours d’une conférence de presse, Cheysson indique : "Nous sommes tombés d’accords sur la nécessité de résoudre la crise du Golfe par les voies pacifiques, en privilégiant un règlement dans un cadre arabe avec le soutien de l’Europe".

En bref :
L'Irak propose son brut à tous les pays, y compris les USA pour seulement 21 dollars alors que le prix du marché est de 35 dollars.

Dans leur désir d’effacer toute trace de l’existence de l’Etat koweïtien et pour montrer que son annexion est consommée, les autorités irakiennes donnent aux ressortissants du Koweït jusqu’au 25 octobre pour retirer de nouvelles cartes d’identités... irakiennes. Une mesure qui n’ira sûrement pas vis à vis de la communauté internationale - dans le sens de l’apaisement.

Ils ont dit :
Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères à son homologue soviétique Edouard Chedvarnadze : "La situation est grave sans être dramatique."
Evgueni Primakov, émissaire du Kremlin, à Washington : "Nous devrions rechercher des possibilités d’éviter (...) les affrontements militaires, mais ne pas récompenser l’Irak, bien sûr, pour ses actions".

Sondage : 
Sondage BVA - Paris Match : 59% des Français approuvent la politique de François Mitterrand dans le Golfe. Mais 28% y sont opposés, soit 7% de plus qu'il y a un mois.

Vu dans la presse :
Radio française Europe 1 : "On vient de traverser 2 mois de rêve" grâce à l’approbation par l'opposition parlementaire de la politique de Mitterrand dans le Golfe.
Quotidien irakien Al-Qadissya : "La réunification du Koweït et de l’Irak est une décision irrévocable, même si nous sommes obligés de nous engager dans une sanglante guerre, à laquelle nous nous préparons pour qu’elle soit décisive."

vendredi 19 octobre


La crise du Golfe (27 minutes)
FR3 - Journal de 19h30 - 19 octobre 1990

20 avions américains se sont écrasés dans le désert en 2 mois !
Le général Charles Horner, chef du commandement central des forces aériennes américaines en Arabie saoudite, demande aux pilotes de ne pas voler à moins de 300 m d’altitude. Ils descendaient parfois à 45 mètres. Cette décision "n’est pas réaliste pour l’entraînement au combat mais elle fera comprendre le problème, déclare-t-il. Ensuite nous reviendrons à des altitudes d’entraînement réalistes". 20 appareils américains se sont écrasés dans la région du Golfe depuis le 7 août.

"Irakisation" forcée de la société koweïtienne.
Depuis le mois de septembre, le gouvernement irakien a promulgué toute une série de lois en vue d'une "irakisation" complète du Koweït. Ces lois exigent des Koweïtiens qu'ils se munissent de papiers d'identité irakiens en remplacement de leurs documents koweïtiens ; qu'ils remplacent les plaques d'immatriculation de leurs voitures par des plaques irakiennes ; qu'ils alignent l'heure du Koweït sur celle d'Irak (il y avait auparant une heure de décalage horaire) et qu'ils utilisent la monnaie irakienne plutôt que la monnaie koweïtienne. Au départ, le dinar koweïtien, qui valait 20 dinars irakiens avant l'invasion, a été déclaré équivalent, puis l'Irak a décidé que seule sa monnaie avait cours légal. Un certain nombre de quartiers, de rues et de bâtiments publics de Koweït-City ont changé d'appellation, notamment ceux qui portaient le nom de membres de la famille Al-Sabah.

URSS et USA s'entendent sur le refus de marchander avec l'Irak.
A Washington
, l’option guerrière semble toujours l’emporter sur la diplomatie. George Bush affirme, avant de recevoir l’émissaire spécial du Kremlin Evgueni Primakov, qu’il n’y a pas de "compromis" possible avec l’Irak dans la crise du Golfe. Celui-ci, qui s’est récemment rendu à Bagdad, indique n’être porteur d’aucune missive de Saddam Hussein. "Il n’y a pas de message, parce que je ne suis pas messager", déclare-t-il avant de s’entretenir avec son hôte. La visite de l’émissaire soviétique à Bagdad, suivie d’une tournée en Europe puis d’une étape à Washington, donne lieu à des spéculations sur une proposition de compromis du président irakien. Prenant la parole devant des responsables de la communauté américano-italienne, Bush déclare : "Je suis déterminé (...) à faire en sorte que l’agression de Saddam Hussein ne soit pas récompensée par quelque compromis. Ce qui est fondamental c’est qu’il ne puisse l’emporter", souligne l’Américain.

La crise des otages s'agrave : les Occidentaux retenus au Koweït doivent se faire recenser.
Nouvel ultimatum de Bagdad pour les étrangers résidents "dans la province de Koweit", selon la formule des forces irakiennes d’occupation. Dans un communiqué rendu public, la direction de l’immigration vient en effet de faire savoir qu’ils devaient se présenter aux autorités avant le 5 novembre prochain. Les réfractaires sont prévenus qu’ils s’exposent à "des sanctions judiciaires ainsi qu’à l’annulation définitive de leur séjour".
Aucune explication n’est fournie sur les raisons de cette brutale décision. Si la plupart des résidents étrangers(1,5 million selon des sources diplomatiques) ont quitté le pays au moment de l’invasion de l’émirat par l'Irak, ils sont nombreux encore à se cacher pour ne pas servir de bouclier humain. Le 25 août dernier, le Conseil de commandement de la révolution irakienne, la plus haute instance dirigeante du pays, a adopté une résolution assimilant l’hébergement d’étrangers "dans le but de les soustraire à la justice", à un crime d’espionnage passible de la peine capitale.

Dick Cheney en tournée diplomatique à travers le monde.
Le secrétaire américain à la Défense arrive à Paris pour une visite de 3 jours. Il doit rencontrer François Mitterrand et le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement. De retour d’un voyage de 4 jours à Moscou, il achève une tournée diplomatico-militaire qui l’a déjà mené successivement en Grande-Bretagne et en URSS. A Moscou, le responsable du Pentagone a répété que les USA n’excluaient pas "d’autres options" que les sanctions économiques contre l’Irak. Il a indiqué que Mikhaïl Gorbatchev lui avait "réitéré le soutien résolu du gouvernement soviétique à l’effort international au travers des Nations Unies".

En bref :
L'ambassade du Canada à Koweït-City ferme ses portes. Les 5 derniers diplomates canadiens encore présents dans le Golfe arrivent à leur ambassade de Bagdad.

Le gouvernement koweitien en exil va prendre en charge "tous les frais" d’un contingent de 260 militaires du Honduras.

L’Irak a décidé de rationner l’essence et l’huile pour moteur à partir de mardi, annonce à Bagdad le ministère du Pétrole.

Ils ont dit :
Jacques Chirac, maire de Paris : "La capacité de l'armée irakienne permet de dire qu'il y aurait des pertes importantes" en cas de guerre (Hebdomadaire français VSD).
Dick Cheney, secrétaire d'Etat américain à la Défense, à son homologue britannique Tom King : Les USA sont prêts à rester "le temps qu’il faudra" dans le Golfe.
Moshe Arens, ministre israélien de la Défense : "Pour autant que je sache, l’Irak n’a pas encore procédé à l’assemblage de têtes chimiques sur ses fusées", mais le risque d' "éventualité d’une attaque contre Israël d’une ou plusieurs armées arabes" existe (Quotidien israélien Haaretz).
Le directeur de l'AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) ne perçoit aucun signe de détournement de matériel fissile à des fins militaires par Bagdad. "Il y a normalement 2 inspections par an et la seconde est prévue d’ici à la fin de l’année. Aucun signe de la part de l’Irak ne laisse prévoir qu’il n’en sera pas ainsi".
Lu dans la presse :
Quotidien français L'Humanité, citant un universitaire opposé à la guerre : "Si le Koweït faisait pousser des carottes au lieu de fournir du pétrole, ce pays n’aurait pas grande importance."
Quotidien américain Washington Post : Le Pentagone envisage de dépêcher dans le Golfe des troupes stationnées en Europe. Une façon comme une autre d’y impliquer l’OTAN.
Quotidien français Les Echos : "Tout le monde s’accorde sur un point : il devient urgent de trouver un moyen de rétorsion face aux nouvelles menaces du Sud, illustrées par l’Irak"... Par exemple, en travaillant à "d’autres solutions dérivées", telles que "l’arme à neutrons".

 
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