Retour à la médiatisation du conflit Extrait du 20h d'Antenne 2 du 9 janvier 1991 "
Face à face, James Baker et Tarek Aziz. Il était 11
heures ce matin à l'hôtel Intercontinental de
Genève, 9 Américains face à 9 Irakiens. Et pour la
première fois depuis 5 mois, les deux principaux
protagonistes de la crise du Golfe ne se sont pas
agressés par télévision ou porte-paroles interposés,
et ont pu échanger pendant plus de 6 heures, points de
vue, propositions et peut-être même menaces. Dans ce reportage,
le journaliste se sert jusqu'à saturation des
circonstants et des références chiffrées. Les
circonstants sont des informations secondaires. Ici le
reporter décrit avec force des détails, comme les lieux
de discussion, et l'organisation temporelle de celle-ci.
En 1 minute 30, "Genève"
et "hôtel Intercontinental"
sont répétés 2 fois chacun, tout comme l'expression
"pendant plus de 6 heures".
La description suit un déroulement chronologique parfait
et très détaillé, jusqu'aux "pauses"
d'"un quart d'heure à peine".
Tout semble avoir été étudié avec minutie, le
chronomètre en main, de façon à être sûr de ne nous
rien faire manquer ("13h15",
"14h30", "16h50",
"15h"). Toutes ces
précisions visent d'abord à provoquer chez le
téléspectateur l'impression d'exhaustivité et de
précision. De plus, cette accumulation de détails
permet de faire monter le suspense, renforcé par "S'agit-il
d'un échec ? non !" La ligne
directrice est donc de retenir l'attention de l'auditeur
en suscitant un sentiment de suspense et une envie de
connaître la fin. de même l'ignorance du journaliste
sur ce qui s'est réellement passé lors de ces
discussions, est posée en élément de suspense. La
phrase "James Baker confie, lui, qu'il
a seulement eu le temps de se laver les mains, comprenne
qui pourra." n'a pour autre but que de
donner artificiellement un sens potentiel à ce qui n'en
a visiblement pas, de créer une interrogation sur un
propos sans signification. C'est pourquoi Jales Baker ne
dit pas, mais "confie". Le journaliste est en
fait aux prises avec une difficulté insurmontable : le
secret des discussions, d'où le nombre important de
marques d'ignorance dans ce texte ("sans
piper mot", "secret
le plus total"...). Cette
vacuité informative contraste singulièrement avec la
précision des éléments chiffrés. La logique est donc
de tenter de faire passer l'absence d'informations
pertinentes sous couvert d'un suspense chronologiquement
étayé. Source : |
© Chronologie de la guerre du Golfe - 2003